« Salut Alec ! Comment vas-tu ? »
« Je vais très bien, Charline. Mais je pense appeler Tumi pour lui demander s'il ne veut pas qu'on fasse un échange. Je me suis trompé de sœur, semble t-il. »
« Hum ! Laisse-moi te dire qu'à moins que tu n'aie envie de mourir jeune, il vaut mieux ne pas sortir ce genre de chose à mon chéri ! », fais-je en riant. « Ne me dis pas que Gaëlle boude toujours ! »
« Oh que si. Si tu voyais comment elle devient laide minute après minute. Elle a des rides qui lui pousse sur le visage. Je lui demande de desserrer les mâchoires depuis ce matin et elle fait tout le contraire. »
« Et je parie qu'elle est en face de toi au moment où tu parles ! »
« Tu paries très bien, Charline. Je te la passe. »
Trois minutes après, j'entends la voix de Gaëlle.
« Hey, la fille de mon père et de ma mère, c'est comment ? La colère n'est pas encore descendue. »
« Tout va bien. C'est passé. Mais je n'en reviens toujours pas qu'Alec et papa aient eu l'idée de me jouer un coup pareil ! »
« Hum ! Gaëlle Azizet ! Tu n'exagères pas un peu ? Ils ont pensé à ton avenir. Tu sais bien que c'est mieux pour toi. Les échos de CPUT ne sont pas très encourageantes. Tu n'avais même pas la certitudes de commencer tes études à Cape Town avec cette grève qui dure. Ça fait quoi si tu les fait en Belgique ? »
« Voilà que tu t'y mets, toi aussi. C'est pour le principe, tu comprends. Monsieur Alec ici présent, aurait dû m'en parler avant de comploter dans mon dos avec son beau père. Et monsieur mon père aurait dû me demander mon avis avant de donner son accord sur le sujet. »
« Là, tu cherches seulement les problèmes ! Faut consommer la choses. C'est comme ça la vie. Est-ce que tu n'es pas mieux là, à côté de ton chéri ? »
« Si, mais... »
« Il n'y a pas de mais. Tu as commencé les cours, le reste n'a aucune importance. En Belgique ou en Afrique du Sud, le plus important est que tu ailles à l'école. »
« Hum ! Heureusement que tu es là pour renverser la vapeur. J'allais encore bouder toute la nuit pour donner une petite leçon à Alec. Sinon, c'est cool. J'ai commencé les cours hier matin. J'ai quand même deux mois à rattraper. Mais bon... »
« Ce sera facile. Prends ton temps pour tout relire sans faire d'impasse. »
« C'est ce que je fais ce soir. Pas de cinéma, pas de restaurant. Monsieur est caserné pour m'aider à mettre de l'ordre dans tout ce que j'ai photocopié comme cours. Mais quand même, il mérite une fessée pour m'avoir fait un coup pareil ! »
« Ce que tu fais des fesses d'Alec ne me concerne en rien, ma chérie. Je suis contente pour toi. Tu feras comment pour tes affaires à Cape Town ? »
« Alec va s'en occuper. Rien que de pensé que je quitte l'Afrique, ça me fait tout drôle. Comme si mon cœur avait du chagrin. C'est bizarre. »
« Je ressens la même chose à l'idée d'être bientôt loin dans le froid au Danemark alors qu'ici à Pointe Noire, il fait beau temps. Mais la vie avance. »
« Alors, je parie que Tumi est trop content de t'avoir. », me lance t-elle.
« Tu paries juste. Je ne te dis pas les sketchs auxquels j'ai eu droit. Les filles à la recherche de maris, c'est grave quand même ! Il y en a qui sont tellement culottées qu'elles viennent cogner à sa porte en offrant un plat à manger. »
« Comment ça ? »
« Oh, c'est simple. Il suffit qu'elles soient la cousine, la petite sœur ou l'amie d'un collègue ou d'un ami. Elles apprennent qu'il y a un célibataire. Elles arrivent chez lui le soir vers 18h, avec une jolie tenue et une jolie coiffure et un plat de pondu en main. Et voilà ! »
« C'est quoi le pondu ? »
« Oh, les feuilles de manioc. C'est préparé un peu différemment mais je suppose que cela fait le même effet que d'en manger au Gabon. A deux reprises c'est moi qui ai ouvert la porte. La première fois, la fille face a moi à rebrousser chemin quand je lui ai dit que Tumi n'était plus libre. La seconde qui est passée, m'a poussée et est entrée de force. Elle a eu l'audace de s'asseoir jambes croisées dans le canapé du salon, en me disant que ce que j'ai, elle l'a aussi. Et que ce n'est pas une gabonaise qui va lui apprendre à danser le dombolo. »
« Yo ! Elles sont féroces ! »
« Moins que les gabonaises ! Mais elles ont leur style.
