Je ne suis pas un monstre et ça me fend toujours le cœur de voir une fille qui pleure. Je ne veux pas être responsable de ces larmes-là.
Je m'abaisse pour l'aider à se lever. Je la fais assoir sur une chaise. Je sors de ma poche un mouchoir pour le lui tendre. Pendant que je cherche mes mots, elle brise le silence.
-Si vous me renvoyez c'est dans la rue que je vais dormir.
-Face à une telle faute, ce n'est pas l'envie de vous renvoyer qui manque. Mais comment ça, vous n'avez nulle part où allez ? Les employés de cette maison n'habitent pas ici. Ils ont tous un chez soi. Que ça soit chez leurs parents ou un autre proche.
-Mon père voulait que je me marie avec quelqu'un, j'ai refusé et il m'a chassé de sa maison... Dit-elle alors que je pense au fait qu'on avait un point commun, nos pères veulent nous forcer à nos marier.
-Le mariage peut-il vous dégoûter au point de préférer dormir dans la rue ?
-Ce n'est pas le mariage en tant que tel qui me dégoûte mais le fait que mon père veut que j'épouse un homme qui est plus âgé que lui, juste parce que ce dernier a beaucoup d'argent. Je ne peux pas le laisser me vendre comme si j'étais une marchandise...Dit-elle avant de sécher ses larmes qui ont commencé à couler à nouveau.
Si je comprends bien, elle a préféré un travail de domestique plutôt qu'un mariage avec un homme aisé. Je pensais que ce genre de fille n'existait plus.
Je sais pas ce que je pourrais bien répondre après ça mais je sais juste qu'après ce qu'elle vient de me dire que j'oserais jamais la mettre à la porte.
Mon portable se met à sonner. Sauvé par le gong. Je pouvais plus continuer cette conversation. Je me lève pour sortir de la salle à manger avant de répondre. C'est Assane, que peut-il bien vouloir ?
-Salut.
-Salut. Je t'appelle pour te dire que si tu peux venir au siège, fait-le. J'ai remarqué des trucs bizarres et je crois que tu devrais venir voir.
-Ok j'arrive... Dis-je avant de raccrocher.
Évidemment je ne peux pas sortir ainsi je suis couvert de sauce. Je vais dans ma chambre pour prendre un 2ème bain en une heure, merci la nouvelle, avant de sortir pour voir ce qu'Assane voulait.
Je suis arrivé au siège et je vais directement au bureau d'Assane. Je croise son assistante que je salue vite fait, toujours à me demander Assane, loumouy khar pour dieuleko, elle est plus que belle. Je suis devant la porte et je toque.
-Entrez... Répond mon ami alors que j'ouvre.
-Qu'y avait-il d'aussi urgent pour que tu m'appelles... Lui demandais-je en serrant sa main.
-Assis-toi.
Je prends place. Il me tend une pile de document.
-T'as étudié la comptabilité, non ? Regarde ces documents et tu verras s'il y a un truc qui cloche.
Pendant que je scrute calmement les documents qu'Assane m'a tendu. Je vois qu'il y a un transfert de fonds assez importants en des zones inconnues. Pourquoi je sens que c'est mon oncle ?
-T'as vu non ?
-Oui j'ai vu. Pourquoi ça ne surprend pas venant de lui ? Papa avait beau faire confiance à son frère moi je ne l'ai jamais senti.
-Et parce qu'il sait qu'il doit justifier ces transferts, il a pris la peine de créer plusieurs entreprises fictives. Donc il s'attend à ce que tu lui poses des questions et il te répondra que ce sont des entreprises qui font parties du consortium. J'ai beau chercher, je n'en connais aucune.
-Franchement mon oncle, il m'étonnera toujours. Ça c'est du vol quand même.
-Et s'il s'arrêtait à ça, ce serait pas si grave.
-Comment ça ? Explique...
-Il a mis à la porte vendredi passé, 2 des meilleurs éléments de la boite en prétextant des choses sans queue ni tête. Moi je les connais, ça fait un an qu'on travaille ensemble. Ils n'auraient jamais fait ce dont il les accuse. De plus durant la semaine, je l'ai vu dissoudre 5 entreprises. Toi tu crains qu'il te vole mais moi je crois que son objectif est de faire couler ta boite avant que tu ne prennes les commandes.
