Nous avons quitté l'hôtel sur les coups de 11 heures. J'ai bien évidemment pris la peine de faire l'éloge d'Audrey-Anne auprès du responsable présent à ce moment. Je lui ai également laissé une enveloppe dans laquelle je lui confirmais ma grossesse, avec un généreux pourboire : elle l'a largement mérité. Je n'arrive plus à détacher mes yeux de Pierre, mon Pierre. Un jour prochain, je serais Mme Mensah! Son épouse! Maman va enfin arrêter de s'inquiéter. Quand je repense à tout le chemin parcouru depuis le Cameroun jusqu'ici, je me dis que je suis une véritable miraculée.
J'ai obtenu mon baccalauréat avec une moyenne à peine acceptable aux yeux de mon père. Il faut dire que je n'ai pas toujours été aussi brillante qu'à l'université. J'ai toujours été consciente de mes capacités intellectuelles et cognitives, mais j'étais bien trop frustrée au collège pour laisser éclater mon potentiel. J'étais ce qu'on appelle communément un laideron. J'étais grosse comme un ballon de volleyball. Je faisais de l'acné sévère, je portais un appareil dentaire et pour couronner le tout, j'avais un problème de sudation. J'étais systématiquement le souffre-douleur de ma classe : garçons comme filles ne me faisaient aucun cadeau. Alors, tant que je pouvais passer inaperçu, rester sous les radars, je le faisais. Vous imaginez si j'avais eu des tableaux d'honneur ou autres récompenses, et que devant le collège entier, il me faille monter sur l'estrade pour les recevoir? J'étais déjà la victime parfaite pour mes camarades de classe, je n'avais aucune envie de devenir celle de tous les autres.
Il y avait une bande de filles populaires, un peu plus âgées, qui prenaient un malin plaisir à « coter » les filles. Elles s'asseyaient proches du terrain de basket, lieu de rencontre par excellence des adonis du collège. Elles donnaient des notes sur 10 à toutes filles qui osaient s'aventurer par là. Moi, je me cachais toujours derrière la salle d'eau : lieu de rassemblement de tous les loosers de l'école. Un malheureux jour, j'ai fait une indigestion et je suis sortie de ma cachette en courant pour atteindre les toilettes. Sur mon passage, j'ai bousculé l'une d'entre elles. Comme mon envie était pressante, je ne me suis pas arrêtée pour présenter mes plus plates excuses à sa majesté la reine : erreur fatale! Il aurait mieux valu que je défèque, là! Dans mes culottes! La honte du moment n'aurait sans doute pas été aussi terrible que les représailles de ce malheureux incident : elles ont fait de ma vie un enfer.
J'avais le béguin pour un garçon fort séduisant de terminale qui était un ami à elle. Je me suis confiée à ma voisine de banc, qui à son tour s'est confiée à un tel et ainsi de suite. Les divas du collège ont fini par l'apprendre : toute information pertinente servant à m'humilier représentait du pain béni pour elles. Savez-vous ce qu'elles ont fait? Une d'entre elles m'a approché : Stéphanie! Elle m'a parue particulièrement gentille et je me suis laissée avoir, bien que méfiante au départ! Elle m'a expliquée qu'elle savait que j'en pinçais pour Bastien. Elle m'a dit que lui aussi m'avait remarquée. Bien évidemment je ne l'ai pas crue sur le coup. Mais ça, elle l'avait prévu. Alors elle s'est mise à m'expliquer qu'en fait, la seule chose qui le retenait c'était mon attitude renfermée. Elle a soulevé le fait que j'étais tout le temps cachée derrière la salle d'eau. Elle m'a dit qu'il ne savait pas vraiment comment m'approcher, ni ce qu'il pourrait me dire pour m'intéresser. Elle m'a suggérée de me montrer plus souvent, et de choisir d'autres personnes avec qui me tenir : en gros, je devais quitter le camp des loosers pour « entrer dans la lumière ». Ce que j'ai fait. Bastien n'a évidemment pas arrêté de ne pas me voir, mais le reste du collège lui, a commencé à me voir! Aujourd'hui encore, quand j'y pense, j'ai dû mal à croire que j'étais aussi crédule. La réalité était bien différente : elles s'étaient arrangées pour liguer la quasi-totalité des élèves contre moi. Trop populaires pour qu'on leur résiste, la masse avait cédé. Je n'ai compris le stratagème qu'une longue semaine plus tard... trop tard! Et quand elles ont réalisé que la lumière avait fini par s'allumer dans mon ciboulot, la même Stéphanie est revenue vers moi, à la cantine –pour s'assurer d'avoir le plus de public disponible- et m'a dit sans détour : « Non mais tu pensais sincèrement que tu pouvais lui plaire? Regarde-toi dans un miroir! Pff Tu es un thon et lui il est allergique au poisson ». Les autres se tenaient en retrait mais suivait très attentivement la scène. Quand Stéphanie a fini sa tirade, en cœur, elles ont éclaté de rires. Je n'ai jamais eu aussi honte de ma vie. Je me sentais aussi important qu'une crotte de vache! Et encore, je suis conservatrice... Je n'étais qu'en 3ème et déjà, je comptais les années qui me séparaient de la terminale et de mon baccalauréat. Paradoxalement à mon envie irrépressible de quitter le collège, je n'arrivais pas à étudier davantage. Quand elles ont quitté le collège, deux ans plus tard, j'ai connu un peu de répit. Malgré tout, ma réputation de victime, laideron, thon, sac de pommes de terre, couscous, et j'en passe m'a collée à la peau jusqu'en terminale.
