Des jours passèrent après cet incident (péripétie) chez Maman Yoyo. Quelques semaines plus tard, je fus inscrite dans un établissement catholique de la place en classe de Terminale.
Fields fut envoyer en pension dans une autre ville appelée « Dshang » du Cameroun, ou il n'avait ni accès, au téléphone, ni accès à internet. Au fil du temps, nous perdions le contact. Les sentiments demeuraient mais la réalité ne nous permit pas de les entretenir.
Cette année la fut difficile pour moi. Fields n'était pas là. Je partais d'un milieu où je laissais mes amis, mes habitudes à l'internat, pour réapprendre à vivre avec ma famille et me refaire à nouveau.
En cours d'année scolaire, un voyage avait été improvisé sur le Cameroun pour que j'aille me faire « soigner » car mes études étaient très perturbées et le rituel dont je rêvais tout le temps est celui qui avait été fait pendant mon séjour. Le fameux rituel du bain au seau de médicament, après lequel on mange le poulet égorgé. Ça s'appelle le « Gyn » chez les Bassa (éthnie du Cameroun), il fallait que je passe par là pour annuler le sort du premier rituel qui avait eu lieu alors que je n'étais qu'une enfant. Je m'y étais rendu aux côtés d'une tante (belle-sœur de ma mère) dont le mari enseignait dans mon lycée, ma mère ne pouvant se déplacer et cela a l'insu du reste de la famille. Je ne vis personne de la famille car personne ne savait que j'étais là. Comme on n'habitait pas loin de la « Gare de Bassa » à Douala et que nous sommes arrivés pendant les vacances intermédiaires du 2e au 3e trimestre, je pus contacter a peine quelques anciens camarades de mon internat qui arrivait par train ce week-end-là, j'en vis certains pendant quelques minutes à la gare. Fields était exilé je ne pus ni lui parler, ni le voir. Quand j'appelai chez lui, sa mère et son frère me firent comprendre que je ne pouvais l'avoir car il n'était pas là. Ce voyage était prévu pour 4 jours, je fis finalement 2 semaines. 2 semaines enfermées dans la maison sans mes proches. Ce n'était pas tout aussi mal, je changeais d'air et c'était super coté détente et repos avec les neveux et nièces de ma tante avec qui le courant est très vite passé. Même si au fond ils restaient des inconnus pour moi.
Après la révélation surprise à mon anniversaire et mon retour du Cameroun, nous étions allées, ma mère et moi, nous confier à un prêtre exorciste: Le défunt Père Nicholas, encore vivant à cette époque. Une pensée pieuse pour lui d'ailleurs à cet effet. Celui-ci mourut quelques années plus tard et c'est ce que l'on pouvait appeler : un deuil national! Paix à ton âme Padre !
Le Père nous recommanda certaines prières à faire matin et soir, tous les jours et ENSEMBLE. Il avait insisté sur le fait que nous les fassions toujours en famille. Ce n'est vraiment pas sans manifestations que nous vivions cette nouvelle année scolaire.
Mais croyez-moi quand je vous dis que « Dieu est Bon ». C'est tout simplement parce qu'il est vraiment bon. Les semaines passèrent, les mois passèrent et j'eus de moins en moins ce que j'appelai « des attaques » mystiques. Sans que je ne m'en rende compte, elles finirent par disparaître complétement.
Avec le temps, et la nature ayant horreur du vide, un peu au début du deuxième trimestre de l'année scolaire (Février 2006), je m'étais surprise à entamer une relation avec un de mes professeurs. Sans que je ne l'aie, au grand jamais prémédité, je sortais avec un de mes enseignants.
C'était une relation très secrète. Je n'en parlais jamais à personne. Lui et moi, on ne se voyait jamais au lycée. On habitait le même quartier, mais j'évitais même qu'on ne nous voit ensemble quand il me déposait le matin ou lorsqu'on rentrait certains après-midis ensemble. Etre discrète ? Je savais l'être. Ce n'était pas la première fois que je devais gérer une relation loin des regards. Et puis, si ça venait à se savoir, il aurait pu avoir de gros problèmes avec l'Administration de l'Ecole. De plus, il avait 20 ans de plus que moi. A la limite, c'était un scandale. Mais nous vécûmes cette relation environ six mois. Je ne peux pas dire que j'étais éperdument amoureuse de lui. Après tout, Fields était toujours dans mon cœur, mais je m'étais faite une raison. Et puis, bien que très âgé pour moi, il était tout simplement là au moment où j'avais besoin d'une présence masculine dans ma vie. Et je lui retournais l'attention qu'il me donnait sans ménager d'effort. Aussi, nous évitions de parler du lycée quand nous étions à deux. Je ne voulais pas qu'il pense que j'étais là pour les « MST » (Moyennes Sexuellement Transmissibles) comme on dit chez nous, et lui en faisait autant. Mais cela n'empêchait pas, qu'il me donne des conseils et me suive des fois quand j'avais de mauvaises notes. Il ne me faisait pas de faveur de ce côté-là. Pour lui, je devais mériter mes notes par mon travail, et je trouvais ça normal.
