-Pour qui se prend ce monsieur pour oser me menacer chez moi ?
-Excusez-moi, Colonel. Je ne suis qu'un messager. Je vais devoir vous laisser.
-Dites à votre espèce d'avocat de pacotille d'aller se faire torcher le cul avec son enveloppe ! Lui dis-je en lui lançant le pli qu'il vient de remettre.
-Irène ATEKOSSI morte de façon mystérieuse et tragique à la Clinique AGONVI le 15 mai 19..., vous trouverez dans cette enveloppe certaines informations sur votre vie antérieure qui ont intérêt à rester cachées.
-Je me fous de ce que ce monsieur croit savoir sur moi ! De toutes les façons, il n'a aucune preuve !
-Je n'en serais pas si sûr à votre place, mon Colonel. L'argent et les relations font beaucoup de choses dans la vie, vous êtes bien placé pour le savoir. Maître FANOU me charge de vous dire qu'il a toutes les informations sur votre vie depuis la nuit du 12 Novembre 19...., jusqu'à ce jour.
Entendre cette date me fait blêmir, cet homme ne peut pas connaître ce que personne ne sait de moi à part mon père, son épouse et quelques vieilles connaissances qui sont toutes six-pieds sous terre. Je suis un membre respectable de la hiérarchie militaire. Très bientôt, je suis censé réaliser mon rêve le plus cher en faisant mon entrée dans le gouvernement en qualité de Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Publique. J'ai toutes les cartes en main pour enfin concrétiser mon rêve et pour rien au monde le Parti qui me soutient et les personnes influentes qui pèsent en ma faveur ne doivent jamais savoir que j'ai été abusé à 12 ans par un homme qui n'est personne d'autre que mon oncle, le frère de ma mère.
Je ne peux pas croire que cet homme ai fouillé autant dans mon passé. Je croyais avoir tout effacé sur ma vie d'avant. Comment diable cet avocat a fait pour connaître ce pan de ma vie que j'ai toujours gardé caché ? Le ronflement de la voiture de l'émissaire de cet avocat de malheur me fait revenir à la réalité. Je m'abaisse pour prendre l'enveloppe et retourne à l'intérieur. Florica vient à moi tout sourire.
-Nous sommes prêtes à partir pour l'aventure, mon chou.
-Nous ne voyageons plus ! Lui dis-je en poursuivant mon chemin vers mon bureau.
-Et pourquoi donc, Samuel ? Permets-moi de te rappeler que j'ai dû suspendre beaucoup de choses en raison de ce voyage. Alors que cela te plaise ou non, nous ferons comme prévu.
-Qui est-tu pour m'imposer des choses, ce n'est pas parce que je couche avec toi, que tu dois tout te permettre chez moi, c'est la dernière fois que tu me contredis, Florica !
-Je ne suis pas ta marionnette, Samuel ! Moi on me respecte, je ne suis pas comme celle que tu traumatises et gardes à ta merci comme une chienne fidèle. Non !
-Non ? Je crois que toi tu es bien pire ! Une femme qui pour se faire de l'argent se fait prendre par des animaux domestiques ne mérite aucun respect ! Heureusement que Junior ne t'a pas prise pour épouse.
Elle baisse honteusement le regard dès que je prononce les mots : « animaux domestiques ». Cette fille se prend pour ce qu'elle n'est pas. Si j'ai supporté tout le temps ses caprices de sainte nitouche c'est juste parce qu'elle m'était utile. Mais maintenant que cet avocat veut faire pression sur moi, elle ne m'est plus d'aucune utilité et elle peut aller se faire foutre. J'ai d'autres choses plus graves et très urgentes à régler que de m'occuper de la dernières des prostituées. Je la laisse à ses vieux démons et entre dans mon bureau.
Je referme la porte derrière moi avec rage. Il hors de question que cet avocat fasse échouer mes plans. Je dois aller jusqu'au bout de ma vengeance. Junior ne peut pas s'en sortir aussi facilement après ce qu'il m'a fait, non jamais !
