-Nous sommes vraiment désolés pour ce qui vous est arrivé Monsieur. Nous n'arrivons toujours pas à comprendre ce qui s'est passé. Il s'emblerait que vous ayez été victime d'un coup monté par l'un de nos agents dont je voudrais taire le nom pour le moment, raisons d'enquête oblige. Notre commissariat fait l'objet d'une enquête en vue d'élucider cette affaire.
-Je ne comprends toujours pas ce que vous dites Commissaire.
-Nous avons en fait reçu hier soir une lettre anonyme qui faisait mention de ce que les stupéfiants et les armes que nous avons retrouvé à votre domicile au cours de la perquisition, proviennent de l'un de nos dépôts de pièces à conviction sensées être sous scellés. Nous avons tout de suite mené des vérifications et mis aux arrêts de rigueur main sur l'agent affecté à ce local. Lequel a cité le nom de son complice, l'agent responsable de ces actes frauduleux.
-Qu'est qui doit m'arriver maintenant que vos preuves ne m'accablent plus ? Lui demandais-je plein d'espoir?
-Vous êtes libéré sous caution en attendant votre procès. Votre avocat a déjà contacté le juge d'instruction en charge de votre affaire qui a déjà fixé le montant de votre caution à cinq Millions (5.000.000) de francs CFA.
-Où trouverai-je donc cet argent en étant ici derrière les barreaux commandant?
-Votre avocat Maître FANOU vient de nous dire qu'il dispose déjà de ce montant. Il a déjà déposé cette somme contre reçu au greffe du tribunal et nous en a laissé copie. Votre avocat tout comme vos employeurs soutiennent que vous êtes un jeune homme honnête et travailleur et que vous avez été victime d'un complot dans cette affaire de faux billets. Nous tentons de l'élucider pour situer les responsabilités.
-Si je vous comprends bien, je suis libre ?
-Tout à fait, monsieur HONVI. Vous pourrez sortir d'ici après quelques formalités et vous présenter au tribunal à la date qui sera fixée pour procès.
-Merci, Commissaire répondis-je enfin soulagé.
-Je crois que ce sera tout. vous pouvez retourner à votre cellule en attendant dit-il en se levant.
Le garde qui m'avait accompagné ici, revient me chercher. Je remercie chaleureusement maître FANOU avant de sortir de la pièce. Je sais déjà qui a payé l'argent de la caution et je ne peux que remercier Dieu d'avoir un père qui malgré tout se soucis de mon être. Je crois maintenant que je ne déteste plus monsieur HONVI Alexis. Sans lui, je pense que j'aurais passé tout le reste de ma vie ici. Ma prière en ce moment c'est que je sorte au plutôt d'ici pour aller retrouver celle pour qui bat mon cœur.
Savoir Lysa et mon bébé dans les mains de ce monstre, me fait très peur. Je ne sais pas encore si mes anciens employés voudront encore de moi, ni comment leur rembourser tout ce que je leur doit ou encore moins ce que l'avenir me réserve, mais je suis si heureux de pouvoir enfin aller et venir à ma guise. Les quelques jours passés ici ont été vraiment pénibles malgré tout ce que monsieur HONVI a fait pour que je ne souffre pas trop. Si maman était encore de ce monde elle aurait été heureuse de savoir que j'ai enfin réussi à avoir de l'estime pour cet homme qu'elle admirait malgré tout.
Elle me parlait si souvent de leur début et de tous les sacrifices que cet homme a fait pour elle. Elle regrettait énormément d'avoir été la cause de son divorce et la cause de son malheur. J'espère pouvoir obtenir le pardon pour elle auprès de cet homme qui au fond doit avoir un bon cœur. Au-delà de tout, il ne doit rien, je ne suis en fait, que son neveu, un fils adultérin qui lui a été attribué par duperie et par ruse.
..................... Samuel DJIVO..................
Assis tout seul dans mon bureau, je bois du Whisky en ruminant du noir. J'ai faim, mais je n'ai pas envie de sortir m'acheter à manger. Elisa me manque malgré tout. Mine de rien cette fille savait prendre soin de mon ventre. J'espère aller la rejoindre dans quelques jours à Parakou, pour continuer à la terroriser émotionnellement. Elle paiera pour son petit amant et surtout pour m'avoir fait cocu. Depuis trois jours, je suis d'humeur massacrante à cause du contrat que j'ai dû signer avec cet avocat de malheur qui menaçait de me faire perdre tout ce pour quoi je me suis battu ma vie durant.
Quand je pense que, cet idiot de Junior sera libre dans quelques heures, je suis encore plus énervé. Il aurait dû moisir dans cet endroit où se trouve sa place. J'ai dû sacrifier l'autre idiot de Lieutenant pour me sortir d'affaire. De toutes les façons rien de m'incrimine directement dans cette affaire. Et même s'il arrivait qu'il parle de moi, ce sera sa parole contre ma parole. Florica est elle-même dans le viseur de la police pour m'avoir désobéi. J'ai fait en sorte qu'elle soit au centre de toutes nos manigances.
