L'anniversaire de la fille d'Amédée est passé depuis quelques jours mais j'ai tenu à lui apporter une jolie poupée de la part de sa mère. Mon amie m'a parlé de la promesse qu'elle aurait faite à sa fille avant son voyage. Je décide de prendre une chambre d'hôtel pour commencer parce qu'il se fait tard. Je n'ai pas beaucoup d'argent mais j'ai ce qu'il faut pour tenir quelques jours décemment dans ce pays que j'aime bien. Pour moi, c'est aussi une façon de prendre du bon temps.
Maintenant je savoure chaque instant de ma liberté pour avoir vécu ses quelques jours enfermée. Je hèle un conducteur de taxi moto et lui demande de me conduire à un hôtel pas cher. Il m'amène à un petit motel où je suis chaleureusement accueillie. Je prends une chambre à la hauteur de ma bourse pour deux jours. Je dois remercier Dieu pour m'avoir donné une mère extraordinaire qui ne baisse jamais les bras face aux difficultés de la vie. Ma pauvre mère vend des beignets depuis plus de 17 ans au bord d'une rue de notre quartier pour aider son mari, mon père, à prendre soins de nous.
En me rendant il y a quelques mois en Shanghai avec l'autre débile je rêvais déjà de sortir les miens de la pauvreté mais hélas cela n'a rien donné de bon. Si je vous disais tantôt que je ne remercierai jamais assez Dieu de m'avoir donné la mère que j'ai c'est parce qu'elle est la plus généreuse des mamans. Pour faire ce voyage, elle m'a été d'une grande aide en me donnant une grande partie de ses économies. Elle dit qu'elle sait pour l'avoir vécu ce que cette femme(la mère de Amédée) doit ressentir en ce moment loin de sa fille.
Je prie tous les jours depuis que je suis de retour dans mon pays pour que mon amie aussi recouvre sa liberté. Rien ne vaut cette joie de circuler librement avec ou sans argent. J'ai le numéro de la mère d'Amédée, mais, je préfère aller directement la voir dès demain matin. Je me commande un repas léger. J'appelle ensuite ma mère pour la rassurer que je suis bien arrivée au Bénin avant de me mettre au lit. Je me réveille le lendemain en pleine forme, toute impatience de voir le petit rayon de soleil de mon amie comme elle aime le dire souvent. Habillée simplement mais joliment, je sors de l'hôtel et prends un autre taxi moto en direction de la maison des parents de mon amie.
J'arrive une demi-heure plus tard à l'adresse indiquée sur le bout de papier où j'ai noté l'adresse que m'a donné Amédée. Une jeune femme se propose de me guider et j'accepte avec joie. Je vais taper à la porte et quelques minutes plus tard je vois apparaître un homme qui me rend bouche bée. Il est tellement beau qu'on aurait dit un Apollon sur pieds. Je m'étais juré de ne plus jamais laisser un homme m'attendrir le cœur au point de laisser battre mon pauvre cœur meurtri mais je pense que je me suis trompée.
-Bonsoir Madame, qui désirez-vous voir dit-il en me faisant revenir à la réalité.
-Heu.... Bonsoir répondis-je en me reprenant, honteuse d'avoir eu une imagination aussi fertile au point de me voir pendant un bref instant dans les bras de cet inconnu qui peut- être ne sera jamais à moi. De plus, qu'est ce qui me dit qu'il n'est pas déjà marié ou pire encore un vendeur d'illusions comme cet autre dont je ne veux plus jamais citer le nom.
-Madame ?
-Mademoiselle svp, je désire parler à Maman Amédée.
-Ma tante n'est pas là pour l'instant elle a conduit sa petite fille à l'école. C'est son premier jour de classe cette année.
-Sa petite fille Anita ? Lui répondis-je.
-Oui, elle-même. Vous connaissez la fille de ma cousine Amédée ?
-Je ne l'ai encore jamais vue, Monsieur. Mais mon amie Amédée m'a longuement parlé d'elle, j'aurais bien aimée la voir et lui donner un cadeau de la part de sa mère. Mais je crois que je devrai repasser.
-Ce n'est pas la peine de faire un aller-retour, vous pouvez attendre ma tante à l'intérieur, elle ne sera pas très longue, dit-il en m'invitant à entrer dans la chambre.
-Merci pour votre hospitalité Monsieur, mais je préfère attendre à l'extérieur si cela ne vous dérange pas.
-Pas le moins du monde Mademoiselle, je vous apporte un siège.
-Merci Monsieur.
-Appelez-moi Damien svp.
-C'est entendu, moi c'est Kafuî.
-Joli prénom. Je parie que vous n'êtes pas béninoise.
-Je suis togolaise, répondis-je en souriant béatement.
-Je m'en doutais. Une telle beauté ne peut que venir d'ailleurs, dit-il avec un ton câlin et plein de douceur.
Ma raison me dicte de m'éloigner au plus tôt de cet homme qui pourrait de me perdre mais mon cœur me commande de me laisser aller. Il retourne à l'intérieur et m'apporte une chaise et m'installe sous un arbre dans la cour avant de revenir quelques instants plus tard avec un verre et une bouteille d'eau. Il vient ensuite s'installer près de moi.
