« Les jours me paraissent moins longs quand je sais que je pourrai entendre ta voix avant de m'endormir, Anissa. »
« Moi de même, Patrick. Ma journée a été tellement lourde ! Comment vont les jumeaux ? »
« Bien. Ils dorment déjà. Ma mère me disait qu'il fallait que je m'attende à des crises de pleurs quand ils auront leurs dents, mais j'ai remarqué ce matin, qu'ils en ont deux qui poussent en même temps ! J'ai dû consulter un site Internet pour m'assurer que ce n'était pas trop tôt. »
« Les enfants sont tous différents. Il y'en a qui sont plus précoces que d'autres. Mais c'est bon que leur poussée dentaire se fasse sans mal. Il va falloir leur acheter des anneaux qu'il pourront mâchouiller pour se faire les dents. »
« J'y ai pensé ; t'inquiète. Et comment va Emy ? »
« Tout va bien pour elle. Elle s'habitue à l'idée que dans quelques jours, elle sera dans un autre pays avec de nouveaux amis. Le plus important pour elle est d'avoir sa grand-mère à ses côtés. »
« Hum ! Je vois. Tu me manques, tu sais. »
« Et que dois-je dire, moi ! Je suis impatiente de te revoir. J'ai comme une impression de grand vide à chaque fois que tu raccroches. »
« C'est bon signe ça ! Tout pour me rassurer quant à mon charme affolant ! », fais-je en riant.
Il est 20h à Durban quand je raccroche. Ce samedi est différent des précédents car c'est le dernier que je passerai en célibataire. Vu la facilité avec laquelle l'on peut prendre l'avion ente Windhoek et Durban, ainsi que la fréquence des vols quotidiens, je suis assuré de voir Anissa plus souvent, sitôt qu'elle sera installée en Namibie la semaine prochaine. La vie ne peut être plus belle pour moi. Cela même s'il nous faudra longtemps encore conjuguer avec la géographie. Je suis heureux d'avoir plus de visibilité sur mon avenir et d'être moins préoccupé par ma vie de père. La vie trouve toujours comment créer des équilibres.
J'attends mon collègue Lemba avec lequel je vais prendre un verre et jouer au billard en compagnie d'autres collègues. C'est une soirée organisée par les collègues masculins de la banque, histoire de se retrouver hors des bureaux et apprendre à se connaître autrement qu'en costume cravate.
Quand nous arrivons dans le lounge-bar ou se passe la rencontre, l'ambiance est chaude. La musique bat son plein d'un côté avec des gans déchaînés sur la piste, dans un autre salon, c'est en mode cocktail et dégustation que les gens discutent. Nous descendons au sous-sol retrouver des collègues qui se défoulent au billard ou aux fléchettes, avec des bières et cocktail en main. Les filles tournent autour des joueurs, certaines de pouvoir agripper des mecs cette nuit. Tous les coins du genre se ressemblent en Afrique, me dis-je en pensant à la soirée billard à Port-Gentil au Galion avec les amis. Les filles adorent semble t-il jouer aux papillons. Mais ici, il vaut mieux y regarder à deux fois avant d'offrir un verre à l'une d'elle. Raison pour laquelle je m'en garde.
Je ne me rends pas tout de suite compte de ce visage qui se pose sur moi en souriant. C'est en terminant une partie de billard et en me rendant vers le barmaid, que je remarque, ce visage qui devrait me pousser à décamper d'ici en 4ème vitesse.
« Dr Azizet Martin ! De retour en Afrique du Sud ! »
« Et pourquoi pas ! », fait-elle en me donnant une tape à la fesse gauche.
Cette fille est toujours aussi timbrée. Je m'éloigne et la regarde. Une cicatrice se remarque au niveau de son arcade sourcilière. Je suppose que c'est un souvenir de la part de Marcelle, la sœur de Gaëlle. Cela n'a apparemment pas eu d'impact sur la cervelle de cette fille qui me demande :
« Où se trouve ta chienne de garde ! »
« Jusqu'à preuve de contraire, cher docteur, je ne pratique pas la zoophilie. Je vous souhaite une bonne soirée. »
« Oh ! Il n'y a personne pour me sauter dessus au cas où je toucherais à ça ! », fait-elle en me prenant par les bijoux de famille.