La police pensera à un triangle amoureux et le tour sera joué. On accusera le Lieutenant MONOU d'avoir comploté avec Florica pour envoyer Junior en prison. Comme si la vie elle-même m'offrait une manière de me débarrasser de ses deux-là, j'ai appris que Florica a déjà eu une aventure avec ce Lieutenant par le passé pour mon plus grand bonheur. Le Lieutenant et Florica ont reçu chacun quinze millions (15.000.000) de francs CFA de ma part que la police pourrait facilement retracer.
Le lieutenant lui, aurait déposé cet argent sur les comptes bancaires de ses épouses et de ses enfants selon mes informations. Florica elle, aurait déposé la moitié sur son compte bancaire et le reste lui aurait servi à s'acheter une voiture et refaire la décoration de sa maison. Elle continue à se la jouer grande dame dans la ville mais bientôt elle s'en mordra les doigts de m'avoir tourné le dos. Mon téléphone sonne et me ramène à réalité. Je le prends très rapidement en voyant apparaitre le numéro de l'un de mes agents qui ont pour mission de surveiller Elisa en qui je n'ai plus la moindre confiance.
Ils ont pour ordre de n'appeler seulement en cas d'extrême urgence. C'est moi qui me fais le devoir d'appeler trois fois par jour pour parler à Elisa qui serait mal en point depuis leur arrivée à Parakou. J'ai demandé qu'ils l'empêchent de se rendre dans un centre de santé comme elle le souhaite car je suis certain que c'est une ruse pour m'échapper.
-Que se passe-t-il Morel, pourquoi m'appelles-tu ?
-Mon colonel, je suis désolé de vous annoncer une mauvaise nouvelle.
-Qu'est-il arrivé à mon épouse ? Elle est toujours malade ?
-Non Monsieur. C'est qu'elle n'est nulle part dans la maison depuis deux heures.
-Je ne comprends pas ce que tu me dis là.
-Elle a disparu mon colonel, nous la cherchons depuis plus deux heures.
-Je ne comprends toujours pas vous êtes trois à la surveiller ou je me trompe ?
-C'est bien cela, Colonel. Serge est sorti ce matin pour aller faire quelques emplettes et Rock et moi, sommes restés à la maison à surveiller votre épouse. Quelques minutes plus tard pendant que nous étions assis au salon et que votre épouse prenait son bain, nous avons entendu un grand vacarme provenant de la rue. Nous sommes sortis en courant, pour voir ce qui se passait et avons compris que c'était un groupe de jeunes qui s'agitaient et avaient un mouvement d'humeur dans le quartier. Nous avons exigé qu'ils nettoient la devanture et enlèvent leur foutu bazar tout le long de la clôture, ce qui fut fait en un quart d'heures ou vingt minutes au plus. Quand nous sommes revenus dans la maison, nous avons pensé que votre épouse prenait toujours son bain à cause du bruit d'eau dans la salle de bain mais, une heure plus tard, l'eau coulait toujours c'est alors que nous sommes allés voir et avons constaté qu'elle n'y était plus et que la colonne d'eau est resté ouverte. Nous l'avons ensuite cherchée en vain dans la maison et même dans le quartier.
-Vous me dites qu'une femme de rien du tout à échapper à la surveillance de trois hommes aussi entraînés et expérimentés que vous ?
-Nous sommes désolés Colonel, nous n'avons rien vu venir.
-Vous n'êtes que des incapables ! Et si le moindre mal arrivait à mon épouse, vous en serez tenus pour responsables. Vous feriez mieux de me la retrouver dans les heures qui viennent, autrement, je vous tuerai tous les trois, bande d'abrutis ! Tonnai-je en raccrochant furieusement.
Je ne peux pas croire qu'Elisa ait trouvé la force mais surtout les moyens de s'en fuir toute seule. J'ai pourtant tout fait pour la garder en sécurité loin d'ici. La maison où elle vivait avec ces idiots est à moi, mais elle était entretenue par un gardien à qui j'ai donné congé le jour de leur arrivée à Parakou. Il n'est pas possible que Junior l'ai aidée à s'en fuir puisqu'il est toujours en prison. Il ne sortira que ce soir selon mes informations. Je ne comprends donc pas comment cette femme a pu se sauver sans être vue par aucun des trois autres connards. J'ai à présent la ferme impression qu'un adversaire bien plus rusé se cache derrière les imprévus contrariants que je subis dans cette affaire.
