Chapitre 5 05

Part 7

Je regarde l'écran de mon téléphone et mon cœur s'affole.

Keega :...

Sénamé : Allo

C'est sa voix, c'est lui.

Sénamé : Allo, je suis Sénamé Mathys DOMINGO, vous essayez de me joindre depuis 2 semaines. J'étais au Japon et le décalage horaire et mon planning ne permettait pas que je vous rappelle.

Il était en voyage. Il m'a donc pas oublié. C'est parce qu'il ne pouvait pas qu'il ne décrochait pas mes appels. C'est tout, c'était juste un concours de circonstances.

Sénamé : Allo, vous m'entendez ?

Keega : Allo Sénamé, c'est keega.

Sénamé : Kee !!!!!!!!!!!!!!!!!!

J'ai décollé le téléphone de mes oreilles tellement il avait crié fort.

Sénamé : Tu vas bien ? Tu as un problème ? Je suis désolée d'avoir pas rappelé je pensais c'était un potentiel client et je ne voulais pas être incorrect en appelant tard le soir ou trop tôt le matin. Tu es où ? Tu fais quoi ? Tu veux pas dîner avec moi ? On se refait un Côté Jardin, Jazz, danse, ...

J'éclate de rire. Il parle tellement vite et pose tellement de question à la fois.

Keega : Fais une pause Sénamé et respire. On dirait Eddie entrain de me faire un de ses interrogatoires.

Sénamé : Désolé mais je ne pensais pas t'entendre si tôt.

Keega : Eh pourquoi ?

Sénamé : Je me disais que tu n'avais plus envie de me revoir. Je t'ai appelé le lendemain de notre rencontre en vain et puis j'ai emporté ta carte juste pour t'envoyer un mail pour m'excuser mais je l'ai perdu. J'ai pensé à toi tous les jours et je me demandais quel motif je trouverai pour passer te voir au bureau à mon retour.

Keega : T'avais qu'à dire que tu passais me rendre ma carte de visite.

Sénamé : Tu es sérieuse ?

Keega : Non je blague.

Sénamé : On peut se voir ? S'il te plait.

Keega : Je suis entrain de quitter le bureau. Je rentre chez moi me rafraichir et je t'appelle.

Sénamé : Non.

Keega : Non ?

Sénamé : Non. J'habite pas loin de chez toi. Je viens te chercher dans une heure. Le temps pour toi de rentrer et d'être prête.

Keega : Je ...

Sénamé : Il n'y a pas de « je ». Sois prête dans une heure.

Keega : D'accord (Oh c'est moi qui ai dit ça !!!).

Sénamé : A toute

Keega : A toute

Sénamé : Kee ?

Keega : Oui

Sénamé : Tu m'es resté dans la tête.

Il raccroche sans me laisser le temps de répondre. J'appelle ma coiffeuse pour lui dire que je passe faire un brushing vite fait. 30 mn après je suis chez moi. Je prends une douche rapidement, essaies de choisir une tenue mais je n'arrive pas à me décider. 20mn plus tard j'en suis toujours à me demander si je dois mettre une robe, un slim ou une jupe taille haute et la moitié de mon dressing est étalé sur mon lit. Quelqu'un frappe à la porte du salon. Il est déjà là. Il va patienter encore un moment. J'attache un pagne aux reins, mets un débardeur et je vais ouvrir pieds nus. Il est là devant moi, tout frais vêtu simplement d'un Jean et d'un T-shirt. Je m'efface pour le laisser entrer.

Sénamé : Bonsoir Kee.

Keega : Entre stp. Bonsoir.

Sénamé : Tu es habillée pour sortir ?

Keega : Oui il y a un problème ?

Sénamé : Non pas du tout. Chausses toi et on y va.

Keega : J'ai une meilleure idée. Et si on refaisait la soirée plutôt ici. (Attends qu'est-ce qui me passe par la tête).

Sénamé : Ici ? Chez toi ?

Keega : Oui. On aura peut être pas le même menu mais on mangera un truc, on écoutera du jazz et ça ne m'obligera pas à trouver une tenue pour sortir.

Sénamé : D'accord. Moi ça me va.

