Tout s'est très vite enchaîné en quelques heures. Maman n'a pas perdu de temps. Nous étions chez le gynécologue il y'a 3 jours et aujourd'hui nous voilà déjà en Guinée. Je ne pensais pas qu'elle m'emmènerait jusqu'à ici pour faire face à l'auteur de ma grossesse. Je sais qu'il s'appelle désormais Majib Keïta mais ni Zeyna, ni moi l'avions encore dit à maman. D'ailleurs en parlant de ma sœur, celle-ci ne m'adresse plus la parole depuis qu'elle sait que j'ai « couché » avec ce Majib. Je n'ai aucun souvenir, j'ai été drogué par les conneries de mes cousines et c'est à moi, et moi seule qu'elle en veut ? D'ailleurs, quelle est sa relation avec cet homme ? Au point de la mettre dans cet état ? Je ne sais pas...mais à cause d'elle je suis désormais dans le remord. Comme si j'avais causé cette situation.
Nous avons atterri en Guinée, plus précisément à Conakry hier soir. Ce matin c'est dans la grande maison familiale de maman que je me réveille. Comme papa, elle est issue d'une famille de la classe aisée mais pas au même niveau que mon père. Cette même grande maison, nous l'a partageons avec notre grand mère et mes jeunes tantes. Contrairement aux sorcières de la famille à mon père, mes proches maternelles sont d'un amour inconditionnel !
Maman *venant à la cuisine* - Vous ne savez pas où est passée Zeyna ?
Je fais non de la tête.
Diaraye - Elle a dit kôh elle va chez son père.
Avec ma mère nous arquons d'un sourcil car étonnées.
Maman - Elle n'a qu'à restée là bas !
Elle tourne ses talons et s'en va. Je me lève de la chaise pour la suivre jusqu'à sa chambre.
- Maintenant que nous sommes ici, on fait quoi ?
Maman - On retrouve cet homme et on le confronte.
- Mais pour ça ?
Je montre mon ventre. Ma mère le fixe avant de poser son regard sur moi.
Maman - La décision ne revient qu'à toi seule Alia. Je ne te force à rien mais peu un importe ton choix je serai là pour te soutenir.
J'acquiesce avec un sourire. Je suis soulagée d'entendre cela. Pour l'instant, je n'ai pas pris ma décision mais celle-ci sera très certainement l'avortement. Je ne suis pas en capacité d'assumer cet enfant.
Maman - Mais confirme moi d'abord que tu n'as pas couché volontairement avec cet homme. C'était le seul ? Tu connais les hommes oui ou non ?
Je me mets alors à lui raconter plus en détail cette soirée en m'appuyant sur les révélations de Massou datant de la vielle. C'était long et pénible à expliquer en langue des signes mais maman a tout de même compris le plus gros morceau de l'histoire ce qu'il l'a mit hors d'elle.
Maman - Je l'ai toujours dit ! Les filles de la famille à ton père sont des sorcières ! Elles ont drogués ma fille !
- Mais, c'est moi qui ai couché avec cet homme. C'était consenti.
Maman - Vous étiez tous les deux sous l'effet de la drogue. Aucun de vous deux n'étaient lucides pour que ce soit consenti, enfin, je l'espère ! Toi je te crois mais je n'ai pas la version de cet homme ! On ne sait toujours pas s'il a abusé de toi !
J'allais lui dire son nom mais elle continue à s'emporter.
Maman - Mets tes chaussures nous allons de ce pas chez ton père ! Je vais lui raconter ce que des sorcières de nièces t'ont fait !
- Maman, après je suis fatiguée.
Elle était déterminée. C'est elle qui part prendre mes chaussures dans ma chambre pour me les apporter afin que je les enfile. Je le fais à contre cœur avant de la suivre jusqu'à l'extérieur de la cour de la maison. Nous nous apprêtions à monter dans la voiture avec le chauffeur quand une fait irruption. Il en sort d'abord Zeyna puis mon père qui vient vers nous totalement en furie. En guise de salutations je reçois une gifle de sa part. Enfin, presque maman a su l'arrêter à temps.
