Il fait beau ce samedi matin quand je sors de la douche à 7h. Monsieur Julien est déjà debout en train de faire la vaisselle.
« Bonjour maman. », me fait-il quand j'arrive dans la cuisine.
« Bonjour fils. Tu iras chercher ton oncle à l'aéroport ? »
« Oui. Son avion atterri à 8h. Ensuite je vais bosser avec Tito. Et cet après-midi j'ai un match de basket important. »
« Hum ! D'accord. J'attends les petites. Elles viennent passer la journée ici. Je vais rapidement au marché chercher du poisson pour midi. »
Je sors en direction du marché du grand village quand mon téléphone sonne. C'est Orlane au bout du fil.
« Bonjour Bernadette ! Excuse-moi de te déranger si tôt. »
« Pas de souci. Comment vas-tu ? »
« Tout va bien, sauf qu'Angelline est levée depuis près d'une heure et a mis deux robes et deux slips dans son sac de classe en disant qu'elle vient dormir chez toi parce qu'il ne faut pas que tu restes seule. »
« Comment ça, seule ? Julien est là ! Hum ! Questionne là d'abord. Il doit y avoir quelque chose là-dessous. Elle s'est réveillée à 6h ? »
« Oui. Elle est déjà prête, assise au salon avec les clés de la voiture en main, alors que les autres sont encore sous la douche. »
« Bien. Emmène la moins. Je discuterai avec elle. »
« A tout à l'heure alors. »
Je me demande ce que cette petite va me sortir aujourd'hui !
La nuit a té longue avec les copines. Quand on se met à parler des enfants en buvant une bière et en mangeant des brochettes, on ne voit pas le temps passé. Nous étions tranquillement assis en train de raconter nos vieilles vies, du côté du printemps, chez une collègue à moi qui fait des brochettes devant chez elle. Il y avait Georgeline, Mariette, Élisabeth, Alphonse et moi. Le temps était doux. Cela m'a permis d'oublier ce qui m'attend demain.
Quand j'arrive au marché, je tombe nez à nez avec Clémentine, une de mes cousines qui me dit qu'elle sera là avec nous demain, en compagnie de Bebette, la petite sœur de ma mère ainsi que le grand-oncle Oguerra. Là, la pression monte d'un coup. Moi qui ai toujours réussi à éloigner le mauvais œil, les querelles et les jalousies, je suis servie ! Cette histoire avec les enfants de Samuel va me coller au dos.
C'est la mère de Gaëlle que je percute sans m'en rendre compte, parce que j'ai la tête dans les nuages.
« Ah ma belle, intchango sè ? »
« Oh, lèkisa ! Méré dèwé ! »
Là, elle me regarde et ses traits tirés me font dire que vraiment, la nuit a été courte.
« Raconte. Rien de grave j'espère ! »
« Je venais chez toi. Je me suis juste arrêter pour prendre un peu de poissons fumé. »
« Oh ! On fait bien de se rencontrer, alors ! J'espère qu'il n'y a pas de souci avec les enfants. »
« Non, non, non, Bernadette. Les enfants n'ont rien. C'est de toi dont il s'agit. Il se passe quelque chose. Je veux dire, il y a quelque chose qui se prépare ! »
Les bras m'en tombent !
Nous faisons le marché tranquillement, puis rentrons en taxi à chez moi. Arrivées là, je vais déposer le poisson dans la cuisine et ramène une bouteille d'orangina, à mon invité qui ne boit pas d'alcool.
« Alors ! Qu'est ce qui se passe ? », dis-je préoccupée.
Là, sans détour elle me raconte ses prémonitions et me lâche tout de go :
« Les enfants de Samuel ont des problèmes, ah Bernadette. Tu m'as bien dit qu'ils ont grandi au Canada, non ? »
« Oui. Ils y sont nés tous les 4. C'est ensuite que les parents sont revenus vivre à Port-Gentil. Pourquoi ? »
« Je ne sais pas, mais il va se passer quelque chose ! Si j'étais toi, je n'irai pas à cette convocation demain. »
« Je ne peux pas ne pas y aller. Tu le sais très bien. Les gens penseront que j'ai quelque chose à cacher et à me reprocher. »
« N'y va pas. Cela les contraindra à renvoyer la convocation à un autre jour. Demain n'est pas bon. »
Elle reste là en silence et me regarde longuement. Puis, au bout de très longues minutes, elle me demande :
« Comment va Samuel ? Tu as des nouvelles ? »
« J'ai appelé une de ses sœurs. Comme il a été évacué sur Libreville, je n'ai pas pu le voir. Son état est critique. »
Elle continue de me regarder sans rien dire. Son regard est tellement profond et mystérieux que je finis par me sentir très mal.