.................... Maître FANOU.....................
J'écoute le compte rendu d'Albert l'émissaire que j'ai envoyé auprès du Colonel DJIVO avec un large sourire. En prenant cette affaire en main, je priais secrètement de trouver une information suffisamment compromettante pour faire plier cet homme qui a l'art de ne reculer devant rien. Quand on m'a dit qu'il n'y avait rien dans le registre d'état civil sur lui pendant les dix-neuf (19) premières années de sa vie, j'ai compris que je tenais enfin une occasion en or de faire courber l'échine à cet homme. Je dois avouer que fouiller dans le passé de Pierre HOUDEGBE alias DJIVO Samuel n'a pas été une sinécure.
Monsieur HONVI a mis de très gros moyens à notre disposition pour faire ces recherches qui au final devraient nous être salutaires. Apprendre que le colonel a été abusé par son oncle a été le plus grand scoop, sans oublier le fait qu'il ait pris l'épouse de son père et ensuite développé des penchants pervers et masochistes qui l'aient fatalement conduit à des excès et des abus. J'ai découvert des choses ahurissantes sur cet homme qui se fait passer pour un modèle parmi ses pairs.
Entre autres, le « valeureux défenseur des intérêts de la Nation » comme il se fait appeler recherche son plaisir dans la douleur physique qu'il inflige aux femmes pendant l'acte alors qu'il apporte son soutien inconditionnel à plusieurs Associations féminines qui revendiquent l'égalité des genres et luttent contre les violences faites aux femmes. Le salaud ! L'hypocrite ! Tant de machiavélisme concentré en une seule personne ! C'est effrayant !
Divulguer ses informations reviendrait à ternir à jamais l'image du Colonel et celle du gouvernement qui place en lui une très grande confiance. Je donne congé à mon employé dès qu'il finit son compte rendu et m'installe confortablement pour savourer un verre de vin. J'attendrai au calme que le colonel se décide à m'appeler ce qui ne devrait d'ailleurs plus tarder. Un quart d'heure plus tard ,comme je m'y attendais, j'entends sonner mon téléphone. Je constate que c'est le numéro du colonel qui est affiché à l'écran.
Il n'est pas répertorié dans mon téléphone mais, je l'ai eu grâce à mes recherches personnelles. Je ne décroche qu'au troisième appel. Je voulais juste voir à quel point cette affaire trouble la conscience de monsieur le Colonel. L'ordure ! Le sauvage !
-Bonsoir Maître, quel serait votre condition pour faire disparaître toutes ses cochonneries que vous avez déterré sur ma personne ?
-Bonsoir Colonel. Quel plaisir de vous entendre. J'espère que vous allez bien.
-Ne soyez pas sarcastique que me voulez-vous exactement ? Répondit –il en hurlant.
-Que vous fassiez libérer mon client sans délai puisqu'il est innocent et que vous accordiez le divorce à Elisabeth votre épouse puisqu'elle ne mérite plus de porter votre nom.
-Plutôt mourir que de défaire mon union avec cette femme, je refuse de divorcer d'avec elle !
-Alors dès demain toute la Presse fera de vous son chou gras.
-Je vous ferai tuerai, avant cela.
-Allez-y donc, ne vous gênez pas. J'aimerais juste vous dire que ce faisant, vous serez trois fois plus exposé dans cette scabreuse affaire. Primo, tout ce que nous disons en ce moment est enregistré. Deuxio, j'ai deux témoins ici en face de moi, qui finiront ce que j'ai commencé en s'assurant que vous ayez payé pour tous vos crimes. Tertio, j'ai fait mettre toutes les informations que je détiens sur votre vie antérieure en lieu sûr hors du pays et une tierce personne a pour ordre de tout divulguer sur les réseaux sociaux et dans tous les principaux médias du monde s'il m'arrivait le moindre incident pendant et après notre affaire .
-Je refuse de me laisser manipuler comme un bleu ! Je suis un Officier Supérieur, tâchez de ne pas l'oublier Maître FANOU.
