Il faut que je rentre plus tôt ce soir pour surprendre Pierre. Je dois savoir ce que son attitude étrange signifie. Il vaut mieux gérer les irritants avant qu'ils ne deviennent des problèmes. Et les problèmes, des situations inextricables. Tiens! Je vais prendre le reste de ma journée et rentrer tout de suite faire la cuisine. Je me souviens que ma mère ne parlait jamais de sujets qui fâchent avec mon père lorsqu'il avait le ventre vide. Elle lui faisait toujours un bon petit plat et lui, comme un imbécile tombait dans le panneau systématiquement. Le pourcentage de réussite de cette méthode était plus qu'acceptable. C'est donc ce que je vais mettre en pratique ce soir. Il aime manger le couscous mon Pierre. Il en mangerait tous les jours s'il pouvait. Au menu ce soir, « gboman » accompagné d'un interrogatoire musclé! Attention! Nous les femmes on mène des interrogatoires musclés incognito. Que la première qui n'a jamais eu recours à cette méthode me jette la première pierre.
*****Quelques heures plus tard*****
Mon repas est prêt. Je me suis surpassée. Mon « gboman » n'a jamais été aussi bon. Comme quoi, je peux faire ma béninoise de temps en temps! Haha! En réalité, j'essaie de plaisanter pour me détendre, mais ce n'est qu'une façade : à l'intérieur de moi c'est le tsunami de questions et d'émotions. Je vais prendre une douche et me changer, ce sera peut-être plus efficace. J'aimerais également être présentable quand Pierre va rentrer. Je mettrais la table pendant qu'il sera sous la douche.
******Pierre Mensah********
J'ai été incapable de me concentrer au travail après l'appel d'Anna-Belle. La discussion avec Cédric quant à elle, m'a achevée. Je vais prendre le reste de ma journée : de toutes les façons je suis contre-productif.
Je déambule dans la ville... C'est dans ces circonstances que travailler au centre-ville devient agréable. J'écume les magasins espérant échapper à ma vie. Je voudrais pouvoir me changer les idées, mais absolument tout me rappelle la montagne de problèmes au-devant de laquelle je me précipite! Je me souviens que lorsque je suis arrivée au Canada, lorsque j'entrais dans un magasin qui vendait des articles pour femmes, je ne pensais qu'à Sabine. Oh Sabine! Comment ai-je pu être aussi égoïste? Cela fait des années qu'elle m'est fidèle. Elle a toujours été proche de ma famille. Elle est une grande sœur pour mes petites sœurs. Je me souviens quand Vanessa a eu son premier petit ami. Elle n'osait pas m'en parler, alors elle s'est adressée à Sabine. Et naturellement, elle a pris le temps de lui parler, d'aborder des sujets que jamais mes parents ou même moi n'aurions osé aborder avec elle. Ensuite, elle est venue m'en parler, en exigeant que je garde le silence, ce que j'ai fait. Il y a des années qu'elle soupçonne que je vois quelqu'un, mais elle reste égale à elle-même. Je suis partagé entre le regret d'avoir commencé cette relation avec Anna-Belle et les sentiments que j'ai pour elle : Pourquoi ne l'ai-je pas rencontrée plus tôt? À présent, chaque fois que je passe devant un article féminin, je ne peux m'empêcher de me demander s'il plaira à Anna-Belle. Je sais que c'est injuste pour Sabine. Mais si on regarde froidement la situation, elles souffriront toutes les deux quand tout sera mis au grand jour. Je n'ai aucune envie de retourner avec Sabine. Je n'ai jamais espéré en notre couple comme je le fais avec Anna-Belle : je sais qu'elle et moi accomplirons de grandes choses! Alors, autant que quelque chose de bon ressorte de tout ça. Non? Aaaargh! Je me sens comme un porc! Pour être honnête j'en suis un. J'ai épousé une femme et je l'ai laissée derrière moi pour faire ma vie avec une