C'est par réflexe que le coup part tout seul et qu'un gifle lui atterri en plein visage.là, mon collègue Keffi Spence, arrive et m'aboie dessus en anglais :
« De quel droit te te permets gifler mon invité ? »
Je regarde le type, un black américain, qui a prêt de 2 mètres et est aussi maigre qu'un spaghetti et me demande si c'est vraiment tout ce qu'il a trouvé à se mettre sous la dent ! Je m'excuse et les laisse tout deux en espérant que ne plus entendre parler de cette doctoresse complètement imbécile.
~~~ Un samedi dans la tête de Pupuce.~~~
Comme je n'ai rien de particuliers à faire ce samedi et que miss Mélissa Mébaley m'a abandonnée et est « injoignable », jusqu'à demain 18h, je décide de sortir de chez moi et d'aller voir Pauline. Il est 9h quand j'arrive chez elle.
« Bonjour Pupuce ! C'est comment ? Tu as pensé à nous ce matin ? »
« Oh, je passais juste histoire de fuir un peu la maison. Les deux garçons qui me servent de colocataires, sont capables de m'ignorer tout le week-end parce qu'ils jouent à leurs jeux vidéos ou sortent faire une partie de basket ! »
« J'imagine. Accompagne-moi donc faire les courses. Je dépose les deux mistinguettes là à leur activités respectives et nous y allons. »
Paola et Chrysalide arrivent avec leurs affaires et me saluent. Comme à son habitude, Chrysalide s'intéresse à ce qui ne la concerne pas en me demandant :
« mais tonton Dimitri est où ? Celui là vraiment, il ressemble trop à Ricardo dans La Patrona ! »
Pauline lui crie alors :
« Boucle-là, Chrysalide sinon tu ne vas nulle part. »
« Elle ne changera jamais, Pauline ? »
« C'est déjà bien que j'ai réussi à lui apprendre à ne plus sortir de grossièreté. Elle m'a foutu la honte dans son école. J'ai été convoquée à la rentrée parce qu'elle a traité son enseignant de couillon ! »
« Wèèèè ! Les esprit de Salsa Port-Gentil l'ont suivi jusqu'ici ! »
« Oh ! Je n'en ai pas fini avec elle. », fait Pauline en refermant la portière du véhicule alors qu'elle s'installe derrière le volant.
Nous déposons les petites quelques instants plus tard et fonçons dans un centre commercial faire les courses à l'hypermarché Carrefour.
« Alors, raconte-moi tout. Dimitri ne pouvait pas rester, c'est ça ? »
« Ah, c'est comme ça avec les nomades ! Je lui ai demander ce qu'il retourne faire au Gabon, il me répond que même s'il n'y va pas, il n'échouera pas en France. Donc, voilà ! C'était sois le Gabon, soit le Canada. Autant te dire qu'il n'y aura plus de pages vierge dans son passeport. Monsieur parle déjà d'un contrat l'année prochaine au Venezuela. »
Mon époux n'aime pas vraiment les voyage. Il était toujours là à passer toutes ses vacances en France. C'est moi qui l'ai forcé la première fois à aller en Afrique du Sud, puis à Zanzibar. Ensuite, il s'est pris au jeu et nous sommes allés en Chine, en Turquie et au Mexique. Mais le pays où j'aimerais aller là, hormis l'Australie, c'est le Canada. J'aimerais découvrir la région de Vancouver. »
« J'aimerais moi aussi voyager. Il paraît que cela inspire et fait grandir. Moi, ce sera l'Asie. Ça m'intrigue. »
Elle sourit alors que nous atterrissons au rayons biscuits et friandises.