« Qu'est ce qui se passe ? A quoi penses-tu ? »
« Il va mourir. »
« Que dis-tu ? »
« Ne sors pas de chez toi, demain. Et essaie de ne pas te faire voir aujourd'hui. Ce n'est pas bon du tout. Je vais te laisser. Il faut que j'aille voir quelqu'un. Je t'appelle en fin d'après-midi. »
C'est comme ça qu'elle s'en va en me laissant pantoise !
Il est 9h moins dix quand mon frère arrive en compagnie de Julien. Il me salue fébrilement et je vais l'installer dans la chambre de Tania, que j'ai préparée pour lui. Après quoi, je lui sers le petit-déjeuner et m'assoie à ses côtés à table. Nous restons là à discuter de tout et de rien, mais surtout des dispositions à prendre pour le mariage de Tania. Nous avons dû insister auprès de la belle-famille pour prendre en charge le coût du traiteur pour la réception. Cela n'a pas été facile, mais ont y tenait, sinon, ce mariage n'aurait pas de sens pour nous. Nous ferons une mise au point la semaine prochaine pour envoyer ce virement à temps. J'en ai déjà parlé à Magloire, car il me disait que de son côté, ils ont déjà réunit une somme importante. Il voyage avec ses 3 sœurs et son meilleur ami. Il y aussi un de ses oncles qui fait le voyage. »
« Hum ! D'accord. Mes copines se sont cotisées et doivent passer me remettre une enveloppe cet après-midi. Il n'y a qu'Alphonsine, Georgeline, le Dr Azizet et son épouse qui voyagent avec moi. »
« D'accord. Je reviens en bateau vendredi prochain, vu que nous avons un mariage à célébrer. Nous en profiterons pour ficeler tout ça. »
Nous continuons notre conversation quand arrive la cavalerie des Mbeng. Orlane, les petites entrent les premières, suivi de Jimmy qui porte le bébé dans ses bras.
« Hum ! Mon cher Jimmy. Heureusement que tu es sportif ! Donne-moi un peu de ton énergie ! », le taquine Alexandre en prenant la petite Tania dans ses bras.
L'autre sourit simplement. Je comprends qu'il n'a pas envie de se plaindre. Heureusement pour lui, la villa dans laquelle ils vivent, dispose d'une suite parentale, avec petit salon, dressing et salle de bain, qui lui permettent de s'y enfermer au calme, loin du bruit des enfants.
« Comment allez-vous ? », leur fais-je.
« Tout va bien ! », me répond Jimmy en s'asseyant dans un fauteuil.
Alexandre se lève de table alors que les petites viennent toutes autour de moi pour me raconter leur semaine. Orlane les a inscrites les 3 plus grandes, Grâce, Angelline et Prunelle à des cours de danse classique ; il faut donc qu'elles me montrent tout ce qu'elles y apprennent. Mary Rose quand à elle fait du chant dans un groupe d'enfants, sous la supervision d'une amie d'Orlane.
Là, celle que l'on a baptisée Béyoncé Grâce à la naissance, me lance :
« Tu sais tata, la prof dit que danse aussi bien que Beyoncé. Mais moi je préfère Rihanna. »
Angelline lui dit alors :
« Elle est belle Béyoncé ! »
Pas du tout convaincue, Kelly Prunelle, lance alors :
« Non, Rihanna, c'est la meilleure ! »
J'ai envie de leur répondre que je n'ai pas les mêmes références musicales qu'elles, quand soudain, la petite Mary Grâce nous étonne en disant c'est Violetta qui est la meilleure.
Les enfants grandissent à une telle vitesse qu'il est impressionnant de les entendre s'exprimer aussi bien.
« Vu les prénoms de stars qu'on vous a donné, mes chéries, c'est sur que l'on viendra vous applaudir à tous vos spectacles ! », leur lance Orlane.
