-Sandra : Il faut que vous sachiez que le suicide est souvent un appel au secours, face à cette situation nous devons toutes relativiser et au lieu de blâmer, chercher à comprendre pour mieux l'aider.
-Cass : Sandra tu racontes même quoi ? Pour appeler au secours elle ne pouvait pas ouvrir sa bouche pour parler ? Heureusement que maman a eu envie de faire pipi ce soir. Si elle n'était pas passée par là, Emilie serait probablement morte, ça c'est quelle façon d'appeler au secours ? C'est parce qu'elle est encore malade, mais en tout cas quand elle va rentrer elle et moi on va bien parler.
-Maman Fely : moi je ne parlerai plus les choses d'Emilie si elle veut mourir pour Charles-Edouard qu'elle meurt.
Elle se leva et alla dans sa chambre, les jumelles virent de la colère dans les yeux de leur mère mais en réalité c'était une énorme tristesse. Cette nuit-là elle pleura toutes les larmes qui lui restaient après le deuil de son mari. Elle pleura aussi le jour d'après et encore le suivant. Maman Fely avait déjà perdu son mari qu'elle aimait tant. Emilie était le seul présent que son mari l'avait laissé, l'unique enfant qu'elle avait porté dans son ventre, le réceptacle de tout son amour, ses espoirs et maintenant elle aussi voulait mourir et pour qui ? Un homme qui ne la méritait même pas. C'était dur pour elle. Nous quand on fait nous bêtises là on oublie souvent que notre souffrance affecte nos géniteurs, pardons pensons souvent à eux aussi.
Emilie rentra quelques jours après. Elle avait honte de son acte de désespoir. Si Sandra l'avait réconfortée, Cassandre l'avait bien ramassé. Mais Maman Fely n'avait toujours rien dit et c'était ça le plus difficile. Elle savait qu'elle devait se racheter aux yeux de ces trois femmes et même si au fond d'elle sa blessure était encore saignante elle comprit qu'elle devait réagir au moins faire semblant.
Un soir elle décida de parler à ses jumelles. Elle leur apprit qu'elle voulait démarrer une activité.
-Sandra : pourquoi tu ne repars pas à l'école. Tu sais pour les crêpes c'étaient juste pour démarrer mais là faut penser au long terme
-Emilie : non, j'ai envie d'ouvrir un restaurant.
-Cassandra : Waouu, ça c'est bien ca, donc tu as ce genre de projet et tu veux mourir ?
Emilie lui lança un regard qui en disait long sur ce qu'elle pensait de la phrase qu'elle venait de prononcer.
-Cass : bon pardon ! Explique
-Emilie : Vous savez que j'ai toujours voulu avoir mon restaurant, c'était mon rêve mais papa et maman voulaient que j'aille à l'université pendant que j'étais étudiante vous vous souvenez que je travaillais en même temps dans un restaurant en soirée et après bon C-E m'a demandé d'arrêter. Bref je n'ai jamais fait ce que je voulais faire mais maintenant je veux vraiment faire au moins une chose dans la vie qui me tienne à cœur.
-Sandra : c'est une très bonne idée et le financement tu y as pensé ?
-Emi : oui, c'est ca le problème, il me faut au moins 4 million pour débuter. Donc je vais d'abord faire les petits boulots pour économiser.
-Cass : Faut battre le fer quand il est chaud, Sandra et moi on te donne 1 million. 500 mil chacune (faut comprendre que les jumelles-là étaient comme ça. il arrivait que l'une prenne une décision pour les deux et elles étaient toujours d'accord, la preuve Sandra acquiesçait de la tête). Maman va t'apporter sa part je lui en parle et je vais aller voir les locataires si y'en a qui peuvent payer le loyer en avance ce serait bien. Même si c'est juste la moitié on va débuter comme ça.
***
Charles-Edouard avait eu vent de la tentative de suicide d'Emilie mais ce n'est que plusieurs semaines plus tard qu'il réagit. Un jour Emilie reçu un message d'un numéro qu'elle ne connaissait pas. De toute façon elle ne connaissait plus aucun numéro, elle n'a rien pris en sortant de la maison de C-E même pas son téléphone.