« J'ai pris rendez-vous cet après-midi avec mon esthéticienne. Monsieur mon époux sera là lundi. Il faut que je me fasse belle. »
Ses yeux brillent tellement quand elle parle de Mathurin que je suis obligée de lui demander :
« Dis, comment fais-tu pour être toujours aussi amoureuse ? Je t'assure que si tu était blanche tu serais complètement rouge à cet instant ! Tu as les yeux qui pétillent à chaque fois que tu parle de lui. »
Elle se contente de sourire et me dit :
« Ta question est assez drôle, Pupuce. Je ne vois pas ce qu'il y a d'étonnant là dedans ! »
« Oh, laisse tomber ! J'ai parler sans réfléchir. »
Elle me regarde puis me dit :
« Qu'est ce qui se passe avec Dimitri ? »
« Rien, rien. »
« En es-tu sûr ? »
« Tout va bien. »
« Dans ce cas, arrête de faire ta tête de psychologue qui analyse les autres et respire. »
Je la regarde alors qu'elle me secoue la main pour m'encourager à sourire un peu. Je finis par lui confier :
« penses-tu qu'on puisse être infidèle de nature ? »
« C'est quoi cette question ? Qu'est ce qui te passe par la tête ? »
« Je me pose des questions, c'est tout. Mamie dit toujours qu'à un moment, on rencontre un point stop dans la vie. Je n'ai pas l'impression d'y être. Je... Cela me met mal à l'aise de me rendre compte que je pourrai me laisser séduire par quelqu'un d'autre. »
« Je ne sais pas quoi te dire, Pupuce. Je pense que la vie sentimentale c'est comme le reste. On se fixe des objectifs et on essaie de les atteindre. Enfin, c'est toujours comme cela que je fonctionne. Et ça marche. Bon, je n'ai jamais eu un tempérament à paillonner. Donc, je ne sais pas ce que cela fait de plaire et vouloir séduire à tout pris. J'ai toujours eu le nez dans les cahier. Je suis tombée amoureuse de Mathurin, je me suis sentie à l'aise, j'ai voulu le quitter pour quelqu'un plus jeune. Il m'a rattraper au vol. nous sommes mariés. Je ne sais pas quoi te dire. Maman Flavie était tellement dans notre dos à nous répéter qu'il fallait trouvé quelqu'un et se marier, que vraiment, ça toujours été ça dans ma tête. »
« Je vois. Je pense que je vais ranger cette question loin dans ma tête. Mais ça me turlupine, je dois l'avouer. »
« Dis-toi juste que tu n'ai pas obligée de croquer dans toutes les pâtisseries qui s'offrent à ton œil. », me lance t-elle.
Nous sortons de là et nous dirigeons vers le parking. Nous revenons chez elle. Je l'aide à ranger les courses et ensuite, nous préparons à manger avant de ressortir chercher les petites. Alors que nous sommes juste devant le centre sportif où Chrysalide suit son cours de Judo, je vois quelqu'un que je reconnais tout de suite à distance. Je m'éloigne subrepticement pour éviter la personne. Manque de pot, alors que je fais semblant d'avoir la tête dans les nuage, la personne arrive vers moi en se passant un serviette sur le visage. Je remarque des raquettes de tennis dans son dos. Il sourit et en anglais me dit :
« Tu peux me fuir autant que tu veux, Marjorie, mais nous finirons à la même table le jour du réveillon du nouvel l'an. Et là, tu ne pourra pas fuir bien loin, car tu sera cerner ; »
Je lui fais face et souri. Je veux jouer à celle qui comprend à peine ce qu'il raconte et le type me lance :
« Je sais que tu as étudier une année en Afrique du Sud alors, ne fais pas l'idiote et accepte de venir déjeuner avec moi. »
« Je n'ai pas faim ! », dis-je.
Il sourit et dit :
« Non seulement elle rate les cours mais en plus elle s'interdit de manger. Je comprends pourquoi ton espèce est en voie de disparition. Je connais très peu de filles qui refusent un repas au restaurant. »
« Quel humour, alors ! », lui fais-je en riant ;
C'est ainsi qu'en revenant avec Chrysalide, Pauline me retrouve discutant tranquillement avec Enzo, comme si nous étions de vieux potes ! Elle le salue poliment et m'interroge du regard.
« Je vais devoir rentrer avec mon amie, Enzo. J'ai été heureuse de discuter avec toi. »
« Hum ! Nos chemins de nouveau se croiseront. Cette ville est tellement petite. Et t'inquiète, je sais me tenir en société. Et ne croie rien de ce que Miro a pu te dire sur moi : je ne mords pas ! », fait-il en riant ;
« En fait, vous êtes tous pareil. L'humour est votre arme de séduction. Vous l'avez reçu en cadeau à la naissance ? »
« Non ! C'est génétique. On ne peut s'en défaire ! », fait-il en éclatant de rire. Mais je t'assure que la belle allemande qui porte un annaux à son doigt, m'éclatera le visage si jamais j'ose désirer quelqu'un d'autre. Je te l'ai dit : je ne mords pas. Alors, arrête de fuir, sinon, tes parents auront dépensé inutilement de l'argent pour tes cours. »
« Parce que tu reviens dans mon école ? »
« Et oui ! Tu vas adorer parler italiens. Et si tu n'y comprends rien, utilise tes mains ; bon week-end. »
Je reste là alors qu'il s'en va vers la une Rover garée plus loin.