Putain de merde... Je suis sûr que mon père est en train de se retourner dans sa tombe quand il voit ce que son frère est en train de nous faire. J'espère au moins qu'il regrette d'avoir mis cette putain de clause sur mon dos.
-A cause de cette clause, j'ai les mains liées, je ne peux rien faire.
-Si tu peux. Tu ne crois pas que 50% de quelque chose vaut mieux que 100% de rien du tout. Je peux t'assurer que si tu prends ton temps avant de te marier, craignant de tomber sur une matérialiste c'est exactement ce qui t'attend. Donne à ton oncle quelques mois et il cassera Mar entreprises à un tel point qu'il te faudra plus qu'une vie pour recoller les morceaux.
Ce qu'il me dit me fait directement penser à la bonne. Cette fille a quand même préféré un boulot de domestique à un mariage de raison. Mais je chasse immédiatement cette idée de ma tête si jamais j'épouse une bonne, ma mère me tue.
-Je vais parler à mon oncle.
-Non ne fais pas ça. Dis-lui que tu es au courant de ses agissements et crois-moi sur parole il s'arrangera pour accélérer le processus. Fais comme si tu n'en savais rien et règle ta situation le plus tôt possible.
-Oui je le ferais. De toute façon, même si mon oncle ne faisait rien, je suis bien trop pauvre en ce moment pour prendre mon temps.
-Comment ça t'es pauvre ?
-Après la mort de mon père tous ses comptes ont été gelés et puis que c'est lui qui m'approvisionnait, mes comptes sont complètement vides.
-Pourtant ton père avant sa mort a ouvert des comptes communs pour lui, toi et ta mère. Je suis au courant, je m'en suis moi-même chargé. Tu savais pas ??? Dit Assane alors que je lâche un soupir de soulagement. Je savais que mon père n'oserait pas nous laisser sans rien, après avoir mis cette clause.
-C'est la première fois que tu me donnes une aussi bonne nouvelle.
-Oui je garde les documents dans un des tiroirs. Attends... Dit-il en se levant.
Il me les rapporte et je vois que tout est en règle. La première chose que je ferais en sortant d'ici est d'aller à la banque et rembourser le prêt. Pendant que je lis je reçois un message d'Anita. Je l'avais oubliée celle-là. Elle dit que puis que j'ai annulé, j'aurais dû au moins la prévenir. Je lui réponds que j'ai eu un imprévu et que je l'appellerais après.
Je remercie Assane en me levant. S'il n'était pas là, j'ignore ce que je deviendrais.
Je suis de retour chez moi et je vais voir ma mère. Je crois que maintenant je n'ai plus d'autres options, soit j'épouse Anita ou soit une des filles que ma mère me propose. Je vois qu'elle est dans le salon avec ma cousine Fatou.
-Bonjour.
-Bonjour. Tu étais sorti ???Demande ma mère.
-Oui je suis passé à la boite voir Assane... Dis-je avant de m'arrêter. J'ai failli lui parler d'oncle Moctar mais mieux vaut que j'en fasse rien, ce n'est la peine de la stresser.
-J'espère que tout va bien là-bas.
-Oui ça va.
-Yalla bakhna (Dieu est grand).
Je tourne la tête pour regarder Fatou.
-Que fais-tu ici toi ? T'as pas cours ?
-Si j'ai fini tôt.
-Ah ok.
-Les gens ont une vie tu sais. Toi tu passes tes journées à dormir.
-Ce n'est pas comme si j'avais le choix. Mon père m'a donné des vacances forcées. En parlant de lui... Dis-je en regardant ma mère... Il a pensé à nous ouvrir des comptes communs sans doute pour l'entretien et les dépenses de la maison.
-Oui je sais il m'en avait parlé.
-QUOI ???
-Quoi quoi ? Ton père savait que tu n'économisais pas ce qu'il te donnait donc il a pensé à limiter les dégâts. Et n'oublie pas que c'est un compte commun, donc je surveille tes dépenses...Dit ma mère à me pointant du doigt.
-Comme si je ne faisais que dépenser.
-Tu ne fais que dépenser... Intervient Fatou alors que je lui jette un regard noir. De quoi elle se mêle celle-là ?
-C'est mon argent et j'en fais ce que je veux.
-Non l'argent de ton père... Réplique ma mère... Ou du moins pas avant ton mariage. En parlant de ça fo ci toleu (Où en es-tu) ?
