-Je peux pas... Finis-je par lâcher après quelques instants à tout retourner dans ma tête.
-Pourquoi ?
-Mais monsieur vous...
-Idy. Pourquoi ?
-Parce que vous êtes... Et moi je suis... Dis-je en haussant les épaules.
-Je comprends pas. Quelque chose chez moi te dérange au point de ne pas accepter ma proposition ?
Non, non, non. Tout est parfait chez lui. C'est chez moi que rien ne va.
-Non ce n'est pas vous c'est moi.
-Comment ça ?
-Jamais je ne pourrais devenir votre épouse. Jamais je m'y sentirais à ma place.
-Ça je pense que c'est à moi d'en juger. Et tutoie-moi s'il-te-plait.
-J'ai quand même une question. Pourquoi moi ?
-Parce que j'ai su voir en toi des qualités que je recherche chez une épouse. Si tu avais une meilleure estime de toi, tu les verrais également. Mariama...Dit-il en me prenant la main et tout mon corps frissonne au même moment. C'est la première fois qu'un homme qui n'est pas de ma famille me tienne la main... Deviens ma femme et je promets de te rendre heureuse.
Ce n'est pas l'envie d'accepter qui manque mais je crois faire une erreur en acceptant ce mariage. Comment pourrais-je réussir en tant qu'épouse là où j'ai échoué en tant que domestique ? Sa mère ne m'acceptera jamais comme belle-fille.
-Et ta mère ??? Demandai-je en retirant ma main de la sienne.
-Ma mère j'en fais mon affaire.
C'est pas cette phrase qui va me rassurer.
-Je comprends que c'est un peu brusque, que tu as besoin de temps pour réfléchir. Je te propose de t'amener à mon appartement.
Je secoue la tête tellement fort que ça le fait rire.
-Ne t'en fais pas. On ne va pas le partager. Je vais juste t'y laisser le temps que tu te décides. Je vais pas non plus te laisser dormir dans la rue.
Je regarde mes doigts noués. Ça fait pas dévergonder de se trouver dans l'appartement d'un homme?
-Non je veux pas.
-Donc je peux t'amener à l'hôtel.
-Hôtel ?
-Oui hôtel. Puis qu'on dirait que mon appartement te dérange.
-Non c'est pas ça, c'est juste que... Je pense pas qu'une jeune fille doit se retrouver toute seule dans un appartement surtout celui d'un homme.
-Donc accepte ma proposition et retournons à la maison. Là vraiment je suis à court d'idée.
Je ne sais pas quoi dire. Je sais juste que je ne veux pas dormir dans la rue mais je ne peux pas aller dans son appartement et je veux pas non plus qu'il dépense de l'argent dans un hôtel pour moi.
Je sais vraiment pas quoi faire.
-Je ne sais pas... Dis-je dans un murmure.
-Moi non plus je ne sais pas. Je sais juste qu'en ce moment je n'ai aucune envie de te laisser filer. Donc...
-Désirez-vous quelque chose... Dit une voix derrière moi alors que je tourne instantanément la tête. C'est qui celle-là ?
-Oui c'est vrai que j'ai oublié de commander. Un café pour moi et Mariama, tu veux quelque chose ?
Je secoue la tête.
-Un jus de fruit pour mademoiselle... Dit-il alors que la fille retourne ses talons après lui avoir adressé un sourire charmeur. Pourquoi elle a fait ça ? Elle peut au moins me respecter. Il vient de me demander de l'épouser di. Là je boude mais la voix dans ma tête me sort de ma bouderie « Tu t'es vue, tu ne ressembles à rien avec ton t-shirt très large et ton pagne décoloré, personne ne peut penser que lui veut se marier avec toi. » Très méchante celle-là...
Il reprend ma main et encore une fois un courant électrique me traverse le corps.
-Crois-moi sur parole. Je veux t'épouser et ce n'est pas une blague. Je vais te rendre heureuse tu verras. Et pense pas à ma mère elle était juste fâchée aujourd'hui mais tu t'en rendras par compte toi-même c'est quelqu'un de très gentil.
Je retire ma main encore une fois. Je trouve ça très gênant.
-T'as un problème avec le fait que je te tienne la main.
-Non c'est juste que je trouve ça gênant.
-Gênant ? T'as une fois eu un petit-ami et je pense qu'il a dû te tenir la main et dans l'intimité vous avez fait plus que ça.
Ça veut dire quoi faire plus ?
-J'ai jamais eu de petit-ami.