Quelques mois plus tard, je passais mon bac.
Deux semaines après, j'étais en train de faire le ménage quand le téléphone sonna, je décrochai, c'était Michel (mon prof et amant) qui m'appelait :
- Félicitations Mademoiselle ! Je sors de la salle de délibération et vous êtes admise au BACCALAUREAT série D d'office, me dit-il à l'autre bout du fil.
- Non, tu es sérieux ? Tu sais qu'on ne blague pas avec les choses comme ça non ? Les résultats sont sortis ? lui demandais-je, avec un soupçon d'excitation.
- Bien sûr, tu sais bien que je ne peux blaguer avec ce genre de choses. Je suis même encore dans la salle de délibération, Miss. Encore une fois, Félicitations ! me dit-il, avant de raccrocher.
Il raccrochait à peine que, laissant tomber le balai que je tenais d'une main et déposant le téléphone que je tenais de l'autre sur un meuble a cote, je m'agenouillai sur les carreaux du salon et fis un signe de croix. Je coupai mon souffle un instant puis lâcha de mes lèvres ces mots, le regard tourné vers le haut :
- Merci Seigneur ! Merci de m'avoir permis d'obtenir cet examen! Mon cœur est désormais en paix. Merci Seigneur oh! Bénis sois ton nom à jamais. Humm ! Que je t'aime mon doux Jésus.
Je me relevai et appelai ma mère pour l'informer de la bonne nouvelle. Celle-ci me retrouva une demi-heure plus tard au « Lycée Paul Ingendjet GONDJOUT » autrefois appelé « Lycée d'Etat de l'ESTUAIRE » qui était le centre où j'avais passé mon examen. En effet, j'avais bel et bien eu mon BAC, mon nom était sur les listes. C'est drôle mais contrairement à mes camarades qui criaient et sautaient partout, je n'arrivais pas à jubiler et sauter de joie. Je ressentais juste une joie immense que je savourais intérieurement et je ne cessais de prier pour dire Merci. Cette année avait vraiment été difficile. Et côté étude, le changement de système scolaire en cours de cycle secondaire n'était pas des plus bénéfiques. Mais enfin de compte, la persévérance et l'Esperance m'ont conduit à la réussite.
Un peu plus tôt dans l'année, comme chaque année depuis bientôt 3 ans, j'avais déposé mon dossier au secrétariat de la Direction des ressources Humaines de MOOV, pour un stage de vacances. De ce fait, une semaine après les résultats du Bac, je commençai mon stage à MOOV.
Je ne rompus pas avec Michel, mais je décidai juste de l'éviter. La différence d'âge entre nous était source parfois d'incompréhension. On n'avait pas toujours les même envies, les mêmes hobbies, les mêmes cercles d'amis, la même vision des choses, etc. On essayait de s'adapter mais au fond, je n'y trouvais pas vraiment mon compte. Il m'avait certes apporté la présence dont j'avais besoin dans ma vie, pour retrouver l'équilibre dans mes études, mais en termes d'avenir, il y'avait trop de différences pour que ce soit possible. Et puis on avait vécu dans le secret jusqu'à ce jour, je ne me voyais pas mettre en public cette relation. Il y'eut donc une séparation...que je qualifierais de...tacite.
Quelques semaines plus tard, je rencontrais Henri dans les locaux de Moov ...
-7-
*** L'invitation à déjeuner***
Comme tous les jours ouvrés de la semaine, Maman et moi étions arrivées à mon lieu de stage aux alentours de 8h. Nous nous séparions à la porte de mon département. J'allais retrouver mes chefs, avec qui j'allais travailler à l'entrepôt, à côté duquel se trouvait le bâtiment du service informatique.
Henry et moi nous connaissions déjà depuis environ deux semaines. On s'appelait presque tous les jours et on passait des heures à chaque fois au téléphone. Je l'aimais bien mais je restais sur mes gardes.