« Je vois que tu t'en sors bien, ma chère grande sœur. Mais dis, c'est quand qu'on se revoit ? Je fais le planning dans ma tête et j'ai simplement le tournis en pensant aux avions que je dois prendre. Je ne peux même pas zapper le mariage de Jileska, elle me tuerait. Mais je t'assure que le fait d'être ici et d'avoir aménager avec Alec et décorer l'appartement et tout, ça me donne même pas envie de voyager. Ça fait tout drôle. »
« Tu vas devoir te bouger, Gaëlle. La copine est rentrée ce matin. Nous dînons ce soir, Tumi et moi, avec Amani et elle. Elle m'a envoyé un message depuis Dubaï pour ça. Tu n'as pas intérêt à jouer à l'homme invisible à son mariage. Alors, enlève-toi cette idée de la tête. »
« Hum ! Je vois. Bref, ça va être rock'n'roll. Tumi sera avec toi ? »
« Oui. Nous serons ensemble. Mais il ne pourra pas m'accompagner au mariage de Tania. On passera le nouvel an loin, l'un de l'autre. »
« Hum, l'amour, c'est terrible quand on est loin l'un de l'autre. »
« A qui le dis-tu ? Je préfère même ne pas y penser. »
« En tout cas, profite-bien des moments que vous avez encore à passer ensemble. Et puis, tu me raconteras le dîner avec Jileska. Elle nous a bombardé de photos quand elle était à Dubaï. Dis-lui que je suis contente pour elle. Je le serai encore plus quand elle ira s'occuper de mes enfants à Durban. »
« Oh ! A mois qu'elle n'introduise le sujet, j'ai décidé de ne pas en parler. J'ai bien trop peur que ma langue ne fourche. »
« Ok. Je t'embrasse, sister. »
« Bisous. »
Après que Gaëlle ai raccroché, je pose le téléphone sur la table de la salle à manger et me remets à ranger les nappes de tables achetées cet après-midi. Après mon long séjour à Libreville où il m'était interdit de toucher à la moindre petite assiette ou même au balai, je suis heureuse de retrouver mes automatismes quotidiens en faisant le ménage et la cuisine pendant la journée alors que Tumi est au travail. J'en ai profité pour aller toute seule ce matin au grand marché, alors qu'il s'attend à ce que je demande à la femme de ménage de m'y accompagner. Je fini par avoir quelques repères dans la ville. J'ai simplement l'impression d'être à Port-Gentil, tellement la configuration des lieux est la même. La différence se ressent au niveau du nombre de personnes dans la rue. Cela m'a fait le même effet en arrivant la première fois à Cape Town. Le nombre de personnes marchant dans les rues est toujours plus impressionnant que dans les rues de Libreville ou Port-Gentil.
Une fois mon labeur terminé, je vais prendre une douche, histoire d'être fraîche et prête quand Tumi rentrera à 17h. Nous devons être chez Jileska et Amani à 19h. Je suis impatiente de voir ce que donnera ce dîner.
Je me mire en sortant de la douche et coiffe les tresses qui m'ont été faites par la sœur d'un collègue de Tumi, qui gère un salon de coiffure. Je finis par passer une robe toute simple en attendant de mettre l'ensemble dans lequel je vais sortir.
Il est 18h et quart quand Tumi arrive. Comme à son habitude, monsieur me lève de terre et m'emprisonne dans ses bras. Ça fait du bien d'avoir ces bras doux et forts autour de soi. Et cela revigore de recevoir des baisers quand vous avez passer la journée à vous languir de l'être aimé. Oui, je suis à la maison et ma maison se trouve entre ses bras.
« Hum ! Dépose-moi tranquillement au sol. Avec toi, on ne sait pas comment ça commence mais je sais comment ça finit. », dis-je.