Je dois découvrir au plutôt où se cache cette femme parce que je refuse de laisser ce jeune homme me prendre ma femme de mon vivant et sous mes yeux ! Je suis certain qu'elle serait toujours cachée quelque part dans Parakou. Je prends rapidement mon téléphone et appelle mes contacts secrets dans la ville en leur demandant de faire surveiller les principaux hôtels, la gare routière et les principales sorties. Elle ne pourra pas m'échapper aussi facilement. Bientôt, je la retrouverai et quand ce sera le cas, elle me paiera comptant tous les coups foireux qu'elle me fait depuis quelques mois. Cette femme s'est assez moquée de moi, et je pense qu'il est temps que je lui donne lui très bonne leçon que jamais elle n'oubliera de sa chienne de vie.
................. Alexis HONVI............
*****Quelques heures plus tard*******
J'attends mon fils depuis une demie heure assis dans ma voiture devant le pénitencier. J'ai tenu à venir le chercher moi-même pour le ramener à son domicile que j'ai déjà fait nettoyer ce matin. Je suis heureux de le savoir libre et je veux qu'il sache qu'il peut maintenant compter sur moi. Les quelques jours qu'il a passé dans cet endroit ont été aussi bien douloureux que pour lui que pour moi. Aussi douloureux, que j'en ai d'ailleurs perdu le sommeil. Je suis même allé me confesser à l'église pour la première fois depuis 35 ans.
J'ai prié jours et nuit pour qu'il sorte d'ici et que je puisse m'excuser d'avoir manqué à mes obligations de père durant toutes ses années que je j'ai perdu à ruminer un passé qui est bien loin derrière nous. Si Junior me le permet, je voudrais réapprendre à être son père, je voudrais prendre soin de lui, malgré son âge. Je voudrais le rendre fier de moi. Pour moi il était la réponse à mes prières et je voudrais lui dire que cela n'a jamais changé. Revenir à lui est pour moi comme une renaissance. Malgré toute ma fortune, je sentais qu'il me manquait quelque chose.
Je suis certain qu'en renouant avec lui, je serai désormais en paix avec moi-même. Ce sentiment d'avoir vécu inutilement sans rien laisser à personne s'est envolé depuis que je sais que j'ai la chance de l'avoir à nouveau dans ma vie. Mon frère et son épouse, ses grands-parents seront tellement heureux de savoir que j'ai enfin fait ce qu'ils attendaient de moi tout ce temps, prendre Junior comme mon fils. Kévin lui, ne vit plus que pour son unique fille avec qui il a de très bonnes relations. Je sens une personne s'approcher de la voiture et je lève les yeux pour tomber sur Junior. Ses yeux d'un marron foncé me rappellent ceux de sa mère Pamela. Il s'arrête timidement près de la voiture.
-Bonsoir Fiston, heureux de te revoir. Je me propose de te reconduire à ton domicile.
-Merci Monsieur HONVI dit-il en prenant place dans la voiture. Vous n'auriez pas du vous donner la peine de venir me chercher. Je me serais débrouillé tout seul. Vous en avez déjà énormément fait pour moi.
-Tu es mon fils et c'est normal que je m'occupe de toi.
-Le fils de votre neveu monsieur, Kévin HONVI est malheureusement mon géniteur.
-Je suis ton père à l'état civil, Junior. C'est donc moi que la loi reconnait comme étant ton père.
-Si vous le dites, mais vous n'avez jamais voulu de moi dans votre vie. Alors pourquoi aujourd'hui vous vous donnez la peine de faire tout ceci pour moi ?
-Parce que seuls les imbéciles ne changent pas mon fils. Ca été une erreur de te rejeter toutes ces années. J'étais tellement aveuglé par la colère que je suis passé à côté de l'essentiel. Maintenant si tu le veux, je serai pour toi, ce père que tu n'as jamais eu. Pardonne-moi d'avoir pris tout ce temps avant de venir à toi.
-Pourquoi maintenant monsieur Alexis HONVI ? Je suis venu plus d'une fois vers vous mais vous m'avez rejeté toutes les fois. Alors pourquoi avoir changé d'avis?
-Je ne saurais te répondre parce que moi-même je ne comprends pas.
-Si je ne m'étais pas retrouvé dans cette situation est ce que vous seriez venu vers moi ?
-Peut-être pas, mon fils. J'avais peur de ta réaction à cause de tout ce que je t'ai dit et fait les fois où tu es venu à moi. Mais, j'ai toujours veillé sur toi depuis ton retour au pays.
-Veillé sur moi, dites-vous ?
-Oui, fils. J'étais très présent dans ta vie. Tu ne le sais pas encore mais tu t'en rendras compte bien assez tôt. Le plus important maintenant c'est que tu reprennes ta vie en main. Je te ramène donc chez toi.
-Merci, Monsieur HONVI.
-Appelle-moi Alexis à défaut de m'appeler papa. Tu peux également me tutoyer.
Il ne répond pas et met simplement sa ceinture de sécurité. Je démarre et nous partons en direction de sa maison. Je crois que je viens de faire le premier pas vers notre réconciliation. C'est déjà heureux qu'il accepte de monter dans ma voiture. Je laisserai les choses se faire avec temps parce que je n'ai pas d'autres choix.