_ Putain, claqué-je en essayant d'arrêter le mécanisme, en regardant l'endroit où elle se trouve.
Je juge en une seconde du temps d'avancement de cette foutue bâche que je n'arrive pas à arrêter, et je me précipite à l'endroit où elle a plongé pour sauter sans réfléchir à mon tour. Le coeur battant à l'idée que nous restions bloqués tous les deux s'imposent à moi, au fur et à mesure que je nage vers elle qui ne semble pas vouloir se décider à remonter. Je l'attrape fermement par le bras, et je pousse de toutes mes forces sur mes jambes qui touchent le fond de la piscine pour nous faire remonter le plus vite possible. Je happe un grand bol d'air une fois remonté, et je l'attire contre moi pour la faire monter sur le bord de la piscine avant d'y glisser à mon tour, alors que la bâche nous rejoint.
_ T'es une grande malade, fais-je le souffle haletant d'avoir failli mourir noyé pour elle.
Elle se met à tousser à côté de moi, allongée toujours sur le sol, tandis que je me tiens à quatre pattes, essayant de récupérer mon calme. Mon regard se porte sur elle, et je la regarde ahuri, la voyant sourire.
_ Je savais que tu le ferais, me fait-elle et j'ouvre la bouche, hébété de l'aplomb qu'elle a à l'instant, alors que nous avons failli mourir tous les deux.
_ Après tout, je suis un témoin clé, ajoute-t-elle en se redressant tout en passant ses mains dans ses cheveux, le sourire toujours aux lèvres.
Ma mâchoire se crispe, et je lui attrape fermement le poignet, l'attirant contre moi. Mon visage à quelques millimètres du sien, je suis à deux doigts de l'y balancer et de refermer la bâche moi-même au-dessus de sa tête. Le reflet amusé dans la prunelle malicieuse de son regard ne désemplit pas, et je sens tout mon corps se crisper à l'idée que je la tuerai avant la fin de la nuit si je dois rester une minute de plus avec elle. Je finis donc par la lâcher froidement, et je me lève, pour rejoindre la villa quand je m'arrête net.
Cette garce est littéralement entrain de rire à cet instant.
_ Mon chéri, tu regrettes certainement de ne pas pouvoir me tuer toi-même maintenant, ricane-t-elle alors que je serre les poings sous son arrogance.
_ Ne t'inquiète pas, finit-elle par dire en passant à côté de moi, tu n'es même pas au début de ta torture.
_ Le début de ma torture ? Répété-je ahuri en la suivant du regard alors qu'elle rentre dans la maison.
Ania
Je grommèle dans mes dents tout en tenant doucement mon poignet que cet abruti vient de marquer de ses doigts, comme si j'étais un vulgaire malfrat. Je m'appuie sur l'évier de la salle de bain où je suis entrée, et je regarde mon visage dans le miroir avec condescendance.
_ Qu'est-ce que tu fous Ania ?! Me lancé-je.
Sérieusement, j'ai enfin cet abruti sous la main et je devrais jubiler de la situation que j'attends depuis tellement longtemps. Et pourtant, mon cœur a eu un raté devant son regard émeraude dans le mien à l'instant. Bien qu'il y avait de la haine envers mon acte, que j'avoue de débile, il y avait une étincelle de frayeur. Comme s'il avait vraiment craint pour moi.
"Mon dieu ma pauvre Ania, tu divagues maintenant."
J'entends la sonnette de la maison retentir, et je comprends que son cher coéquipier est enfin arrivé avec de la nourriture. C'est le moment de mettre cet abruti vraiment en rage. Je laisse glisser ma robe qui sent le chlore de la piscine, et je glisse mon string le long de mes jambes. Une fois totalement nue, je jette un coup d'œil dans le miroir, et je souris à la peste que je suis intérieurement. Ou je souris à cette Anastasia qui est toujours en moi, et qui me pousse à aller encore plus loin dans la provocation. Je décide de sortir de la salle de bain, et confirmant la voix de son coéquipier, j'avance dans le couloir pour rejoindre les escaliers que je commence à descendre en souriant.
_ Je ne tiendrai jamais, râle déjà cet abruti, et je souris de plus belle en me disant qu'il n'a encore rien vu.
_ Le capitaine a été radical. Tu dois la surveiller, confirme son coéquipier alors que j'arrive derrière eux.
Cet abruti est assis dans un fauteuil, essuyant ses cheveux, tandis que son coéquipier a déposé les courses sur la table de la salle à manger où je me rends en silence, sans qu'ils ne me remarquent.
"Tu parles de super flics !"
_ Enfin de la bouffe ! M'écrié-je en sortant un paquet de chips.
_ Mais putain, tu fous quoi ?! S'exclame cet abruti, et je me retourne vers lui, prenant une expression innocente, montrant que je ne vois pas ce qui lui prend encore.
_ Va t'habiller ! Hurle-t-il en se levant, le visage outré comme s'il n'avait jamais vu un corps nu.
Son coéquipier étouffe un fou-rire en me regardant sans aucune gêne, et j'hausse les épaules de façon perplexe en mettant un chips dans ma bouche, tandis que Théo quitte la pièce.
_ Il est fiancé, me fait-il comme si c'était une excuse à son attitude et je penche la tête, apprenant une chose si intéressante.