Maman - Mais tu es fou ?!
Papa - C'est quoi ces histoires ? Qu'est-ce que j'ai entendu dans mes oreilles ?! Ma fille, moi ma fille enceinte ?!
Je regarde Zeyna qui était plantée derrière lui, les bras croisés et me toisant.
Maman *s'adressant violemment à Zeyna* - Eh pourquoi tu n'as pas fermer ta bouche ?! Pourquoi tu l'as ouverte ?!
Papa - Fadima (prénom de ma mère) explique pas comment notre fille qui ne peut même pas dire au mot porte un enfant dans son ventre. COMMENT ?!
La cour était devenue une pièce de théâtre. Les deux chauffeurs ainsi que ma famille maternelle assistés médusés à la scène. Mes parents comme à leur habitude s'engeuler, on pouvait les entendre dans tout le quartier !
Maman - Parce qu'on a abusé d'elle !
Papa *d'un air perdu* - Qu'est-ce que tu racontes ?
Maman lui explique donc sans vraiment entrer dans les détails.
Maman - J'allais justement chez toi pour massacrer tes nièces ! Tu te rends compte de ce qu'elles ont faut à ta fille ?!
Papa - Qui te dit que cette drogue, elle ne l'a pas pris d'elle même ?
Zeyna - Mais d'ailleurs ce n'est même pas une excuse pour coucher avec un homme. Dès la première tu tombes enceinte ?! Ah non !
Comment ose t-elle douter de moi ? C'est ma grande sœur elle est censé me connaître.
Maman - Alia a bu dans le mauvais verre de soir là ! Puis tu connais quand même ta fille non ?!
Zeyna rancunière se met de nouveau à parler.
Zeyna - Pas assez ! Faut être d'une grande lucidité pour mettre Majib Keïta dans son lit !
Maman&Papa - QUI ?!
Ils la regardent choqués avant de me fixer du regard. Quoi leur dire ?
- Je n'ai pas de souvenir, enfin quelques uns et ils concordent bien avec cet homme.
Maman - Ça aurait pu tomber sur n'importe quel homme que lui Alia !
- Mais tu sais que ce n'est pas ma faute.
Maman *se tenant la tête* - Eh Allah...les problèmes, les gros problèmes !
Je lance un regard à papa, il avait un rictus au bout des lèvres. Qu'est-ce qu'il le fait sourire comme ça ?
Papa - Effectivement...cela aurait pu tomber sur n'importe quel autre homme que lui...son père a pour ambition de devenir le futur président du pays, il est en bonne posture. Mais cette histoire, ce scandale peut tout détruire en un claquement de doigt.
Il relève alors sa tête vers moi.
Papa - Tu me suis, nous allons chez les Keïta !
J'écarquille des yeux avant de tourner la tête pour dire non mais il me prend le poignet et commence à me traîner de force vers sa voiture. Maman pour me retenir me prend l'autre poignet.
Papa - Fadima laisse là ! C'est à moi désormais de régler cette histoire, elle n'est plus de ton ressort !
Maman *le confrontant* - Ma fille ne bougera pas d'ici.
J'étais le centre de l'attention. Tout tournée autour de moi pourtant j'assistais à mon sort comme spectatrice, je suis impuissante.
Papa - Avec le bruit qu'on vient de faire aussi de toi que d'ici ce soir tout Conakry sera que notre fille a été possiblement violé et qu'elle est enceinte. Nous devons régler cette histoire au plus, qu'aucune rumeur ne sorte de cette cour. *S'adressant aux autres* Si quelqu'un ose répéter ce qui vient de se passer je vous mettrai tous en prison sans exception ! Ne l'oubliez pas, je suis le ministre de la justice de ce pays !