Au final, j'ai eu mon baccalauréat et mon père a choisi de m'envoyer continuer mes études au Canada. Il disait : « Elle ira rester avec les grosses gens comme elle. Si elle parlait anglais, j'allais l'envoyer aux États-Unis une fois! ». J'étais habituée à ce genre de remarque. Je n'y faisais plus attention. Mon père disait souvent que si bébé je ne lui avais pas ressemblé, il aurait douté de sa paternité tant je suis différente de lui : en effet, c'était un homme svelte! Ma petite sœur avait tout pris de lui! Moi en grandissant, j'avais changé. Tout comme ma vie à mon arrivée à Montréal.
Cette ville a changé ma vie du tout au tout! Je me suis jetée corps et âme dans mes études et dans le sport! Au bout de trois ans, j'avais obtenu mon bachelor, réglé mes problèmes d'acné, de sudation excessive et surtout, j'étais mince! Je n'avais jamais revu mon père depuis mon départ. Il faut dire que je limitais au maximum nos contacts. Il avait l'art et le talent de me gâcher l'humeur. Alors quand il m'a dit qu'il viendrait pour assister à ma graduation, pour « vérifier » si j'avais vraiment réussi, j'ai vu là une occasion de lui rabattre le clapet. Le jour de son arrivée au Canada, j'ai pris la peine de me coiffer, me maquiller et de me vêtir plus que convenablement pour aller le chercher à l'aéroport. Quand je l'ai vu marcher la sortie, j'ai su que je vivrais un moment inoubliable. Il est sorti de la zone internationale, s'est arrêté et s'est mis à me chercher dans la foule. Je le voyais s'impatienter : il pensait sûrement que j'étais en retard. Nos regards se sont croisés et il ne m'a pas reconnu. Il a continué à balayer la foule du regard et brusquement, il a tourné la tête pour me regarder à nouveau. Il m'avait enfin reconnue. Il était saisi de stupeur. Je suis donc allée vers lui, pour lui confirmer ce qu'il soupçonnait mais refusait visiblement d'accepter. Plus je m'avançais, plus je voyais l'incrédulité se dessiner sur son visage : on aurait dit qu'un énorme « IMPOSSIBLE » était tatoué sur sa face! Il n'en était qu'à sa première surprise. J'avais aussi décroché la médaille du gouverneur général pour l'excellence de mes résultats académiques, mais ça il l'apprendra plus tard, lors de la cérémonie elle-même. Dès cet instant, je suis devenue sûre de moi. J'ai commencé à fréquenter des garçons, mais jamais mes relations ne duraient. Alors, je m'investissais davantage dans ce qui marchait, ma carrière. J'avais eu la chance de décrocher un emploi dans une institution financière et j'ai commencé à gravir les échelons. Parallèlement, je continuais mes études. Des diplômes et des accréditations professionnelles j'en ai accumulé plus que nécessaire. Je passais beaucoup de temps dans des séminaires de perfectionnement professionnel. C'est d'ailleurs à l'occasion de l'un d'eux que j'ai rencontré Pierre. Je me souviens qu'il s'agissait d'un séminaire en finance sur les produits dérivés : on peut dire qu'on a pas mal dérivé depuis lors! Haha!