-QUOIIII ??? Dit-il en écarquillant les yeux.
Pour être surpris de ma réponse, il l'est. La serveuse revient avec les commandes. Encore une fois en déposant le café elle lui refait un sourire. Est-ce ce qui m'attend si je deviens sa femme ? A le regarder se faire draguer quand on ira au restaurant. La serveuse s'en va. Je goûte à mon jus et il s'attaque à son café avant de reprendre la conversation.
-Tu n'as jamais eu de petit-ami. Tu as quel âge ? Ne me dis pas 15ans... Dit-il en me montrant du doigt.
Sa question me fruste un peu.
-Safi dit que j'ai 20 ans. C'est elle qui connait ma date de naissance.
-C'est qui Safi ? Tu ne connais pas ton âge ?
-J'ai jamais été à l'école donc ces choses-là, c'est Safi, ma meilleure amie qui s'en charge pour moi.
-Deviens ma femme et je te trouve un prof particulier qui viendra à la maison te donner des cours. Ça prendra du temps et tu n'en sauras pas autant que ta copine Safi mais tu parleras couramment le français et tu ne déprendras plus de quelqu'un pour connaitre ton âge.
Un prof particulier... Mes yeux se sont illuminés quand j'ai entendu cela. Je pourrais étudier. Réaliser ce rêve n'est-il pas plus important que tout le reste ? Ma peur d'intégrer sa vie vaut-elle le fait de laisser filer une telle opportunité ? Si je le laisse partir et que je me marie avec un autre, cet autre me laissera-t-il étudier ? Et puis qu'ai-je à perdre ? Sa mère me fera des misères, ça j'en doute pas mais qu'est-ce qui me dit qu'une autre belle-mère n'en fera pas autant ?
-J'accepte...Dis-je dans un élan de courage.
-Quoi ??? Demande-t-il. Sérieusement ? D'accord il m'oblige à me répéter.
-Je veux devenir ton épouse.
J'ai droit à un très beau sourire. Je me demande comment ai-je pu hésiter à devenir sa femme. Je vais passer de la domestique à la belle-fille de maison. Combien de filles rêvent d'être ma place ?
-Finis ton jus et on rentre le dire à ma mère... Dit-il et mon cœur loupe un battement. Sa mère, elle me fait vraiment peur. Comment pourrais-je l'affronter ? J'essaie de boire mais rien ne veut passer. Rien qu'à l'idée de penser aux évènements qui vont suivre, j'ai l'estomac complètement noué.
Il a fini son café et il me regarde perplexe.
-Tu ne termines pas ?
-Non... Dis-je en poussant le verre au milieu de la table.
Il fait signe à la fille, lui tend un billet avant qu'on ne sorte pour rejoindre sa voiture.
Plus la voiture roule plus je sais que je m'approche de la maison. On dirait que mon cœur va sortir de ma poitrine tellement qu'il bat fort. Je respire fortement pour essayer de me calmer. Il met sa main sur ma cuisse. Wowowowowww... J'ai envie de l'enlever mais s'il va devenir mon mari. Mieux vaut que je m'y habitue.
-Ne t'inquiètes pas. Comme je t'ai dit ma mère est très gentille.
Je m'efforce de lui faire un sourire. Mais il a dû voir comme tout mon corps s'est raidi, il a compris et a enlevé sa main.
Nous sommes arrivés et je regrette que la maison ne soit pas plus éloignée.
On sort et il a ma valise. Devant la porte d'entrée de l'intérieur de la maison il me tend la main en me regardant. Je comprends qu'il veut que je la prenne mais je n'en fais rien.
-Mariama il va falloir que tu décoinces un peu...Soupire-t-il en prenant ma main de force.
C'est quoi se décoincer ?
On a croisé Rama en montant les escaliers. Elle n'a rien dit mais c'est sûr qu'elle se pose 1000 questions. Nous montons les escaliers et j'ai encore plus peur que lorsqu'on était dans la voiture. Je prie Dieu en ce moment pour que tout se passe bien.
Nous accédons au salon. Il a posé mon sac devant la porte. Sa mère et sa cousine nous regarde avec insistance mais ne disent rien. Il s'assoit et je le suis attendant qu'il prenne la parole. Ma main est toujours dans la sienne et je garde la tête baissée.
-Abdoulaye tu m'expliques...Dit sa mère alors que mon anxiété est à son comble... Ne me dis pas que tu as osé réengager un employé que j'ai licencié.