« Hum ! Et si on zappait le dîner. Je n'ai même pas faim. Par contre, j'aimerais bien me servir de mes lèvres pour t'enlever tout ce maquillage sur le visage et qui sait, me laisser ensorceler par le parfum de ton corps. »
« Voilà ! C'est de ça dont je parlais ! Va prendre une douche pour faire baisser la température de ton corps. Ça ira mieux ensuite ! »
« ça m'étonnerait ! », fait-il en allant me déposer sur le canapé du salon. Là, comme par hasard, sa main se retrouve sous ma robe alors qu'il cherche à m'embrouiller les idées en m'embrassant dans le cou.
« Hey, monsieur j'ai des idées chaudes dans la tête, je te signale que nous sommes attendus à 19h ! »
« Tu as bien dit attendu ! Cela veut dire que nous ne sommes pas obligés de nous presser. »
Voilà comment le string que quelqu'un disparaît alors même que les idées sont déjà dehors, chez la copine qui m'a dit qu'elle est impatiente de me voir pour me raconter des tas de choses !
~~~ Dans l'esprit embrouillé de Jileska.~~~
Il est 19h 15 quand Charline et Tumi arrivent. À la tête que fait le type, je comprends vite qu'il aurait préféré être ce soir et jusqu'à l'éternité, blotti dans les bras de sa belle. Elle est radieuse. Et lui a du mal à décrocher ses yeux d'elle. C'est ça l'amour ! Me fais-je comme réflexion alors que l'instant d'une seconde, le visage de Patrick est passé dans mon esprit. J'ai encore oublié de l'appeler pour avoir les nouvelles des petits. La situation devient préoccupante. Mais bon...
J'apprendrai à penser à autre chose qu'à me laisser torturer par la pensée de lui faisant l'amour à cette machin chose de Dr je ne sais qui. Bref...Je me demande pourquoi son entrée dans la vie de Patrick, je n'arrive pas à la digérer. Mais je préfère penser à autre chose, car cette histoire m'a donné des coliques à Dubaï et pour faire passer le tout, je me suis jetée à corps perdu dans le shopping, comme me l'a indiqué Pauline.
Ma grande sœur, en digne businesswoman m'a indiqué quoi faire en m'interdisant de rester végéter dans le luxueux hôtel dans lequel nous sommes descendus Amani et et moi. De fait, Amani m'a confiée à un guide, de ses connaissances, qui m'a emmenée partout. J'en ai profité pour faire des achats en gros de vêtements de marque pour hommes et femmes, ainsi que des vêtements pour enfants.
Cela m'a donné au final, 80 kilos de bagages qui sont là entreposés dans l'une des chambres de la maison et qui prendront l'avion pour Libreville où Pauline sera là la veille de mon mariage pour que nous travaillons à l'ouverture d'une boutique.
« S'il te plaît, Tumi, puis-je te l'arracher un instant ? », fais-je en prenant Charline par la main.
Nous abandonnons les hommes dans le salon alors qu'ils discutent encore pétrole et politique économique. Là, dans la chambre où j'a stocké les bagages, j'invite Charline à s'asseoir sur le lit et lui lance :
« Raconte ! Quel effet ça fait d'être ici à Pointe Noire ? Tu aimes ? »
« Oui. Je suis heureuse. Ici ou ailleurs, le plus important est d'être avec Tumi. »
« Comme si je ne l'avais pas remarqué. Vous êtes en forme tous les deux. Et tu es tellement belle, Charline ! Que t'a t-on donné à manger au Gabon ? »
« Rien de particuliers ! », fait-elle en riant. « Toi par contre, tu as bien besoin de sommeil ! Tu as les traits tirés. »
« Oui ! Je le ressens dans mon corps. Ma vie est intense en ce moment. Parfois j'ai même pas le temps de m'arrêter pour analyser les choses. Mais sais-tu que Patrick s'est trouvé quelqu'un ? »
« Tu passes du coq à l'âne, Jileska ? Je te parlais d'Amani et toi ! »