-Tant que tu ne nous ramènes pas Anita, tu peux faire ce que tu veux... Dit Fatou.
-Comment peux-tu la juger si tu ne la connais même pas ?
-Va sur google et tape « Anita Sarr » Tu verras tout ce que la presse people a à dire sur ta copine. En plus dafa rew (Elle est indisciplinée).
-La presse people raconte toujours du n'importe quoi.
-Tu dis cela parce que c'est ce qui t'arrange... Termine Fatou alors que je me demande pourquoi cette discussion me dérange dans la mesure où je n'ai aucune envie de l'épouser.
-Ne t'en fais pas Fatou... Dit ma mère... On en a déjà parlé. Cette fille ne va pas entrer dans ma maison.
-Vous parlez ainsi parce que vous ne la connaissez pas mais Anita n'est pas si mauvaise que ça.
-Je ne la connais pas mais j'en ai vu assez pour ne pas l'apprécier.
Alors que je cherche quoi répondre à ma mère la maladroite de toute à l'heure entre avec des bibelots dans un panier, sans doute qu'elle doit ranger. Pourquoi je sens qu'elle va en faire tomber un et s'attirer les foudres de ma mère ? Chacun des bibelots coûte très cher. Mon père était très radin mais avait des goûts de luxe pour les petits objets décoratifs. Déjà je vois ma mère qui la foudroie du regard, elle est entrée sans toquer et ma mère déteste ça. Quand j'étais petit et que je le faisais, elle me tirait toujours les oreilles. Elle ne veut pas dormir dans la rue mais je crains qu'elle ne dure pas dans cette maison.
-Idy je dois faire un stage... Dit Fatou faisant par la même occasion en sorte que je détourne mon regard qui était un peu trop insistant sur la fille.
-Oui et ?
-Et quoi ? Je veux intégrer Mar entreprises.
-C'est mon oncle le PDG. Ceci n'est pas de mon ressort du moins pas avant mon mariage.
-Mais tu peux au moins lui parler de moi.
-Je peux te promettre que parler de toi à mon oncle va juste... Le bruit assourdissant qui vient de remplir la pièce fait que j'arrête de parler. Comme je peux le constater elle vient de me donner raison. Ma mère se lève automatiquement.
-Mais qu'est-ce que tu es en train de faire... Crie ma mère... Fais attention. Sais-tu que ceci coûte plus cher que tout l'argent que tu as eu dans ta vie ?
-Je... Je suis désolée... Je... je vais nettoyer ça... Dit-elle avant de quitter le salon et ma mère se charge elle-même de ranger ce qui reste.
-Mais ki eupeulena dé... Dit Fatou.
Si elle sait ce qu'elle m'a fait toute à l'heure elle va plus la démonter.
-C'est pas non plus comme si elle l'a fait exprès.
-Je rêve ou je t'ai entendu prendre la défense d'un des employés de cette maison.
-Arrête ça way. Je n'ai fait que dire la vérité.
-Il y a moins d'une heure je l'ai vue rater une des marches de l'escalier mais heureusement elle ne s'est pas fait mal mais ki téyoul dara... Dit Fatou alors que ma mère revient s'asseoir.
-C'est juste sa semaine d'essai. Tu sais bien que je n'engage jamais quelqu'un sans savoir ce qu'il vaut. Mais vu ce qu'elle vient de faire lors de son premier jour, je doute qu'elle finisse la semaine. Ce qui est sûr est que la prochaine fois qu'elle cassera quelque chose, hors de prix ou pas, elle fera ses bagages.
Je veux expliquer à ma mère sa situation mais je ne veux pas déjà que Fatou se foute de ma gueule et je crois que c'est à elle-même de le faire.
Je la revoie qui entre. Peut-être que je dois lui parler, lui demander au moins de faire plus attention, de parler de sa situation avec ma mère. Je sais pas pourquoi mais elle me fait pitié... QUOI ??? Moi aussi j'ai un cœur.
Peut-être que si je suis empathique c'est parce que je sens qu'on a le même problème. Si on en est là, c'est à cause de cette chose que l'on appelle mariage que ni elle ni moi ne voulions.
Je la vois qui sort. Je sais que je dois lui parler mais je ne veux pas que les deux autres soient au courant. Donc je commence une conversation avec Fatou, histoire de laisser quelques minutes avant de sortir.
