Donc, je suis souvent dans les avions, ça ne m'a pas trop changé de Shell mais j'aime bien car je commençais à m'ennuyer, là, j'ai de nouveaux défis à relever...
Comme mon nom a dû vous l'indiquer, enfin, pour ceux qui connaissent le Gabon, je suis un savant mélange de Fang et Myénè, précisément Mpongwè! Et suis très fier de mon mélange! J'ai l'intelligence et la solidité Fang, le swag et le raffinement Mpongwè!
Mon père et ma mère se sont séparés quand j'avais dix ans car ma mère n'a pas supporté la polygamie... Bref.
Vous venez de « rencontrer » ma mère, c'est la première femme de ma vie. Elle n'a eu que moi comme enfant, pour son malheur ! Je dis pour son malheur car c'est la raison qui a éloigné mon père d'elle... Elle a traversé des moments difficiles mais a toujours été là pour moi, toujours égale à elle-même. On a toujours été unis elle et moi, notre seul point de discorde. Mona, vous l'aurez compris. Elle a du mal à l'admettre mais elle lui mène la vie dure et ce pour de mauvaises raisons.
Je vous explique. Mona, ma Mona a un lien de parenté avec ma belle-mère. C'est d'ailleurs comme ça que je l'ai connue.
-Flashback 13 ans plus tôt-
Moi : Oui Papa, t'inquiète, je serai chez toi demain, sans faute
Lui : J'espère bien hein ! Ça doit faire 3 ans que je ne t'ai pas vu !
Moi : Le Boss, tu n'exagères pas un peu ?!
Lui : A peine ! T'ai-je vu l'année dernière quand tu es rentré pour les vacances ? Tu as fait trois mois à Libreville Gildas, et je ne t'ai pas vu une seule fois !
Moi, me grattant la tête : Désolé papa. Je ne vais pas essayer de trouver une excuse parce qu'aucune d'elles ne sera valable. Je vais me rattraper cette année. Tu as ma parole, le boss.
Lui : J'aime quand tu t'exprimes de cette manière. C'est noté. A demain alors.
Je lui souhaitai une bonne soirée et il raccrocha. Il avait l'air d'être très touché par le fait que je ne lui eusse pas rendu visite l'année dernière et je m'en voulais. Je regrettais de n'avoir pas pu dégager ne serait-ce qu'une heure pour aller rendre visite à mon père. J'étais accaparé par mes amis, ma copine à durée déterminée et surtout ma mère. Elle supportait mal le fait que j'étudiais à l'étranger et que je ne sois pas quotidiennement à ses côtés alors quand j'arrivais à Libreville, je passais la majeure partie de mon temps avec elle. Elle en avait besoin et moi aussi. Je n'avais pas honte de le dire même à vingt-quatre ans. J'avais besoin de discuter avec elle, de l'accompagner faire ses courses, de regarder des programmes télévisés avec elle ou la prendre simplement dans mes bras. Ma mère m'était précieuse. On me l'enlevait, on m'enlevait tout.
J'envoyai un message à Kathline pour lui annoncer mon arrivée chez elle dans moins d'une heure. Elle m'attendait avec impatience. Me répondit-elle. Je souris. La nuit sera plus que torride, je le sentais.
Ah ! Kathline ! Notre rencontre aura été l'un des événements marquants de mes vacances à Libreville. Cette fille était sensationnelle. Chaque moment passé avec ou en elle était un moment de pur délice. Malheureusement, nous n'étions en couple que pour trois mois. Je l'aimais bien et notre relation aurait pu aboutir à quelque chose de sérieux mais je ne croyais pas aux relations à distance. J'allais obtenir mon DESS dans quelques mois mais je ne comptais pas venir m'installer au Gabon. Je voulais me faire une première expérience en Europe.
Une douche rapide prise, je mis une tenue décontractée, l'effluve qui ne laissait pas Kathline indifférente et rejoignis le salon.
Maman: Tu vas où Gilou ?
Moi: Chez Kathline. Je rentrerai demain.
Maman : Avant midi, j'espère. Je veux qu'on déjeune ensemble.
Moi : Je serai là...Je l'embrasse sur le front... J'y vais. On ne doit pas faire attendre une femme.
Elle leva les yeux vers moi et la lueur de tristesse qui brilla dans ses yeux me fit de la peine. Je m'assis à côté d'elle et pris ses mains dans les miennes.
Moi : Maman, tu es une magnifique femme. Pourquoi tu ne cherches pas à te remarier ?
Maman : Pour quoi faire ? Subir les mêmes souffrances ?
Moi : Les hommes ne sont pas tous pareils...
Maman : C'est ce qu'on dit mais les hommes sont ces droites parallèles qui finissent par se toucher. Ils finissent tôt ou tard par se ressembler...
Moi, un peu vexé : Je ne suis pas une exception?
Maman, me caressant la joue : Non mais ce n'est pas moi que tu feras souffrir donc tout va bien.
