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La revanche de l'héritière oubliée

La revanche de l'héritière oubliée

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Résumé

Résumé :** Adoptée par une famille qui ne l'a jamais aimée, Emma Delcourt a grandi dans l'ombre, sans affection ni reconnaissance. Le jour de ses 21 ans, elle est brutalement rejetée et jetée hors de chez elle. Sa vie semble basculer dans la misère... jusqu'à ce qu'une vérité longtemps enfouie refasse surface : elle est l'unique héritière d'un empire économique colossal, fruit du travail d'un père biologique qu'elle n'a jamais connu. Déterminée à faire valoir ses droits, Emma revient sous une nouvelle identité, bien décidée à affronter les puissants qui ont tout fait pour l'écarter. À commencer par ses trois demi-frères, et surtout **Alexis Delorian**, l'aîné, froid, redoutable, mais étrangement attiré par elle. Tiraillée entre vengeance et justice, entre ascension et amour, Emma devra naviguer dans un monde d'apparences, de secrets de famille et de trahisons... sans jamais perdre de vue son objectif : **reprendre ce qui lui revient, et faire tomber ceux qui l'ont humiliée.** Mais dans ce jeu dangereux où sentiments et pouvoir s'entremêlent, une seule question demeure : **jusqu'où est-elle prête à aller pour se faire une place ? Et à quel prix ?**

Chapitre 1 Chapitre 1

Chapitre 1

Le miroir renvoyait une image qu'Emma avait longuement travaillée ce matin-là : une robe bleu pâle, sobre mais élégante, ses cheveux châtains attachés en une queue de cheval basse, laissant tomber quelques mèches souples autour de son visage. Elle avait appliqué un peu de blush, juste assez pour donner bonne mine, et une fine couche de gloss rosé sur ses lèvres. Ce n'était pas dans ses habitudes de se préparer avec autant de soin - pas ici, pas dans cette maison où chaque attention portée à elle était vite tournée en ridicule - mais aujourd'hui, c'était différent. Aujourd'hui, elle fêtait ses vingt et un ans.

Elle se pencha légèrement vers le miroir, effleurant ses cils avec une brosse. Ses yeux noisette luisaient d'une lueur qu'elle ne parvenait pas à réprimer : un mélange d'espoir et d'appréhension. Vingt et un ans... L'âge où, dans d'autres familles, on organisait de grandes fêtes, où l'on offrait des cadeaux symboliques, où les rires et les embrassades résonnaient jusque tard dans la nuit. Elle avait vu ça dans les films, lu ça dans les romans, entendu ses camarades de classe en parler. Mais pour elle, chaque anniversaire avait toujours été discret, presque invisible. Cette année, pourtant, elle voulait croire que ce serait différent.

Elle remit en place la fine chaîne dorée autour de son cou - la seule chose qui lui restait de sa mère biologique, un bijou terni par le temps mais inestimable à ses yeux. En la touchant du bout des doigts, elle murmura :

- Maman... j'aimerais tellement que tu sois là aujourd'hui.

Le parfum qu'elle avait choisi, une fragrance douce aux notes florales, se répandit dans la pièce lorsqu'elle s'en vaporisa un peu sur les poignets. Elle inspira profondément, puis jeta un coup d'œil à l'horloge. Neuf heures. En bas, elle entendait déjà du mouvement : des pas pressés, des éclats de voix. Son cœur battit un peu plus vite. Peut-être qu'ils préparaient quelque chose ? Peut-être que... Non. Elle se reprit : il ne fallait pas espérer trop fort. Mais une petite part d'elle, tenace, refusait d'éteindre cette flamme.

Elle descendit l'escalier, la main effleurant la rampe en bois poli. Les bruits se précisaient : la télévision allumée, le cliquetis des couverts dans la cuisine, l'odeur du café fraîchement préparé. Elle entra dans la salle à manger avec un sourire timide.

