Il me reste à peine 400.000 CFA et je réfléchis avant de les toucher. Cet argent, je ne l'ai jamais touché parce que je me suis toujours dit que je pouvais avoir un vrai problème.
Au stade où je suis, je pense que je n'ai plus besoin d'attendre un « vrai problème »
Dalina il serrait peut-être temps que tu cherches quelque chose à faire.
Mais quoi ? En plus je n'en ai pas envie.
Je décide d'arrêter de me stresser avec cette histoire.
Je vais sur Internet et je me la coule douce.
En allant sur Instagram, je constate que j'ai un message privé.
Je vais le voir et je tombe sur ça : « bonjour Mademoiselle Mengue, nous sommes une marque de lunettes de luxe et nous souhaitons entrer en contact avec vous pour un partenariat... »
Je ne lis pas la suite du message, je réponds en disant que je suis disponible pour un entretien téléphonique.
En même pas 15 minutes, j'ai un retour. Je profite pour donner mon numéro de téléphone et j'attends que mon téléphone sonne.
Je le regarde tous les 2 secondes pour ne pas rater cette appelle. Peut-être que c'est l'homme là haut qui me tend sa main.
Tzs Tzs
Avant de répondre je danse sur moi et j'arrange ma voix.
Je réponds avec une voix complètement différente, autant dire qu'il faut marketer son profil.
Moi : oui allô ?
Voix de femme : bonjour mademoiselle, je me présente Danielle et j'appelle suite à notre échange concernant le partenariat avec de luxe.
Moi : la marque s'appelle de luxe ?
Elle : oui c'est le nom de la marque.
Tout d'un coup je suis refroidie. Je m'attends à une marque de luxe, pas une marque qui s'appelle « de luxe » qui connaît cette marque ?
Elle ne pouvait pas me parler de Gucci ? Versace ?
J'ai limite envie de raccrocher. Mais je reste professionnelle.
Elle me présente l'univers de la marque et m'explique pourquoi est-ce que pour cette campagne ils ont besoin de moi.
À vrai dire j'écoute à peine ce qu'elle dit, je m'en fous ! Si c'est pour avoir un cachet de rien du tout, non merci.
Elle (poursuivant) vous souhaitez qu'on parle du cachet plus tard ?
Moi : maintenant, si vous avez le montant en tête.
Elle : 2.700.000 FCFA mais c'est à négocier avec vous.
2 quoi ? Rholala c'est une vraie entreprise ça !
Moi (reprenant ma belle voix) : je suis disponible pour un rendez-vous cet après-midi. À vrai dire mon agenda est assez chargé.
Oui je suis obligée de jouer à la femme qui a beaucoup de choses à faire. Il n'y a que comme ça qu'on ne perd pas mon précieux temps.
Elle : si vite ? Tout le plaisir est pour nous !
Elle ne sait pas que j'ai besoin d'argent celle-là. Si vite ? Tchip !
Moi : je vous laisse m'envoyer votre adresse.
Elle : sans faute ! Je vous envoie tout après cet appel.
Moi : je suis désolée, j'ai un rendez-vous.
Elle : je comprends.
Elle s'excuse et coupe l'appel.
Arrrrrrrh Dalina tu ne connaîtras point la famine !
Je me lève, je mets une chaîne de musique à la télé et je danse jusqu'à chopper le point de côté.
Cet appel tombe au bon moment.
15 minutes après cet appel, je reçois l'adresse et le code d'entrer.
Chômeuse que je suis, j'ai tout mon temps pour me préparer.
Je vais choisir la tenue que je vais mettre cet après-midi. J'opte pour une chemise blanche et un pantalon de tailleur rouge.
Je prends les deux et je les mets sur un même cintre.
Comme chaussure, j'opte pour des escarpins en verni noir aux détails rouges.
Après ces 20 minutes à mettre de côté la bonne tenue, je vais m'occuper de ma fille.
J'en profite pour voir si la copine du gardien est disponible cet après-midi.
Lui : elle termine à 14 h
Moi : ça m'arrange.
Lui : ok je vais lui dire.
Moi : merci.
Je pousse un ouf de soulagement. Je ne savais pas avec comment j'aurais fait.
Je ne suis pas très famille. Dans la mienne la sorcellerie est très présente alors je préfère être dans mon coin.