Le message disait : « CC, j'espère que tu vas mieux, j'ai appris que tu étais à l'hôpital. Je passerai te voir bientôt. Prends soin de toi. C-E »
Le cœur d'Emilie bondit dans sa poitrine, d'abord elle se demanda comment il avait eu son numéro et ensuite si c'était vraiment lui parce qu'il y'a longtemps que son mari ne lui tenait plus ce genre de discours. Elle était tentée de répondre mais ne le fit pas. Elle montra le message à ses sœurs. Cassandre effaça le message pour que éviter la tentation et Sandra avoua que c'était elle qui avait appelé son beau-frère dans la panique lorsque sa sœur était à l'hôpital et quelle lui avait donné des nouvelles de son état régulièrement et enfin son numéro. Ce qui bien évidemment ne plut pas à Cassandre.
Deux jours plus tard alors que les jumelles étaient à l'université et maman Fely au travail, C-E apparu devant la porte. Emilie qui regardait la télé était prise de panique, C-E vu qu'il l'avait mise dans cet état.
-C-E : je peux entrer
-Emi : Entre
Il déposa les courses qu'il avait faites pour elle sur la table et s'assit, Emilie essayait de garder ses distances vis-à-vis de lui et de rester très calme mais c'était son mari et il la connaissait bien.
-C-E : comment vas-tu ?
-Emi intimidée : ca va
-C-E : Pourquoi tu as fait ca Emi ? je sais que je n'ai pas été l'époux que tu aurais voulu que je sois mais de la à mettre un terme à ta vie, tu voulais que je vive comment apres avec ca sur ma conscience?
-Emi : ... (silence)
-C-E : y'a til quelque chose que je puisse faire, des médicaments à acheter, des courses à faire ?
-Emi : non rien ca va
-C-E : ok bon j'ai pas beaucoup de temps, je dois repartir au boulot. Prends soin de toi, je t'appelle
Et il s'en alla. Dès cet instant, il venait de reprendre le contrôle de la situation. Il était de retour deux jours plus tard. Apres ca il venait quasiment tous les midis. Il écrivait des messages à Emi du genre « bébé ta cuisine me manque surtout ton plat de poulet fumé au nyebwe » et elle s'empressait d'aller faire les courses pour que son mari mange à sa guise. Même si personne ne rentrait à la maison le midi, les jumelles finirent par découvrir ce qui se passait, Emilie n'avait pas pu cacher les cadeaux offerts par son mari plus longtemps.
Un jour alors qu'ils étaient à table dans la maison du père d'Emile, Charles –Edouard entre deux bouchers de gazelle à l'odika fut surpris par la question qu'Emilie lui avait posée.
-Emi : j'ai envie d'ouvrir un restaurant qu'est-ce que tu en penses ?
-C-E : un restaurant ? Non! Un restaurant comment ? tu vas préparer pour toute la ville donc les plats que tu me fais là c'est maintenant tout le monde qui va manger ca, non, ce sera fatiguant, tu sais comment on traite les serveuse dans les restaurants ? Les hommes vont te draguer et tout ça. Non en plus c'est risqué. Ecoute moi je ne suis pas contre le fait que tu fasses quelque chose mais pas ca.
-Emi : mais quoi alors ?
-C-E : écoute je vais te donner 1.5 million tu vas t'inscrire aux cours du soir à l'institut de gestion tu vas terminer ta licence. Toi tu es ma femme mais tu ne me ressembles pas hein, faut avoir de l'ambition, restaurant c'est quoi !
Le débat était clos, désormais Emilie restait muette face à l'évolution de la recherche du capital. Quand ses sœurs l'informaient de la somme déjà amassé son enthousiasme avait disparu. Entre temps C-E venait la voir quotidiennement et parfois même la sortait en soirée.
Un après- midi, elle reçut la visite d'Annie, son amie d'enfance et femme du frère de C-E. Celle-ci avait appris qu'Emi avait quitté le domicile conjugal et c'était le motif de sa visite.
-Annie : Emi tu fais quoi chez maman ici ? et tu es ici depuis quand ?
-Emi : bientôt trois mois
-Annie : kiéééééé, tu as quitté ton mari pourquoi ?