- Bonjour.

Sa voix se perdit dans le brouhaha ambiant. Mme Delcourt, sa mère adoptive, se tenait debout près du plan de travail, un tablier autour de la taille, affairée à beurrer des tartines. Son père adoptif lisait le journal, ses lunettes glissant sur l'arête de son nez. Mathieu, leur fils aîné, tapotait nerveusement sur l'écran de son téléphone, tandis que Clara, la cadette, grignotait une pomme en fixant la télévision. Personne ne leva la tête vers elle.

Emma resta immobile quelques secondes, le sourire suspendu. Elle finit par tirer une chaise et s'asseoir. Personne ne lui dit « bon anniversaire ». Personne ne sembla même remarquer sa tenue plus soignée que d'ordinaire.

- Tu veux du café ? demanda finalement Mme Delcourt, toujours sans la regarder.

- Oui... merci.

Elle lui servit une tasse, qu'elle posa devant elle sans un mot de plus. Emma enserra la tasse chaude entre ses mains, espérant que la chaleur masquerait la fraîcheur glaciale qu'elle ressentait à l'intérieur.

- Tu peux passer à l'épicerie tout à l'heure ? reprit Mme Delcourt. Il nous manque du lait et du sucre.

- D'accord, murmura Emma.

Elle baissa les yeux vers son café. Les minutes passaient, rythmées par le froissement du journal et le bruit sec de la fourchette de Clara heurtant l'assiette. Elle n'osait pas parler de son anniversaire. Peut-être qu'ils attendaient le moment parfait ? Peut-être qu'ils voulaient lui faire la surprise après le petit-déjeuner ? Mais au fil des minutes, cette idée s'effritait.

- Tu comptes rester là toute la journée ? lança Mathieu sans lever les yeux de son téléphone. Y'a des trucs à faire, tu sais.

- Je... je comptais aider, oui.

Mme Delcourt leva enfin les yeux vers elle, mais ce n'était pas pour lui sourire.

- Alors commence par ranger ta chambre. On dirait une zone sinistrée.

Emma hocha la tête, la gorge serrée. Elle vida sa tasse en silence, puis se leva.

- Je peux vous aider à préparer... enfin, quelque chose ? demanda-t-elle, cherchant un signe, n'importe quoi.

- Pas besoin, répondit sèchement Mme Delcourt. On a ce qu'il faut.

Emma resta debout, figée, ses doigts jouant nerveusement avec la chaîne autour de son cou. Son père adoptif, derrière son journal, se racla la gorge.

- Et habille-toi correctement, aussi. Cette robe, c'est un peu... enfin, on dirait que tu vas à un rendez-vous.

Elle cligna des yeux, surprise, puis se sentit rougir. C'était sa meilleure robe. Celle qu'elle portait aujourd'hui pour marquer le coup.

- C'est mon anniversaire, aujourd'hui, lâcha-t-elle finalement, la voix à peine audible.

Un silence s'abattit. Seule la télévision continuait de parler. Puis Clara haussa les épaules.

- Ah ouais ? Bah, joyeux anniversaire.

Elle mordit dans sa pomme, le jus éclaboussant un peu la table. Mathieu leva un instant les yeux, marmonna « ouais, joyeux », et replongea dans son téléphone. Mme Delcourt ne dit rien, se contentant de retourner à ses tartines.

Emma sentit une brûlure derrière les yeux. Elle aurait voulu disparaître, se fondre dans le sol. Elle s'était imaginé qu'ils organiseraient au moins un petit-déjeuner spécial, ou qu'ils lui offriraient une carte, une petite attention... Mais il n'y avait rien. Juste cette indifférence glaciale.

Elle se força à sourire, un sourire fragile qui lui fendait presque le cœur.

- Merci... murmura-t-elle.

