/0/12110/coverbig.jpg?v=20230419112952)
Romaric, notre professeur de français était un homme de taille moyenne et d'un teint pas si clair comme le mien. Romaric était le professeur que j'adorais beaucoup parce qu'il était trop gentil avec nous.
Les cours avaient commencé et avaient pris fin deux heures plus tard. À la fin des cours de dix-sept heures, je sortis de la classe toute seule parce que je ne comprenais pas la raison pour laquelle lorsque Vanessa, en voulant rentrer à la maison ce soir-là, était partie sans m'attendre comme d'habitude. Son comportement m'intrigua et je m'étais mise à me poser des questions sans réponses.
En fait, je me demandais si c'était le simple palabre de tout à l'heure qui avait fait appel à ce comportement affreux de ma camarade ou non ? Je fis mine à ses comportements qui me paraissaient pour la toute première fois étranges.
À la sortie des classes, je fus une fois encore surprise de voir Bruno debout à côté de ma salle de classe.
– Et que cherches-tu encore là, Bruno ? lui demandai-je, désespérée.
– Je voudrais te tenir compagnie en chemin, me répondit-il.
– Cela me plaît bien mais j'ai peur de mon daron.
– De ton père ?
– Si ! Je ne veux plus qu'il vienne me surprendre avec toi une seconde fois.
– D'accord ! Je te comprends ! Mais s'il te plaît Grâce, pour l'amour de Dieu, accepte mes avances sinon je pourrais gravement tomber malade cette nuit.
– Comment peux-tu tomber malade cette nuit ? Arrête de jouer à la comédie s'il te plaît.
– Tu ne me croiras pas ! À cause de toi, je n'ai pas pu suivre les cours de la soirée parce que je ne me sentais pas bien.
– Bruno, que veux-tu au juste, dis-moi ?
– La grâce de ton cœur ! Grâce, je t'aime et je voudrais m'engager dans cette relation qui m'est très intime ! Ton cœur m'appartient et jamais je ne permettrai à personne de me l'accaparer.
– Tu aimes trop me faire rire, Bruno. Et si je te disais que j'ai déjà un petit copain, que diras-tu ?
– Je sais que tu n'en as pas encore et que tu ne pourrais jamais en avoir !
– Jamais ? Ne suis-je pas assez belle pour être draguée par des milliers d'hommes ?
– Si, mais je...je...
– Je quoi ?
– Rien, mais je sais que tu es ma destinée.
– Ta destinée ?
– S'il te plaît Grâce, pour l'amour de Dieu, dis quelque chose sinon ça ne va pas.
– Est-ce ce que je dirai qui te guérira de tes maux ? lui demandai-je en pouffant de rire.
– Oui, chérie, me répondit-il l'air serein.
– D'accord, je te donnerai mon accord mais à conditions !
– À conditions ? me demanda-t-il, surpris.
– Oui, renchéris-je.
– Ok, lesquelles ?
– Promets-moi d'abord que non seulement tu les tiendras mais aussi que tu les appliqueras.
Un grand silence s'empara des lieux. Mon interlocuteur, comme si ma phrase lui pesait le cœur, me considéra longuement avant de dire timidement :
– Oui, je promets.
Je le regardai un moment et...
– Bien, comme première condition, quand nous allons démarrer cette relation, tu devras me laisser apprendre mes cours. Deuxièmement, tu ne dois plus dorénavant venir t'arrêter devant ma classe. Troisièmement, on ne doit pas cheminer ensemble dans les rues. Quatrièmement, tu ne dois pas publier à tes copains que toi et moi menions une relation amoureuse. Cinquième condition, tu ne dois pas m'envoyer des lettres. Sixième principe, tu ne dois pas me perturber sur un ou des sujets inutiles. Septièmement, tu ne dois pas me surveiller de près. Huitième condition, tu ne dois pas me contrôler les pas. Et la dernière condition, tu ne dois pas me seconder après notre mariage. Et voilà, c'est tout !
Bruno baissa la tête et regretta de m'avoir fait la drague.
– D'accord, j'ai bien écouté tes protocoles. Il n'y a pas de souci ! Je ferai tout possible pour les mettre en pratique.
– Comme ça, si tu y tiendras, je crois que nous serons toujours heureux.
Ce jour-là, Bruno et moi marchâmes ensemble du petit manguier qui était témoin de nos dialogues jusqu'à la devanture du portail de l'école. Pour éviter un nouveau scandale, je demandai gentiment à mon gars de rentrer calmement chez lui.
Bruno accepta l'air attristé. Je comprenais sa peine. J'imaginais combien il avait envie de me tenir compagnie mais je n'avais pas le choix. J'avais peur de ma grande sœur et aussi de ma maman parce que papa serait déjà à son service.
Bruno ne se contraria point à mon ordre. Il partit puis je me jetai moi aussi au pavé.
Au bout de quelques minutes, j'arrivai à la maison. Une fois la pièce affranchie, je fus surprise de la réaction de ma mère qui me fixa d'un regard noir.
Pendant que je montais les escaliers pour regagner ma chambre après l'avoir saluée, ma mère me rattrapa de sa voix.
– Grâce, reviens ici ! m'ordonna-t-elle, l'air rouge.
Je me retournai et l'approchai.
– Quelle heure fait-il ?
Je baissai la tête sans broncher mot.
– N'est-ce pas à toi que je m'adresse ? reprit-elle de plus belle, très énervée.
Une fois de plus, je rebaissai la tête sans dire mot.