-Emi : tu veux dire que tu ne sais pas que Charles Edouard a une nouvelle femme ? Tu étais au mariage là non, pardon ne me fait pas parler. En tout cas, on s'est battu il m'a chassé, voilà pourquoi je suis là.
-Annie : Ehhh Emi tu as trop le petit cœur, c'est tout ? à cause de Raïssa tu vas perdre ton mari, tu vas jusqu'à le poignarder ? Seigneur ! Tu as déjà vu un couple qui n'a pas de problème ? Tu sais ce que moi je vis chez Eddy là ? Arrête ça. A cause d'une femme tu vas perdre ton foyer ? Toi-même tu sais que tu ne peux pas enfanter, fallait rester dans ton coin tranquille, il allait tourner, tourner finir de l'enceinter et il allait revenir chez toi.
Les paroles d'Annie trouvaient vite leur chemin dans le cœur de sa copine.
-Annie : je ne sais pas comment tu vas faire mais tu vas regagner ton foyer. Demande pardon à ton mari, supplie le, pleure il va te reprendre. Si on devait quitter nos foyers à cause des problèmes qui surviennent tu crois qu'ils auraient encore des femmes mariées ? Le cœur de la femme est fait pour supporter et pardonner. Regarde-moi que tu vois là Eddy et moi c'est la bagarre au quotidien. Depuis 10 ans qu'on est ensemble je ne sais pas si j'ai déjà fait une semaine sans qu'on se batte, oui peut être quand je suis enceinte hein mais le gars-là me frappe au quotidien
-Emilie surprise : ahh bon !
-Annie : tu as vu non si je te dis pas tu peux pas savoir. Même le jour de ma lune de miel il m'a tapé pour une histoire bête. Mais bon quand on est ensemble tu ne peux pas savoir. Ma famille me demande de le quitter, qu'un jour il va me tuer depuis 10 ans qu'il me frappe il m'a pas tué et c'est aujourd'hui ? Ceux qui vont te demander de partir soit ce sont des gens qui ont raté leur mariage soit ils n'ont aucune expérience. Mama chaque homme a ses démons, d'autre c'est l'alcool, les femmes, la vie du dehors, pour le mien c'est la violence et moi j'ai fait la paix avec et j'ai appris à vivre avec. Je vais te dire, une femme n'a de la valeur que quand elle est mariée joue bien avec ca. C'est quand tu finiras célibataire et divorcée que tu comprendras ce que je te dis là.
Emilie galvanisée par les propos de sa copine finit par lui avouer qu'elle était encore en contact avec son mari et lui raconta un événement particulier
-Emilie : Hier il est passé me chercher vers 18h, quand on était dans sa voiture, sa femme a appelé, elle lui demandait ou il était et il a dit qu'il était au travail. Elle a su qu'il mentait ils se sont disputés au téléphone moi je ne disais rien. Il l'a bien ramassé je te dis. Apres on a continué à rouler. Un moment il gare devant un motel je te dis ma co et il me dit qu'il a envie de moi là là.
-Annie excitée à l'idée de connaitre la suite : Il voulait faire ?
-Emilie : oui gué mais on ne l'a pas fait.
-Annie déçu : rohhh toi tu es terrible hein, c'est là que tu allais le reconquérir ma co. Sa femme est enceinte non, donc ils ne font plus reste toujours disponible pour lui, reste aimante et gentil tu vas voir tu vas récupérer ton mari, toi-même tu ne vois pas . Ehh ma co il est déjà 17h 30 ! oyooo je dois vite rentré si celui-là arrive avant moi je suis morte.
Annie ne savait que ses paroles étaient prémonitoires, elle démarra sa voiture en trompe et rentra chez elle. Entre temps Cassandre qui avait écouté toute la conversation se pointa devant sa grande sœur.
-Cassandre : Ce sont les conseils d'une écervelée comme ça que tu écoutes. Celle-là que son mari fouette comme son enfant, c'est elle que tu veux suivre ? Tu me déçois hein ? Ton propre mari te traite comme sa maitresse toi ça te plais. Je vais tout dire à maman.
***
Le lendemain la maison fut réveillée par les cris qui provenaient de la chambre de Maman Fely, Emi qui croyait que c'était dû au fait que Cassandre l'avait trahir n'eut pas le courage de sortir de son lit. Mais bientôt elle vit Sandra entrer en furie dans sa chambre.