« Oh, c'est très euh...comment dire...Avec Amani, le manque est physique, si je puis dire. Le simple fait d'être loin de lui me rends complètement maboule. Je ne sais pas comment expliquer la chose. »
Elle me regarde et semble hésiter. Puis elle me dit :
« Comme ça, Patrick a trouvé quelqu'un ? »
« Oui. Elle est médecin. C'est un signe, tu sais. C'est sa manière à lui de me dire que je n'étais pas encore à la hauteur et que j'avais encore des échelons à gravir. Avec lui, tout fonctionne à l'intellect. Avec Amani, c'est plus charnel. »
Elle sourit et me dit :
« Vous êtes tous les deux des amis. Je suis heureuse que chacun de vous ait trouvé son bonheur. »
« Oui, mais c'est quand même trop facile. Il m'a trop vite jetée. »
« C'est pour me le dire que tu m'a entraînée dans cette chambre, Jileska ? Tu veux te plaindre de Patrick ? »
« Je ne sais pas. Je n'arrive toujours pas à croire qu'il se soit si vite débarrasser de notre histoire. Il n'a même pas tenté de me réoccuper. »
« Il ne l'a as fait car cela ne se fait que dans les films, Jileska. Dans la vraie vie, les gens ne s'humilient pas inutilement. Quand il t'a vu accrochée à Amani, son intelligence lui a permis de comprendre que cela ne servait à rien de combattre. »
« Hum ! Bref...Faut voir les airs de ce médecin ! Elle a vite emballé son affaire. À peine rencontré au Kenya que déjà elle était là, dans la maison à Durban. »
« Elle est venue combler le vide que tu as laisser dans sa vie. »
« Ce n'est pas moi qui ai laissé Patrick. »
« C'est une façon de te dire que tout est fini. Chacun sa route. Accepte le comme lui a accepté le fait que tu arrives aux fiançailles d'Alec et Gaëlle en compagnie d'un inconnu. »
« Amani n'est pas un inconnu, Charline. C'est mon futur mari. »
« Alors, laisse le médecin prendre soin du cœur de Patrick et que chacun avance tranquillement. »
« Hum ! Je vois. C'est tellement facile à dire. Patrick ne connaît pas ma valeur, c'est tout. Amani a su la détecter. Et je sais qu'avec lui, je serai toujours en sécurité.
« Je suis heureuse pour toi. Quand tu iras à Durban, contente-toi de t'occuper des petits. Ne vas pas embêter Patrick avec tout ça, compris Jileska. »
« Ok, ok ! Pas de souci ! », dis-je en me levant du lit.
Je reviens vers elle deux minutes plus tard avec un paquet dans les mains en lui disant :
« Tiens, c'est pour toi. »
Elle prend la boite à bijoux et l'ouvre.
« Oh ! Tu es folle, Jileska ! Où vais-je trouver le temps de tous les porter ? »
« Tu te débrouilleras quand tu seras là-bas dans le froid danois. Ça te fera plaisir d'avoir de beaux bijoux pour te mettre en valeur, ma chère Charline. »
« Merci, ma belle ! », me fait elle en me prenant dans les bras.
Nous restons là encore à papoter pendant un quart d'heure. Je lui parle de maman Flavie qui vit désormais à Pretoria et de mon mariage à la coutume qui n'aura lieu ni à Ndjolé chez mes parents paternels, ni même à Essassa comme demandé par ceux qui forment ma famille maternel, mais plutôt en terrain neutre.
« Amani a loué un villa avec un jardin immense, du côté de Bikéle. C'est là qu'aura lieu le mariage, vu que personne ne veut s'entendre. Nous avons pris une service traiteur pour la peine. Et voilà comment vont se passer les choses, ce 26 novembre. »
« Je ne serais malheureusement pas avec toi. Mais Tumi et moi seront là à Pretoria. »
« C'est l'essentiel ma belle ! », dis-je.
~~~ Les péripétie d'Yvette et d'Hector Versand.~~~
C'est aujourd'hui que j'ai appris ce que veut dire l'expression « avoir le sang de l'iguane ». Vraiment la vie !
