- OK, félicitation pour tes talents de profiler, néanmoins, comme tu l'as dis, je vais quand même essayer, comme tout les autres. Alors vu que tu la connais, tu me dire comment elle s'appelle.
- Tu le seras bientôt, le boss va annoncer les résultats, tu peux être sûr qu'elle est sélectionnée pour la demie finale.
Elle me regarde en souriant de manière presque moqueuse et finit par rendre le billet à Vivien avant de me dire,
- Un petit cadeau perso, tu pourras au moins noyer ton chagrin dans l'alcool quand elle t'aura jeté.
Aurélien me tape dans le dos en éclatant de rire.
- Alors celle là, on te l'avait encore jamais faites, avoue.
Il a raison, je la trouve bien arrogante mais si elle me lance un défit, je le relèverais. Alors que Vivien ouvre la bouteille, la voix résonne à nouveau dans les enceintes.
- Vous avez votés et nous avons donc les quatre couples qui vont s'affronter pour la demie finale. Celui qui a recueillit le plus de votes, Léna et Matt, ensuite Carole et Julien, puis Rebecca et Kevin et enfin, Léonie et Mick. Vous savez tous comment faire, c'est vos votes qui enverront les meilleurs en final. Allez, place au show.
Une nouvelle salve d'applaudissements s'élève alors que la serveuse décroche complètement. Je prends mon verre et retourne au centre de cette salle, je veux la voir, la revoir danser, bouger, onduler toute en sensualité. Et elle est là, avec son partenaire. Ils se parlent à voix basse et malgré ce qu'elle dégage quand elle danse, là, elle semble très froide, presque détachée. Elle n'a pas un seul regard pour le public, la serveuse à raison, elle vit pour danser, ça se voit, ça se sent. On dirait presque qu'elle est dans une bulle qui la coupe du reste de la salle juste avant que la musique se lance.
Alors je la retrouve, elle se transforme, devient cette créature magnifique, attrayante, sensuelle, quasi sexuelle. Encore une fois, la musique est suave, incitant aux rapprochements et même si il est loin d'être à sa hauteur, elle fait en sorte que tout soit fluide, chaque mouvement, chaque geste. L'autre couple même si ils sont probablement doués, n'a aucune chance. Car autour de moi, les autres aussi ne peuvent détacher leurs regards d'elle, de ce qu'elle dégage.
Jamais encore je n'avais vue ça. On sent qu'elle est passionnée, qu'elle aime ce qu'elle fait, qu'elle s'abandonne même et dieu sait que ça lui réussit. C'est dingue ce qu'il se passe quand elle bouge, je sens ma respiration s'accélérer, mon cœur battre plus vite. Je ne vois qu'elle et rien qu'elle. Elle prend toute la place dans ce bar, c'est comme si elle aspirait tout l'oxygène juste pour pouvoir briller un peu plus.
Les accords défilent sans qu'ils n'aient vraiment de sens, je crois qu'elle pourrait bien danser sur n'importe quoi tant qu'elle continue de bouger ça n'a pas d'importance. Et d'ailleurs, quand la musique s'achève, je réalise que je suis loin d'être le seul à penser ça quand j'entends la foule en réclamer une autre, en demander encore.
Une bouffée de chaleur s'empare de moi alors que je vide mon verre. Je ne la connais pas, mais je vais remédier à ça et rapidement. Dés qu'elle quitte la scène, je la suis du regard avant de me faufiler au travers de la foule pour essayer de la rattraper. Il me faut bien cinq bonnes minutes pour réussir à arriver à une zone un peu à l'écart où elle est assise en buvant une bouteille d'eau alors que son partenaire est affalé un sourire niais étalé sur son visage.
- J'étais sûr qu'on serait qualifié, dit-il en s'essuyant le front.
- Tu rigoles j'espère, dit-elle en refermant sa bouteille. T'as de la chance que ça soit un concours à deux. Je passe mon temps à devoir me mettre à ton niveau. Tu fais aucun effort, dit-elle fermement.
- J'ai pas besoin d'en faire plus ma jolie. Tu sais comme moi qu'ils ne sont pas là pour me regarder moi, ils sont là pour ton jolie petit cul, alors continue de le bouger et fais nous gagner le gros lot.
- T'as intérêt d'en profiter, c'est la dernière fois qu'on bosse ensemble.
- Si tu veux, de toute façon, personne n'est jamais assez bien pour toi. Personne ne danse comme tu le veux.
Elle soupire en s'inclinant un peu plus dans son fauteuil. Même comme ça elle est belle, bien plus que la majeure partie des chiennes que j'ai ramené dans mon lit. Elle ne répond pas mais après quelques secondes, elle tourne la tête vers moi en ouvrant les yeux.
- Putain, pas maintenant, dit-elle en soupirant une nouvelle fois.
Elle ne se redresse pas, reste dans cette position presque lascive sans quitter mon regard. Je me sens bouger pour avancer jusqu'à elle. Ces yeux sont magnifiques, je crois que je n'en n'ai jamais vu d'aussi noir que ça et en même temps, malgré cette teinte, il y a cette étincelle, celle d'une lionne qui n'a besoin de personne pour avancer.
- Salut, dis-je plus vite que je ne le voudrais.
Elle me regarde de la tête au pieds et soupire à nouveau avant de me répondre.
- C'est pas personnel mais ça ne m'intéresse pas. Je suis là pour bosser, rien d'autre. C'est très flatteur mais je passe.