Quand je monte en voiture, Pauline me dit :
« Il ressemble au fiancé de Tania. C'est à cause de lui que tu te poses des questions au sujet de la fidélité ? »
« Non ! Ce n'est pas lui mon problème. Mon souci est ailleurs ! Il est grand, blonds, sportif. »
« Pupuce ! Qu'est ce que tu as avec les blancs ? »
« Si je le savais, Pauline ! Je n'ai rien demandé. »
Chrysalide dont on a carrément oublié la présence me lance alors :
« Hum, Ya Pupuce. Le blanc, pardon, oooh ! Sa femme va seulement avoir des maux de ête. Maman Flavie dit toujours que ce n'est pas bon quand un mari est trop beau ! »
Je me retourne vers elle et lui dit :
« Dis, Chrysalide, maman Flavie ne t'as pas dit qu'il faut se taire quand les grands parlent. »
« Hum ! Je me tais. Mais je te dis seulement que faut pas aller là-bas. Il est trop. Tu veux finir avec la tension, ou quoi !? »
Rien à faire ! Cette petite pour la faire taire, il lui faut des baffes ! Alors, je préfère l'ignorer.
Il est 19h. La nuit tombe sur Bordeaux. Je m'ennuie grave après être rentrée il y a deux heures. J'ai eu droit à un soin du visage et à une manucure. Quand tu te fais belle comme ça en Afrique du Sud, c'est pour atterrir chez Ntemba et faire la fête toute la nuit. Cela me fait penser qu'étant trop enfermée dans mes cahiers, je n'ai pas encore fait un tour en boite de nuit ici. C'est l'ennui ferme.
Je regarde par la fenêtre et observe les gens qui passent en bas dans la rue. C'est là que j'aimerais que ma folle de Mélissa soit là et me dise qu'on va faire un tour et s'acheter des glaces en prenant le chemin le plus long pour rentrer à la maison. Mais elle n'est pas là. Les garçons sont sortis pour assister à un match de basket dans un gymnase non loin de la maison.
Je prends alors mon téléphone et appelle Dimitri. Il me répond au bout de 5 sonneries et me dit qu'il est en plein barbecue au bord d'une piscine du côté du Camp de Gaulle avec des amis expatriés. Ils prennent du bon temps, après une journée passer à la pêche au large.
J'appelle alors Urielle, pour discuter avec elle. Elle me répond par texto : « Je suis au théâtre, pour revoir le spectacle de Délanna. I'll call you later.
Seigneur, je suis donc la seule à m'ennuyer autant un samedi soir sur cette terre ?
~~~ Dans les yeux de Ya Johannie : Jéricho est tombé.~~~
« Dieu est grand. Il est merveilleux. Dieux ne dort pas. A tare nzame, qui peux me verser de l'eau bénite pour que je comprenne enfin que je ne rêve pas. Seigneur Dieu tout puissant, que puis-je dire d'autre si ce n'est merci Papa. », fait maman Berthe en tournant sur elle-même.
Je suis là à l'admirer alors que nous sommes réunis à Lalala chez la grande sœur. Nous sommes samedi. Il est 19h 45 à ma montre.
Je suis venue de Port-gentil pour le week-end, pour montrer l'enfant à mes sœurs qui depuis n'ont pas pu faire le déplacement sur Port-Gentil. Les femmes m'ont parlé fatiguées en me disant de monter pour accoucher sur Libreville. J'ai dis non. J'ai préféré rester tranquille à Port-Gentil avec mon mari et les enfant. Le petit est là et tout le monde est venu le voir.
Mais si maman Berthe est là à faire le tour de la petite cours de la maison de la grande sœur, ce n'est pas à cause de mon bébé. Non ! Pour ça, elle a déjà fait une action de grâce à l'église. Si elle est dans cet état, c'est qu'une nouvelle est venue nous trouvé là, à domicile. Puis une seconde est tombée au téléphone.
Il était en effet 11h quand la grande sœur a seulement appelée maman Berthe, maman Clotilde et maman Eulalie en leur disant : « Il faut venir ici. On vous attend. Il s'est passé quelque chose. Jéricho est tombé, oooh ! »
Je n'ai rien compris à cette référence biblique aussi ai-je ri en écoutant notre sœur aînée à toute, parler au téléphone avec les mamans. Les nouvelles sont bonnes, en effet. Il faudrait même dire que des miracles s'opèrent.
La vieille continue de tourner dans la cours. La voilà qui parle à ses ancêtres pour leur raconter son incroyable journée.