Je suis contente qu'ils ne savent pas pour ma fille, ces démons sont prêts à tout pour un carton de poulet.
À vrai dire peu sont ceux qui savent que j'ai une petite fille. J'ai fait le choix de ne pas l'exposer, enfin je n'avais pas vraiment le choix. Pour le coup Stan a su se taire, jusqu'à présent je suis surprise.
J'ai pensé à une fuite de l'hôpital au début mais j'ai eu la chance.
Quand Maya trouve à nouveau le sommeil, je vais la déposer dans son berceau et je profite pour me faire quelque chose à manger.
J'opte pour du poulet fumé au chocolat indigène (Odika). Puis je coupe une banane plantain que je fais bouillir par la suite. Je décide d'ajouter du riz blanc au cas où en gardant la petite la copine de mon gardien souhaite manger quelque chose.
Pendant que tout est feu, comme toujours, je fais le tour des réseaux sociaux.
Je suis surprise de tomber sur un scandale concernant la nouvelle miss.
Aussi tôt ?
En lisant l'article, je me souviens que des marmites. Je vais rester à la cuisine histoire de ne rien brûler.
Une fois que tout est prêt, je me sers et je vais manger au salon.
Courage à elle ! Ce n'est que le début.
On s'y fait vite ou parfois pas.
Ce que j'ai compris avec le temps c'est qu'une histoire ne fait le buzz que pendant 48 h. Après les gens en parlent moins.
J'ai faillit faire la UNE de plusieurs blogs. Parfois j'ai anticipé en publiant les infos moi-même histoire de casser le coup.
Ça n'a pas toujours eu l'effet que je souhaitais, mais au moins j'ai atténué mes problèmes.
Lorsque je termine de manger, je vais nettoyer ma cuisine, puis je me repose pendant quelques minutes.
Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Chômeuse de mon état !
Je fais une mini sieste de 30 minutes puis je vais réveiller Maya. Ma fille dort beaucoup. C'est autant une chance qu'un problème pour moi.
Je sors son jeu et je la laisse au sol pendant que je me prépare.
Je suis sur le point de mettre le spray pour clôturer mon make-up quand j'entends quelqu'un cogner à la porte principale.
Mon appartement n'est pas très grand, j'entends le bruit de la porte depuis ma salle de bain.
Je décide d'aller ouvrir et j'affiche un sourire lorsque je vois la copine du gardien.
Moi : bonjour, tu vas bien ?
Elle : bonjour madame.
Moi : tu n'as pas répondu à ma question ?
Elle (souriante) : je vais bien.
Moi : bon tu tombes bien, je dois sortir. Tu vas garder la petite jusqu'à mon retour. Si tu as faim, j'ai laissé du riz et du poulet fumé.
Elle : j'ai mangé madame.
Moi : ce n'est pas grave. Si tu as faim entre temps, tu peux manger. Tu sais comment je fonctionne.
Elle (souriante) : oui madame.
Moi : vas-y, entre.
Je la laisse entrer sans perdre plus de temps.
Je vais dans ma chambre prendre Maya, et je la dépose au salon avec elle.
Moi : merci, tu m'aides beaucoup.
Je les laisse au salon tandis que je vais me changer.
15 minutes plus tard, une fois prête, je quitte la maison en direction de mon rendez-vous.
Je mets une vingtaine de minutes pour me rendre à l'adresse. Puis une fois devant les locaux, je mets le code et je rentre.
Je monte ensuite au deuxième étage (en ascenseur), selon les indications de mon message.
Une fois devant une porte noire, je tousse pour arranger ma voix.
J'ouvre la porte et je découvre un accueil particulièrement beau ! Je vois les bureaux à côté (open Space) et je suis agréablement surprise.
La personne qui se trouve à l'accueil me regarde et :
Elle (souriante) : bonjour mademoiselle Mengue.
Moi : bonjour, j'ai un rendez-vous.
Elle : oui, laissez-moi prévenir. Je vous invite à prendre place.
Moi : merci.
Je n'ai même pas le temps de prendre place que j'aperçois une jeune dame portant une robe blanche et des mocassins de rapprocher de moi.
Moi (me tendant sa main) : Danielle, c'est avec moi que vous avez échangé plus tôt.
Je ne l'imaginais pas comme ça la Danielle. Elle fait à peu près 1m80, avec un corps plutôt féminin. À l'entendre au téléphone on s'imagine un demi garçon. Elle a un tissage 30 pouces qui longe son dos, en plus de ses longs ongles.