autre, que j'ai eu le culot de demander en mariage, et qui porte mon enfant! Je vendrais mon âme au diable pour remonter le temps et ne jamais me marier avec Sabine. J'aurai attendu quelques années pour rencontrer Anna-Belle et l'épouser le plus tôt possible. Jamais Sabine ne m'aimera comme je sais qu'Anna-Belle m'aime. Pourquoi je dis ça? Parce que Sabine, bien que pleine de qualités, a été programmée pour être ma femme. Anna-Belle non! Comment? Vous savez ce genre de familles qui se fréquentent sans vraiment être amies et qui espèrent secrètement – mais pas si secrètement que ça- que leurs enfants finiront par s'unir? C'est l'histoire de mon couple. Si ça n'avait pas été Sabine et moi ça aurait été Vanessa et Samy, le frère de Sabine. Je ne nie pas que plus jeune nous avons été amoureux l'un de l'autre. Mais ce n'est rien de comparable avec ce que je ressens pour Anna-Belle. Dieu m'est témoin! J'ai résisté. J'ai essayé. Mais aussi exécrable que pouvait être le caractère d'Anna-Belle je n'ai jamais pu me résoudre à la quitter. Je n'ai jamais pensé la tromper avec une autre femme. Enfin, si on exclut Sabine quand je rentrais à Cotonou. Encore qu'avec Sabine, c'était le service minimum! C'est d'ailleurs ce qui lui a mis la puce à l'oreille. Je me souviens encore de la tête qu'elle faisait quand je lui ai dit que j'étais fatigué alors qu'elle voulait partager la couche de son mari revenu de voyage... D'un très long voyage! Pauvre Sabine! Tu n'as pas mérité tout ça. Malheureusement, le cœur a ses raisons que la raison ignore.
DRING! DRING! DRING!
Tiens! Anna-Belle m'appelle!
-Allo!
-Bébé... Tu es en chemin?
-Euh non! Pourquoi?
-Il est presque 6 heures!
Je n'avais pas vu le temps passé.
-Oh excuse-moi! Je bouge tout de suite. Bisous!
-Bisous!
Le cadeau que je lui ai acheté lui fera certainement plaisir. Il faut que je gère la situation du côté de Sabine avant de parler à Anna-Belle. Elle est fragile en ce moment, je ne voudrais pas qu'il arrive quelque chose au bébé.
*************Anna-Belle Nzali**************
J'attends Pierre. J'ai bien hâte qu'il rentre. Ah! J'entends une clé dans la serrure. Oui c'est lui. Je me lève pour aller l'accueillir. Alors que je m'apprête à lui faire la bise, il me prend dans ses bras et m'embrasse. Pierre est décidément bien étrange... Je meurs d'envie de savoir ce qui se passe. Mais je ne dois pas oublier qu'un ventre vide n'a pas d'oreilles! Il faut qu'il soit réceptif.
-Tu m'as manqué ma chérie...
-Toi aussi tu m'as manqué. Ta journée s'est bien passée?
-Oh pas mal! Beaucoup de travail. Mais ce soir, on ne parle pas de travail. Ok? On passe une belle soirée ensemble. On pourrait même prendre congé demain. Qu'en penses-tu?
Voilà l'occasion rêvée pour discuter calmement.
-Avec plaisir mon amour.
Pierre a pris sa douche et moi j'ai fait la table. Il était surpris de constater que j'ai fait ce que nous appelons « les grandes préparations » en pleine semaine. Habituellement, nous nous contentons de riz, pâtes alimentaires ou pommes de terre en semaine. Le couscous c'était du grand luxe! Visiblement, il apprécie l'attention. Pierre se goinfre sans aucune retenue. Ça me fait plaisir de le voir manger ainsi.
-Bébé!
-Oui...
-Tu es sûre que tout va bien?
Il continue de manger. Il ne me répond pas. Je n'insiste pas. De toutes les façons, nous passons la journée complète demain ensemble. J'ai largement le temps de le travailler au corps.
-Je vais bien... Ne t'en fais pas! Il y a beaucoup de choses qui vont changer. J'espère être à la hauteur. Je voudrais aussi régler la situation avec ma famille. Je regrette d'avoir laissé les choses... comment dire? Je regrette de les avoir laissées pourrir!
