Je ne comprends toujours pas pourquoi on nous a appelé si elle se trouve en sécurité, nous ne sommes pas les seuls inspecteurs de la brigade qui nous occupons de cette affaire. Mais cela est peut-être dû à notre récente promotion, et le fait que nous devons encore montrer que nous méritons notre plaque d'inspecteur. Le commissariat est encore une fois inondé de bons à rien qui se sont fait arrêté, et qui font un tel bruit que je suis surpris que Théo ne les calme pas. C'est le genre de mec qui parait très calme, mais qui peut faire tressaillir le pire des malfrats quand il le décide. Je me demande quelques fois, s'il n'a pas une double personnalité. Le chef nous fait signe de le rejoindre dans son bureau, et nous nous y rendons sans attendre. J'aimerais utiliser un des numéros de portable dans ma poche dès que possible.
_ Asseyez-vous, nous ordonne notre chef et nous nous exécutons, pendant qu'il descend les stores de son bureau.
_ Nous n'avons aucune trace de cet enfoiré, grommèle-t-il comme toujours.
_ Mais nous avons enfin un témoin clé.
_ On ne peut pas dire qu'une pute soit un témoin clé, balance Théo, condescendant à souhait quand il s'agit de ce genre de femmes.
Je n'ai jamais compris pourquoi il méprisait autant ce genre de femmes. Elles ont un travail ingrat, mais elles ne sont pas toutes forcées de le faire. En tout cas, son attitude à leur sujet me dépasse toujours autant. Mais je reviens vers le chef qui le regarde froidement, et je sais que son attitude l'énerve au plus haut point. Je passe ma main dans ma nuque, espérant que nous ne sommes pas encore partis pour une remontrance comme il a le secret.
_ Vu ta façon de les juger, tu comprendras donc mon choix, rétorque le chef le jugeant du regard, et j'ai l'impression que ce qui va suivre ne va vraiment pas plaire à Théo qui le toise à son tour.
Ils savent que je suis là, ou ils ont décidé de jouer les coqs devant moi ?!
_ Votre choix ?
_ J'ai décidé de mettre la prostituée qui se trouve en salle d'interrogatoire sous la protection de la police, commence le chef.
_ Ouais, si vous voulez, lance Thao pas du tout intéressé.
_ Tu te chargeras de sa protection, finit-il par dire et je sursaute presque quand Théo se lève hors-de-lui criant qu'il en est hors-de-question.
_ Chef, vous savez que Théo ne peut pas s'occuper d'elle, essayé-je de défendre Théo qui est en train de devenir dingue.
_ La discussion est close. Voici les clés de la villa où tu l'emmèneras !
_ Vous êtes cinglé, grommèle Théo en faisant volte-face et ouvrant la porte violemment avant de s'arrêter net.
Je prends les clés sur le bureau du chef, et je regarde par-dessus l'épaule de Théo pour apercevoir une jeune femme métissée, assise sur la chaise en face de nous.
_ Oh putain la bombe, lâché-je en suivant le mouvement de sa langue sur ses lèvres.
_ Voilà la raison pour laquelle c'est moi qui me la coltine, grommèle Théo en quittant le bureau du chef pour rejoindre le sien.
Honnêtement, oui j'avoue que je passerais mon temps à avoir la trique en sa compagnie. Cette nana semble d'ailleurs se délecter de l'effet qu'elle fait, mais son regard se détourne de ma direction, tout comme son sourire carnassier disparait en suivant Théo maintenant.
Ania
Je suis outrée qu'on m'impose une telle chose, mais quand je vois qui va s'occuper de moi ; un sourire vicieux et plus que carnassier se pose sur mes lèvres. Voilà donc qui va se charger de protéger la pauvre prostituée que je suis ?! Et bien, le mâle alpha suprême qui me toise à l'instant, alors que je m'approche de son bureau, ne sait pas encore ce qu'il l'attend. S'il pense que je vais jouer la pauvre fille sous sa protection, il ne sait pas encore qui je suis. Je m'appuie sur le bureau, avant de sauter sur celui-ci tout en croisant mes jambes, le frôlant.