-Non. Je ne l'ai jamais fait et je ne le ferais jamais. Je te présente ma future femme.
Gardant la tête baissée il m'est impossible de voir leurs réactions mais je crois pouvoir les deviner. Sa cousine éclate de rire.
-« Terminus de l'œil » (Expression wolof traduite littéralement)... Dit-elle entre deux ricanements. Je n'entends pas toujours sa mère dire quelque chose.
-Idrissa yow daguama yapp wala dagua ma mine... Dit sa mère.
-Maa c'est ma vie et j'en fais ce que je veux.
-Hen tu n'as rien d'autre à me dire que c'est ta vie. Tu as pensé à moi ? De ce que les gens vont dire ? Idrissa n'oublie pas que nous sommes au Sénégal. Dagua ma beugua may rirrrr ?
-Mais riroulane. Maa je m'en fous des qu'en dira-t-on. Ce n'est pas avec eux que je vais passer le reste de ma vie. Je te présente ta future belle-fille. La fille que moi, ton fils a choisi. Je compte sur toi pour l'aimer autant que tu m'aimes.
Sa mère ne dit rien. Il reprend la parole.
-Fatou, tu peux aller voir une des employées pour qu'elle lui prépare une des chambres d'ami en attendant notre mariage ??? Dit-il et sa cousine se lève et s'en va.
Je vais avoir ma chambre. Je risque vite fait de regarder sa mère et je croise un regard noir qui me défile. J'en ai des frissons. Ce sera ça ma vie ici ? Il dit que sa mère est gentille. Elle n'en a pas l'air en tout cas.
-Maa, il y a des choses à faire je crois comme les warougar (dote), tu peux t'en charger ?
-Qui moi ? Tu te maries sans mon consentement et tu espères que je vais lever le petit doigt pour cette farce. Tu as des tantes paternelles et maternelles. Appelle-les.
-Ok je vois... Normalement c'est tonton Moctar qui devait s'en charger mais je préfère appeler tonton Aliou pour qu'il aille demander sa main demain. Il pourra y aller avec ses fils et mes amis... Dit-il alors que je repense au fait que mon père m'a renié. Et s'il osait les chasser de sa maison. Quel honte !!!!
J'essaie de lui chuchoter.
-N'oublie pas que mon père m'a chassé de sa maison. Crois-tu que ce sera une bonne idée ?
-Oui c'est vrai. On a qu'à aller voir ton père aujourd'hui afin de voir comment procéder. Ça te va ??? Demande-t-il alors que je repense à quel point mon père me fait peur et ce que je risque en le voyant encore une fois. Mais c'est vrai que je ne peux me marier sans son consentement.
Je hoche la tête.
-Je crois même que c'est mieux si ton père accepte que tu revives chez vous. Même si je m'en fous pas mal de ces trucs de rites et de traditions, je crois que c'est très important pour une fille et que ce sera mieux si tu es chez toi pour les faire.
-Je doute que mon père soit d'accord.
-Mais on peut toujours essayer. On verra...Finit-il alors que je remarque que sa mère est toujours en rogne. Elle a dû entendre notre conversation. Fatou revient et prend place.
-Mariama si tu veux, Laye nous donnera de l'argent pour que je t'amène faire les boutiques. Si tu dois devenir Madame Mar, tu ne dois pas ressembler à ça.
Je me contente de lui faire juste un sourire. Suis-je horrible à ce point ?
-Pour commencer, tu peux lui prêter quelque chose à mettre, on va voir son père... Dit Laye alors que j'interviens.
-Non j'ai des vêtements traditionnels. Ça ira... Dis-je alors que personne ne réplique. Fatou a de beaux vêtements mais ce que je la vois mettre c'est trop serré et trop sexy pour aller voir mon père. Je ne veux pas risquer la gifle dès qu'il me verra.
Je vois Rama qui entre après avoir toqué. Je pensais que c'était pas la peine de toquer quand on entre dans un salon. Ce n'est pas une chambre, non ?
-Je voulais vous dire que la chambre est prête... Dit-elle.
-D'accord merci... Lui répond Idy avant de s'adresser à moi... Tu vas te préparer et quand tu auras fini on ira chez toi.
Je hoche la tête.
-Rama montre-lui la chambre.
-D'accord... Dit-elle alors que je la rejoins devant la porte du salon.
Une fois sortie du salon, Rama commence.
-Tu m'expliques.
-Tu peux attendre qu'on soit dans la chambre.
