Je ne retirais pas mes vêtements, car nous n'avons pas besoin de les enlever pour nous transformer. Nous pouvions passer sous notre forme lupine sans que nos vêtements ne se déchirent, ce qui était plutôt avantageux. En ouvrant la porte, la pluie et le mauvais temps étaient encore présent, comme la veille. Je soupirais puis m'élançais dans le village. Je courrais tranquillement jusqu'à la lisière de la forêt et sautais dans les airs tout en me transformant. Mes os craquèrent, mon corps changea.
Lorsque j'atterris sur mes pattes, je courus plus rapidement et m'enfonçait entièrement dans la forêt.
En fait, notre meute habite en pleine forêt mais nous avions rasé le village de toute forêt, sans pour autant enlever tous les arbres. Nous ne nous cachions pas, parce qu'après tout, les humains étaient déjà au courant de notre existence.
Nous n'avions pas vraiment eut besoin de nous dévoiler car nous existions bien avant eux. Et ils ne s'en plaignent pas, à vrai dire.. nous nous entendons très bien et l'harmonie a toujours été conservée entre humains et lycanthropes.
Je sentais l'herbe, le bois craquer sous mes coussinets et je gagnais en vitesse. Je cours vite, mais je sais que je ne suis pas la meilleure dans ce domaine.
Si je devais donner le meilleur domaine dans lequel j'exerce, ce serait le combat.
Depuis mes cinq ans, je suis formée pour ça. Combattre.
Avec maintenant 12 ans d'expérience en combat, je sais mettre un alpha à terre.
J'ai évidement tenté le coup avec mon père pour m'en sortir deux ou trois fois.. mais c'est lui qui m'a enseigné tout ça, alors forcément, je ne réussissais jamais à le battre.
Je fis le tour du territoire en deux heures, et en croisant quelques gardes qui baissaient la tête lorsque je passais.
Même si mon père faisait flipper, la plupart des loups de la meute me respectaient autant qu'à lui. Ils pensent peut-être que je suis comme lui.. ou pas. Mais de toute façon, c'est une évidence chez nous. On respecte toujours le plus fort, ici l'alpha et donc sa famille avec.
Ici, c'est moi. Je ne pense pas être la plus chanceuse d'être la fille d'un alpha qui a peté les plombs, et dont les parents ne sont même pas âmes-sœurs. J'ai beau avoir quelques avantages hérités de mon père alpha, j'ai aussi mes inconvénients de louve normale, comme ma mère l'était. Et c'est ce qui me différencie des autres.
Je ne suis pas comme eux, je ne leur ressemble pas. J'aurais pu être rejetée pour ça, mais ça n'a jamais été le cas. Au lycée, personne ne me cherchait, personne n'osait s'en prendre à moi. Tout le monde m'aimait bien, mais je gardais en cercle restreint mes amis. De plus, mes vrais amis au lycée ont toujours été des humains.
Bizarre, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais vraiment aimé toutes ces louves qui se dandinaient pour faire les belles, qui tournaient autour des mâles les plus beaux pour avoir une réputation. En fait, c'est presque pareil chez les humains.. mais ils ne sont pas tous comme ça. Et c'est ce qui m'a plus chez eux.
Après avoir vérifié que tout était en ordre, je quittais le territoire et me transformais en humaine. J'allais faire un petit tour, il n'était que midi. Je n'avais pas vraiment envie de revoir mon père. Après quelques heures, j'avais bloqué la voix de mon père qui hurlait pour que je rentre. Ce que j'ai fais ? Je l'ai envoyé bouler.
Quand je me suis rendue compte de ce que je venais de dire, encore une fois, c'est là que j'ai commencé à regretter. Parce que je savais qu'en rentrant, mon père allait vouloir m'étriper. Alors je trainais bien longtemps en ville.