-Et moi un homme assermenté pour défendre les faibles et plaider l'innocence du Juste. Faites libérer mon client et accordez le divorce à cette jeune femme et nous serons quittes.
-Junior sortira de prison mais je refuse de divorcer.
-C'est tout ou rien colonel, je vous donne cinq jours pour donner une suite favorable à ma requête autrement je ferai ce que j'ai à faire.
-C'est bien ce qu'on verra dit-il en raccrochant.
Ouuf ! Je crois que le plus dur est passé. Je dois annoncer la bonne nouvelle à mon commanditaire et lui demander d'actionner la seconde phase du processus. Nous devons être sur notre garde à tout moment parce que ce colonel est une véritable fripouille en puissance.
.......................... Elisabeth DJIVO.................
Assise toute seule dans le jardin, je réfléchis à la manière de protéger mon bébé de cet homme à qui je ne peux désormais plus échapper. Je ne sais pas encore ce qu'il fera de mon enfant et de moi quand il saura qu'il n'est pas le géniteur de ce petit être qui grandit en moi mais je suis prête à tout faire pour protéger la seule chose qui me reste de Junior. Je me sens maintenant plus que jamais coupable d'avoir été celle qui ait causé sa perte parce que je sais désormais qui est derrière toute cette affaire.
Je regrette chaque jour encore plus d'avoir uni ma vie à celle de Samuel. Mon père dans tout ceci continue à vivre aux dépens de Samuel sans jamais se demander si je suis heureuse dans ce mariage. Ma mère est la seule qui de temps en temps s'inquiète pour moi et m'interroge à ce sujet. J'ai dû lui mentir plus d'une fois mais je compte lui dire toute la vérité dès que possible. Je ne veux plus garder tous ces secrets pour moi. Ma mère est la seule capable de me venir en aide. Pour mon enfant, je dois demander de l'aide au plus tôt.
-Où se trouve Florica ?
-Heu ...... Je n'en sais rien répondis-je à Samuel en me levant rapidement comme un enfant prise en faute.
-Comment tu n'en sais rien ? Elle était dans le salon avec toi quand je suis allé tout à l'heure dans mon bureau non ?
-C'est bien le cas, mais juste après que tu lui aies parlé elle a pris son sac et est sortie de la maison sans rien me dire.
-Et comme une idiote, tu l'as laissée partir sans rien me dire.
-Je ne savais que j'étais sa gardienne. Lui répondis-je sur le même ton avant de regretter mes paroles.
Pafff ! Pafff, c'est le bruit que fit la paire de gifles que je reçus juste après ma réponse.
-Ne t'avise plus jamais de me parler sur ce ton sale souillon ! Prostitué de basse gamme. Prendre la queue de l'autre idiot ne te donne pas le droit de me manquer de respect dans ma maison.
-Je suis désolée, Samuel.
-Sois prête pour demain. Nous ne partons plus aujourd'hui. Mais demain toi, tu iras à Parakou. Départ à l'aube.
-Toute seule ?
-Oui, toute seule parce que je l'ai décidé. Ne t'avise même pas à penser que tu pourrais m'échapper, je te ferai surveiller par trois hommes.
-Je peux savoir au moins ce que je suis sensée aller faire toute seule dans une ville où je ne connais personne ?
-Attendre sagement que ton cher mari règle un souci de dernière minute et vienne te rejoindre pour passer de bon moment en couple.
-Je peux bien attendre que tu finisses pour partir avec toi d'ici.
-C'est non Elisa, ne me contredis plus jamais. Maintenant entre à l'intérieur et prépare-moi une tasse de café bien serré.
-D'accord Chéri. Lui répondis-je en le quittant à grande enjambés.
Je ne sais pas pourquoi il veut m'éloigner de la maison mais pour moi c'est un grand soulagement de le quitter pour quelques jours. Je compte en profiter pour appeler maman pour lui raconter toutes les misères que je vis depuis mon mariage. En priant qu'elle trouve le moyen de me libérer de la domination de cet homme que je hais maintenant au-delà de tout.