Je l'avais tout de suite remarqué : je trouvais ses interventions brillantes! J'ai tout de suite vu que Pierre est comme moi : il aime la performance, l'excellence. Il m'a fait la cour, comme la moitié des individus de sexe masculin présents. J'avais pris l'habitude de me faire courtiser lors de ce genre de colloques. J'étais séduisante : j'avais l'air de la secrétaire alors que je faisais partie, la plupart du temps, des intervenants. Je les intriguais, j'étais un bel oiseau à capturer, une bête à chasser. Pendant la phase de questions, les hommes –majoritaires dans l'assistance le plus souvent- n'hésitaient pas à me poser des questions plus complexes les unes que les autres. Elles étaient quelques fois hors propos, simplement pour valider qu'au final je n'étais qu'une « femme »! Mais à leur grande surprise, je répondais parfaitement et clairement. Plus jamais je ne voulais courber l'échine, ou encore me laisser humilier pour quelques raisons que ce soient. Pierre lui n'a pas été désarçonné par ma froideur lorsqu'il m'a abordée : ça m'a plu. Au début entre nous, ce n'était qu'une histoire de sexe... pour moi tout au moins. Mais avec le temps, je me suis attachée et nous sommes restés ensemble. Il venait de la France et avait dû reprendre des études universitaires pour obtenir un diplôme canadien : raison pour laquelle il était encore aux études! Grâce à son expérience professionnelle antérieure, ses excellents résultats académiques et son titre professionnel de CFA, il a rapidement trouvé un emploi. Et la suite vous la connaissez... À force de repenser à tout ça, je n'ai pas dormi durant tout le trajet. Je suis trop excitée par tout ça. Avouez que c'est une belle histoire : le thon s'est transformé en sirène!
À notre arrivée, Pierre est allé dans la chambre s'étendre : le voyage l'avait fatigué. Pendant ce temps, j'ai appelé ma mère.
DRING! DRING! DRING!
-Allo!
-Maman!!!!!
-Oui Anna-Belle! Pourquoi tu cries?
-Maman, Pierre m'a demandée en mariage! Tu vois? Je t'avais dit de ne pas t'en faire!
-C'est vrai ma fille?
-Oui maman! Attends je fais une photo de la bague je te l'envoie par mail.
-Oh! Que Dieu soit loué! Tu ne vas plus vivre dans le péché.
Vraiment maman et ses convenances du siècle passé! Même si vivre avec Pierre avant le mariage n'était pas mon premier choix, je n'ai jamais vu ça comme un « péché ». La Bible a été écrite il y a trop longtemps pour s'y référer de nos jours! Quel mal y a-t-il pour deux adultes consentants de partager leurs vies sans contracter d'union légale?
-Maman!!!!
-Quoi? Est-ce que je mens? Vous les jeunes vous vivez comme si vous avez réinventé le monde! Comme tu as mis Dieu dans une boîte là, ne t'en fais pas Il va y rester. Mais c'est toi qui perds! Fais confiance à mes vieux jours!
-Maman ce n'est pas le sujet qui nous occupe...
-Ok... Mais je suis très heureuse pour toi ma fille. Vous avez déjà planifié les choses?
-Non c'est tout nouveau. Tu es la première au courant.
-D'accord! Mais parlez vite hein! Tu n'es plus toute jeune!
-Tu as raison maman! Aussi...
-Oui quoi?
Je voulais lui parler de la grossesse mais ce serait une décision inconsidérée et le résultat d'une mauvaise évaluation de la situation. Le risque que Pierre m'entende est trop élevé. L'annonce de ma grossesse attendra.
-Non rien maman! Je dois te laisser. Embrasse papa de ma part.
-D'accord.
Nous avons raccroché et je suis allée rejoindre Pierre dans la chambre. Il s'était allongé pour se reposer. Je me suis couchée à côté de lui pour lui parler. J'espérais qu'il me dise comment il envisage le déroulement de nos noces, mais il m'a prise de court.
-Anna-Belle je voudrais te demander quelque chose
-Oui je t'écoute.
-Pour le moment, je ne voudrais pas en parler à ma famille. Tu sais que les rapports entre toi et eux sont tendus. Je voudrais prendre le temps d'amener ça doucement.
Je me suis redressée pour mieux l'écouter.
-Attends je ne comprends pas. De quoi as-tu peur?
-Je n'ai pas peur! Voyons! Je veux simplement que les choses se passent de la meilleure des façons entre nous. Et c'est la façon de nous donner le plus de chances.