Je le sens sincère, mais il y a un mais...
Pour finir, nous avons regardé des films toute la nuit dans le sofa. J'ai fini par m'endormir à une heure que je ne saurais définir, mais à mon réveil, Pierre était toujours éveillé. Je ne sais pas s'il a pu fermer l'œil de la nuit. Il a l'air complètement largué. Il est tellement absorbé par ses pensées qu'il n'a même pas réalisé que je suis réveillée. C'est le moment. Je le sens. Je vais lui demander ce qui ne va pas et je ne lâcherai pas tant qu'il ne me répondra pas.
-Pierre... je pense qu'il est temps qu'on parle.
Il a sursauté au son de ma voix. Quelque chose le tourmentait, c'était plus qu'évident.
-Bonjour chérie! Tu as bien dormi?
-Ce n'est pas ce dont nous devons parler et tu le sais. Arrête de faire diversion. S'il te plaît!
Je me suis redressée et je me suis rapprochée de lui, avant d'ajouter :
-Pierre, parle moi je t'en prie. On peut tout régler ensemble! Je vais être ta femme. Tu peux me faire confiance.
Plus je parle, plus son visage se décompose. Je me sens prise de panique. J'ai les mains qui deviennent moites, le cœur qui bat tellement fort que je l'entends dans mes oreilles. Je me sens transpirée. Je ne sais pas ce que Pierre me cache, mais je sais que c'est un coup dur.
-Anna-Belle...
Il allait me parler, mais il s'est arrêté. Il s'est levé. Il est nerveux. Il se mord le poing. Oh Pierre qu'as-tu fait? Que m'as-tu fait? Je me lève et je vais l'enlacer par le dos. Je sens son corps se crisper. Je me love davantage.
-Pierre, n'aies pas peur... Parle-moi.
Ses muscles viennent de se relâcher. Est-ce un signe de reddition de sa part? Il se retourne lentement. Il prend mon visage entre ses deux mains et plonge ses yeux dans les miens. Mes jambes deviennent molles : Pierre a des larmes plein les yeux. Mon cœur va exploser s'il ne me répond pas.
-Anna-Belle... Je te demande du temps. Je sais que c'est difficile ce que je te demande. Mais laisse-moi régler ça. Je voudrais simplement que tu te souviennes que je t'aime. N'en doute jamais...
Je lui dis oui de la tête.
-Merci ma puce, merci...
Il me serre dans ses bras si fort que j'ai l'impression qu'il va m'étouffer. Mais en réalité m'étouffer est le cadet de mes soucis. Je viens de faire ce que je déteste par-dessus tout : la politique de l'autruche. Je le sais. Je sais que je DOIS savoir ce qui se passe, mais que je préfère différer l'apocalypse. Pierre m'a simplement donnée l'excuse idéale : il a besoin de temps. Seigneur, je tiens donc tant à lui?
*******Pierre Mensah********
J'ai failli craquer et tout dire à Anna-Belle. Elle n'est pas dupe. Elle a bien compris que je lui cache quelque chose, quelque chose de grave. Je dois trouver un moyen de m'éclipser. C'était une erreur de rester à la maison aujourd'hui.
-Bébé, je vais te chercher des croissants ok?
-Non laisse tomber. Je n'en ai pas envie.
-J'insiste bébé. Ok? Je ne serais pas long.
Je lui donne un bisou sur le front et je fonce dans la chambre pour me changer avant de sortir. Je brosse mes dents en quatrième vitesse. Ça y est je suis parti! Je vais appeler Cotonou. Je dois faire vite. Je ne pourrais pas gérer la situation encore longtemps. Aussitôt assis dans ma voiture je lance l'appel. Je vais rouler et me stationner dans un parking suffisamment éloigné de la maison. Celui de la boulangerie sera parfait.
DRING! DRING! DRING!
-Allo!
-Maman c'est moi!
-Oui je sais... Tu vas bien? Et...
-Je dois te parler! L'interrompis-je!
-Yoh! Qu'est-ce qui ne va pas? Tu es malade?