– Depuis quand il t'a été permis de revenir tardivement à la maison ?
Je gardai ma bouche bée.
– Et d'ailleurs, qui était ce Bruno avec qui tu étais debout à l'école en train de parler ?
Mon cœur s'explosa dans ma poitrine. Comment était-elle arrivée à savoir que j'étais restée debout avec un homme ? Comment était-elle arrivée à connaître avec précision cet homme en question ? Avait-elle mis des surveillants à ma portée ? Avait-elle mis des caméras cachées pour me surveiller ? Des interrogations me hantaient l'esprit.
Je soulevai la tête pour lui exprimer ma désolation mais bouf ! Mes deux joues reçurent deux claques successivement.
Je fus aussitôt déséquilibrée et tombai par terre. Ma mère m'ordonna de me mettre à genoux et alla dans sa chambre chercher sa ceinture.
– Allez, enlève tous tes vêtements, me consigna-t-elle.
J'obtempérai. Ma daronne se jeta sur moi et commença à m'agripper des coups de cravache. Elle me ligota pendant un bon moment.
Ce lundi, jamais je ne l'oublierai. Elle me corrigea bien et me priva de mon repas du soir. Tout mon corps était cicatrisé. Au cours de la correction, un petit fer qui était au bout de la ceinture m'atteignit le front et y laissa une cicatrice. Me frappant très fort, je reçus un coup violent sur mon sein gauche et celui-ci commença à saigner et à me faire très mal. Malgré ce sang qui avait taché ma tenue kaki, ma mère ne me lâcha pas prise. Je hurlais et lui demandais pardon mais ouf ! Je criais de sorte que quelqu'un pût venir à mon secours mais personne n'était venu.
Après m'avoir bien frappée, au lieu de me laisser, ma mère me pinça encore les oreilles comme si elle n'était pas encore bien satisfaite de mes pleurs. Sa pincée fit apparaître quelques gouttes de sang sur mes deux oreilles.
Le lendemain matin, je ne pus guère me frotter correctement le corps car, j'avais des blessures un peu partout. Certes, je fis quand même l'effort de faire mes toilettes parce que je suis femme et les ablutions me sont très indispensables.
Quelques instants après, je finis mes toilettes. Je retournai dans ma chambre et m'habillai. À la fin, je me dirigeai dans la chambre de ma mère. Ma sœur était déjà allée au cours. Papa, quant à lui, était parti au boulot à la première heure.
– Bonjour maman, la saluai-je. Je m'en vais déjà.
– Où ? me demanda-t-elle l'air encore rouge.
Je croyais que ma mère, après m'avoir appliquée sa correction la nuit dernière, aurait oublié ma bêtise du jour dernier mais je fus surprise de sa réaction.
– Je vais à l'école, maman.
– Et où est le problème ? me gronda-t-elle.
– Je n'ai pas encore pris mon petit déjeuner...
– Il faut la fermer, me coupa-t-elle. Va voir Bruno et dis-lui de te le donner, imbécile.
Je ressortis de la chambre de ma mère avec des larmes aux yeux. Même dans la rue, je pleurais. J'avais gardé les larmes jusqu'à l'école. À mon arrivée en classe, je voulus vomir ma colère sur Vanessa parce qu'à mon avis, elle ne serait qu'à être la seule à pouvoir aller me signaler à ma mère.
Or, je connaissais bien Vanessa. Elle n'est pas de ce genre. Elle garde secret et beaucoup de personnes lui faisaient confiance. Mais l'homme est capable de changer à tout moment.
– Pourquoi tu pleures ? me demanda-t-elle.
– Je pleure pour ce que tu m'as créé.
Paniquée, elle me répondit :
– Que t'ai-je encore créé ? M'es-tu encore revenue ce matin ? me demanda-t-elle, visage trempé d'une grande tristesse.
– Et alors ?
Tout à coup, ma copine et moi nous mîmes à nous engueuler. À mon intention, elle était responsable de la réaction de ma mère or c'était faux. Je l'injuriais et elle aussi, elle ne me laissait pas passer ; elle en faisait de même.
Soudain, notre professeur des sciences de la vie et de la terre pénétra dans la pièce et au lieu de nous taire, nous continuâmes les disputes. Fâché, le professeur nous fit sortir de la salle.
– Allez-voir le surveillant, nous ordonna-t-il.
Ma copine et moi sortîmes de la classe. Nous nous dirigeâmes vers l'administration. Une fois chez le surveillant, nous nous exprimâmes chacune. À la fin de nos aveux, le surveillant nous dit :
– Allez m'appeler vos parents, vous me fatiguez dans cette école.
Un grand frisson m'enveloppa. Je me demandais si c'était un rêve ou une réalité.
En fait, c'était la première fois où je ne croyais pas à mes sens. Je commençai par me frotter les yeux pensant que je me réveillerais d'un sommeil or, je me trompais. Après une bonne minute de frottement, je me rendis compte que je faisais face à une vraie et pure réalité.
« Que dirai-je à mes parents ? » commençai-je par me demander. Leur dirai-je que j'ai été suspendue des cours ? Si oui, alors pour quelles raisons ? Leur dirai-je que je m'étais mise à me disputer avec une copine de classe ? S'il en est ainsi, à propos de quoi ?
Des larmes commencèrent à me couler à nouveau. Je pleurais et pleurais.
Soudain, mon professeur des mathématiques sortit de la salle des profs et m'aperçut en larmes. Il m'interpella.