Depuis ce matin, j'ai mal à la tête. Il est 13h quand, ne tenant plus devant mon ordinateur, ce vendredi, je demande au patron l'autorisation de rentrer. Je prends la peine d'appeler Hector histoire de le prévenir pour qu'il ne vienne pas me chercher à la sortie du boulot à 15h 30 comme il le fait depuis son arrivée. Son téléphone sonne mais il ne répond pas. La tête chauffe tellement, que je me dépêche de remonter la rue jusqu'à la pharmacie de Glass avant de prendre le taxi pour rentrer directement à la maison. Quand j'arrive là, je ne trouve personne dans le salon. D'habitude, mes trois filles sont souvent scotchées devant Disney Channel ! Peut-être jouent-elles dehors sous la surveillance de ma chère amie Claudia, qui m'aide quand j'en ai besoin. Là, j'ai simplement envie d'aller jeter le corps sur mon lit et de reposer ma tête. Mais je fais quand même un tour derrière la maison pour vérifier que les enfants sont dans les parages. Quand je les trouve, elle jouent à l'élastique chez la voisine. Je leur rappelle qu'elles doivent passer à la douche à 17h 30 et ne pas oublier de fermer les fenêtre à 17h. là, je ne prends même pas la peine de demander où se trouve Claudia. Je me dirige simplement vers ma chambre avec mon téléphone en main. J'appelle encore le numéro d'Hector. Stupeur ! Son téléphone sonne dans ma maison.
Oh ! Le coquin ! Que fait-il dans ma chambre ? Hum, c'est sûr que le type ne peut pas attendre la nuit et est déjà là pour réclamer des *câlins*, comme il dit. Vraiment....
Je pousse seulement la porte de ma chambre en souriant et prête à lui dire que j'ai trop mal à la tête pour avoir envie d'une partie de jambes en l'air. Le type aime trop les *câlins*, comme il appelle ça !
Voilà que je me retrouve nez à nez avec les fesses nues de ma copine Claudia léchées par Hector. Non ! Qu'est ce qu'ils font. Je m'essuie les yeux et de nouveau regarde. Mademoiselle la copine est là sur le type. Disons, en position 69. J'en aurais vu des choses avec cet Hector Versand ! La seule idée qui me passe par la tête alors que l'un lèche le vagin de l'une et qu'elle lui taille une pipe, c'est : appelle Pauline pour lui raconter ce qui se passe ; elle pourra te dire les raisons pour lesquelles elle a pensé qu'Hector Versand et toi pourriez faire chemin ensemble.
LES CHOSES DE MON CORPS !
Au moment où je veux crier pour leur signaler ma présence, la voix se bloque carrément au seuil de ma bouche et c'est mon cœur qui se bat à cogner très fort dans ma poitrine. Je reste là statue ! Mais c'est mon lit ! Ce sont mes draps ! Et c'est moi qui paie le loyer ici ! Seigneur, qu'est ce qui ne va pas avec la vie que Tu m'as donné ?
Je reste là à les regarder, puis, je me tourne vers le placard où je range mes habits. Je me déchausse, puis enlève l'ensemble haut et pantalon en tissu que je porte. J'ai le temps d'enfiler un kaba quand j'entends dire :
« Tu es bandante Claudia. Oh, j'adore ton cul ! »
« Tu as vu que je suis plus sucrée que cette vieille peau d'Yvette, bébé ! J'ai quand même 10 ans de moins et un sacrée coup de rein ! »
« T'as raison, beauté ! Jamais elle n'aurait accepter que je lui broute la chatte ! Oh, laisse-moi encore te goûter. »
J'ai l'impression d'être transparente malgré ma robe bleue fleurie. J'opère avec délicatesse et m'empare de leurs vêtements et chaussures. Je jette le tout dans mon placard que je ferme à clé. Puis, pour signaler ma présence, je soulève le petit banc que je garde dans un coin de la chambre et le balance avec force sur le lit.
Là, j'entends Hector crier. Je ne prends même pas la peine de me retourner pour les regarder et sors rapidement de la chambre en refermant la porte à clé. Pour sortir de cette chambre, ils n'auront d'autre choix que de sauter par la fenêtre pour atterrir dehors, ces deux couillons.
Ce n'est qu'au moment où je suis dans le taxi que je me dis : tu aurais dû la bastonner, Yvette !
Mais la bastonner pourquoi ? Pour que mes maux de tête redoublent ?