-Non maman! J'ai besoin que tu m'écoutes attentivement.
-Oui je t'écoute.
Je sens au son de sa voix qu'elle est alarmée. Ça ne durera pas longtemps. Dès qu'elle aura entendu ce que j'ai à lui dire, la bête sauvage en elle va se réveiller.
-Maman! Tu sais que je vois Anna-Belle depuis quelques années. Je sais que tu désapprouves complètement mon attitude, et ce n'est que normal. Mais maman, j'ai pris une décision. Je veux divorcer de Sabine!
-QUOI?
-MAMAN! ÉCOUTE... s'il te plaît.
-J'écoute quoi? Que tu es devenu fou? Tu veux laisser Sabine pour ta prostituée de camerounaise là.
J'ai senti comme un poignard me transpercer le cœur quand elle a prononcé ses mots. Mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même et mettre tout en œuvre pour obliger ceux-là même que j'avais entraîné à mépriser Anna-Belle, à la respecter à présent.
-Maman, Anna-Belle n'est pas une prostituée.
-Oui! J'oubliais! C'est toi le prostitué! SACABO !
-Si tu veux maman! Mais je te suggère de m'écouter jusqu'au bout. Anna-Belle n'a jamais su pour Sabine.
-Et alors? Je t'applaudis?
-Peu importe ce que tu diras maman, je vais demander le divorce et épouser Anna-Belle. Je lui ai demandé sa main et elle a été assez bonne pour me l'accorder.
-Sur mon cadavre! ADOUMI?
-Alors on va t'enterrer. Anna-Belle est enceinte! Tu m'entends? Ton premier petit-fils, c'est elle qui te le donnera.
BIP! BIP! BIP!
Ma mère venait de me raccrocher la ligne au nez. Je m'y attendais. Je l'imagine vociférer après moi dans toute la maison. Il faut que j'appelle Sabine. Autant profiter de l'alignement des astres favorable à ma cause : vous l'aurez deviné, c'est une blague...
DRING! DRING! DRING!
-Allo Pierre!
-Bonjour Sabine!
-Tu vas bien?
-Ça va merci et toi-même?
-Je vais comme hier! Tu appelles pour accomplir ta mission humanitaire quotidienne ou pour m'expliquer pourquoi ta mère te traite de tous les noms?
Sabine a remarqué que je me suis détachée émotionnellement d'elle depuis un moment déjà. Malgré tout, je continue de l'appeler, tous les jours pour prendre de ses nouvelles, en utilisant un téléphone prépayé que je laisse au bureau. Je ne l'appelle que très rarement avec mon cellulaire pour des raisons évidentes. Sa question me prouve qu'elle sait que la colère de ma mère a quelque chose à voir avec elle, avec nous.
-Oui je t'appelle à ce sujet.
-Ça y est, tu as décidé de me quitter?
Le calme dont elle fait preuve est presqu'irréel. J'entends ma mère par bout hurler à pleins poumons. Sans doute se déplace-t-elle dans la maison.
-Oui Sabine. Nous deux...
-Très bien! Me coupa-t-elle.
Bien que surpris par sa réaction, j'en fus soulagé.
-Je te demande pardon Sabine.
-Pitié arrête!
Elle me parlait avec une telle froideur...
-Je voudrais que tu saches que j'aurais toujours beaucoup de...
BIP! BIP! BIP!
Elle aussi m'avait raccrochée la ligne au nez.
Je savais que bientôt le vieux m'appellerait. Il était au courant de ma relation avec Anna-Belle, mais n'osait pas intervenir. Il était loin, bien loin d'être un modèle de vertu. Je me doutais bien que c'était la hantise de se faire rembarrer par son fils qui l'avait retenue jusque-là. Toutefois, les choses sont devenues bien trop sérieuses pour qu'il garde le silence. Quand bien même il voudrait, ma mère ne le laissera pas faire. Je devais rentrer. Anna-Belle s'inquiètera si je traîne trop. Mais avant, je dois effacer l'historique de mes appels.