« Oh ! La vie là ! Vous même vous savez comment Mba-Nzué est seulement venue me rendre à Essassa comme si j'étais un vieux colis dont il fallait se débarrasser. Je lui ai donné 19 ans de ma vie et il les a essuyé comme ça ! On va encore faire comment. C'est la joie aujourd'hui, mes ancêtres. Je vais vous donner du vin. »
Là, maman Eulalie de dire à sa grande sœur : « Aka, Berthe, viens t'asseoir tu risques de devenir folle ! »
Maman Berthe ne s'occupe pas et continue son cinéma. Tout comme elle, maman Clotilde n'arrive pas à tenir en place. Elle tourne en rond dans le salon au point d'irriter les filles qui lui demandent de se calmer. Il y a tellement de filles dans la maison. C'est notre repère ici. Je vivais ici, mais le week-end, tout le monde y tombait même s'il n'y a que 4 chambres dans la maison et que la grande sœur a 4 enfants qui sont déjà au lycée.
A 10h, lors que j'étais assise dans le salon à discuter avec mes sœurs, c'est Richard Essongué qui a pointé le bout de son nez, en compagnie de son oncle, de sa grand-mère et de son frère aîné.
Ils ont cogné au portail. Et nous les avons invités à entrer malgré leur visite impromptue. Ce type est sortie avec ma sœur Nathalène pendant 8 ans. Nathalène est la fille de maman Eulalie. Le type lui a fait deux enfants et a pris le large. Il revient à Noël offrir des cadeaux aux enfants ensuite, il faut lui courir après dans Libreville pour ne voir ne serait-ce qu'un billet de 1000 cfa pour le goûter des enfants qui sont à l'école primaire. Après deux ans à revenir par intermittence dans la vie de Nathalène qui lui donne encore le corps, malgré tout, le gars, a barré et depuis un an, ne donne plus signe de vie. Les nouvelles sont arrivées aux oreilles de ma sœur, lui apprenant qu'il est maintenant installé au Maroc où il travaille pour une boite informatique à Marackech. Et aujourd'hui, il se présente là, devant nous pour venir montrer le corps et savoir quand il pourra venir nous voir pour demander officiellement la main de ma sœur, car il veut l'épouser et l'emmener au Maroc avec leurs deux enfants. Cette dernière habite Ntoum où elle enseigne le français dans un collège. Quand on l'a appelée pour lui dire ce qui se tramait, elle nous a envoyé un message vocal pour nous dire : « il s'est passé, quelque chose. Je vous dit qu'il s'est passé quelque chose ! C'est le St Esprit qui a touché Richard Essongué !!! Il s'est passé quelque chose. »
Depuis, il paraît qu'elle n'arrête pas de se parler à elle-même et les enfants n'arrivent pas à la calmer. Quand on lui a demandé ce qu'elle souhaite, elle a simplement répondu : « Oui, oooh ! Faut seulement dire oui ! Pardon, faut pas me gaspiller ma chance ! »
Tout ça, parce que la fille a assez de patience pour rester là à attendre que le père de ses enfants revienne. Oui, Dieu a donné cette patience aux femmes ! C'est sûrement pour cela que certaines vieillissent et meurent seules !
Comme une nouvelle n'arrive jamais seule, Papa Mba, le concubin de ma mère, qui nous a élevés, appelle pour dire qu'il a reçu la visite de Jocelyn Malekou, le gars invisible de ma petite sœur Annie-Flore. Elle est en couple avec lui depuis 5 ans. Il lui a fait 3 enfants, dont le dernier à 8 mois et jamais personne ne l'a vu parce que le silure est plus facile à attraper que lui. Il vient juste mettre les grossesse et ensuite, est introuvable au moment d'aller reconnaître sa paternité à la mairie. Il parle de venir régulariser la situation et de faire les choses proprement cette fois. Il a déposé des tas de boissons, des tissus et deux chèvres pour demander pardon. Papa Mba lui a dit qu'on l'attend parce qu'on a déjà trop entendu parler de lui. Là aussi, quand la vielle a appelé sa fille pour lui parler de tout ça, la réaction d'Annie-Flore a été de dire : « Vous allez voir ce que vous vouliez voir. Ce n'est pas vous qui me traitez de maboule ! Faut seulement consommer ! »