Puis elle remonta dans sa chambre, ses pas résonnant lourdement dans l'escalier. Une fois la porte refermée, elle s'adossa contre le bois et inspira profondément, essayant de contenir les larmes. Mais elles vinrent quand même, silencieuses, brûlantes, traçant des sillons sur ses joues.

Elle s'assit sur le bord de son lit, regardant la petite boîte qu'elle avait cachée dans le tiroir de sa table de chevet. Elle l'ouvrit : à l'intérieur, une part de gâteau qu'elle s'était achetée la veille à la boulangerie, avec l'argent qu'elle avait économisé sur ses petits boulots. Elle avait prévu de le partager avec eux... mais à quoi bon ?

Elle alluma une petite bougie plantée au centre, et murmura pour elle-même :

- Joyeux anniversaire, Emma.

La flamme vacillait doucement, éclairant ses traits humides de larmes. Elle fit un vœu, un vœu simple : qu'un jour, quelqu'un se soucie vraiment d'elle. Puis elle souffla, seule dans le silence de sa chambre.

Emma resta un instant immobile dans sa chambre, les mains encore crispées sur le tissu de sa robe, comme si lâcher prise signifiait aussi abandonner l'idée que cette journée puisse se terminer autrement. Les échos du silence qui régnait dans la maison l'écrasaient, plus lourds encore que n'importe quelle phrase blessante. En bas, elle entendait de vagues bruits de vaisselle, le froissement d'un sac plastique, le pas déterminé de quelqu'un allant et venant, mais pas une seule voix ne l'avait appelée, pas un seul « Joyeux anniversaire » ne s'était glissé dans l'air.

Elle inspira profondément, s'approcha de la porte, hésita. Une part d'elle voulait simplement se cloîtrer, attendre que la nuit tombe et que ce jour devienne un souvenir qu'elle pourrait ranger dans la catégorie des déceptions habituelles. Mais une autre part, plus fière, plus fatiguée aussi, refusait de se laisser ignorer encore.

Elle descendit lentement, le bois des marches grinçant sous ses pas. Dans la cuisine, Marianne, sa mère adoptive, se tenait devant l'évier, concentrée sur une pile d'assiettes. Ses gestes étaient rapides, presque brusques, et elle ne leva même pas les yeux quand Emma entra.

- Marianne...

La voix d'Emma tremblait légèrement, mais elle tenta de la stabiliser.

- Oui ? répondit Marianne, sans se retourner.

- Tu sais quel jour on est, aujourd'hui ?

Le silence qui suivit fut pire qu'une gifle. Marianne posa une assiette sur le bord de l'évier, essuya ses mains sur un torchon, puis finit par se tourner vers elle.

- Emma, j'ai pas vraiment le temps pour des devinettes. Il y a mille choses à faire et...

- C'est mon anniversaire, coupa Emma, sa gorge serrée. Vingt et un ans, Marianne.

Elle crut voir, l'espace d'un battement de cœur, une ombre d'hésitation passer dans les yeux de la femme. Mais très vite, l'expression se referma, dure et distante.

- Oh... oui. Bon anniversaire. Voilà, tu es contente ?

Emma sentit quelque chose se fissurer en elle.

- C'est tout ? souffla-t-elle.

- Et tu veux que je fasse quoi ? Tu crois que j'ai le temps d'organiser une fête ? Tu es adulte maintenant, Emma, il faut arrêter de croire que le monde tourne autour de toi.

- Ce n'est pas une question de fête, répliqua Emma, sentant la colère monter. C'est juste... je voulais que tu t'en souviennes. Que tu me regardes au moins aujourd'hui.

- Tu es dramatique, comme toujours, répondit Marianne en haussant les épaules.

Emma serra les poings, se mordit l'intérieur de la joue pour retenir les mots qui brûlaient sur sa langue. Mais le barrage céda.

- Dramatique ? Tu veux savoir ce qui est dramatique, Marianne ? C'est de vivre ici depuis des années et de toujours me sentir comme une intruse. C'est de me lever chaque matin en me demandant si, aujourd'hui, tu me verras comme quelqu'un qui compte.