-J'ai l'impression d'être dans un film c'est quoi ça. Depuis quand ce gars-là nous adresse la parole au point de te tenir la main et de demander à ce qu'on te prépare une chambre d'ami ? Demande-t-elle... C'est par là... Finit-elle alors qu'on accède à une grande chambre. Décidemment dans cette maison tout est grand.
Je m'affale complètement sur le lit. Je regarde Rama qui reste devant la porte comme une pique.
-Tu peux t'asseoir, tu sais...
-Je veux des explications, pas m'asseoir.
-Il m'a demandé de l'épouser.
-QUOIIIII ???
-Rama tu peux parler plus fort peut-être qu'ils t'ont pas entendu au salon.
-Comprend ma surprise. Il t'a demandé de l'épouser. Mais attends vous vous êtes vu pour la première fois lundi. Ce mec ne parle jamais à personne et toi tu me dis qu'il t'a demandé de l'épouser. Je répète, comprends ma surprise.
-T'aurais dû me voir quand il m'a qu'il veut que je devienne sa femme. Je savais pas quoi dire.
-Je ne comprends pas. Tu sais au moins que ton futur mari a déjà une copine. Tout le monde s'attendait à ce qu'il l'épouse elle, pas une domestique que sa mère vient de renvoyer.
-Quoi ? Il a une copine, il m'a rien dit de tel.
-Oui une certaine Anta Sarr mais elle se fait appeler Anita. Mannequin très célèbre. Si tu regardais la télé plus souvent, tu l'aurais connue.
Rama ne me dit rien qui vaille. S'il a déjà une copine, pourquoi me demande-t-il de l'épouser ? Et sa copine dans tout ça ? Sera-t-elle toujours là quand on sera marié ?
-Je comprends plus rien.
-Et moi alors. Jamais je n'aurais pu penser qu'Idrissa Mar demanderait à une des employées de cette maison de l'épouser. Ce gars ne nous salue même pas quand il nous croise et de plus, il ne rate jamais une occasion de crier sur nous quand on ne fait pas les choses comme il le veut. Je priais pour qu'il retourne aux Etats-Unis mais puisqu'il va se marier, je pense qu'il compte rester.
-Tu penses que je dois refuser ?
-Refuser ? Mariama, on dirait que tu as envie que je te tape dessus. Comment peux-tu refuser de devenir sa femme ? Même si c'est crétin, c'est un crétin bourré de frics. Tu auras une vie de princesse qui n'a rien à voir avec ce que tu as toujours connu durant ton enfance. Et pense à la maladie de ta mère. Parles-en avec lui. Peut-être qu'elle n'est pas incurable et a juste besoin d'un traitement spécialisé. Si ça nécessite qu'elle aille à l'étranger, il a assez d'argent pour le faire même demain s'il le voulait.
Oui c'est vrai maman. Je n'ai même pas pensé à elle.
-Et aussi qu'on se le dise, qu'on l'aime ou pas il est plutôt agréable à regarder. Tu n'auras jamais ni plus beau, ni plus riche... Finit Rama.
-Oui c'est vrai qu'il est beau... Souriais-je.
-Une chose, quand tu seras madame Mar, n'oublie pas tes amies d'en bas.
-Non. Il m'est impossible d'oublier d'où je viens. D'ailleurs même je dois me préparer. On va voir mon père. Et je stresse à mort.
-Ton père ? Je l'ai jamais vu. Mais j'espère que ça ira. Je te laisse.
Quand Rama sort, j'entre dans la salle de bains pour prendre une douche. Je vois qu'il y a déjà tous les effets de toilettes. J'en sors et je me prépare.
J'ai fini et je sais que je dois rejoindre Idy mais je ne sais pas où il est. Je n'ai pas très envie d'aller dans le salon, je crois que sa mère y est et je ne veux pas la voir. Je déambule dans les couloirs espérant qu'il vienne me retrouver bientôt avant que sa mère ne le fasse.
-T'as fini... Me dit une voix que je commence à bien connaitre. Un soupir de soulagement se laisse échapper car je n'ai pas croisé sa mère. Il vient vers moi.
-Et ton sac de voyage ? Demande-t-il.
-Oui le sac, je vais le chercher... Dis-je en m'éloignant de lui. Je reviens avec le sac et il le prend de mes mains.
-On y va.
Ce n'est pas ça, qui va arranger les choses. Je n'ai pas adressé la parole à mon père depuis qu'il m'a expulsée de sa maison. Et s'il nous expulsait tous les deux aujourd'hui, comment pourrais-je regarder Idy de nouveau en face ?