Cette dernière se lève du fauteuil où elle s'est assise et me fait signe de la suivre dans la cuisine. Arrivée là, elle me raconte :
« Je ne sais pas comment te le dire, mais la petite est persuadée qu'elle t'a vu dans un cercueil. C'est la raison pour laquelle elle tient à passer le week-end avec toi. »
« C'est quoi cette histoire ? »
« Ce sont ses mots à elle. Je ne sais pas comment les analyser mais voilà ! »
« Cela fait deux fois que l'on me parle de mort ce matin. »
« Hum ! Je ne voulais pas ajouter de stress, mais voilà ! J'ai moi aussi de mon côté quelques soucis à régler ce matin ; ma mère m'attends. Je passerai chercher les filles à 18h. »
« A tout à l'heure. »
Elle s'en va en laissant Jimmy avec le bébé et en grande conversation avec Alexandre. Les petites vont jouer dehors à la terrasse après avoir appelé les voisines de derrière qui sont leurs copines.
Je reste en marge assise à la table de la salle à manger. Je ne suis pas du genre à me laisser guider par la peur. Aussi, je prends le temps d'analyser ce que m'a dit Orlane. Mon esprit finira bien par me fournir la marche à suivre. Je sais d'ors et déjà à quoi m'attendre et le plus important pour moi à cet instant est de me prémunir contre tout accrochage avec la famille de Samuel.
Car même si je peux compter sur le fait que les sœurs de ce dernier sont raisonnables, tout peut arriver avec les imbéciles qu'il a comme enfants. Je prends donc mon téléphone pour appeler Libreville et demander de ces nouvelles. Sa sœur me répond que les médecins sont pessimistes. En même temps, les médecins au Gabon ont-ils déjà été optimistes quand un cas se présente à eux à l'hôpital militaire ???
Jimmy se tourne vers moi et me dit :
« Avant que n'oublie, Bernadette, voilà notre participation pour le mariage de Tania. »
Le type me tend une enveloppe sur laquelle il y a noté 300mille francs. Je l'en remercie et il me répond :
« Nous ne pourrons malheureusement pas faire le déplacement. Orlane et moi emmenons les enfants passer Noël en Afrique du Sud. Nous serons à Pretoria. Mais Eric m'a dit que sa fiancée et lui seront avec vous en Italie. »
« Ok. C'est une bonne chose. Merci Jimmy. », fais-je en me levant pour aller cacher l'enveloppe dans ma chambre.
Quand je reviens dans le salon, les hommes m'annoncent qu'ils s'en vont tous les deux.
« Je ramène cette petite à sa nounou et nous allons faire un tour en brousse pour s'aérer l'esprit. »
« Et boire du vin de palme, je parie ! », fais-je à Jimmy.
« Juste un peu, t'inquiète pas. »
Ils s'en vont et je reste là avec les petites ; je vais tranquillement faire la cuisine. Il est midi quand Georgeline arrive avec un gâteau au chocolat pour les petites et un autre à l'ananas pour Julien. Nous dressons la table à la terrasse et nous asseyons pour manger.
« Bernadette, il faut prendre au séreux le rêve de la petite. On dirait que le terrain est miné. »
Je regarde mon amie et dit :
« Je n'irai pas à cette rencontre demain. Ça ne changera rien du tout à l'état actuel de Samuel. Je m'interroge juste sur la rapidité avec laquelle il est en train de sombrer. C'est n'y rien comprendre. »
Mon amie et moi passons l'après-midi ensemble à trier les couverts, serviettes et nappes de table sortis de ma caverne d'Ali Baba. Ce sont des affaires achetées au fil des ans que je destinais à servir au mariage des filles. Vu qu'elles se marieront sucement loin de Port-Gentil, je les sors et les apprête pour le mariage le week-end prochain, de Séverine, la fille aînée de mon cousin Gilbert. Le mariage traditionnel aura lieu le matin dès 9h. Le mariage civil aura lieu l'après-midi à 17h, suivi d'un diner dansant dès 19h. Georgeline et moi sommes chargées de la déco et de la mise en place pour ce mariage.
Il est 17h quand j'entraine les filles dans la douche. Une demi-heure plus tard, Julien arrive en compagnie de Tito. Ils s'installent tous deux devant la télévision et commence une partie de jeu vidéo.