Keega : Donnes moi 5mn je vais m'habiller correctement.

Il me prend ma main droite et me fait tourner sur moi-même.

Sénamé : Tu es correctement habillée. Tu es magnifique comme ça. C'est fou comme tu es sexy en pagne.

Keega : (En riant) Sexy en pagne. Je suis morteu de rireu. Aller je vais me changer.

Je rentre mettre un jean slim et un body, attache mon tissage en un chignon, quelques gouttes de Dior Addict et je sors. Il se tient debout à l'endroit où je l'ai laissé.

Keega : Il y a quoi ? Tu n'aimes pas l'idée de rester diner à la maison ?

Sénamé : Non j'adore plutôt. Tu me fais faire de sacrées économies.

Keega : Tu as tout faux. Tu vas payer et doublement. Pour le repas et pour la cuisinière.

Sénamé : Tchooooooooooooo !!!!

On éclate de rire tous les deux.

Keega : (Plus sérieusement) Pourquoi tu restes debout ?

Sénamé : Parque la mauvaise hôtesse ne m'a pas invité à m'asseoir.

Keega : Now c'est moi qui suis mal éduquée ?

Sénamé : Nto woé lé gblon lo. (C'est toi-même qui le dit).

Keega : (La moutarde me monte au nez d'un coup) Moi mal éduqué ? Hummmmmmmm ma kponou tchan nyawo (J'aurai tout vu). Toi, il y a deux semaines jour pour jour, heure pour heure, tu t'invitais à ma table sans crier gare et c'est aujourd'hui que je t'autorise à entrer chez moi que tu restes debout parce que je ne t'ai pas invité à t'asseoir. Ok. Reste debout. Reste debout. Reste debout heinnnnn, reste debout. Je vais m'occuper de ce qu'on va manger.

Sénamé est en mode O_O. Je me dirige vers la cuisine sans un regard pour lui. Il m'a énervé. Il est qui lui pour dire que je suis pas une bonne hôtesse. J'ai n'ai qu'une envie le sortir de chez moi. Qu'est-ce qui m'a pris d'accepter son invitation, pire de l'inviter à passer la soirée chez moi. Il m'énerve. En neuf ans jamais Ham ne m'a dit que j'étais une mauvaise hôtesse bien au contraire. Il faut que je m'occupe l'esprit. Il faut que je fasse un menu. Petite salade fraîche en entrée, filet de poisson pané avec des pommes sautés et sauce crème aux champignons et pour le désert j'ai des yaourts et quelques fruits. En maxi une heure je devrais être prête. Je sors le filet de poisson et les ingrédients pour le paner et je me perds dans mes pensées. Je repense au jour où j'ai rencontré Sénamé et à toute cette soirée. Je repense à ma vie depuis un peu plus de 2 ans. Je repense à ma vie toutes ces années avec Ham et à celle que j'étais avant de le connaître. Je continue mécaniquement à faire la cuisine mais mon esprit est en plein voyage dans le temps. Et je ne sais pas pourquoi je sors de la cuisine presqu'en courant et je vais me jeter dans les bras de Sénamé qui s'est installé dans le canapé et regarde les infos sur France 24. (Qui est Ham ? Un de ces jours je vous raconterai).

(Sénamé Mathys DOMINGO)

Qu'est-ce qui vient de se passer là ? Elle est énervée ou quoi ? Pourquoi ? Je ne faisais que blaguer. Que dois-je faire ? Aller m'excuser ? Et prendre une gifle ? Elle est si imprévisible... Je vais la laisser se calmer et m'excuser plus tard. Je m'installe dans le canapé et allume la télé. Je zappe un moment et m'arrête sur France 24 pour les infos. Je ne suis pas vraiment le journaliste. Je pense à cette fille. Je sais je la connais presque pas mais elle me plait énormément. Pas seulement pour son corps mais j'ai envie d'être avec elle, de veiller sur elle, de la canaliser. Elle, c'est un cocktail de fougue, de douceur et quelque chose que je n'arrive pas encore à nommer. Je suis assez étonné et flatter qu'elle ait cherché à me joindre durant mes deux semaines d'absence. J'en suis à pensé à ce que je vais lui dire quand on sera en tête a tête tout à l'heure quand je la vois s'élancer vers moi et s'effondrer dans mes bras. Elle éclate en sanglot la seconde d'après. Que te passa ? J'ai envie de lui demander ce qui ne va pas mais je préfère me taire. Je la serre fort dans mes bras et elle se laisse aller contre mon torse. Elle pleure une dizaine de minute avant de se calmer petit à petit. Je lui caresse le dos tout ce temps pour l'apaiser. Une fois qu'elle semble totalement calmée :