Il démarre la voiture et on ne dit pas grand-chose durant le trajet. En effet je suis bien trop stressée pour exprimer une idée cohérente. Je ne parlais que pour lui expliquer le chemin à suivre.
Nous sommes arrivés, il n'arrête pas de regarder autour de lui. Ça doit être la première fois qu'il met les pieds dans un quartier pareil.
J'entre dans la boutique et je vois qu'Idy me suit. C'est mon petit-frère Souleymane qui est au comptoir.
-Woppa que fais-tu ici ? Baba va te tuer s'il te voit...
Je vois Idy qui cache un petit sourire c'est sûr que c'est mon nom bizarre qui a encore frappé. Merci les parents.
-Kham... Il est où papa ?
-Dans la chambre avec maman et tata Aminata.
Je ressors de la boutique pour me rendre dans la chambre. Je crains le pire.
-Si tu veux je peux rentrer avant toi.
-Oui merci... Dis-je pendant que ma respiration s'est accélérée comme jamais.
Nous accédons la chambre. Moi derrière Idy bien sûr. Idy en vient aux salutations. A ma vue papa se lève automatiquement. Il va me frapper. J'ai peur. Maman est couchée. J'ai peur que sa maladie se soit aggravée.
-Que fais-tu ici ? Fille indigne... Crache-t-il.
-Je...je...
-Je lui ai demandé de venir vous voir afin qu'on puisse parler.
-Asseyez-vous... Dit mon père, depuis quand il connait les bonnes manières lui ?
-Je suis venu pour vous dire que je veux épouser votre fille.
-Elle n'est plus ma fille... Dit celui que j'ai toujours considéré comme mon père.
-Pouvons-nous discuter en privée ??? Dit Idy. Mon père le fixe alors qu'il défie son regard.
-Oui nous pouvons aller sur la terrasse...Réagit mon père en se levant.
Ils sortent et je vais au chevet de ma mère pendant que ma belle-mère me scrute.
-Maman comment tu vas ??? Demandai-je à ma mère.
-Je vais bien, alhamdoulilah.
-Maman tu ne vas pas bien. Mais ne t'inquiètes pas tout va s'arranger.
-Comment ça ? Ton père n'a même pas de quoi me payer les médicaments, ils sont trop chers.
-Papa ne peut pas mais lui il peut. Il a beaucoup d'argent.
-Qui ?
-Celui qui veut m'épouser. Maman quand je serais sa femme je pourrais lui demander de nous aider.
-Dieu est grand.
-Maman je vais aller voir Safi... Dis-je en me levant et en me dirigeant chez Safi. Je toque à la porte de sa chambre. J'entends sa voix, heureuse qu'elle ne soit pas au campus.
J'entre et à ma vue, elle laisse sa petite sœur qu'elle est en train de tresser. On sautille ensemble comme des folles. On s'assoit.
-Ouzin m'a dit que c'est toi qu'il a vu sortir dans une très belle voiture. Je lui ai dit Mariama, impossible. Explique-moi comment c'est possible... Dit-elle avant de demander à sa petite sœur de nous laisser.
Je me demande encore comment tout ceci est possible. C'est Safi et elle aime quand je suis détailliste. Je lui raconte tout, à commencer par quand j'ai versé de la sauce sur Laye jusqu'au fait qu'il est sur la terrasse en train de parler avec mon père pour notre mariage. Me demandant ce qu'ils se disent.
-Si c'est l'Idrissa Mar dont je crois que tu es en train de parler. Ton futur mari est très connu et très riche.
-Tu sais que je ne regarde jamais la télé. Peut-être que c'est le même.
-Je doute qu'il y en ait 2. Mais lui, il a déjà une copine.
-C'est ce que m'a dit Rama aussi.
-C'est qui Rama ?
-Une des employées de la maison.
-Aux dernières nouvelles, il en avait une. Peut-être aussi qu'ils ont rompu et que la presse people n'est pas à jour. En passant, j'ai quand même une question.
Tu lui as parlé de ce qu'ils t'ont fait quand tu étais petite.
Je vois de quoi elle parle et je secoue la tête en refoulant un souvenir trop douloureux.
-Je veux dire que c'est le genre de choses qui sont importantes dans un mariage. Je pense que tu dois lui en parler avant de t'embarquer.
Safi a raison mais j'ai peur qu'il me rejette à cause de mon anormalité alors que ce n'est pas ma faute.