Il 18h quand Orlane vient chercher les petite. Angelline annonce qu'elle reste car elle doit me garder. Personne ne s'étonne de sa lubie. A 19h, Tito s'en va et Alexandre et Jimmy arrivent. Nous nous installons tous tranquillement à table quand arrive la mère de Gaëlle. Sans cérémonie, elle nous annonce : « Vous n'êtes pas au courant ? »
Tout le monde s'étonne car l'on ne voit pas de quoi elle parle. Au moment où elle s'apprête à parler, ma tante Bebette cogne à la porte et lance :
« Ah Bernadette, je suis venue dès que j'ai appris la nouvelle ! »
« De quoi parlez-vous ? », demande Alexandre.
« Samuel est décédé ! », s'écrie ma copine Georgeline en relisant le message qu'elle vient de recevoir.
Nous restons tous sans voix incapables même de penser.
« Que s'est il donc passé ? », finit par s'étonner Alexandre.
« Jamais il ne t'a parlé d'un problème de cœur, Bernadette ? », demande Jimmy.
Que répondre, si ce n'est que tout cela me trouble. Jamais Samuel ne m'en a parlé. Les gens disent se genre de chose ! Ils prennent même des médicaments. Mais jamais il n'a mentionné des problèmes cardiaques.
La mère de Gaëlle tourne en rond dans le salon, pendant que Georgeline tente d'avoir plus d'informations en appelant Libreville. Elle discute longuement avec l'une des sœurs de Samuel quand après avoir raccroché, c'estt la fille aînée de Samuel qui l'appelle et le lui hurle à l'oreille :
« C'est toi qui a fait rentrer cette sorcière dans la vie de papa. Dis à ta copine qu'elle aura affaire à nous ! »
Ma copine essaie de la calmer mais rien n'y fait.
Ma tante se lève alors et lance :
« Il va falloir être vigilent ! Je n'ai pas l'esprit tranquille. Mais avant toute chose, il s'agit de dormir correctement cette nuit. Demain est un autre jour ! »
~~~ Une secousse dans le cœur de Tania. ~~~
« Désolé chérie ! Je suis à toi dans une demi-heure. »
C'est la troisième fois que Miro me répète la même chose. Il n'y a rien de plus chiant que de passer sa soirée, un samedi, à espérer un peu d'attention de la part de son fiancé. Monsieur est au téléphone a écouter les affaires de Georgio et à essayer de les arranger, .si tant est que se soit possible.
Il est 23h 30 ici, donc 5 heures de moins au Gabon et ailleurs où se trouvent mes copines. J'aurais bien appelé quelqu'un pour passer le temps.
Miro consent une demi-heure plus tard, à lâcher le téléphone. Il vient me retrouver dans le canapé où je suis couchée et me dit :
« ça ne s'arrange pas entre Aïssata et Georgio. Elle ne le veut plus dans leur chambre à moins qu'il accepte cette vasectomie.
« Je vois. Je ne sais pas quoi penser, tu sais ! »
« Et moi alors ! Mon frère a l'impression que c'est toucher à sa virilité que de lui demander de subir cette opération. »
Je regarde Miro et lui dit :
« Il y a quelque chose que tu me cache. Vu le temps que vous avez passé au téléphone depuis hier, je parie que tu ne m'as pas tout dit. »
« Aïe ! », fait-il en se grattant la nuque.
« Parle, je t'écoute ! », lui dis-je.
« Euh...je...euh ! »
« Hum ! Je le savais. Tu me caches quelque chose. Parle où j'appelle Aïssata pour lui dire que Georgio voulait cet enfant. »
« Aïe ! Non, ne fais pas ça. Bon, euh...euh..Je... »
« Il continue d'hésiter et se lève pour aller vers la fenêtre qui donne sur la rue.
Là, je comprends qu'ils ont encore l'un de ces nombreux secrets entre frères, qu'il ne peut me dévoiler.
« Ok ! Tu peux te taire. De toute manière, je n'aurais pas su quoi faire de ce que tu caches ! Parlons d'autre chose. »
Il revient alors et me dit,
« Aïssata parlait de se faire ligaturer les trompes. Elle comptait en parler à son médecin après les congés du nouvel an. Georgio a, euh...disons que...il a forcé les choses en échangeant sa pilule contraceptive contre des placébos ! »
Là, c'est mi qui me lève du canapé, surprise par ce que je viens d'entre.