-Le plus de chances? J'avoue que là je suis larguée. J'ai du mal à te suivre Pierre.
-Qu'est-ce que tu ne comprends pas?
Je le sens s'impatienter. Ça tombe bien, il n'est pas le seul à perdre patience.
-Je ne comprends pas que tu me demandes ma main et qu'ensuite tu attendes l'accord de tes parents. Si tu avais besoin de leur permission, il fallait l'obtenir avant de me demander ma main!
-Tu prends toujours tout de travers.
-Très bien. Explique-moi que je comprenne bien la situation!
Il s'est aussi redressé
-Pour venir demander ta main au Cameroun je dois bien être accompagné de mes parents! Non? Alors laisse-moi-leur présenter les choses pour que ça puisse se faire.
-Je te le concède. Mais j'ai toutefois une question si tu permets.
- Vas-y
-Et s'ils refusent? Que vas-tu faire?
-Nous n'en sommes pas là! Tu sais? Tu n'es pas obligée de tout voir en termes de scénario optimiste et scénario pessimiste! Quelques fois, il faut que tu laisses la gestion de risque au travail. Ça me ferait des vacances.
-Pierre ne commence pas à être condescendant. Tu me demandes de t'épouser en me disant que je suis la bonne et que tu en es sûre mais tu ne précises pas que c'est conditionnel à l'approbation de tes parents. Dois-je vraiment te rappeler que ta mère n'est pas capable de me voir en photos? Tu t'attends à quoi? Qu'elle accueille la nouvelle de nos fiançailles comment? Tu crois qu'elle va t'applaudir? M'accepter?
-MAIS QUE VEUX-TU QUE JE FASSE?
-Que tu prennes tes responsabilités Pierre. Que tu lui dises que tu m'as choisie, MOI et pas une autre. Que tu lui dises que ton bonheur se bâtira avec moi!
Les larmes me montent et je n'ai aucune envie de les retenir.
-Anna-Belle, mes parents ne sont pas les tiens! OK? Il y a une façon de faire les choses chez nous!
-Pierre ce n'est pas une question de béninois ou de camerounais. Quand un homme, qui plus est de ton âge, demande une femme en mariage il n'attend plus l'aval de ses parents. Et moi? Pierre as-tu pensé à moi? À notre bébé?
Non, je confirme que ce n'est pas un lapsus. Je pense que c'est le moment idéal de lui en parler. En réalisant qu'il va être papa, il comprendra qu'il est temps de sortir des jupes de maman! Pour le moment il a plus l'air d'un petit garçon en culottes qui se pètent les bretelles!
-Notre... bébé?
Je n'arrive pas à déceler ce que le ton de sa voix exprime, mis à part la surprise évidemment!
-Oui Pierre! NOTRE bébé!
En disant ces mots, j'ai ouvert les vannes de mes yeux et les larmes ont déferlé sur mon visage. Pierre lui s'est levé. Il semble stressé. Il fait les 100 pas dans la chambre et chuchote des choses à peine audibles dans sa langue. Pierre semble complètement désorienté. Je m'attendais à ce qu'il soit surpris, mais là il y autre chose. Je choisis de garder le silence, et de l'observer. Il finit par s'arrêter et se retourne brusquement vers moi.
-Tu n'es pas censée prendre la pilule ou un truc pour empêcher ce genre d'accident?
Non mais je rêve! C'est mon bébé qu'il appelle accident? Je dois garder mon sang froid et ne pas perdre de vue que je suis supposée être moi aussi plus ou moins « gênée » par cette grossesse.
-Si! Et je suis la première surprise! Hier à l'hôtel j'ai fait un malaise, et c'est une des hôtesses qui a évoqué la possibilité d'une éventuelle grossesse. Malgré mon insistance à lui expliquer que ce n'est statistiquement pas plausible, elle a toutefois tenu à m'apporter un test de grossesse. Je l'ai fait juste pour me rassurer. Techniquement il y a 0.3% de chances de concevoir sous la pilule. Je ne pensais pas en faire partie. J'ai 32 ans! Bon sang Pierre! Inutile de te sortir les statistiques sur l'évolution de la fertilité d'une femme en fonction de l'âge! Non?
-Et tu comptais me le dire quand?
-Je voulais aller voir un médecin pour confirmer ou infirmer le résultat avec une prise de sang!
-Il y a quelque chose de pas net dans ton histoire!
-Ah oui?