Comme ça, notre cher brun ténébreux a une fiancée. Je fais craquer le chips bruyamment entre mes dents, affichant un sourire amusé maintenant. Mais quelle bonne nouvelle, qui vient de s'ajouter à mon bonheur de faire de sa vie un enfer.
Théo
Je soupire en ramassant mon portable que j'ai fait tomber en allant sauver cette idiote, et je remarque que j'ai un appel en absence. Bien entendu, c'est Charlie qui m'a rappelé, et je me rends sur la terrasse, reprendre mon calme avant de la rappeler. Honnêtement, je ne sais pas comment je vais tenir avec une nana aussi dévergondée et imbue de sa personne. Elle représente vraiment tout le dégout que j'ai pour les femmes dans son style, et son attitude est pire que je ne le pensais.
J'inspire profondément, regardant vers le bas de la colline et je compose le numéro de Charlie en espérant qu'elle me réponde ; je ne sais pas combien de temps cette idiote va tenir sans faire une autre ânerie.
_" On arrive enfin à se joindre."
_ Ouais, désolé, m'excusé-je en passant ma main dans mes cheveux, entendant bien dans sa voix qu'elle est déjà au courant de la situation dans laquelle je suis.
_"Papa m'a dit qu'il t'avait assigné à la protection d'une témoin importante." Confirme-t-elle.
_ Importante, soufflé, ton père exagère un peu.
Je me détourne de la vue de la colline, pour regarder la piscine où quelques minutes plus tôt, nous avons failli mourir à cause de sa bêtise.
_ "Donc, nous ne nous verrons pas durant quelques jours." Souffle-t-elle déçue.
Je le suis tout autant qu'elle, car nous ne nous sommes pas quittés depuis la fin du lycée. Et même pendant mon stage pour devenir policier, on s'arrangeait pour se voir. Mais avec une colocataire telle que cette "Ania", je n'imagine même pas Charlie arriver ici. Mon dieu, j'imagine déjà le crépage de chignons si elle la surprenait nue comme à l'instant dans le séjour. En parlant de cela, je l'ai laissée seule avec cet obsédé de Matt.
_ Chérie, je te rappelle plus tard, fais-je avant de raccrocher, et de rejoindre d'un pas rapide la maison pour les trouver tous les deux, riant dans la cuisine.
Je suis soulagé de voir qu'elle porte quelque chose sur elle, et je range mon portable dans ma poche arrière, espérant que le reste de la nuit se passe dans le calme. Voyant que ces deux-là semblent calmes dans la cuisine, je décide d'aller me changer à mon tour, ne supportant plus ses vêtements mouillés et sentant le chlore. Mon portable vibre dans ma poche, tandis que je me rends dans la salle de bain, et je souris en voyant un coeur provenir de Charlie.
Je ferme la porte de la salle de bain, et je remarque qu'elle a laissé ses vêtements sur le carrelage de celle-ci.
_ Super ! Elle me prend pour sa bonniche en plus ! Grommelé-je en les poussant près du bac avec mon pied.
Je commence à enlever mes vêtements collants à mon corps, et je soupire en voyant mon reflet dans le miroir. Je me demande combien de temps, je vais devoir surveiller cette nana qui semble jubiler de la situation.
Moi, tout ce que je souhaite, c'est en finir au plus vite.
Ania
Le soleil brille déjà haut quand j'ouvre les yeux dans cette chambre qui est plus grande que mon appartement que je loue avec Chanel. Je me tourne pour me mettre sur le dos, me demandant ce que je vais bien pouvoir faire aujourd'hui. La question est tellement stupide que je grommèle en attrapant le T-Shirt long qui m'a servi à me couvrir. Mais en y repensant, je n'ai pas besoin de cela aujourd'hui. Après tout, il a déjà vu les courbes de mon corps, donc il n'a plus de raisons de s'énerver. Je décide donc de sortir de la chambre dans ma simple tenue, et je me dirige vers les escaliers quand je remarque que sa chambre au bout du couloir est entrouverte.
_ Intéressant, fais-je souriante, et je me dirige vers la porte.
Un regard dans l'embrasure de la porte me confirme que ce beau mal est bien en train de dormir.
"Tu parles d'une protection !"
Je passe ma langue sur mes lèvres, remarquant son torse musclé nu décontracté sur le lit. J'avoue qu'il s'est bien forgé depuis une dizaine d'années, mais ce détail ne m'intéresse pas pour l'instant. Moi, ce que je vois, c'est son portable sur la table de nuit à côté de lui et je me faufile sans bruit dans la chambre, guettant le moindre mouvement de cet abruti.
Je me mords la lèvre, mettant son portable devant lui pour le déverrouiller, et je me fige en le voyant faire un mouvement. Là, nue devant lui, mon coeur est sur le point d'implosé à l'idée qu'il me surprenne son portable en main. Mais cet abruti se contente de se gratter le front, avant de soupirer. Je me dépêche donc de tapoter un message sur son portable, et je le remets sur la table de nuit, avant de m'éclipser de la chambre aussi vite que je ne suis venue.
Je réfléchis en regardant une nouvelle fois la porte de sa chambre, et je souris en pensant à la tête qu'il va faire quand il va se réveiller.
_ Théophile chéri, notre colocation ne fait que commencer...