On finit par quitter le restaurant aux alentours de 23h et Nath propose qu'on aille se poser à son appartement en attendant qu'il soit l'heure d'aller en boite.
- Comme ça, on va toutes superviser l'installation de Marielle.
Carole, Alyssa et MP nous devancent, pour préparer le logement et ranger un peu, pendant que Marielle, Nath, Laura et moi allons chercher des affaires pour Marielle chez elle pour quelques jours.
Quand on arrive, 20 minutes plus tard, on trouve son truc assis devant son portail, surement en train de l'attendre.
Nath stationne sans faire attention à lui et sans couper le contact.
- Jordan, tu descends avec moi. Tu expliqueras la situation à ses parents pendant que je ferais son sac. Laura, tu restes avec elle dans la voiture, stp.
Elle n'attend pas qu'on réponde qu'elle est déjà descendue.
Je l'imite aussi vite que possible et dès que je suis dehors, elle appuie un bouton sur sa portière qui verrouille la voiture.
Elle passe ensuite devant Stéphane comme devant un poteau et va sonner au portail de chez Marielle.
Stéphane et elle se détestent, c'est bien connu. Ils ne pouvaient déjà pas se blairer au début de sa relation avec Marielle, quand tout allait bien, mais depuis que Nath l'a fait enfermer à la PJ, c'est encore plus explosif.
Moi aussi, je passe devant lui sans lui adresser un mot. Au début, je le défendais, mais c'est vraiment un gros con alors je ne lui parle plus.
- Dana... m'interpelle-t-il.
Le portail de Marielle s'ouvre sur sa petite sœur. Nath lui dit je ne sais quoi et celle-ci nous demande d'entrer.
Stéphane fait un geste vers moi pour me retenir par le bras et Nath se retourne aussitôt (ne me demandez pas si elle a des yeux derrière la tête) :
- Si ne serait-ce que ton ombre la touche, je te fais arrêter dans les minutes qui suivent.
- Ouais, tout le monde sait que tu as des relations, pas besoin de te vanter.
- Je ne me vante pas. Je te préviens.
Elle tourne les talons et entre dans la maison. Je la suis sans demander mon reste.
On traverse le jardin et entre dans la maison. Les parents de Marielle sont debout dans le salon, l'air inquiet.
Nath les salue et leur dit que je vais leur expliquer pourquoi on débarque chez eux aussi tard, avant de se diriger vers la chambre de Marielle avec sa sœur.
Je reste au salon leur expliquer que Marielle s'est disputée avec son gars (que ses parents détestent autant, sinon plus que nous) et qu'elle a fait une crise et qu'elle s'est soulée la gueule et qu'elle va passer quelques jours avec moi. C'est totalement vrai, elle va se souler la gueule tout à l'heure et on va rester avec elle jusqu'à demain.
On discute un peu de la situation, le temps que Nath revienne et une fois fait, on les remercie, s'excuse du dérangement tardif et prend congé.
Stéphane est encore devant la porte quand on en ressort.
Il nous suit quand on se dirige vers la voiture, tout en nous posant des questions débiles, du genre 'vous allez ou avec les affaires de Marielle ? Elle est où ?'.
Quand Nath déverrouille et ouvre sa voiture, je pense que Stéphane aperçoit Marielle, parce qu'il se dirige vers nous et essaie d'ouvrir la portière. Quand il n'y arrive pas, il se met à taper sur la vitre en hurlant :
- Marielle !!! Bébé, descend. Marielle ! Je veux juste parler.
Nath baisse la vitre et soupire.
- Tu ne comprends pas quand on te parle, j'ai l'impression.
- Je n'ai pas affaire à toi, Nathalie. Fais descendre ma copine.
- Je ne savais pas que tu avais une copine, encore moins dans cette voiture.
- En fait, tu es jute jalouse.
- Je te demanderais bien de quoi, mais je t'accorde déjà trop de temps et d'attention.
Elle lui fait un signe de la main et démarre en trombe.
Il a à peine le temps de s'éloigner pour ne pas qu'elle lui roule dessus.
Les premières minutes de trajet se font dans le silence le plus complet. Puis, au bout d'un moment, Laure et Marielle éclatent de rire en chœur.