-Vous connaissez Amédée depuis très longtemps ?
-Non mais nous avons passé assez de temps ensemble ces derniers jours.
-Vous étiez aussi dans cette prison en Chine ?
-Je ... je ..... balbutiai-je sans trouver les mots pour lui répondre.
-Je ne vous juge pas Mademoiselle, je demandais juste pour savoir. De toutes les façons nos prisons sont remplies de personnes innocentes comme ma cousine Amédée.
-J'y étais parce que j'ai volé une boite de chips contrairement à votre cousine moi, j'étais coupable de vol.
-Une boite de Chips ? Vous aviez certainement vos raisons, personne ne nait mauvais c'est la société qui nous corrompt.
-Soit vous êtes trop gentil ou trop naïf Damien. L'être humain est foncièrement mauvais.
-Qui vous a fait autant souffrir Kafuî ? Vous venez de parler d'une voix pleine de rancœur et de ressentiments. Ne laissez point la colère avilir votre cœur. Vous êtes trop jolie pour avoir un cœur noir. Laissons le jugement à Dieu, il est seul à avoir l'aptitude de rendre justice et de nous restaurer.
-Seriez-vous pasteur, Damien ?
-Non Kafuî répondit-il avec sourire. Je suis agent commercial dans une structure de vente d'automobile, mais également un homme qui cherche perpétuellement la face du seigneur.
Je reste silencieuse écoutant Damien me parler de la miséricorde de Dieu et de sa bonté. Plus il parle, et plus, il me rappelle mon amie Amédée mais en version plus pieuse. Il m'épate et me plais davantage. Je ne sais pas ce que me réserve l'avenir mais l'envie de croire à nouveau en l'amour renaît subitement des tréfonds de mon cœur. J'ai le pressentiment que je fais de l'effet au jeune homme assis à mes côtés et que cupidon semble faire son œuvre sur ma modeste personne.
Aussi absurde que cela puisse paraître, je crois au coup de foudre et je pense que c'est ce qui est en train de m'arriver. Je me laisse bercer par la voix douce et rauque de Damien en imaginant ma vie dans cinq ou dix ans à ses côtés dans une maison remplie de cris d'enfants.
............... Junior HONVI.................
J'avance résolument vers le local où m'attend maître FANOU. J'ai pris ma décision cette nuit, en pesant le pour et le contre. Malgré mon envie de faire justice à la mémoire de ma feue mère, j'ai décidé de faire ce que maître FANOU m'a conseillé hier. Je dois sortir d'ici pour prendre soin d'Elysa et de notre enfant. Revoir Elysa hier m'a fait comprendre qu'elle vaut tous les sacrifices. Je veux le meilleur pour elle et notre enfant. Je dois veiller à ce qu'elle ne manque de rien.
J'ai conscience de devoir aussi travailler le plus dur que possible pour rembourser les trente millions que je dois maintenant à mon employeur ainsi que les honoraires de mon avocat. J'ignore encore comment je m'y prendrai mais j'ai foi en l'avenir. Je suis reconnaissant à Dieu et surtout au responsable de l'entreprise pour n'avoir pas déposé de plainte pour détournement de fond contre moi. Je tiens à sortir d'ici pour reprendre ma vie en main. Je le retrouve toujours élégamment vêtu avec ce sourire rassurant qui ne quitte jamais son visage.
Je suis en partie reconnaissant à Monsieur HONVI de me l'avoir envoyé. Autrement, je ne serai devenu fou depuis mon arrivée dans cette prison. Je ne sais pas ce qu'est devenue Florica mais j'ai demandé à mon avocat de la retrouver. Je veux savoir si elle a quelque chose à avoir avec ce qui m'arrive en ce moment. Le gardien me retire les menottes et me laisse en tête à tête avec mon avocat.
-Bonjour Maître, dis-je en prenant la main que me tend maître FANOU.
-Bonjour Monsieur HONVI, comment allez-vous ce matin ?
-Mal, comme vous pouvez le deviner, mais je reste optimiste.
-Dois-je en déduire que vous avez enfin pris la bonne décision ?
-Si accepter votre proposition est la bonne décision, alors c'est oui. Je veux faire comme vous proposez.
-Très bien, vous me rassurez. Vous êtes un homme bien. Votre seule erreur c'est d'avoir fait confiance en une femme qui s'est jouée de vous et surtout d'avoir jeté votre dévolu sur la femme qu'il ne fallait pas.
-Avez–vous retrouvé Florica ?
-Oui, Monsieur HONVI. Cette femme est de mèche avec votre beau-père. Hélas !
-Quoi ?? En êtes-Vous sûr ?
-Aussi sûr que je m'appelle FANOU Serge. Cette femme séjourne actuellement chez votre beau-père.
-Je ne comprends pas. Que fait-elle dans cette maison ?