Les traits de Marianne se durcirent encore plus, mais elle ne répondit pas tout de suite. Puis, d'une voix tranchante :

- Tu oublies un peu vite qui t'a accueillie quand personne d'autre ne voulait de toi.

- Non, je n'oublie pas, répondit Emma, la voix tremblante. Mais ça ne veut pas dire que je dois accepter d'être traitée comme un fardeau.

Le ton monta d'un cran. Marianne s'avança vers elle, plantant son regard dans le sien.

- Tu crois que c'est facile, Emma ? Tu crois que c'est simple de t'avoir ici, de gérer tes caprices, tes humeurs, tes dépenses ?

- Mes dépenses ? Mais je travaille, Marianne ! Je paye mes affaires, je...

- Tu manges sous mon toit, trancha Marianne. Et à partir d'aujourd'hui, ce ne sera plus le cas.

Emma la fixa, croyant d'abord mal entendre.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Je veux dire que c'est fini. Tu as vingt et un ans, tu es adulte, tu n'as plus besoin de rester ici. Il est temps que tu prennes ton envol.

- Mon envol... murmura Emma, abasourdie. Mais... je n'ai nulle part où aller.

- Ce n'est pas mon problème, répondit Marianne avec un calme glacial. Tu as voulu être indépendante, te voilà servie.

Emma sentit le sol se dérober sous ses pieds. Les mots résonnaient dans sa tête comme un écho sans fin. Elle avait toujours su que Marianne n'était pas la plus tendre des mères, mais jamais elle n'avait imaginé qu'elle la mettrait à la porte aussi brutalement... et le jour même de son anniversaire.

- Tu ne peux pas faire ça...

- Je peux. Et je le fais, répondit Marianne, les bras croisés. Tu as jusqu'à ce soir pour rassembler tes affaires.

Emma eut l'impression que l'air manquait dans la pièce. Elle recula d'un pas, comme pour mettre de la distance entre elle et cette réalité qui l'écrasait.

- Pourquoi... pourquoi aujourd'hui ? demanda-t-elle d'une voix brisée.

- Parce qu'il n'y aura jamais de bon moment, alors autant que ce soit maintenant, répliqua Marianne sans la moindre émotion.

Un silence lourd s'abattit. Emma cligna plusieurs fois des yeux, refusant de laisser les larmes couler devant elle.

- Très bien, dit-elle finalement, la voix rauque. Si c'est ce que tu veux...

Elle se retourna et remonta les escaliers, chaque pas résonnant comme un compte à rebours. Dans sa chambre, elle s'assit sur le lit, incapable de bouger pendant de longues minutes. Sa respiration était hachée, ses mains tremblaient. Tout lui paraissait irréel. Comment pouvait-elle, en l'espace de quelques minutes, passer d'une attente fragile d'affection à une expulsion pure et simple ?

En bas, elle entendit de nouveau le bruit de la vaisselle, comme si rien ne s'était passé. Comme si sa vie n'était pas en train de se briser en mille morceaux.

Elle finit par se lever et ouvrir l'armoire. Les vêtements qu'elle pliait semblaient soudain bien dérisoires face à l'immensité de ce qui l'attendait dehors. Elle ne savait pas où elle dormirait, ni comment elle allait s'en sortir, mais elle savait une chose : elle ne supplierait pas. Pas cette fois.

Quand elle redescendit, un sac à la main, Marianne ne leva même pas les yeux.

- Ferme la porte derrière toi, se contenta-t-elle de dire.

Emma se figea un instant sur le pas de la porte, jetant un dernier regard à cette maison qui n'avait jamais vraiment été un foyer. Puis elle sortit, le cœur lourd, mais avec au fond d'elle une petite flamme : celle de prouver qu'elle pouvait survivre, même sans eux.

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