Chapitre 4 Il y a dans l'acte d'amour une grande ressemblance avec la torture ou avec une opération chirurgicale.

Je suis étendu, couché. Je ne parviens pas à me mouvoir encore, cependant mon audition n'a pas faibli, elle s'est même largement développer. Je perçois les voix du docteur Saw et de ma mère, ainsi qu'une jeune femme à leurs côtés, une infirmière je pense. Je ressens de léger picotement dans les jambes. L'opération a donc marché ?! Je sens mes jambes ! Mais mes muscles ne répondent pas au mouvement de flexion que je tente d'imposer.

Ma tête tourne lentement, c'est déjà cela, je peux la bouger. Plusieurs questions me hantent toujours... Des questions que je n'imaginais même pas avant l'intervention : Depuis combien de temps suis-je là ? Ai-je beaucoup dormi ? L'opération a-t-elle était aussi réussite que pour la jeune fille devenue à moitié loup ? Combien de temps encore vais-je devoir rester ? Aurai-je mal ? Sera-ce long ? Quand marcherai-je à nouveau ? Pourrai-je courir aussitôt ? Retourner en cours ? Revivre ? Comme avant ?

Soudain ma porte de chambre s'ouvre violemment, frappant le mur de la poignée. Ma mère s'approche de moi. Elle est furieuse. Mais pourquoi ? Sa discussion avec le médecin semblait relativement calme. Elle pose sa main sur la mienne. Je la sens trembler, elle est nerveuse. J'ouvre parcimonieusement les yeux. Mes paupières sont d'un poids affligeant, une vive douleur me traverse lorsqu'enfin, la lumière m'aveugle quelque peu. Je fixe ma mère, elle semble effrayée. Je ne comprends plus rien, elle devrait, au contraire, se réjouir de ma nouvelle peau. Mais rien. Aucune lueur de contentement n'illumine son regard. Elle parle et ses paroles me vident du bonheur que j'espérais.

« - Mon chéri. Il va falloir te retirer le greffon. Tu ne le supporte pas. »

« - Mais... Non. Non, je me sens bien. Je t'assure ! »

« - Andrew, une jeune femme est décédée récemment, elle avait ton âge. Elle aussi, c'est faite opéré, pour les mêmes raisons que les tiennes, les médias se sont fourvoyés sur son compte en rapportant quelle s'en sortait parfaitement. »

« - Quoi ? Mais c'est... »

« - Chut... Je ne veux pas te perdre, mon petit prince. Tu es tout ce qu'il me reste. »

« - Tu ne comprends rien ! Les mots commencent à dépasser ma penser, je le sens mais je n'y peux rien, je ne peux pas m'en empêcher. »

Je voulais arrêter, je souhaitais éviter tout ce qu'y allait suivre. Mais je n'y arrivé pas... Je n'en avais plus la force. Mon ton c'est fait plus dur, plus franc et direct. Mon timbre de voix c'est glacé. Je me souviens qu'à cet instant, ma main a bougé. J'ai serré son poignet si fort que ses os ont produit un très clair bruit de cassure : je lui avais broyé la main comme le plus simple geste du monde.

« - Arrête ! Ferme là ! »

« - Andrew ?! S'il te plait mon petit prince, tu me fais mal... Calmes toi. »

Elle pleurait, tentait de me faire retrouver la raison, un semblant de lucidité, d'humanité ! Moi, je ne me suis jamais reconnu en cette bête que je suis devenu en l'espace d'une seconde. J'allais tuer ma mère de sang-froid, sans scrupule, sans l'once d'un remord ou d'une hésitation. Je sentais son pouls dans ma main, en relevant la tête je m'aperçus que mon membre antérieur droit lui infligé une importante strangulation que je ne pouvais stopper. Comme si mon bras, mon corps fonctionnaient indépendamment de ma volonté pure. Je l'entendais encore souffler, chercher le souffle nécessaire pour rester en vie.

« - Non... Andrew arrêtes... Tu n'es pas comme eux... Mon petit prin... »

Tout d'un coup son flot incessant de mots emboités les uns dans les autres se tût. Son corps me semblait plus lourd à maintenir droit et debout. Sans était fini. Je la relâchai, elle tomba inanimé à mes pieds, une larme séchait déjà au coin de son œil. J'étais devenu... Un monstre ! Le docteur Saw entra, applaudissant comme si je venais de réussir un diplôme, un concours, un... rite de passage.

« - Félicitation mon grand ! Il arborait un sourire méprisable. Tu viens de franchir un cap essentiel à ta vie. Je suis fier de toi ! »

Le pire était qu'il le pensait vraiment. Il était réellement convaincu par ces mots prononcés et véritablement méprisables. Il m'écœurait profondément. Je me dégoutais encore plus malgré tout. Je m'écroulais à mon tour, au-dessus du corps désormais tiède de ma nourricière, ma protectrice, ma mère avec pour seule pensée : je suis un meurtrier !

            
            

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