-Pour ton stage...
-Oui...
-Ne compte pas sur Mar Entreprises.
-Pourquoi ??? Demande ma mère.
-Parce que ton beau-frère fait n'importe quoi.
-N'importe quoi au point de ne pas pouvoir engager ma nièce.
Si seulement elle savait tout ce qu'il est en train de foutre comme merde. Mais je m'abstiens une fois de plus.
-Maman cherche pas à comprendre mais je peux parler de Fatou à Babacar, je crois que l'entreprise de son père offre de bons stages. Il doit en avoir un pour toi.
-Moi tant que j'en intègre une rek ça me va. Sans rapport de stage, j'ai pas mon diplôme donc je n'ai pas le choix.
-Non t'en fais pas. C'est sûr que Bab's peut t'arranger le coup.
-Même si je n'y comprends rien, je veux que tu me dises ce que Moctar est en train de faire pour Fatou soit obligée d'aller ailleurs.
-Maman, te prends pas la tête. C'est juste que la mort de papa a laissé un désordre et il faut régler cela.
-Si tu le dis...Finit-elle par lâcher.
-Je vais dans ma chambre...Dis-je en me levant.
Je descends les escaliers vite fait pour aller voir la domestique. Peut-être qu'elle est dans sa chambre sauf que je n'ai aucune idée d'où peut se trouver la chambre des domestiques. Quoi ? Je n'ai jamais eu besoin de le savoir. Je dois au pire voir quelqu'un susceptible de m'informer.
Je me dirige droit vers la cuisine et je vois une employée devant la porte. Je veux demander après la fille mais je ne sais pas comment elle s'appelle donc je me lance dans une description assez chaotique.
-Elle est où ? Cette fille-là qui est de teint claire, fine, assez grande,
Je la vois qui me regarde bizarrement mais je finis par lâcher
-La nouvelle...
-Ah Mariama. Elle est dans la chambre. Je vais l'appeler... Me répond-t-elle avant de s'en aller.
Je reste devant la cuisine à l'attendre. Après quelques minutes, je la vois qui vient vers moi.
-Oui.
-Il faut qu'on parle... Alors qu'elle écarquille les yeux je reprends automatiquement. Elle a si peur que ça... Ne t'inquiète pas, il n'y a aucun problème, je veux juste discuter.
-D'accord... Dit-elle et on se dirige vers une table du jardin. Une fois assis, je commence.
-Je voulais juste de prévenir que tu es sur une chaise éjectable. Ma mère dit que tu partiras la prochaine fois que tu casseras quelque chose... Je finis ma phrase et comme sur commande elle se remet à pleurer.
-Mais je n'ai nulle part où aller.
-Moi je le sais mais ma mère ne le sait pas. Soit tu parles avec ma mère de ta situation ou soit tu fais plus attention. Je voulais juste te prévenir... Dis-je en me levant.
-D'accord, merci... Soupire-t-elle avant que je ne m'éloigne. Maman est compréhensive, j'espère qu'elle ne la renverra pas, vu ce qui l'attend en dehors de cette maison. Mais elle aussi, elle est trop maladroite. Je remercie encore Allah que l'assiette qu'elle m'a apporté plus tôt ne soit pas aussi chaude. Mais peut-être qu'elle va s'améliorer.
*******
3 jours se sont passés depuis que j'ai pris connaissance par Assane que mon oncle lapidait les fonds de l'entreprise, MON ENTREPRISE...
Les jours passent mais je suis toujours sur le point de départ.
Je suis au volant de ma voiture, je vais chez Anita. Elle doit partir pour Milan cet après-midi, je passe la journée avec elle et après je la dépose à l'aéroport.
Je suis arrivé devant son immeuble et je gare ma voiture à son endroit habituel. Je sonne et j'attends qu'elle vienne m'ouvrir.
-Salut mon cœur...Dit-elle avant de m'embrasser furtivement sur la bouche.
-Salut...Dis-je en entrant avant de m'installer sur le canapé du salon.
-Je termine juste de ranger mes bagages et je reviens...Lâche Anta en me donnant la télécommande avant de s'éclipser.
Je commence à zapper de chaîne avant de tomber sur la rediffusion d'un match de NBA ayant eu au milieu de la nuit que je n'ai pas pu suivre car je tombais de sommeil. Cool...