- Non mais sa tête, rigole Marielle.
- On aurait trop dit un phacochère, renchérit Laura.
- En plus il était trop mal habillé, c'est quoi ça ?
- Il a toujours eu ce style hein, je réponds. C'est toi qui étais aveuglée.
Marielle rigole à nouveau, jusqu'à ce que son rire se transforme en sanglots.
Je soupire. On est pas sorties de l'auberge. Etre l'enfant de cupidon, qui aime l'amour comme ça, c'est dur pour elle.
Quand on regagne l'appartement de Nath, il est déjà plus de minuit.
On a juste le temps de se refaire des petites beautés avant de ressortir pour aller en boite.
On se remaquille, Marielle qui a pleuré et dont le maquillage a coulé sur sa tenue se change, on fait des photos et on se met en route.
Quand on arrive, quelqu'un nous attend dehors pour nous conduire au carré VVIP. Dès qu'on se pose, trois seaux de champagne millésimé apparaissent devant nous. Je suis à la fois excitée et inquiète. Parce que je sens déjà la gueule de bois qui m'attend demain. Mais en même temps, j'aime trop faire la fête avec Nath. C'est un autre niveau.
La boite appartient au frère de Nath. Evidemment, quand on vient ici, on est toujours bien traitées. Mais avec la princesse, c'est 100 fois mieux. Nos désirs sont pris en charge avant même d'être émis à haute voix.
Les bouchons de champagne pètent, on nous sert et on trinque.
- A la promotion de MP !
C'est principalement pour ça qu'on a décidé de sortir ce soir, parce que MP a eu une promotion au boulot.
- Et au couple de Laure !
Ouais, Laure était célibataire pendant longtemps, elle vient juste de se mettre avec un gars qui semble correct.
- Et à la rupture de Marielle !
- Et au sugar daddy de Dana.
- Je vais te gifler très mal, Carole.
- Concentrez-vous un peu, gronde Alyssa.
- Et à ta vie sexuelle épanouie, ma sorcière, je continue.
- Ton cul.
Alyssa a décidé qu'elle voulait être abstinente depuis quelques mois, pour mieux canaliser son énergie sexuelle et je ne sais quoi d'autre.
- Bref, à nous, conclus MP.
On trinque et on descend toutes nos flutes cul sec.
Puis Carole et Alyssa vont prendre la piste d'assaut.
Avec les autres, on reste dans notre salon à s'ambiancer doucement.
Au bout de 20 minutes, il ne reste que Nath et moi.
Nath est sur son portable en train de discuter avec son mari. Apparemment, il attend qu'elle finisse pour envoyer quelqu'un la récupérer et elle essaie de le convaincre qu'elle est capable de rentrer en taxi et qu'il peut aller dormir.
Les gens qui s'aiment.
Moi, je descends doucement mon champagne dans mon ambiance. J'ai envie de danser, mais les musiques ne m'inspirent pas trop. Le coupé décalé a trop évolué et je ne sais pas danser les chansons à la mode. Je me suis arrêtée à l'époque de tchintchin de Safarel Obiang. Toute danse postérieure est juste supprimée par mon cerveau.
Je suis dans mon mood quand un homme vient s'asseoir à côté de moi.
Il m'adresse un large sourire et se penche sur moi.
J'ai envie de l'insulter parce que c'est une violation de mon espace personnel mais son parfum déconnecte momentanément mes synapses.
- Désolé de pénétrer ton espace comme ça, mais il y a trop de bruit pour que je puisse te parler de plus loin.
Okay, il sait. Bon point.
- Je t'ai remarqué dès que tu es entrée et depuis, je n'arrive pas à détacher mes yeux de toi. Tu es magnifique.
Je souris sans répondre. Pour dire quoi, de toute façon ? Je sais déjà que je suis magnifique.
- Comment tu t'appelles ?
Je sens le regard de Nath se poser sur moi et je souris plus largement.
- Jordan. sans E.
- Ravi. Moi, c'est Olivier.
Il me tend sa main que je prends. Elle est immense et chaude. Ses doigts sont longs et fins, avec des ongles bien coupés et propres. Le genre de main qui mérite d'explorer mon corps dans tous ses recoins.