_ Donc, c'est toi qui vas me surveiller ! Lancé-je sur un ton amusé.
_ Descends de mon bureau, me répond-il sans relever ses yeux de son portable, et je me penche pour voir ce qu'il fait.
_ Tu fais quoi ?
Il relève enfin son regard dans le mien, et je souris à pleine dans en voyant son regard émeraude enfin dans le mien.
_ Je pense que je t'ai demandé de descendre, grommèle-t-il en se levant.
Et avant que je ne puisse répliquer, il porte ses mains à ma taille de façon hautaine, comme si je le dégoutais, et il me fait descendre froidement.
_ Constipé, lâché-je alors qu'il se dirige vers le petit blond qui l'accompagnait dans le bureau de leur chef.
Mais sa façon de faire m'amuse encore plus, et je glisse ma langue sur mes lèvres, me demandant combien de temps il va lui falloir pour se lâcher. Il va bien finir par perdre ce fameux contrôle qu'il semble avoir devant moi, et à ce moment-là ; je lui ferai vivre l'enfer dans lequel je vis depuis dix ans. Son collègue avec qui il parle, me jette un regard, et je penche la tête, faisant la pauvre fille qui se sent en danger. Son visage à cet instant me renvoie mon désarroi que je feinte, et il tape sur l'épaule de son collègue qui passe sa main dans ses cheveux, se sentant piégé de toutes les façons. Un geste qui me rappelle celui qu'il faisait il y a dix ans, et qui me mettait dans tous mes états. Mais aujourd'hui, c'est lui que je vais mettre dans tous ces états. La rancœur en moi remonte comme jamais, alors que le blond lui donne les clés d'une voiture.
Celui-ci finit enfin par se retourner vers moi, et le regard lassé ; il me fait signe de le suivre. J'esquisse un sourire coincé, et je me mets en marche dans son ombre. Un dos que je rêverais de transpercer avec tous les ciseaux qui se trouvent sur les bureaux qui sont dans ce commissariat. Mais quelque chose cloche en regardant ce dos ; il ne semble pas savoir qui je suis...
Une fois à la voiture, j'ouvre la porte passager, mais il la referme d'un coup sec manquant de me coincer les doigts.
_ Derrière !
_ Bien chef !
Sérieusement, je ne me souvenais pas qu'il était aussi froid dans notre jeunesse. Mais je me faufile à l'arrière, le regardant faire le tour de la voiture banalisée en me demandant ce que je vais bien pouvoir inviter pour l'énerver, et qu'il dévoile enfin son vrai visage. Parce que cet homme froid qui monte et démarre la voiture, n'a rien à voir avec le mec que j'ai connu il y a dix ans.
_ Au fait, je m'appelle Ania, lancé-je en m'avançant derrière son siège pour tendre ma main.
Ma main a juste le temps de m'empêcher de me cogner contre son siège, alors que son regard émeraude et froid est porté sur moi dans le rétroviseur.
_ Un accident pour la soirée ne t'a pas suffi !, me lance-t-il et je me renfrogne dans mon siège pour mettre ma ceinture.
Il va être compliqué à gérer. Mais j'aime ce genre de choses, et je me délecte déjà à l'idée de me retrouver seule avec lui.
Théo
Le trajet jusqu'à la maison de la planque qui se trouve hors de la ville elle-même me parait durer une éternité, alors que je sens le regard pesant de cette prostituée posé dans mon dos. Sérieusement, le chef aurait pu demander à quelqu'un d'autre de s'occuper d'elle ?! Je ne suis ni un baby-sitter, ni un gardien de zoo. Tout dans cette femme est ce que je déteste le plus, et bien que je comprenne que Matt aurait été un mauvais choix pour la garder ; me l'imposer à moi est une vraie torture. Sans parler que je dois prévenir Charlie qui ne va certainement pas apprécier une telle chose. Mais que pouvais-je faire ? Son père n'est autre que mon chef, et il savait très bien ce qu'il faisait en me le demandant ; il me teste. Mais je ne vois pas l'intérêt de me tester avec le genre de femmes que je ne supporte pas !