-Je ne n'en sais strictement rien mais avec votre permission mon homme mettra en route notre plan. Monsieur HONVI doit partir en voyage ce jour selon mes sources. Il faut que nous l'empêchions de quitter la ville.
-Faites ce que vous avez à faire maître. Mais il faut qu'en plus cet homme accorde le divorce à Elysa. Elle porte maintenant un enfant de moi.
-Ce sera un peu difficile de faire céder votre beau-père sur ce point parce qu'il tient aussi à cette femme, mais je ferai de mon mieux.
-Merci Maître ! Sans vous, je ne sais pas ce que je serais devenu ici. Mon avenir est maintenant entre vos mains et je vous fais confiance pour me sortir rapidement de cette impasse.
-Merci de me faire confiance, je vais donc prendre congé de vous. je vous tiens informé.
-D'avance merci, Maître.
Maitre FANOU s'en va et je soupire longuement. Je ne comprends pas les raisons qui ont poussé cette femme à s'allier à mon beau-père pour me faire couler. J'ai pourtant toujours été honnête avec elle depuis le début. Je ne lui jamais parlé de mariage ni même jamais fais de projet d'avenir avec elle. Le garde qui m'avait conduit à maître FANOU revient me repasser les menottes et me reconduit à ma cellule.
Je laisse mon esprit vagabonder. Pensant à ma feue mère qui me manque, à tout ce qu'elle a dû endurer dans ce mariage pour me protéger. J'espère que de là où elle se trouve elle continuera à veiller sur moi. Elle aurait fait le même choix que moi, ayant dû se taire pour souffrir en silence par amour pour ses enfants.
..................... Angelo.................
Je rumine du noir depuis quelques jours. Je regrette aujourd'hui plus que jamais d'avoir approché cette femme pour la séduire. Malgré tout ce que je fais pour reconquérir Diana elle refuse de me pardonner. Je pense de plus en plus à me venger de cette autre femme qui a gâché ma vie pour des miettes. Je refuse de la laisser vivre en toute tranquillité pendant que moi, je souffre le martyr. Je me trouve en ce moment devant la maison d'Hermine.
J'ai envie de tout lui avouer sur cette machination contre elle pour soulager ma conscience en souffrance, qu'elle sache qui se trouve derrière tout ce qui nous arrive. Mon ami Habib refuse de me donner le nom de la personne qui m'a fait engager mais je suis disposé à aller jusqu'au bout pour tirer au clair cette histoire. Je sonne au portail et un homme en uniforme de vigil vient m'ouvrir. Je le salue poliment et demande à voire la maîtresse de maison.
Il demande mon identité, mais je lui glisse un billet de banque en lui demandant de dire à sa patronne que je viens de la part de son mari pour lui remettre quelque chose. Il s'exécute en souriant et repart dans la maison. Je ne veux pas lui donner mon identité parce que je sais qu'Hermine ne voudra pas me voir. Il vaudrait mieux qu'elle ne sache pas que c'est moi avant de me recevoir. Le gardien revient un petit instant plus tard avec Hermine qui change immédiatement d'expression en me voyant.
-Que faites-vous dans ma maison ?
-Bonjour Hermine, je dois te parler.
-Je ne n'ai absolument rien à vous dire ! Veuillez maintenant quitter ces lieux sur le champ ou j'appelle la police pour violation de domicile.
S'adressant à son vigil :
- Je ne veux plus jamais revoir cet homme ici ! Si vous le voyez rôder appelez immédiatement la police. Est-ce clair ?
-C'est compris madame, balbutie le Virgil confus.
Elle tourne les talons et s'éloigne mais je lui crie :
-Attend stp ! Je suis désolé de t'avoir fait de peine je l'ai fait pour de l'argent, une femme m'a approché pour te séduire.
En m'entendant, elle s'arrête net et revient sur ses pas. Anormalement calme.
-Et tu as fait un bon boulot, Angelo. Merci d'avoir foutu le bordel dans mon couple, j'espère que tu es plus heureux maintenant que tu as si bien accompli ton travail. Heureusement pour moi, je n'ai pas cédé à la tentation avec toi. Tu es un être vil et méprisable. Je maudis le jour où j'ai posé mon regard sur toi.
-Pardonne-moi stp Hermine, je suis vraiment désolé.
-Jeune homme, sortez d'ici tout de suite. Ou il vous arrivera malheur. Dit le mari d'Hermine que je n'ai pas vu venir.
-Enfin Anatole, tu rentres à la maison lui répond Hermine en regardant son mari.
-Va m'attendre à l'intérieur, Hermine. Lui dit-il d'un ton neutre.
-Je ne t'ai jamais trompé avec ce moins que rien. Pose-lui directement la question en ma présence.
-Je te crois, Hermine et je le sais. Maintenant retourne à l'intérieur. Je dois avoir une discussion entre hommes avec cet individu.
Elle s'exécute pendant que moi je tremble de peur. Je n'avais pas prévu de rencontrer cet homme ici. Il me regarde comme un déchet et mon anxiété augmente d'un cran. Je commence à prier intérieurement pour demander le secours de Dieu.