Chapitre 5 Une opération n'est jamais inutile. Elle peut ne pas profiter à l'opéré... Mais elle profite toujours à l'opérateur.

Ainsi s'en le vouloir, je suis rapidement devenu le « chouchou » de la clinique. Cette dernière ayant passé mon meurtre cinglant sous silence.

Les étudiants en médecines se passionnaient sur mon cas et les volontaires pour me tester ne manquaient jamais. De ce fait, ce fut un jeune homme, d'une vingtaine d'années à peu près, qui s'occupa de ma félinité naissante, afin de mesurer ma vision à la sienne, puis à celle d'un chat domestique. Il m'expliquait alors les raisons de ce choix, le « pourquoi » il avait choisi ce type de test contrairement à ceux de forces que je pratique plus rigoureusement.

« - Selon les études réalisées, le chat serait dichromate : l'étude de sa rétine a montré qu'elle contenait deux formes de cône, les uns sensibles au bleu, les autres au vert. Il ne peut donc pas distinguer le rouge. »

Toutes ses futilités ne m'intéressaient pas réellement. Je savais pertinemment que l'œil d'un félin est adapté à sa fonction de chasseur nocturne : les bâtonnets dont parlait l'étudiant sont présent en très grande quantité. Cependant le fauve ne peut pas voir dans une obscurité totale, mais la lueur des étoiles lui suffit pour partir à la chasse et revenir avec une proie. Pour protéger cet œil très sensible, la pupille se réduit à une mince fente en pleine lumière. En résumé, l'œil du chat, pour parler plus simplement, est bien adapté à la vision de nuit, mais il n'est pas très performant de jour, s'accommodant mal et ne donnant pas une image très précise des objets. Nonobstant, tout ceci me concerner directement. En effet, depuis plusieurs jours ma vision baissée à vitesse vertigineuse, tandis que le monde de la nuit s'ouvrait devant moi, me dévoilant tous ses secrets.

Nous continuions à avancer vers la salle d'examen, lorsque mon ouïe se refixa aux paroles émises par ce jeune en blouse blanche.

« - [...] des expériences récentes, ont montré que les chats pouvaient distinguer cinq couleurs : le noir, le blanc, le jaune, le vert et naturellement le bleu, il peut également discerner vingt-cinq nuances de gris. Mais cette perception ne présente aucune utilité pour eux, aussi leur cerveau n'en tient-il tout simplement pas compte. »

Mes pas se stoppèrent net à ces derniers mots. Il me traiter d'idiot indirectement et s'en la moindre once de retenu. Souhaitait-il à ce point que je sorte les griffes pour me les faire sur lui ? Nonobstant et derechef, après réflexion qu'il serait plus intelligent de ne pas retenir la grossièreté de ce personnage plutôt que d'envenimer une situation déjà bien cocasse, je repris la marche.

Arriver à destination, le personnel présent avec moi commença à m'expliquer le test. Le pourquoi il était nécessaire, le comment ils allaient me le faire faire, ce qui allait être réalisé... Sur toutes les questions que j'avais, toujours un, au moins, des blouses blanches possédaient de quoi me renseigner et ainsi me tranquilliser.

« - Cette petite expérience, qui ne bouleversera sans doute pas la science, nous permettra de nous rendre compte que tu es capable de distinguer les couleurs. »

Je fis donc zoubi le clown une fois encore. Trois boîtes avaient été placées : l'une verte, l'autre rouge, la dernière bleue, et ce les unes à côté des autres.

De la nourriture –mon repas de midi- était toujours placé d'après leur dire dans la boite rouge. Je donc dû prendre tous mes repas de midi dans cette même pièce, pour ce même test idiot. Malheureusement pour moi... Ma vision perdant en intensité chaque jour, je fus contraint de sauter un repas. Les blouses blanches avaient trouvé fascinant et intéressant le fait d'intervertir mon plat à une vulgaire boite en carton peint en rouge.

Ainsi donc leur diagnostique tomba –tandis que mon appétit croissait

« -. J'étais : Nyctalope. »

« - Grâce à la dilatation de ta pupille tu parviens sa difficulté à voir la nuit, mais tu ne distingues pas la couleur rouge. »

« - Quant à la vision crépusculaire, enchaina une seconde blouse blanche, comme les chats tu ne vois pas dans l'obscurité totale. Comme la nôtre, ta rétine présente deux types de cellules sensorielles, les cônes, qui déterminent l'acuité visuelle, et les bâtonnets, qui sont sensibles à des lumières faibles, mais elle contient plus de bâtonnets et moins de cônes que la rétine humaine, aussi vois-tu mieux que nous la nuit, tout en ayant une vision moins nette des détails. »

Je haussais un sourcil, songeur. Tout ce que ces mines, imitateurs de prestance, me racontaient... Je le savais déjà depuis un moment. Grâce à un cerveau dont les pauvres étaient apparemment dépourvus, et internet : fabuleuse encyclopédie de science et savoir si l'on sait l'utiliser.

Malgré tout est faignant la naïveté pour ne pas heurté leur amour propre je lâchais un :

« - Ah bon ?! Mais c'est extraordinaire. »

                         

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