Je sors mon paquet de chewing-gum de ma poche pour me calmer, alors que nous arrivons à la maison en question.
_ Je peux en avoir une ?, me demande-t-elle et je lui lance mon paquet sans un regard.
_ Merci inspecteur, me lance-t-elle froidement, et je regarde le rétroviseur pour voir qu'elle regarde la vue par la vitre de la voiture.
Mon regard posé sur elle alors que je me gare, j'ai un sentiment étrange de compassion pour elle. Je devrais peut-être essayer d'être moins froid avec elle. Après tout, nous allons tous les deux être coincés ici pour un moment, et elle a perdu sa liberté pour se retrouver coincée avec un flic. Ce qui n'est certainement quelque chose qu'elle prévoyait de faire cette nuit.
Je sors de la voiture, et je m'apprête à ouvrir sa portière quand elle le fait d'elle-même. Je passe ma main dans mes cheveux, regardant autour de nous. Il n'y a aucune maison à moins d'un kilomètre de celle-ci, et je pourrai entendre le moindre véhicule qui s'approchera. La situation de cette planque qui appartenait à un mafieux décédé il y a des années est une des meilleurs de Las Vegas. Je compose le code de sécurité de la maison, et je rentre pour voir que tout est encore sous des draps blancs.
_ Les chambres sont en haut, lui fais-je en allumant les lampes, et me dirigeant vers la baie vitrée pour apercevoir la piscine bâchée à l'extérieur.
_ Cool une piscine, fait-elle à mes côtés et je relève un sourcil.
_ J'ai un appel à passer, l'informé-je pour la forme en partant vers la cuisine.
_ Y a quelque chose à graille dans cette baraque ? Me demande-t-elle en me suivant.
_ Matt va arriver avec de la nourriture et des fringues, lui expliqué-je en ouvrant le frigo pour lui lancer une bouteille d'eau en attendant.
Je sors mon portable de ma poche, et je compose le numéro de Charlie en relevant mon regard sur elle. Ses lèvres portées au goulot de la bouteille attirent un peu trop mon attention, et je suis presque mal à l'aise quand son regard se pose dans le mien qui la regarde. Elle esquisse un sourire amusé de me voir la regarder, et elle passe sa langue de façon plus que sensuellement sur ses lèvres pour ramasser l'eau qui s'y trouve. Je ferme les yeux une seconde, et je soupire, avant de me diriger vers elle et je plonge mon regard dans le sien.
_ Ne joue pas à ça avec moi. Tu es le genre de femmes qui me débecte, lui fais-je froidement avant de quitter la pièce pour passer mon appel.
Ania
Je serre les dents, et je me retourne pour voir cet enfoiré quitter la pièce. Mes doigts se crispent autour de ma bouteille d'eau qui finit par inonder ma main vu mon énervement. Comment ose-t-il me dire une telle chose à moi ?! Ne me reconnait-il vraiment pas ?!
Je rage intérieurement de voir cet enfoiré qui semble maintenant tout bênet au téléphone avec ce qui doit être sa chérie. Je serre les poings et je sors de la cuisine pour passer derrière lui et j'ouvre la porte vitrée qui donne sur la terrasse où se trouve la piscine. Je cherche l'appareil d'ouverture de la bâche, et je l'enclenche en me tournant face à cet abruti au téléphone. Je juge du temps de l'ouverture de la bâche, et sans lâcher cet abruti du regard ; je me laisse tomber en arrière pour plonger dans la froideur de la piscine.
On va voir qui va jouer avec qui ?!