Je vais à la prière pour me calmer l'esprit. Après la rencontre, je me dirige droit vers le bureau de mon prêtre, le père Mathias. Je lui confesse tous mes soucis lui disant que vraiment le blanc que m'a envoyé ma sœur, non, je ne veux pas. Là, il me regarde et me dit :
« Dieu a un plan pour chacun de nous. Je suis heureux d'entendre que tu n'as pas agis avec colère et que tu as su te contrôler. Nous allons prier. »
Je reste avec lui 15 minutes, puis au moment où je prends congé, quelqu'un tape à la porte.
« Entrez donc, frère Urbain. Je vous présente la sœur Yvette. Tiens donc, vous pourriez peut-être échanger tous les deux. Je suis sûr que vous trouverez l'un l'autre, des points de prière sur lesquels vous accorder. »
Le fameux frère Urbain et moi nous nous regardons. Il me salue poliment et voilà comment, il m'exhorte à le suivre à la chapelle histoire de prier ensemble.
Hum ! Quelle prière même ? Une fois arrivé à la chapelle, la première question qu'il me pose c'est :
« Soeur Yvette, êtes-vous marié ? »
« Frère Urbain, êtes-vous marié ? », fais-je en réponse.
« Je suis divorcé depuis 5 ans. C'est la prière et les exhortations du père Mathias qui m'ont remis sur les rails. Mon divorce m'a laissé sur le carreau. Je retrouve l'équilibre aujourd'hui. »
« Oh ! Je vois. Moi, je ne suis pas marié. Personne n'a jamais voulu apposé son nom devant mon prénom. C'est comme ça. A bientôt 33 ans, je ne crois plus à tout ça ! », fais-je complètement désabusée après ce que vient de me faire subir Hector Versand. »
« Sœur Yvette, puis-je vous inviter à prendre un verre ? »
« Hum ! Qui me dit que je n'ai pas affaire à un chômeur fauché et sans scrupule qui viendra encore me vider les petites miettes qui me servent de salaires en fin de mois ? Je suis une femme seule mais je ne suis pas bête, vous savez. Mon diplôme d'assistante en RH est là pour le certifier. »
« Wèèè ! Les femmes ! Ce n'était pas plus simple de me demander où je travaille !? Ma sœur, il faut toujours aller droit au but, c'est mieux. Je suis Urbain Essono. J'ai 40 ans. Je suis analyste financier chez Finatra. J'ai deux enfants. Maintenant, puis-je vous inviter à le boire, ce verre. »
Je le regarde pour faire durer le suspens et prendre le temps de réfléchir. Puis je lui réponds :
« Il faut que je rentre. Mes enfants m'attendent. Je suis leur père et leur mère. C'est la vie qui veut ça ! »
« Mais dans ce cas, si l'on ne peut aller à la boisson, laissons la boisson venir à nous. En tout bien, tout honneur, bien sûr ! »
Aka ! Dieu, qu'est ce que Tu me fais là ?
Comme les copines disaient toujours que l'homme fang est pire que le chewing gum et qu'il te colle quand il sent que y a moyen, voilà comment Urbain Essono qui doit m'accompagner dans la prière, m'invite à monter dans sa voiture, un Tucson Huyndai. Pendant tout le trajet, j'ai les yeux rivés sur la route en me disant que s'il essaie de m'emmener vers le cap ou un endroit bizarre, je saute seulement de la voiture en marche. Ce n'est pas mon corps qui va subir un crime rituel. On s'arrête dans la boutique d'un burkinabé qui est ouvert jusqu'à 23 heures. Il me demande de descendre pour aller acheter la boisson. Il m'invite à prendre des jus pour les enfants. Je prend donc 3 bouteilles d'orangina et nous sortons de là, alors qu'il s'est payé une bouteille de coca zéro et une de jus d'oranges. Quand nous arrivons chez moi, je lui dis cash :
« Papa, on ne se connaît pas. Ce n'est pas parce qu'on se tutoie, que je dois t'accueillir chez moi. »
« Oh, je n'insisterai pas, Yvette. Donne-moi juste ton numéro car demain, je viendrai te chercher pour t'emmener dîner. Je serai là à 19h pile. »
Je lui laisse le numéro. Il fait sonner mon téléphone pour s'assurer que je n'ai pas donné un faux numéro. Ensuite, il me dit au revoir en m'exhortant à prier pour nous deux et demander à Dieu que le dîner de demain arrive vite.
Wèèèèèèè !