J'entrais dans un bar, la pluie ne voulant pas s'arrêter. De toute façon, demain je me casse d'ici. Enfin, cette nuit. Parce que je serais enfin majeure, et je pourrais quitter le pays sans qu'on demande l'autorisation de mon père. Et surtout, je pourrais prendre de l'argent sans que mon père le sache, puisque je pourrais ouvrir mon propre compte.
J'avais déjà ma carte, il fallait juste attendre que je sois « adulte » pour qu'elle s'active.
Mon père et ma mère avaient déjà complété mon compte, puisque nous étions riches.
J'avais sur le compte peut-être plus d'un million d'euros. Et ça me suffisait largement.
Comme ça, je pourrais fuir sans être inquiétée par l'argent. Ce ne sera qu'un problème en moins. De toute façon, je ne courre pas après la fortune. J'en ai rien à faire.
Je pris un verre de vodka bien fort pour oublier. Juste un instant, oublier que j'avais un père fou, une mère lâche, et que ce que je m'apprêtais à faire était totalement suicidaire.
J'enchaînais trois verres et ne voulant pas rentrer soule, je m'arrêtais là.
L'organisme d'un loup permet d'encaisser plus facilement l'alcool alors j'en profitais.
Mon père, lui, en a tellement abusé que son organisme ne connaît que ça.
Il était désormais 19h. J'écarquillais les yeux en voyant l'heure. Je sortis du bar en trombe et me transformais pour atteindre rapidement le village. En quinze minutes, j'y étais. J'allais vraiment subir ce soir..
En arrivant, j'optais donc pour la discrétion totale. J'allais devoir me faire toute petite si je voulais espérer m'en sortir. Mais lorsque j'y repensais, il fallait que j'énerve mon père. Il fallait qu'il se défoule assez longtemps sur moi ce soir pour ne pas qu'il revienne cette nuit. Comme ça, je pourrais tranquillement me faire la malle.
Je me transformais en humaine lorsque j'arrivais devant ma maison. Je poussais la porte d'entrée, et entrais à l'intérieur. Mon père avait déjà remplacé la table basse par le même modèle. Et j'imagine que c'est pour que j'y repasse.
Elle ne sera sûrement pas bien neuve longtemps. J'aperçus mon père assis de dos à moi, sur le canapé. Je montais doucement la première marche de l'escalier.
Une voix rauque me fit sursauter.
- Amber ? Viens ici.
La voix sérieuse et calme de mon père, ne présageait rien de bon. Je fermais les yeux et inspirais un bon coup. Il fallait que je tienne, c'était la dernière fois que j'allais souffrir.
Normalement.
Je m'avançais jusqu'au canapé et restais dans le dos de mon père.
- Oui ? Dis-je, innocemment.
- Tu n'as pas l'impression d'être en retard, par hasard ? Ou pire, de m'avoir envoyer chier, tout à l'heure ?
- Euh.. peut-être ?
Soudain, un grognement sourd raisonna dans la maison et je courus de toute mes forces, pourchassée par mon géniteur. La soirée allait être longue..
Je cours parmi les couloirs de la villa, et monte au deuxième étage. Il n'y avait que trois étages au total. Je pénétrais dans la salle de bain et m'y enfermais à clef.
J'en profitais pour récupérer mon souffle. J'avais tout prévu.
Je partirais à trois heures du matin pour arriver à l'aéroport à quatre heures. J'avais déjà consulté les billets d'avions, je les prendrais directement la-bas. L'avion décollerait à quatre heures et quart, et je serais à Los Angeles à huit heures.
D'un coup, la porte de la salle de bain explosa, défoncée par mon père qui entra en furie. Il m'assena un coup de poing que je sentis passer, puisqu'un goût de métal se propagea dans ma bouche. Dégoûtant.
Il attrapa ma gorge et heurta ma tête contre le miroir situé au dessus du lavabo.
Ce dernier éclata en morceaux et ma joue fut entaillée à certains endroits.
Ça piquait légèrement. Je ne me défendais que très peu. Mon père me souleva et me projeta contre l'un des placards de la salle de bain.