Je suis intriguée par le personnage !
Moi (lui tendant également ma main) : Dalina.
Elle : je vous laisse me suivre dans mon bureau.
Moi : ok.
Je la suis dans son bureau et une fois à l'intérieur, elle ferme la porte.
Son bureau donne vue sur le bord de mer, incroyable !
Je me demande comment ils ont fait pour être dans un tel bâtiment. Cela doit coûter la peau des fesses.
Son bureau est sobre, bon choix des couleurs, j'aime bien.
Elle prend quelques minutes pour me présenter à nouveau la marque et l'univers dans lequel ils sont. Elle m'explique qu'elle existe depuis quelques années mais qu'elle était présente en Afrique de l'Ouest.
Elle : aujourd'hui nous souhaitons toucher le marché Gabonais. Nous savons que les Gabonais aiment le luxe et n'ont pas de mal à s'offrir des pièces hors prix.
Moi : en effet.
Elle : c'est à ce moment que vous intervenez. À travers cette campagne nous souhaitons mettre en avant l'image de la femme de ville qui porte « de luxe » en restant sexy.
Elle m'explique plus en détail ce qu'elle entend par ça et on en vient au contrat.
Elle : je vous laisse lire le contrat et si vous avez des questions, je suis à votre disposition.
Moi : d'accord.
Je prends connaissance de quelques lignes du contrat, surtout mes engagements.
En lisant je comprends mieux ce qu'ils attendent de moi et sans perdre plus de temps je décide de le signer.
En venant ici mon plan était de rentrer avec le contrat histoire de faire semblant de réfléchir mais j'ai changé d'avis. Je suis intéressée par l'univers de la marque et je me vois faire des collaborations avec eux.
Moi : ok tout est bon pour moi.
Elle : c'est bon pour une signature ?
Moi : oui.
Elle : parfait !
Alors que je m'apprête à signer, quelqu'un cogne à la porte.
Elle demande à la personne d'entrer et :
Elle : ah ça tombe bien. Mademoiselle Mendez est sous le point de signer le contrat.
Je me tourne pour voir de qui il s'agit. C'est un homme d'une quarantaine d'années, avec des dreadlocks.
Il se rapproche de moi et se présente. Je comprends que c'est le DA (directeur artistique).
Danielle : c'est l'homme derrière cette campagne. Il sera présent sur le plateau pendant les différents shootings.
Moi : d'accord.
Elle : si un jour je ne suis pas présente, je t'invite à lui faire part de tes préoccupations.
Moi : je prends note.
Lui (s'adressant à Danielle) : quand tu termines s'il te plaît tu peux passer dans mon bureau ? J'ai quelques trucs à te montrer.
Elle : pas de souci !
Il s'excuse du dérangement et s'en va.
L'ambiance dans cette entreprise est agréable ! J'ai hâte de bosser avec eux.
Danielle : on se voit dans quelques jours pour la première séance photo.
Elle se lève et me raccompagne jusqu'à l'entrée.
En partant, je réalise qu'elle a un pouvoir décisionnel. Si cela se trouve, c'est peut-être la boss de l'agence Gabonaise.
Je descends avec un grand sourire ! Ça ne pouvait pas être mieux !
Je rentre à la maison juste après ce rendez-vous. Quand tu restes dehors à Libreville tu te retrouves à dépenser ton argent. De plus, je n'en ai pas donc ça tombe bien.
Après 25 minutes, je me gare enfin dans la concession.
Je suis tellement contente que j'ai envie boire un bon verre de vin rouge, à savoir s'il m'en reste.
Quand je rentre, je vois Maya jouer sur son tapis de jeu.
Je vais la prendre et je vois qu'elle est contente de me voir.
Moi (déposant des bisous sur ses joues) : qu'elle est belle mon bébé.
Maya : Mama
Moi (souriante) : oui, oui c'est maman.
Maya a dit papa avant maman. Quelle ingrate cette petite.
Je suis contente qu'elle dise de plus en plus maman « mama »
Moi : merci beaucoup de l'avoir gardé.
Elle : non ça me fait plaisir.
Moi : tu as mangé j'espère ?
Elle : non, je n'avais pas faim.
Moi : bon prends un emporter pour plus tard.