J'avais raison, une vrai lionne dans le corps d'une déesse. Je souris sans pouvoir me retenir, cette nana a vraiment un truc en plus.
- Je m'appelle Steeven, dis-je en lui tendant une main qu'elle regarde étrangement l'espace d'une minute avant de la serrer.
- Steeven donc, je te le redis, ça ne m'intéresse pas. Y a des tas de nanas dans la boîte, vas en trouver une autre. Je ne fais que danser, je ne cherche ni mec ni coup d'un soir.
- Je suis pas sûr que les autres soient aussi intéressantes que toi.
- Sérieux, ça marche vraiment ce genre de truc dans ton monde?
- Je t'ai regardé danser, tu es très douée, bien plus que ton partenaire.
Il tique en m'entendant dire ça et se redresse alors qu'elle tend son bras pour lui faire comprendre de ne pas relever. Donc elle le contrôle, tout comme elle mène la danse quand la musique guide ces pas.
- Tu perds ton temps et le mien par la même occasion. Retournes voir tes potes, trouvez vous des nanas où aller en acheter mais fou moi la paix, dit-elle en se levant.
- Désolé, je ne voulais pas te déranger, c'est juste que quand je t'ai vue danser, en fait, c'est la première fois que je vois quelqu'un danser comme toi.
Elle se tourne vers moi et incline légèrement la tête avant de me répondre.
- ça me surprends pas vraiment, généralement, les filles ont moins de fringues et plus tu glisses de billets, moins elles en portent, c'est ça?
J'avoue que sur le coup, je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Bien sûr que c'est vrai, mais ça ne change rien, j'aime sa manière de bouger et jamais je n'ai vue ça avant ce soir, pas même quand mes parents me traînaient à des ballets où je devais lutter pour ne pas m'endormir.
- C'est pas faux, néanmoins, j'ai vue des pros et plus d'une fois et je sais ce que je dis. Ta manière de danser, de bouger, c'est comme si la musique faisait partie de toi.
Elle plisse les yeux, méfiante, pourtant, je ne fais que lui dire la vérité.
- Dans ce cas, tu ferais mieux de retourner tes voir tes pros, j'ai autre chose à faire que de t'écouter parler et je suppose que tes potes t'attendent. Vas les retrouver.
- Je vais y aller, je voulais juste te dire à quel point tu as du talent et connaître ton prénom.
- Pourquoi?
- Pourquoi pas?
- Et j'ai une tête à m'appeler comment?
- Léna. Tu as une tête à t'appeler Léna.
Elle sourit rapidement avant de lever les mains vers le ciel.
- Gagné, dit-elle en repartant.
Elle ne me laissera pas la moindre chance de l'approcher, du moins pas maintenant, pas aussi vite et pourtant, je ne compte pas baisser les bras. Elle à quelque chose de plus, un petit truc qui me pousse à vouloir en savoir plus sur elle, beaucoup plus. Je retourne auprès de mes amis avec un sourire con sur les lèvres. C'est suffisant pour que la serveuse soit surprise. Elle croit quoi? Que je suis le genre de mec à abandonner face au premier obstacle? Au contraire, elle ne fait que m'ouvrir l'appétit.
- Alors il était pas si magistrale ce râteaux, me dit Aurélien visiblement bien éméché.
- Disons qu'elle est un défit que j'aimerais bien relever, dis-je en me servant un autre verre.
Il n'y aura pas d'autre danse ce soir, je ne la reverrais pas danser, mais je sais déjà que la semaine prochaine, elle sera là et moi aussi, je serais là, rien que pour la voir bouger, rien que pour ressentir encore une fois ce frisson qui ne veut pas me quitter. Je vide mon verre d'une traite et durant le reste de la soirée, je suis avec eux tout en ne faisant que penser à elle, tout en la revoyant onduler, en la voyant dégager cette énergie qui semble m'hypnotiser.
Les résultats sont annoncés un peu plus tard, sans surprise, elle est en finale. Je souris en entendant son prénom. Quelques minutes plus tard, elle s'installe au bar à l'opposé de moi. La serveuse va aussitôt la voir avec un verre déjà prêt. Visiblement elle a ces petites habitudes ici, c'est une habituée. Elle sirote son verre, tranquillement, jusqu'à ce qu'un homme ne l'approche. Il est bien plus âgé et de ce que je vois, elle ne semble pas le connaître. Elle soupire comme elle l'a fait avec moi et fait un signe de tête à la serveuse qui comprend aussitôt le message.
Il insiste, je le vois alors qu'elle le repousse, une fois, deux, fois, trois fois. La quatrième, elle se lève, furieuse et balance son verre à la face de ce mec. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit mais ça ne semble pas lui avoir plut et je dois dire que je la trouve encore plus belle comme ça, quand elle se défend, quand elle s'impose et qu'elle ne courbe pas l'échine face à un homme visiblement plus fort qu'elle.
- Casses toi rejoindre ta femme, dit-elle à voix suffisamment haute pour que je puisse l'entendre. Où je te jure que je t'arrache les couilles et je les plante sur le comptoir, continue t-elle en sortant un couteau papillon de la poche de son jean et en le plantant avec force sur le dit comptoir.
- T'es qu'une pauvre salope, dit-il en lui crachant presque ces mots au visage. T'allumes, t'allumes, mais t'assumes pas.
Alors je la vois, cette étincelle, celle d'une lionne sur le point d'attaquer, prête à déchiqueter sa proie qui n'a plus aucune échappatoire. Ce regard me fait trembler. Putain mais qui est cette fille?