« Dis-moi qu'il n'a pas fait une chose pareille ! »
« Si. De grâce, ne le dit pas à Aïssata. Elle est persuadée qu'elle a dû oublier de prendre la pilule une fois comme ça ! Elle serait capable de lui couper les couilles, tout net ! »
« Il y a de quoi ! », lui dis-je vraiment effarée.
Il préfère ne rien ajouter peut-être pour ne pas éterniser le débat car il sait qu'en viendrais à le menacer si jamais il avait ce genre d'idée.
« Alors, on va rejoindre les autre au club ? », me demande t-il.
« Cela ne fait qu'une heure et demie que je suis prête, mon chéri. Alors, laisse-moi aller me mirer. »
Je vais dans la salle de bains pendant qu'il reprend son téléphone. Quand je reviens quelques instants plus tard, je le retrouve en grande conversation avec Georgio.là, je comprends qu'il vaut mieux que j'aille me coucher car nous ne sortirons pas cette nuit.
En effet, il vient se glisser dans le lit je ne sais combien de temps plus tard alors que je cherche desespément le sommeil. Mon téléphone vibre alors qu'il tente de s'excuser. C'est un message de Pupuce :
« Appelle dès que tu peux. »
Là, je compose son numéro.
« Tu ne dors pas, miss ? Ou tu es très matinale. »
« Je me suis ennuyée grave. alors, j'ai écrit pendant toute la nuit.et là, au moment où je veux aller me jeter dans mon lit, je tombe sur une notification sur Facebook. Je suis allée lire et je t'assure que je n'en reviens toujours pas. Les gens sont tellement méchants ! »
« Qu'y a-t-il ?de quoi parles-tu, Pupuce. »
Vas sur la page des anciens de Pog, tu verras. Ou même celles des anciens de Raponda. Je préfère te dire que c'est violent. »
« Dis-moi ce qu'il y a au lieu de me faire chercher. »
« Ah ! I y a des posts qui circulent qui sont vraiment insultants. On t'a appelé pour te dire que Samuel est mort ? »
« Non. Quand est-il mort. »
« Il y a quelques heures. Et l'un de ses enfants a posté une photo de tante Bernadette en l'accusant d'être une sorcière. Ils disent qu'elle a tué leur père. »
« Tu rigoles ! Maman m'a dit que ces enfants là ne l'aiment pas, mais de là à la calomnier !!! »
« S'ils ne faisaient que ça ! la photo de tante Bernadette circule sur Face, Tania ! C'est horrible. Ils la traite de voleuse, de menteuse et de sorcière. »
Comme si on avait besoin de ça !
Je raccroche et vais me loger depuis l'ordi du salon. Là, je n'ai pas besoin de chercher longtemps, car j'ai été taguée sur une photo, comme si ces gens là et moi, nous avions déjà mangé ensemble.
A ce moment là me viennent les mots de Mamie qui dit toujours que l'amour comme le mariage, c'est d'abord la rencontre de deux éducations. Ces gens là et moi ne nous serions jamais entendus car ils manquent sérieusement de savoir vivre.
Les images de ma mère défile sur différentes pages faits divers, Pog, anciens de Raponda, Je suis gabonais et fiers...etc...etc... Et les commentaires sont plus blessants les uns que les autres. C'est choquant de personnes qui ne connaissent même pas l'histoire et viennent mettre leur grain de sel en disant : « c'est bien connu ; les femmes myènès aiment se débarrasser des maris pour finir veuves riches et heureuses. »
Ils en rajoutent au point de me rendre malade jusqu'à l'écœurement.
Le monde entier sait désormais comment s'appelle ma mère, où elle vit, comment elle se déplace, où elle prie. Et les paris sont lancés si elle se déplaçait en taxi avant, bientôt elle s'achètera une voiture.
Je reste là devant l'écran de l'ordinateur sans comprendre ce qui m'arrive. Ce n'est que lorsque Miro vient vers moi que je comprends que j'ai des larmes qui coulent. Il regarde l'écran, voit les photos et lit les commentaires. Puis il me lance :
« Les gens sont vraiment idiots ! C'est comme ça que l'on fout en l'air la vie de quelqu'un. Vu comment ta mère est discrète, j'imagine ce que cela pourrait lui faire de lire ce genre de chose ! Eteignons et allons dormir. »