Les souvenirs de ma vie passée me hantent.
Le visage sans vie de ma petite Manon, cinq ans à peine, gisant sur ce lit d'hôpital, et cette odeur stérile gravée à jamais.
Puis Marc, mon mari, le père de ma fille, dont le regard fuyant à l'enterrement trahissait non le chagrin, mais une soif insatiable pour l'héritage de ma grand-mère : deux millions d' euros.
Une lettre anonyme. Des photos. Lui, souriant avec sa maîtresse Camille, enceinte.
L'«accident» de Manon n\'était pas un accident, mais une manipulation orchestrée pour l'argent.
Le deuil s'est mué en une rage froide, une âme éteinte dans un corps en décomposition.
Et puis, je me suis réveillée.
Dans mon lit, cette odeur de café, et cette date sur mon téléphone : 15 juin 2023. Un an avant sa mort.
Mon cœur battait la chamade : un rêve, une hallucination ?
Un virement bancaire de deux millions d'euros est apparu.
L'argent était là, avant même qu'il n'y pose ses mains sales.
Une seconde chance, une étincelle de vengeance.
Manon était là, vivante, jouant, me regardant de ses grands yeux innocents.
« Maman ? »
Je l\'ai serrée, pleurant des larmes brûlantes de soulagement.
C\'est alors que Sylvie, ma belle-mère, est apparue, son visage pincé, dédaigneuse envers Manon.
« Si seulement ça avait été un garçon. Un garçon aurait su se faire respecter. »
La rage noire m\'a envahie, une lionne protégeant son petit.
« Ne parle plus jamais de ma fille comme ça, Sylvie. »
Marc est entré, tout sourire, cherchant un baiser que j'ai refusé.
Ses yeux avides ont fixé mon téléphone.
« Alors, chérie ? L'argent de la vente de la boutique de ta grand-mère... c'est arrivé ? »
Le jeu a commencé.