Maman - Des menaces ? Ce sont des menaces que tu profères envers ma famille ?!
Papa - Tu préfères quoi ? Que la réputation de ta fille soit souillée dans toute la ville ? Tu sais comment sont les gens ici !
Maman *après un instant de réflexion * - Très bien, je viens alors avec vous.
Papa - Non. Tu restes ici.
Il me tire jusqu'à la voiture et ordonne à Zeyna de nous suivre. Nous quittons la maison de maman sans elle.
J'ai peur. Je suis tétanisée.
| Majib Keïta |
J'étais à la salle à manger quand j'entends du brouhaha venant de la cour extérieur de la maison. Quelques minutes après mon père se met à hurler mon prénom. Je suis soudainement pris de peur. Avec ma mère nous nous rendons dans la cour. Je tombe d'abord sur papa très en colère puis sur Ibrahim Camara le ministre de la justice. Je le connais bien car sa fille Zeyna qui est ici même est une connaissance à moi. Mais, une autre fille se tient à leurs côtés. En la regardant plus longuement je manque de tomber au sol.
C'est elle ! C'est ma femme de nuit !
Mes neurones se reconnectent. Mais, évidement ! Massou est la cousine de Zeyna, et donc cette fille Alia ne peut être que sa soeur. D'ailleurs, elles ont des traits de ressemblance. Comment ai-je pu être si bête ? Néanmoins la vraie question à se poser désormais est, qu'est-ce cette Alia fait ici ?
Mais attendez, ça veut dire que je me suis taper la fille du ministre de la justice ?
Papa - Majib, quelles sont ces histoires ?! Tu faisais quoi de ton libre ?! Tu les passes dans les maisons des filles de ministre pour y boire et prendre de la drogue ?!
Je me gratte l'arrière de la tête, papa me donne une tape avant que je ne le fasse.
Papa - As-tu couché avec cette fille Majib ?!
Je les regarde tous honteux. Je suis pris la main de la sac, pourquoi mentir ? Je réponds d'un petit oui. Un deuxième coup atterri de nouveau a l'arrière de mon crâne.
Papa *s'adressant à monsieur Camara* - Monsieur le ministre, venez donc qu'on discute à l'intérieur.
Monsieur Camara - L'heure est grave ! Je n'ai pas le temps de jacasser ! Votre fils a abusé de ma fille alors qu'elle était sous l'effet de drogue !
- Mais moi également ! J'en ai pris involontairement !
Papa - Ferme ta bouche Majib avant que je ne le fasse de moi même ! Comment ça abuser ?! Tu violes maintenant ?!
Monsieur Camara - Ce n'est d'ailleurs pas tout, ma fille dit être enceinte de votre fils ! Évidement, avant de vous accuser de quoi que ce soit je préfère rester prudent. Et pour cela, demain à la première heure Alia et votre fils feront un test de paternité prénatale.
Enceinte ? Mon père me regarde avec de la haine qu'il essayait tant bien que mal de contenir.
Monsieur Camara - Cette affaire ne doit être connu de personne ! Il me semble que vous êtes en lice pour devenir président de ce pays ? Une telle histoire peut ruiner vos ambitions.
Papa *s'emportant davantage*- Comment dois-je le prendre ? Ce sont des menaces que vous me faites, sous mon toit ? Qu'est-ce qui me dit que cette grossesse votre fille n'est pas partie la chercher ailleurs ?!
Monsieur Camara - Je suis le ministre de la justice de ce pays. J'ai le pouvoir de protéger ma fille et mettre votre fils en prison pour viol. Il me suffit de passer qu'un simple appel au procureur général !
Ma gorge se noue. Papa écarquille des yeux pétrifié. C'est sa carrière politique qui est en jeu.
Papa - Nous serons là, dès la première heure !
Monsieur Camara - Très bien, les résultats seront connus le jour même ! Je vais mobiliser tout une équipe hospitalière.