Nous éclatâmes de rire. Je l'embrassai à nouveau et la quittai après lui avoir dit que je l'aimais.
Une heure plus tard, j'étais dans les bras de Kathline, explorais les coins méconnus de l'univers du plaisir.
** Le lendemain **
Je descendis de la voiture avec mes paquets en main. J'avais amené des cadeaux pour mon père, sa femme et mes demi-frères et sœurs. Le gardien m'ouvrit la porte avec un large sourire. J'échangeai quelques mots avec lui avant de porter mes pas vers le salon. Je fus pris de nostalgie en traversant les haies d'hibiscus. J'en cueillais souvent pour ma mère quand elle était encore la maîtresse de maison.
" Gildas ! Comme ça fait plaisir de te voir !" Me dit ma belle-mère en venant à ma rencontre.
Moi : Ça fait plaisir de te voir tantie Claudine. Tu n'as pas changé, toujours aussi belle.
Elle sourit et passe sa main dans ses tresses.
Ma belle-mère: Flatteur, va ! Je sais de qui tu tiens ça.
Je l'embrassai et lui remis son cadeau qu'elle réceptionna avec joie. Au salon se trouvaient Timothée (le benjamin de ma fratrie), Nevy (celle qui le précède) et une charmante jeune fille que je ne connaissais pas. Mes frères quittèrent le canapé qu'ils occupaient et vinrent me saluer. Je pris rapidement de leurs nouvelles, leur remis leurs présents. Nevy montra sa robe Zara à sa mère puis à la jeune fille qui s'appelait Mona si j'avais bien entendu. Cette dernière ne semblait pas impressionnée par la marque de la robe. Je jetai un furtif regard à ses vêtements. Je ne saurais dire la marque exacte mais c'était clair qu'ils ne venaient pas de Moutouki (marché de friperie). Nous échangeâmes des salutations et elle reporta son attention sur la télévision.
Ma belle-mère : Vous avez fait connaissance ? Me demanda-t-elle en posant un plateau de rafraîchissements en face de moi.
Moi : Non.
Ma belle-mère : Mona, tu fais ta timide !
Mona : Je suis timide, Ma'Clau, dit-elle en esquissant un sourire.
Ma belle-mère : Une fausse timide. Gildas, Mona est le gros bébé de mon grand-frère.
Mona : Ma'!
Ma belle-mère : Est-ce que je mens ? Tu as oublié ce qu'il m'a dit au téléphone quand je suis allée te chercher à l'aéroport : Prends soin de ma Mona Lisa, la prunelle de mes yeux. Il continuera de t'appeler ma princesse même quand tu seras mariée et mère de cinq enfants.
Elles éclatèrent de rire puis ce fut à mon tour d'être présenté.
Ma belle-mère : Gildas est le premier fils de tonton Jacques. Il est à Libreville pour les vacances comme toi. Bon, je vous laisse. Je vais terminer de cuisiner avant que monsieur mon mari n'arrive.
Elle nous laissa effectivement et je me rapprochai de Timothée pour discuter avec lui.
Mona en fit de même avec Nevy.
Timothée : Tu repars quand Yaya ?
Moi : Dans deux mois.
Timothée : Comme Ya' Mona. Elle vient de Séoul. C'est en Asie. Avant ça, elle était à New Delhi et bien avant ça elle était à ... Zut ! J'ai oublié le nom.
Mona : J'étais à Otta...
Timothée: Ottawa !
Nevy : J'aimerais pouvoir faire le tour du monde comme toi. Tu as dû apprendre plein de choses et rencontrer tellement de personnes.
Mona sourit et une fossette creusa ses joues.
Elle se mit à parler mais je ne l'entendais pas. Mes yeux fixaient ses yeux de biche, s'attardaient sur ses lèvres pulpeuses, son cou strié avant de descendre vers sa poitrine. Elle n'était pas mal, la Mona. Dommage qu'elle soit la nièce de ma belle-mère. J'aurais pu profiter de ses attributs et elle des miens. Mais on pouvait toujours faire une...
Nevy : Et toi, yaya ?
Ils se tournèrent tous vers moi. Euh ! Je devais donner mon opinion sur quel sujet ?
Moi : Je partage ton avis, Nevy.
Elle me regarda, étonnée. J'espérais qu'elles ne fussent pas en train de discuter astuces beauté.
Nevy : Je n'aurais jamais pensé que tu dises ça, dit-elle en souriant.
Je grimaçai un sourire. De quoi parlaient-ils ?
Moi : Pourquoi ?
Nevy : Tu es tellement fier d'être Gabonais que ça paraît contradictoire de t'entende dire que tu aurais aimé être asiatique.
Moi, souriant : J'aurais bien aimé savoir à quoi je ressemblerais avec des yeux bridés.
Mona : Ça t'irait bien.
Elle me regarda droit dans les yeux en le disant et je soutins son regard. Je m'entendis lui dire:
Tu as de beaux yeux.