Sénamé : Kee, tu ne veux pas que j'aille nous chercher deux pizzas à Greenfield ?

Elle fait non de la tête.

Sénamé : Laisses moi t'aider à la cuisine alors. Je ne suis pas bon cuisinier mais en tant qu'assistant je suis chef.

Elle sourit. Malgré ses yeux rougis et les traces de larmes sur son visage elle est belle. On retourne ensemble à la cuisine. Il ne reste pas grand-chose à faire pour que le diner soit prêt. En silence je fais tout ce qu'elle me demande. Je dresse la table, apporte les plats prêts au fur et à mesure au salon, quelques boissons, de l'eau. Quand tout est fin prêt, elle s'excuse pour aller se rafraîchir. Elle revient 10 mn plus tard. Elle a changé son top, lâché son tissage et mis un peu de gloss je crois. On s'installe et mange en silence un moment.

Sénamé : C'est trop bon. Merci d'avoir refusé le restau et les pizzas. J'aurai raté ça.

Keega : (Timidement) merci.

Sénamé : Je pourrai m'inviter chez toi tous les soirs s'il t'plait. Dis oui Kee, s'il t'plait, s'te plait.

Keega : Si tu veux mais six soirs sur sept tu mangeras des trucs réchauffés et un mélange de légumes découpées.

Sénamé : Donc c'est pour moi que tu as sorti le grand jeu quoi ?

Keega : Vas là bas.

Sénamé : Madame m'en voit honoré.

Keega : Parles moi de ton voyage au Japon c'est ça ?

Sénamé : Oui j'étais à Tokyo, Kyoto, Osaka, Sapporo, Hiroshima et Nagasaki. J'aurais aimé allé à Fukuoka et Kobe mais j'ai pas pu.

Keega : C'est ce que j'appelle un voyage touristique.

Sénamé : Touristique ? Oui et non. Je suis fasciné par l'architecture nipponne et chinoise. L'architecture japonaise a d'ailleurs été fortement influencée par l'architecture chinoise. Ce qui me fascine le plus c'est cette relation entre religion et architecture et puis leur toiture.

Keega : Architecture et religion ?

Sénamé : Oui. J'étais en fait à un séminaire sur le lien entre religion et architecture au japon.

Je suis lancé dans un récit historique et dans des explications plus ou moins techniques. Elle m'écoutait avec ses yeux intelligents sans m'interrompre même une fois. Je me suis arrêté de parler pour boire de l'eau.

Keega : Waouh Sénamé tu es un passionné.

Sénamé : Oui je suis un passionné et dans tout ce que j'entreprends c'est comme ça.

J'ai appuyé sur le « tout » mon regard plongé dans le sien. Je prends sa main droite la porte à mes lèvres et embrasse la paume de sa main en lui murmurant un merci à peine audible. Elle sourit. Je couvre chacun de ses doigts de petits bisous en ponctuant chaque bisou d'un merci. L'atmosphère s'alourdit, l'air devient irrespirable. Je suçote ensuite très lentement chacun de ses doigts et je porte sa main sur mon cœur. A peine elle touche ma poitrine qu'elle l'a retire comme si elle avait été brûlée. Sans rien dire, elle se lève et comme a débarrassé. Je l'aide. On fait la vaisselle et on s'installe ensuite sur le canapé avec une bouteille de cognac histoire de digérer. On se dispute la télécommande de la télé un temps avant de décider de partager les écouteurs de son Ipod pour écouter du jazz. On se comporte comme un jeune couple. On discute, on rie de tout et de rien et puis plus rien. On s'est endormi sur le canapé, elle quasi allongée sur mon torse.