La nuit a été longue pour les vieilles, qui sont rentrées à 22h. Et le lendemain, dimanche après l'église...le St esprit a agit de façon fort impressionnante. Et là, tout le monde a compris qu'il s'est REELEMENT passé quelque chose. Car Mesmin Ebang, alias le magicien, médecin chef à l'hôpital de Melen, qui a vécu 12 ans avec notre aînée, la fille de maman Clotilde, qu'il a rencontré quand elle était en 3ème au lycée. Ils ont eu 4 enfant ensemble, donc la benjamine est en 4éme aujourd'hui et l'aînée en terminale. Le type s'est habillé un samedi matin pour se rendre à une conférence médicale à l'hôtel Intercontinental, en 2004. Nous avons appris par communiqué paru dans le quotidien national l'UNION, que l'Ordre des médecins adressait ses vives félicitations au couple Ebang qui venait de convoler en justes noces. Sur la photo, ce n'était pas ma sœur mais Justine Ndinga, sa meilleure amie. Le cher Docteur Mesmin a commencé sa nouvelle vie oubliant dans la maison qu'il partageait avec ma sœur, ses vêtements, sous-vêtements et même stéthoscopes...Il a oublié la route qui mène à cette maison où habite toujours ma sœur. Il s oublié le nom de ses enfants dont jamais il n'a même payé la scolarité. Et là, ce dimanche à 16h, il arrive comme s'il avait quitté la maison le matin même et exige de voir ma sœur en demandant qu'on lui serve à manger. Le spectacle aurait fait rire s'il ne concernait pas un membre de ma famille. Là, après avoir avalé le repas servi sans même avoir la crainte que ma sœur l'eut empoisonné, le type sort de sa poche un trousseau de clé et le remet à ma sœur en disant que ce sont les clés de la maison de 5 chambres qu'il lui a construite au quartier Mindoumbé II.
Là, moi aussi, j'ai eu envie d'ouvrir la Bible et de lire cette histoire au sujet de la bataille de Jericho.
Le ciel est pluvieux en cette fin d'après-midi de lundi sur Libreville, quand j'arrive à l'aéroport en compagnie de ma sœur Clarisse. Mon avion décolle pour Port-Gentil dans une heure. Nous sommes assise en salle d'attente quand notre petite sœur Mariah arrive en compagnie d'un homme blanc qu'elle nous présente :
« Mesdames, je vous présente Léon, mon futur époux. »
Ni Clarisse ni moi ne nous étonnons, nous contentant de saluer le fameux Léon qui nous sourit en retour. Vu la façon dont Mariah tient la main de cet homme, même un aveugle verrai qu'elle applique la politique de ton pied mon pied.
« Comme ça Léon, vous ferez bientôt parti de la famille ! »
« Oui. J'ai trouvé la perle rare. Je n'ai pas l'intention de la laisser filer. », fait-il en embrassant Mariah et en lui donnant une tape sur les fesses !
Wèèèè ! Clarisse et moi, nous nous regardons et souriant. Le type décide alors d'aller acheter des journeaux. Nous en profitons pour cuisiner Maiah. Elle nous balance alors :
« Il est allé voir papa avant-hier. Ce soir, il tombe chez la vielle. Reçois le avec tous les honneurs, Clarisse, vu que la vieille se planque chez toi. Traitez-moi bien ce dossier. Pas la peine de lui dire encore d'aller à Essassa. Y a rien à Essassa. Tout se passera à Libreville. »
« Oh ! Qu'est ce qui se passera à Libreville ? », s'étonne Clarisse.
« Mais, vous n'avez pas encore compris. Je me marie le 19 novembre. Donc, vous etes déjà prévenues ! »
« Pardon Obone ! Avec tes histoires là, ne vient pas embrouiller la tête de maman. Cette nuit, elle n'a pas dormi. Maman Eulalie, maman Clotilde et elle ont passé le week-end le plus mouvementé de leur vie. »
« Comment ça ? Ne me dites pas que maman Flavie est revenue mettre le feu ? », s'écrie Mariah.
« Non ! On a vu des choses incroyables. Le Dr Mesmin Ebang est revenu chez la grande sœur à Lalala. »
« Barré ! Vous mentez ! », s'écrie Mariah. »
« Oh ! On te dit que Richard Essongué vient épouser ta sœur le 28 janvier et ils partent au Maroc. »
« Hum ! C'est pas vrai ! Je ne vous crois pas. Ça c'est qu'elle magie ! », lance Mariah.
« Ah ! Donc quand tu verras ce qu'on appelle la vérité quand Jocelyn Malekou viendra montrer le corps chez papa Mba la semaine prochaine. », lui dis-je.
Elle nous regarde avec un sourire mystérieux et nous dit :
« Il s'est passé quelque chose ! »
Oui, il s'est définitivement passé quelque chose !