Je savais qu'il se poserait des questions. C'est bien qu'il le verbalise!
-Anna-Belle es-tu sûre que cet enfant est un accident?
-Je crois que tu perds la boule! Je vais ignorer cette remarque et m'allonger. Pendant ce temps tu vas sortir prendre de l'air et ne reviens pas tant que tu n'as pas les idées claires. Après, je te ferais la faveur de ne pas tenir compte de ce moment d'égarement de ta part.
-Non Anna-Belle! Je n'irais nulle part! Tu vas répondre à ma question.
-Ok je vais y répondre. Je t'ai piégé! Voilà! Tu te sens comment maintenant?
-Ne joue pas avec moi Anna-Belle! Réponds!
-Qu'est-ce que ça change dis-moi? C'est moins ton enfant? Pierre je ne te comprends pas. Je ne te comprends vraiment pas. Pourquoi je mettrais ma vie entre parenthèses sans aucun engagement de ta part. Si encore j'étais tombée enceinte deux mois plus tard après ta demande en mariage, j'aurais compris que tu me soupçonnes. Mais là? Dans la situation actuelle! Regarde ta réaction! Fiancés tu réagis comme si j'avais commis un meurtre...
-Merde!
-Merde? MERDE?
Là la colère est montée.
-Anna...
-MAINTENANT TU VAS M'ÉCOUTER! S'il s'avère que je suis enceinte et que tu ne te sens pas prêt pour avoir un enfant je l'élèverais sans toi. Je n'ai pas 18 ans pour courir pleurer dans les jupes de ma maman. J'ai un travail et les moyens d'assumer cet enfant seule. Alors n'y vois aucune pression de ma part. D'ailleurs tiens!
J'ai enlevé ma bague et je la lui ai tendue. Il est resté immobile un moment, puis s'est avancé vers moi. Il a pris la bague et l'a remise sur mon doigt.
-Je te demande pardon. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis vraiment con parfois. On va gérer! Ok?
Il a voulu me prendre dans ses bras mais je me suis échappée de son étreinte.
-Pierre écoute j'ai besoin d'être un peu seule.
Il m'a regardée un moment avant d'ajouter.
-Je comprends. Je vais faire un tour et je reviens.
Il m'a donnée un bisou sur le front et est sorti. Je me suis assise. Il faut que j'intègre tout ce que nous venons de nous dire. Il faut que je lise entre les lignes. Je comprends que Pierre n'est pas prêt à m'imposer à sa famille. Et l'enfant? Il semble l'avoir accepté mais jusqu'à quel point? Nous verrons bien. Avant d'alerter la planète au complet, je vais faire ma prise de sang et ensuite nous aviserons.
Quelques heures plus tard, Pierre est rentré. Il m'a rapportée des macarons. Sans doute pour se faire pardonner. Il m'a rejointe sur le sofa et a posé les macarons sur la table.
-Anna-Belle, j'ai bien réfléchi.
-S'il-te-plaît... pas ce soir!
Il ne faut pas que je lui donne le sentiment d'être pendue à ses lèvres, me languissant après un mot favorable à mon endroit.
-Non s'il-te-plaît. C'est très important ce que j'ai à te dire.
Il a pris la télécommande et a éteint la télévision. Il s'est ensuite accroupi devant moi. Bien sûr, je faisais celle qui n'en avait rien à faire. Mais Dieu Seul à cet instant sait combien je trépigne d'impatience.
-Bébé je t'en prie écoute moi, me dit-il
Je lui ai fait signe de la tête pour lui signifier mon accord.
-Bébé, j'ai bien réfléchi. Tu as raison. Je te veux, toi, et personne d'autre. Je vais m'occuper de mes parents. Tu n'as aucune inquiétude à avoir.
Il a ensuite posé la main sur mon ventre avant de continuer.
-Ce bébé nous allons l'élever ensemble en parents responsables.
-Pierre... Es-tu sûr de toi? Je ne veux pas compter sur toi et être déçue ensuite. Je préfère que les choses soient claires entre nous.
En guise de réponse, j'ai reçu un baiser. Mais ce n'est pas la réponse que j'attends.
-Pierre je veux t'entendre le dire
-Je te le promets.
-Qu'est-ce-que tu me promets exactement? J'ai du mal à comprendre.
-Anna-Belle Nzali, je te promets que toi, moi et notre enfant nous formerons une famille, dans tous les sens du terme! Satisfaite?
Si je suis satisfaite? Pas qu'un peu!