Papa *inquiet* - À l'issue des résultats, que se passerait-il ?
Monsieur Camara - Si c'est négatif, je tairai cette histoire. Personne ne saura ce qui s'est passé. Mais, si votre fils se révélerait être le père de cet enfant...on en discutera. Vous avez dans ce cas plus à perdre que moi, et moi plus à gagner que vous.
Le ministre se tourne vers sa Alia.
Monsieur Camara - Alia, tu me confirmes bien que c'est lui ?
Elle me fixe quelques secondes puis hoche de la tête. Son père la prend alors par le bras et la balance avec violence dans la voiture. Zeyna me jette un dernier regard avant de monter à son tour. Le ministre et ses filles finissent par s'en allés après que celui-ci ait communiquer la date et l'heure du test.
Papa *me donnant un coup à l'arrière de la tête* - IMBÉCILE !
Je grimace de douleur.
Papa - Tu veux détruire ma campagne ?! Mes ambitions ?!
Maman - Tu n'as pas entendu le ministre ? Nous allons régler cette histoire dans la discrétion. Rentrons avant de faire plus de boucan.
Papa me tire à l'intérieur de la maison avant de nouveau me gronder.
Papa - Tu sais très bien que je défends les valeurs traditionalistes ! Quelle crédibilité me donner si on apprend que mon fils trompait sa femme, qu'il a mis sa maîtresse enceinte et que du surcroît il a divorcé ! Ta mission c'est bien de détruire ma carrière politique Majib !
- Je suis désolé papa...
Papa -Non mais tu es fou ?! Sauter la fille du ministre de la justice ?!
Maman - Il n'y a pas de certitude ! Attendons demain.
Papa - Majib monte dans ta chambre, tu n'en sortiras pas jusqu'à demain !
Je traîne des pieds jusqu'à l'étage, comme un petit garçon.
Dans quel pétrin suis-je ?
~ Le lendemain ~
Ce ne peut être vrai, ce n'est la réalité ! Du jour au lendemain me voilà dans cette d'attente d'un laboratoire de Conakry. Le ministre a réussi à avoir un qui pouvait nous délivrer les résultats le jour même. Il était donc sérieux.
Nous étions ainsi le ministre, sa fille, sa mère mes parents et moi à attendre. J'avais les pensés ailleurs, pour moi j'étais encore dans un cauchemar. Contrairement à papa je restais statique. Je ne montrais pas ma nervosité.
Laborantin *arrivant* - J'ai les résultats.
Tout le monde relève sa tête vers lui.
Laborantin - Étant donné les délais exceptionnellement courts les résultats ne sont vrais qu'à 98%. Il y'a donc 2% de chances qu'ils soient faux. Vous pouvez néanmoins réalisés des tests une fois l'enfant né.
Monsieur - Beaucoup de paroles ! Abrégez ! On veut les résultats !
Laborantin - Eh bien, avec 98% de certitude monsieur Majib Keïta est le père du fœtus que porte mademoiselle Alia Camara ici présente.
Je m'attendais à une explosion de colère de la part de mes parents ou du ministre mais les trois sont restés sereins. Le laborantin s'en va, nous laissant digérer cette nouvelle.
Je ne réalise toujours pas. Non, merde tout sauf ça !
Papa et le ministre se regardent satisfaits. Pourquoi ? Ai-je loupé quelque chose.
Monsieur Camara - J'espère que vous êtes un homme de parole monsieur Keïta !
Papa - Tout à fait.
Il s'approche de moi. Je pensais qu'il allait se nouveau me frapper mais il pose sa main sur mon épaule et dit avec fierté :
Papa - Tu m'honores aujourd'hui mon fils !
Est-il tombé sur la tête ?
Papa *regardant maman* - Annonce la nouvelle à nos assistants ! Nous préparons les fiançailles de Majib et Alia dès demain ! Tout le pays doit être au courant que mon fils se marie !
PARDON ?!