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Je fus une fois encore surprise car, c'était aussi pour la première fois que j'entendais quelqu'un me parler de cette expression de « je t'aime ».
Aussitôt, me parvinrent à l'esprit les conseils que m'avait légués ma mère tout à l'heure quand je venais à l'école ! Ensuite, vinrent ses menaces. Je me souvins aussi de mon père. Je me rappelai de sa manière de frapper et je murmurai à mon interlocuteur, déçue :
– Mon cher, je suis encore gamine. Je suis très jeune et vous savez, ces histoires de ''je t'aime'' me font beaucoup peur parce que mes parents sont très sévères et très rigoureux.
– N'aie pas peur s'il te plaît. Au fait, Grâce, sans te mentir, tu es celle que désire mon cœur.
Je fus frappée par une frayeur. Je me demandai comment ce diable avait pu faire pour connaître mon prénom. Ahurie, je lui demandai respectueusement celui qui lui aurait dit mon prénom.
– Quand on aime quelqu'un, on fait tout pour connaître tout de lui. S'il te plaît, ne me déçois pas et ne me rejette pas non plus, je t'en prie.
Je baissai la tête et ne sus quoi répondre. J'eus l'envie de lui dire « oui » et attendre les conséquences parce qu'il avait un beau visage et une belle taille. Il était aussi tout mignon. Sa corpulence rimait bien à sa beauté. Il était extrêmement beau et très jovial.
– Et comment on t'appelle, toi ? lui demandai-je après quelques secondes de silence.
– Bruno, me répondit-il.
Après quelques secondes de silence, je lui répondis :
– Il me plaît bien de hisser avec toi ce lien que tu désires mais tu vas devoir me laisser fermer tout d'abord mes dix-huit ans.
– Nous pouvons commencer petit à petit en attendant que tu fermes tes dix-huit ans !
– S'il te plaît Bruno, je ne veux pas avoir de problèmes avec mes parents sinon, je serai foutue toute ma vie.
– Je ferai tout pour t'épargner des vices.
– Je manque de compréhension.
– Je disais qu'on allait mener la relation si tu acceptais mais de façon clandestine.
– D'accord, laisse-moi réfléchir cependant !
– Et quand me donneras-tu ta réponse ?
– Peut-être dans deux semaines.
– Deux semaines ? C'est déjà trop s'il te plaît.
– Si tu veux vraiment d'une réponse rassurante, mieux vaut m'accorder le temps que je t'ai demandé, m'écriai-je.
Dépassé par mes agissements, mon compagnon retint sa voix. Il baissa ensuite la tête.
Tout à coup, la sirène retentit avertissant l'heure du démarrage des cours de la soirée. Tous les élèves commencèrent à regagner leurs classes respectives. Ma copine Vanessa était en classe et par les claustras, observait Bruno et moi sans que je ne m'y rendisse compte.
À peine entrée dans la classe, ce fut ma copine qui me parla en premier.
– Je comprends enfin combien nos sages avaient raison de leur adage.
– De quel adage parles-tu, lui questionnai-je, essoufflée.
– Oui, c'est sur les yeux des humains que la chèvre broute l'herbe. Mais arrivée dans les champs, elle mange plutôt le bois.
– Et qu'en est-il de la signification ?
– Grâce, n'était-ce pas toi qui jouais à l'hypocrite tout à l'heure quand on rentrait à la maison ?
– Sois plus claire et explicite, lui dis-je, harassée de colère.
– Ne t'enflamme pas s'il te plaît. Je crois que vous vous êtes enfin entendus sur de bonnes bases et que tu lui as déjà donné ce pour quoi il te dérangeait !
– Et quel est ton problème dedans ?
– Je sais bien que rien n'est mon problème dedans. En tout cas, fais gaffe !
– Vanessa, je ne suis pas une gamine et je ne suis pas non plus ton égal, d'accord ? Et dès aujourd'hui, contrôle bien tes langages avant de me les adresser sinon...
– Sinon tu vas me frapper n'est-ce pas ? Excuse-moi de t'avoir mal parlé.
Prise de panique, je gardai silence et me mis à observer ma copine dans son nouvel état de tristesse.
***
Pour ma première fois, assise à ma place, je sentais une grande joie me parcourir les veines. Quelque chose me rendait heureuse. Je sentais quelque chose au fond de moi : un sentiment pur et léger. La déesse Vanessa avait bien visé : j'étais effectivement amoureuse.
Le professeur était enfin là, debout dans la classe, tenant un morceau de craie dans sa main droite, il demandait ce qu'on avait pu voir la séance écoulée. Tous mes camarades levaient leurs petits doigts pendant que moi, je revivais encore l'entretien que je venais d'avoir avec Bruno.