Mona : Il faut de beaux yeux pour en reconnaître des beaux.
Moi, souriant : Merci du compliment.
La voix de mon père se fit entendre. Je me levai et sentis le regard de Mona sur moi. Je fis une accolade à mon père. Nous allâmes à la terrasse pour échanger. Une heure plus tard, nous rejoignîmes la salle à manger. Jacques-Yarnel et Hilda, mes autres frères et sœurs nous avaient rejoints entre temps.
Mon père me demanda de faire la prière. Je m'appliquai à la faire. Je ne cherchais pas à faire la joie de Dieu mais celle de Mona. La plupart des filles aimaient les hommes avec une certaine piété qu'elle fût d'apparence ou non. Je cherchais l'admiration dans le regard de Mona quand je dis Amen. Il y avait une lueur dans ses yeux mais je n'arrivais pas à mettre un nom dessus. Le déjeuner se déroula dans une ambiance conviviale. J'échangeai à la fin du repas avec mon père et mon frère pendant une bonne heure avant de demander à prendre congé d'eux. Mon père me fit promettre de passer déjeuner chaque samedi avec eux. Je n'hésitai pas à dire oui. Je voulais passer du temps avec lui et profiter de l'occasion pour revoir la charmante Mona. Souvent regarder sans toucher était le plus beau des plaisirs.
** Le samedi suivant **
Ma belle-mère : Comment tu trouves le nyembouè?
Moi : Excellent. Tu cuisines toujours aussi bien tantie.
Ma belle-mère, esquissant un sourire: C'est gentil mais le plat n'est pas le fruit de mes mains. C'est Mona qui a cuisiné.
Mon père : Ça fait plaisir de savoir que des jeunes filles possèdent l'art culinaire.
Hilda, avec une petite voix: Pourquoi tu me regardes comme ça, papa ?
Mon père : Tu veux vraiment que je dise réellement ce que je pense ?
Nous nous mîmes à rire. Les compliments adressés à Mona, chacun se replongea dans son assiette. Les filles se retirèrent ensuite dans la cuisine. J'attendis que Mona revienne au salon. Je patientai en conversant avec mon père. Après une heure, ce dernier se retira dans sa chambre. J'allumai la télévision en espérant que Mona revienne.
Les minutes s'écoulèrent et j'étais toujours seul. Je me décidai à aller voir dans la cuisine quand elle entra dans le salon. Elle avait changé de tenue. J'imaginai les instants où elle enlevait son cabas pour enfiler son pantacourt et ce bustier qui mettait en valeur sa poitrine...
Moi : Tu t'apprêtes à sortir ?
Mona : Oui avec Hilda. Pourquoi ?
Moi : Juste par curiosité. Tes vacances se passent bien ?
Mona: Oui et les tiennes?
Moi : Tranquille.
Silence
Moi : Tu vas souvent en boîte ? On ...
Mon téléphone sonna. C'était ma tendre mère. Elle me demanda quand je rentrerais. (Traduction: j'aimerais que tu rentres maintenant). Je lui dis que je serai là dans une demi-heure.
Moi : Désolé. Il faut que j'y aille. Ça te dit qu'on prenne un pot ensemble demain ?
Mona, souriant : Bien sûr.
Moi : Cool ! Je viens te chercher à quelle heure ?
Mona: Je préfère qu'on se rejoigne au lieu de rendez-vous que tu auras fixé.
J'enregistrai rapidement son numéro de téléphone et nous fixâmes le rendez-vous pour seize heures au Saoti.
Je quittai la maison avec un sourire suffisant. Ma journée de demain promettait.
** Le lendemain **
La serveuse : Vous attendez toujours votre amie? Vous ne voulez pas patienter en sirotant quelque chose ?
Je lui répondis par le négatif et jetai un énième regard vers l'entrée du restaurant dans l'espoir de la voir en franchir le seuil. Il était seize heures vingt. Où était-elle ? Les femmes avaient pour habitude d'être en retard aux rendez-vous mais il ne fallait quand même pas abuser. Je patientai encore dix minutes et me décidai à l'appeler pour connaître sa position. Je fus choqué quand elle me dit où elle se trouvait.
Moi : Pardon ?
Elle répéta ses dires. Je n'étais toujours pas sûr d'avoir bien entendu.
Mona : Je suis à la maison. (Elle le dit en articulant chaque mot) Je t'ai envoyé un message il y a trois quart d'heure pour te dire que je n'avais plus envie de sortir. Tu ne l'as pas reçu? Allô ! Allô !
Je me retins de ne pas crier, de ne pas exprimer ma colère et lui dire ouvertement ce que je pensais d'elle. Je raccrochai avec l'envie de lui envoyer un message mais me ravisai. Elle se prenait pour qui cette gamine ? Je secouai la tête, déçu de m'être fait avoir comme un débutant.
Cet affront ne devait pas rester impuni...