-Sandra : Emilie Ma' Bernadette a appelé maman pour lui dire qu'Annie est décédée à 4h du matin à l'hôpital
Emilie était confuse, elle avait passé l'après-midi avec Annie. Qu'est ce qui s'était passé ?
Quelques heures plus tard elles arrivèrent chez la mère d'Annie. Dès qu'elle vit sa copine et ses trois filles surtout Emilie elle s'effondra dans les bras de celle-ci. On pouvait lire la confusion sur tous les visages. Donc on meurt vite comme ca ? En soirée quand elle s'était un peu calmée , alors que les jumelles étaient affairées à s'occuper des gens qui arrivaient, la maman d'Annie expliqua la mort de sa fille à Maman Fely et à Emilie.
-Ma'Bernadette la voix presqu'éteinte à cause des pleurs: C'est hier à 23h que junior m'appelé avec le num de sa mère. Il me dit mamie on est à l'hôpital vient stp, maman est malade. Bon tout de suite j'ai su que c'était grave parce si Junior m'appelle c'est que c'est parents ne peuvent pas parler. Quand j'arrive à l'hôpital, le médecin me dit que ma fille est entre la vie et la mort, je lui demande qu'elle a quoi ? il me dit qu'elle a une commotion cérébrale elle a du faire un accident mais il ne comprenait pas pourquoi y'avait personne seulement un enfant de 10 ans avec elle.
-ma'Fely : son mari était ou ? il a fait l'accident lui aussi ?
-Ma' Bernadette : Ou Fely? Quel accident ? J'ai demandé à l'enfant que dis-moi la vérité. Il explique c'est son père qui a frappé sa mère parce que quand ils sont rentrés de l'école avec lui, elle n'était pas là. Elle est arrivée juste après eux. Donc il l'a frappé jusqu'à ce qu'elle ne bouge plus et il l'a laissé sur la terrasse. C'est quand, vers 21h toujours elle était toujours inanimée l'enfant est allé lui dire que papa maman ne va pas bien, elle a beaucoup le sang et elle ne s'est toujours relevée. Là il l'a soulevé pour l'emmener à l'hôpital et il a laissé l'enfant ici et est reparti. Depuis son téléphone est fermé et il est introuvable. Vers 1h le médecin a dit qu'elle a fait un arrêt cardiaque, ils l'ont réanimé et à 4h il est venu me dire qu'elle est finalement morte.
C'était une histoire de fou.
-Ma'bernadette : Annie là son mari la frappait tous les jours matin midi soir, c'est quel membre qu'il ne lui a pas cassé ? les bras, les pieds. Vous avez déjà entendu qu'on a cassé l'orteil de quelqu'un? Annie avait eu l'orteil cassé. Je suis partie la soulever la bas à plusieurs reprises, elle repartait toujours chez lui. Elle nous insultait même devant lui, que c'est son mari on doit la laisser tranquille.
Les filles (les hommes aussi parce qu'il y'a des hommes battus), les violences conjugales ne sont ni à tolérer, ni à comprendre encore moins à pardonner. Si votre conjoint lève la main sur vous fuyez-le, la violence conjugale tue.
Pendant qu'elle consolait la mère de sa copine qui s'était remise à pleurer, elle aperçut Raïssa au bras de son mari qui arrivaient vers eux. C-E présenta ses condoléances à la mère d'Annie son même jeter un regard à Emilie. Puis il disparut. Quelques minutes plus tard, elle reçut un message.
« J'espère que tes règles sont terminées hein, parce que tu sais que tu dois me donner mes choses non, faut pas me faire ce que tu m'as fait avant-hier devant le motel là. »
Emilie n'avait pas eu le temps de répondre qu'elle reçut le seconde message de son mari
« Je vais déposer Raïssa, sa grossesse la fatigue mais je reviens. Dès que je te bipe tu viens me trouver à la voiture on va partir. »
Si Charles-Edouard avait pu imaginer l'effet que ses messages auraient eu sur sa femme à cet instant et vu la circonstance, il se serait abstenu parce que ce soir il venait de mourir dans son propre film. Le fusil allait changer d'épaule.
Emilie lui répondu juste « Ok à toute »
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