- Tu veux danser ?
C'est une chanson de dancehall en anglais qui passe.
J'accepte avec plaisir et le suis sur la piste de danse.
****
Nath
Je regarde Dana s'éloigner avec Michael et j'ai juste envie de pleurer de frustration. Je sens déjà les maux de tête qui arrivent.
Dana est en couple. Enfin, en quelque sorte. Mais elle adore jouer. Et manifestement, Mika n'est pas venu lui parler pour faire un groupe de prière, il n'y a qu'à voir comment ils se frottent sur la piste là-bas.
En plus, elle lui a dit qu'elle s'appelle Jordan. Ça veut dire qu'elle a l'intention de faire du sale. C'est son nom de pute.
En général, je ne me mêle pas de ce genre de choses, mais Mika, c'est le pote de mon frère. Bien sûr, ce sont des adultes et ils devraient être capables de gérer les choses sans accroc, mais j'ai pas envie que ça crée des histoires. Parce que le gars de Dana, c'est un malade. Je n'ose même pas imaginer ce qu'il serait capable de faire si il apprend ça.
- Combien qu'ils couchent ensemble ce soir ?
Je me retourne et mon regard tombe dans celui du gentleman qui vient de prononcer cette phrase pleine de classe.
- Va jouer dehors, JC.
- Allez ! Regarde les sur la piste, je suis sure que Dana en meurt d'envie.
- Je ne vais pas parler de la vie sexuelle de ma pote avec toi.
- Tu n'en parle pas, tu parie, c'est différent.
- J'ai dit vas jouer dehors.
- 3 millions ?
Je jette un regard rapide vers la piste.
Dana est en train de whine sauvagement sur Mika. Elle a les yeux fermés et à l'air d'être sur le point de jouir.
Je remue la tête.
- 5 millions et les clefs de ton Audi, je contre.
- Tu es si confiante que ça ?
- Absolument.
- Okay. Va pour 5 millions.
Je lui tope dans la main en souriant. Je dois déjà réfléchir à ce que je vais faire des sous.
- Par contre, faudrait prévenir ta pote de pas trop s'accrocher. Tu sais comment est Mika.
Ouais. Un coureur de jupons doublé de phobique de l'engagement, spécialiste des coups d'un soir et des ''relations'' moins longues qu'un trajet en avion.
- T'en fais pas pour elle. Elle gère.
- Je dis ça pour elle. On ne l'appelle pas CR7 pour rien.
- Quoi ?
Il rigole.
- Oh, c'est son nom de chasseur.
- Et pourquoi ça ?
- Parce que c'est le meilleur joueur du monde.
Je rigole doucement.
- Apparemment, ça va être un duel de joueurs, parce qu'en face, il y a Jordan.
Laquelle Jordan fait désormais face à Mika et se frotte sur lui comme si sa vie en dépendait.
Je soupire à nouveau. Je sens déjà les soucis arriver. Au moins quand ils vont me donner mal au crane, j'aurais 5 millions pour faire du shopping et me détendre.
******
DANA
Olivier est un excellent danseur. Le rythme, les tempos, les mouvements... tout est bon.
Il danse comme s'il glissait sur le sol, sans efforts.
Au début, je lui ai dit que je ne savais pas danser et il m'a demandé de le suivre simplement.
Il m'a entrainé dans un dancehall endiablé et on a dansé longtemps sans échanger un seul mot.
Et puis l'ambiance a changé quand le DJ a mis Hold You de Gyptian.
Là où l'on dansait plutôt tranquillement, avec une petite distance de ''sécurité'', le gars m'a prise dans ses bras, mon dos contre son torse, ses mains autour de ma taille et m'a montré le corrigé du whine.
Gaaaars !
Je ne savais pas qu'on pouvait faire ça aux enfants des gens.
Mais comme mon second prénom c'est Jordan, je ne pouvais pas me laisser faire.
J'ai rendu coup de rein pour coup de rein et déhanché pour déhanché, comme si ma vie et mon honneur en dépendaient.
Quand la chanson s'est terminée, on était tous les deux essoufflés et émoustillés. Du coup, il m'a proposé de s'éloigner un peu pour discuter et prendre l'air.