Une fois la voiture garée dans notre parking, je prends le temps de respirer un grand coup. Je vais devoir monter et passer une belle journée avec Anna-Belle sachant la tempête qui sévit à Cotonou. Je monte et j'ouvre la porte.
CLAP!
Anna-Belle venait de m'asséner une gifle d'une violence inouïe! J'ai pris quelques secondes pour réaliser ce qui venait de se passer. En la regardant, je constate qu'elle a le visage inondé de larmes, la lèvre en sang, parce qu'elle se la mord : c'est un tic nerveux qu'elle a. Elle ne semble même pas s'en rendre compte, tellement elle est en colère. Elle sait j'en suis sûre! Elle ne bouge pas. Moi non plus. Elle me regarde et je sens la profondeur de sa colère. Je n'ose rien dire.
-Comment as-tu pu? Chuchote-t-elle.
Que lui répondre? Que je ne suis qu'un petit con? Elle le sait déjà! Je dois lui dire ce qu'elle ne sait pas.
-J'ai demandé le divorce.
-HA!
Elle vient de pouffer de rire ou je rêve? Je ne l'ai jamais vue ainsi.
-Anna-Belle je sais que tu m'en veux mais c'est toi que j'aime. C'est avec...
-PIERRE! JE CROIS QUE TU NE TE RENDS PAS VRAIMENT COMPTE DE LA SITUATION! SAIS-TU TOUTES LES HORREURS QUE TA MÈRE M'A DITES? QUELLE HUMILITION! PENDANT 5 ANS! TU M'AS MENTI PENDANT 5 LONGUES ANNÉES! QUI ES-TU? HEIN? QUI ES-TU? JE VEUX QUE TU QUITTES CETTE MAISON À L'INSTANT. TU NE PRENDS RIEN. TU VAS TE DÉBROUILLER. JE SUIS SÛRE QUE TU TROUVERAS BIEN UNE HISTOIRE CRÉDIBLE À RACONTER À TES COLLÈGUES! VA-T-EN!
Il était impossible de dire quoique ce soit. J'ai simplement fait demi-tour et j'ai refermé la porte derrière moi. Où allais-je bien pouvoir aller? Pierre...
********Anna-Belle Nzali**********
Quelques minutes plus tôt.
Je sais que Pierre a inventé ce prétexte pour s'extirper de la situation. Quelque chose m'échappe. Quoi? Je n'en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas comment réagir. J'ai beau me creuser les méninges, je reste sans réponse. Est-ce l'appréhension d'annoncer nos fiançailles et ma grossesse à sa mère qui le travaille à ce point? J'ai dû mal à y croire. À moins qu'elle me voue une haine viscérale... La sonnerie de mon cellulaire m'a tirée de ma rêverie. Je cours pour décrocher : sans doute Pierre qui veut savoir si je désire autre chose que des croissants. Je crois défaillir quand je lis le nom qui s'affiche. Maman Inès, la mère de Pierre. J'hésite à décrocher, mais la curiosité l'emporte sur l'appréhension.
-Allo maman!
-Anna-Belle! Ouvre tes oreilles et écoute-moi bien! Je suis une maman! Je suis la maman de Pierre! Tu comprends?
Je ne comprenais pas l'origine de cette agression.
-Oui maman! Mais...
-Ta gueule! Tu m'écoutes! Je ne sais pas ce que toi et l'impoli de fils que j'ai vous trafiquez là-bas. Votre jeu a assez duré. Vous allez m'arrêter ça! Il est plus que temps que Pierre revienne auprès de sa femme!
-Sa... femme?
-Oui madame! Sa femme! Comme tu t'es arrangée pour qu'elle n'ait jamais ses papiers, renvoie-moi mon fils. C'est mon premier et unique avertissement!
BIP! BIP! BIP!
Elle avait raccroché la ligne. Je tremblais de honte, de colère, et disons... Je me sentais coupable. Dans quelle histoire j'avais fourré mon nez? Comment Pierre peut-il m'avoir exposée à... ça? Mon monde s'écroule. Pincez-moi je rêve. Sa femme?
Quelle sorte de chien est-ce ce Pierre? Sans doute un bâtard! Et moi j'étais sa chienne!