Chapitre 9 Es-tu aussi désespérée que ça

Les deux hommes de même taille se sont froncés les sourcils et Cassandra était placée entre eux.

L'atmosphère dans le salon est subitement devenue tendue. À tel point que même Horace ne savait plus quoi dire. La jeune dame qui prétendait avoir perdu connaissance dans les bras de Rufus restait inerte, calmement déterminée à continuer son spectacle jusqu'à la dernière minute.

« Oh? ».

Les fines lèvres de Rufus se sont repliées sur forme de demi-sourire bâclé. Ses yeux rayonnaient de nonchalance. Il a répondu à la question de Lionel par un petit sourire.

« Cassandra », a commencé Lionel d'une voix stoïque et dangereuse. « Lève-toi! Tu es dans les bras d'un autre homme juste devant ton mari! N'as-tu pas honte? Es-tu aussi désespérée que ça pour séduire quelqu'un d'autre? ».

Il semblait avoir compris la ruse de Cassandra. Lionel l'a ainsi fixée du regard et d'un geste brutal, il l'a récupérée des bras de Rufus.

Presque au même moment, Rufus a reculé d'un pas avec Cassandra précieusement retenue dans ses bras. Il a fixé Lionel des yeux perçants en le lorgnant de son regard silencieux ce qui l'a rapidement contraint de retirer ses mains, comme s'il avait été lacéré par un couteau.

« Penses-tu qu'elle a délibérément chuté sur les escaliers, parce qu'elle était désespérée? ».

Un regard d'intimidation est apparu sur le visage de Rufus, et il ne faisait aucun doute qu'ils étaient très proches d'une confrontation. Horace avait observé avec prudence l'échange volatil de mots et s'est levé précipitamment. Il a retenu Lionel, qui voulait expressément humilier Cassandra.

« Arrêtez de discuter! Vous feriez mieux de l'emmener à l'hôpital tout de suite! ».

Toujours en regardant Lionel, Rufus s'est dirigé tout droit vers la porte tandis que Cassandra était confortablement allongée dans ses bras. La voiture était déjà dehors et les attendait. Horace a poussé un long soupire avant de les suivre.

La forte odeur de désinfectant a envahi l'hôpital.

Cassandra a lentement ouvert les yeux, regardant autour de la pièce comme si elle était un voleur pris en flagrant délit. Elle avait l'air de chercher quelqu'un.

« Que se passe-t-il? Me cherches-tu? ».

La voix d'un homme résonnait non loin d'elle. La seconde suivante, un visage d'une beauté irrésistible est apparu devant elle, c'était Rufus.

Cassandra a senti son cœur battre très fortement lorsqu'elle s'est rendu compte qu'ils étaient seuls dans la pièce.

Soudain, une phrase lui a traversé l'esprit : il est dangereux qu'un homme et une femme se retrouvent dans la même salle.

« Alors... merci pour... votre... en ce moment », bégayait Cassandra maladroitement, ce qui n'avait aucun sens. Elle a fait l'effort de s'asseoir et s'est appuyé la tête contre le chevet du lit, s'abstenant de regarder Rufus dans les yeux.

« Tu me remercies? À quel sujet? » A-t-il demandé, clignant la paupière et se laissant tomber sur le lit. Puis il a doucement attrapé son menton et l'a rapprochée de lui. Leurs respirations semblaient se mélanger alors que la distance disparaissait entre eux.

Pendant un instant, l'esprit de Cassandra s'est étreinte à cette proximité. Elle a inspiré brusquement et s'est demandé comment cet homme pouvait être aussi grossier et audacieux à la fois. Elle était sa belle-sœur, pour l'amour du ciel!

« Veux-tu me remercier? Tu ne sembles pas être sérieux. »

Rufus n'était pas un homme naïf, alors il l'a dit sans ambages. Il ne s'attendait pas à revoir Cassandra de cette façon, encore moins que cette femme précieuse et séduisante qui s'est révélée être l'épouse de son demi-frère.

Pire encore, sa belle-sœur avait perdu sa virginité avec lui.

Ses épaules étaient secouées par un rire silencieux. C'était déroutant, mais en même temps intrigant. Et cette femme lui a permis de se divertir.

Rufus s'est rapproché et Cassandra a tressailli. Il a tendu la main et posé sa paume de main contre le mur non loin de sa tête. En quelques instants, il l'a mise en cage dans ses bras.

Elle a essayé de jouer l'indifférence tout en faisant l'effort de contrôler sa respiration. Son visage rougissait et son esprit s'est de nouveau libéré. Levant les yeux par inadvertance, elle a rencontré son regard aux yeux brun foncé sur elle.

Les yeux de Cassandra se sont grandement ouverts sous le choc alors qu'il se penchait plus près avec un léger sourire jovial sur ses lèvres. Subitement, elle a repoussé l'homme avec une telle force qu'elle même a été surprise. Il s'est moqué d'elle en silence et a reculé de quelques centimètres.

« Rufus! Arrête! S'il te plaît comporte-toi bien! Je suis ta belle-sœur! ».

Cassandra a resserré ses propres bras pour tenter de se protéger et l'a regardé avec un air de prudence.

Comme il était audacieux! Les membres de la famille Tang pouvaient lui rendre visite incessamment. S'ils avaient été pris en flagrant délit, tous ses efforts jusqu'à présent auraient été vains.

« Oh? Pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais ma belle-sœur au cours de cette nuit romantique? » Il s'est moqué d'elle avec une main caressant curieusement ses lèvres. Il était toujours souriant et il n'y avait aucune trace de colère dans son expression.

Cassandra était complètement sans voix. Elle l'a regardé et s'est sentie choquée par ses paroles. Comment ose-t-il mentionner cette nuit-là? Un sentiment funeste inexplicable l'a envahie. Elle a gardé ses yeux prudents fixés sur l'homme qui déterminerait apparemment son sort.

Elle ne connaissait pas bien Rufus, alors comment pouvait-elle être sûre qu'il lui ferait la faveur de cacher cet épisode à sa famille? Elle ne voulait pas que quiconque sache ce qui s'était passé cette nuit-là.

Si la famille Tang le savait, le malheur tomberait sur sa famille et sa réputation serait complètement tachée.

Il a pensé à sa mère et à quel point ce serait dévastateur pour elle. Non, cela ne pourrait jamais arriver. Elle doit à tout prix cacher ce secret aux Tangs.

Brusquement, un coup sec à la porte lui a fait sortir de ses pensées et Cassandra s'est rapidement couverte de la couette. La porte s'est ouverte et Lionel est entré tout furieux.