Ce jour-là, je travaillais donc à l'entrepôt et de la terrasse de l'étage du bureau d'Henry on pouvait avoir une vue sur l'entrepôt. Je venais souvent à cet endroit soit pour rencontrer des partenaires ou faire des inventaires. Mais depuis que je connaissais Henry, c'était la première fois que j'y mettais les pieds. Depuis le jour de la rencontre Henry et moi, ne nous étions plus revu, mais j'avoue que celui que je découvrais au téléphone me semblait quelqu'un de bien. Il semblait ne pas avoir de complexe et entre lui et moi, il n'y avait pas de tabou. Nous bavardions des heures au téléphone. Il me parlait de lui, sa famille, ses gouts, son boulot, etc...et j'en faisais autant. Bien entendu, nous survolions de temps à autre le côté cœur dans nos débats. On avait aussi parfois des discussions sur des sujets cochons. Ca faisait deux semaines seulement, mais on aurait dit qu'on avait toujours été amis et de plus je mourrai d'envie de le revoir, même si je n'osai l'avouer.
Il était 9h20 lorsque nous arrivions au dépôt. Dès notre arrivée, j'envoyai un message à Henry pour lui signifier de ma présence dans les parages. Une trentaine de minutes plus tard, il vint nous rejoindre, quelques collègues, mes supérieurs et moi. Il nous salua, ensuite taquina Hans mon chef, et lorsqu'il s'apprêtait à repartir, il s'approcha de moi.
Humm ! Ce que j'avais envie qu'il prenne place à mes cotes et que l'on bavarde. Mais bon, d'une part il y'avait trop de monde, et d'autre part ce n'était pas le lieu pour une discussion plus amicale. Je pense bien qu'il partageait mon avis car il prit de mes nouvelles et me laissa en promettant de m'appeler plus tard.
Henry m'appela comme promis à 10h10.
- Salut ! ça va, toi ? le boulot ça avance ? me dit-il.
- Oui, oui ça va. On a presque fini. Et de ton cote ?
- Ça va. Dis-moi ! Ça te dirait qu'on mange ensemble ce midi ?
- Pourquoi pas ? J'ai rien prévu. Oui, je veux bien.
- Ok
- Alors quelle heure ? et on ira ou ?
- C'est toi qui vois.
- Moi je suis plus tôt, « mange-à-la-va-vite » en semaine. Un sandwich par ci, des beignets par la et c'est parti.
- Ok, donc si tu es plus tôt beignets, on peut aller à « tartare » si tu veux ?
- Oui pourquoi pas ? ca me dit bien. Lui répondis-je
- Ok dans ce cas, je te prends à12h15 et on va à Tartare.
Tartare était un fast-food restaurant, situé au quartier « L'ancienne Sobraga » ou encore appelé « S.B.G », spécialisé dans la préparation des beignets de banane accompagné de brochettes de poulet ou de rognon ou de viande. C'était un endroit très populaire et très prisé entre midi et deux, dans la capitale Libreville.
A 12h10, Henry m'appela.
- Position ? moi je descends déjà. Me dit-t-il au téléphone
- Je suis prête, je t'attends à l'entrée.
- Ok. Dit-il avant de raccrocher
En moins de 5min il était là et me fit signe de le suivre en direction d'une voiture qui était garée, en face de nous, de l'autre côté de la route. C'était une BMW dont je ne me rappelle plus du modèle et qui avait des vitres totalement fumées. Il était midi et dans les pays de l'équateur à cette heure-là, le soleil est souvent au zénith, donc je ne vous dis pas la chaleur que je ressentais, lorsque je m'assis dans son véhicule. Mais d'un autre côté, ses vitres étaient fumées. J'ai bien vite fait d'oublier la chaleur pour penser à tous les trucs d'adultes, que je pouvais faire dans une voiture pareille. Lol ! Petite coquine, me diriez-vous !
Je portais à peine ma ceinture de sécurité, qu'il démarra et me sortit de mes pensées, après avoir mis la clim.
- Au fait on mangera sur place ou on commande à emporter ? me demanda-t-il.
- Beh ! je ne sais pas trop, je veux bien sur place mais si c'est à emporter je ne suis pas chaude pour qu'on vienne manger ici. Lui répondis-je.
- Au fait, j'ai oublié de te dire, j'ai un disque dur que je dois passer récupérer chez moi, j'aurais besoin de certaines données à l'intérieur cet après-midi. Ca ne te dérange pas de m'accompagner le chercher rapidement chez moi après ?
- Non pas du tout, au contraire je pense même que c'est une bonne idée. Si ça ne te dérange pas et que ton appart n'est pas des plus désordonné. Je propose que l'on commande nos plats à emporter et qu'on les mange chez toi, comme ça au finish, tu prendras ton disque dur et moi j'aurais mangé loin d'ici. Ça te va ?
- Bonne idée. Oui, ça me va très bien.
- Ok, cool !
Henry habitait le quartier Louis qui n'était pas très loin du quartier S.B.G. Comme convenu nous passâmes par tartare pour acheter à manger, puis nous nous rendîmes chez Henry à Louis.