On s'est retrouvés dans le couloir qui mène aux toilettes. Ne me demandez pas quel air circule là, je ne saurais répondre.
Je m'adosse contre le mur en face de la porte des toilettes et pousse un profond soupir.
- Je te trouve magnifique, dit-il doucement en s'approchant de moi.
Et moi je me retiens de te sauter dessus comme une prédatrice sexuelle. Mais je me contente de sourire.
Il s'avance vers moi jusqu'à ce que nos jambes se touchent.
- J'ai envie de t'embrasser, chuchote-t-il.
- Tu m'informes ou tu me demandes la permission ?
- Les deux.
- Information bien notée, permission refusée.
- Pourquoi ?
- Je ne vais pas embrasser un inconnu. Qui sait si tu n'as pas l'hépatite ou l'herpès ?
Il éclate de rire.
- Fair enough. Du coup, on fait connaissance ?
- Si tu veux. Mais ça ne suffira pas pour qu'on s'embrasse.
Il rigole à nouveau.
- Tu veux que je te fournisse une copie de mes examens médicaux ?
- Ce serait un bon début.
Il rigole encore, jusqu'à ce qu'il réalise que je suis très sérieuse.
- Tu plaisantes ?
- Jamais avec ça.
Il y a la mort dedans, je le sais mieux que personne.
- Oh, okay, finit-il par dire en reculant. J'ai bien noté. Tu veux qu'on y retourne ?
Je manque d'éclater de rire.
- Je pensais que tu voulais prendre l'air.
- Avec le vent que je viens de me prendre, plus besoin d'air, répond-il en riant.
Je rigole.
Au moins, il a de la repartie et de l'esprit. Et il ne se prend pas trop au sérieux. J'aime ça.
On retourne donc dans la boite, il me raccompagne jusqu'à notre salon avant de saluer les autres (qui ont dû revenir quand on n'était pas là) et d'aller s'asseoir dans un carré u peu plus loin.
Le reste de la soirée se passe tranquillement, entre les filles qui essaient de savoir ce que je pense de Olivier et quelques autres gars qui nous font venir à boire pour nous impressionner.
Quand ils partent de la boite, Olivier et ses amis viennent nous dire au revoir et Olivier me demande mon numéro de téléphone. Pour pouvoir m'envoyer une copie de ses examens médicaux, qu'il dit.
On rentre un peu après 4h du matin et là où toutes les filles décident de dormir à l'appartement de Nath, je décide d'aller finir la soirée ailleurs.
Olivier m'a trop chauffée, le whine là est resté dans mon corps. Si je ne me libère pas, je risque d'être de très mauvaise humeur tout à l'heure au bureau.
Ça me prend 20 minutes pour traverser la ville de zone 4 aux deux plateaux (ça me coutera aussi certainement une amende) et il est 4h50 quand je stationne devant sa maison.
Le gardien (c'est un miracle qu'il ne soit pas en train de dormir) m'ouvre le portail et j'ouvre la porte d'entrée avec le double que je possède.
Je pose mon sac sur la console à l'entrée, retire mes chaussures et enfile des pantoufles avant de me diriger vers la salle de bains des visiteurs.
Je me démaquille, prend une douche rapide et enfile un peignoir avant de rejoindre la chambre principale.
Abdel est dans un coin de la pièce, assis sur son tapis de prière.
Sans un mot, je retire mon peignoir et me glisse sous les draps.
5 minutes plus tard, monsieur me rejoint dans le lit et me prend dans ses bras.
- Je ne t'attendais pas, dit-il en caressant lentement mes cuisses.
- Tu n'es pas content ?
- Si, mais je suis surpris. Tu devais dormir chez ton amie, non ?
- Si. Mais j'avais envie.
- Et donc tu as traversé la ville à 4h du matin pour du sexe.
- Oui. Ai-je eu tort ?
- Non.
Il pose une main sur ma poitrine, pendant que l'autre se glisse entre mes jambes et que sa bouche va explorer le creux de mon cou.
Je laisse échapper toute la tension que j'ai accumulée ce soir dans un long gémissement.