J'étais tellement concentré sur mon match et trop occupé à insulter la famille de cet idiot sur le terrain qui n'arrêtait pas de faire du n'importe quoi que je n'ai pas vu qu'Anita avait fini et s'était placée à côté de moi.
-Comme d'habitude on le perd devant un match.
-T'as tout compris...Dis-je en gardant toute mon attention sur la télé. C'est NBA, tout peut changer en quelques secondes.
-Je voulais qu'on parle de quelque chose.
-Ok. Tu me laisses finir, ils sont au quatrième quart temps.
-D'accord...Soupire-t-elle.
Je termine mon match avec Anita à mes côtés alors que je n'ai qu'une envie c'est qu'elle dégage. Puis qu'elle est là, je ne peux pas insulter la mère des joueurs d'autant plus que mon équipe est en train de perdre. Fais chier...
Le match est fini, je peux écouter ce qu'elle a me dire.
-Oui... Je t'écoute.
-En fait, je trouvais assez bizarre le fait que tu viennes chez moi à des heures de travail.
-Et ?
-Et j'ai su le pourquoi ?
-Comment ça ?
-Je sais que c'est ton oncle qui gère l'entreprise de ton père car pour toucher à ton héritage tu dois te marier.
Il y en a un dans mon entourage qui ne sait pas la boucler. Comment elle a fait pour savoir ? Je ne dis rien, je préfère la laisser continuer. C'est sûr qu'elle a une proposition.
-Tu sais bien que je suis prête pour le mariage depuis longtemps, je voulais t'en parler mais je ne voulais pas te bousculer.
Voyez-vous ça ???
-Ok je vois.
-Oui donc on peut commencer les préparatifs du mariage.
Je pense avoir raté quelque chose là. Quand est-ce que je lui ai dit que je comptais l'épouser ? Elle part à Milan, je vais pas lui gâcher son séjour et même tant qu'elle n'en saura rien je préfère en profiter. Je prépare la laisser dans son délire.
-T'inquiètes pas, on va en reparler quand tu seras de retour.
Elle sauta automatiquement dans mes bras. Là, je me sens un peu mal car je suis en train de lui faire nourrir de faux espoirs.
******
Je reviens de l'aéroport après y avoir laissé Anita et je suis en route chez moi. Je repense à notre conversation de toute à l'heure. Je ne sais pas trop. Je pense que je l'aurais épousé si mon père n'avait pas mis une clause divorce au clause mariage. Intéressée, matérialiste ou pas, je lui aurais fait signer un contrat de renonciation et le tour serait joué. Mais au point où j'en suis-je ne peux pas prendre de risque.
Sur la route, non loin de chez moi je remarque au loin une fille, avec un sac à la main en pagne et t-shirt qui ressemble beaucoup à Mariama. Ça ne doit pas être elle, puisqu'elle doit être en train de travailler.
Sauf que plus j'avance et plus je vois bien que c'est elle. Il a fallu à maman 4 jours pour la mettre dehors. Je gare ma voiture avant de sortir pour aller à son encontre.
-Que s'est-il passé ??? Je demande en regardant un visage mouillé de larmes et de morves. Même si elle est belle, elle est très négligée.
-Rokhaya avait besoin d'aide en cuisine. Elle m'a demandé d'utiliser le four mais je savais pas comment ça marche. Alors que j'essayais, j'ai laissé le gaz ouvert mais heureusement Rokhaya s'en est rendu compte à temps. Même si elle n'a rien dit à madame, le gardien lui était là et a tout vu. Il est allé la voir et lui a tout raconté. Madame est alors venue me voir pour me demander de faire mes bagages de quitter sa maison avant que je ne le fasse exploser... Dit-elle en reniflant à la fin.
-Ma mère ne sait-elle pas que c'est la rue que tu vas dormir ?
-Oui je le lui ai dit mais elle m'a répondu que ce n'était pas ses affaires.
-Ma mère a fait ça... Dis-je complètement surpris par l'attitude de cette dernière.
Elle hoche la tête.
-Viens... Lui dis-je avant de l'amener dans ma voiture. Au moins elle ne discute pas. Je mets son sac sur les chaises qui sont derrière
Au lieu de me diriger à la maison, je fais demi-tour. Chose qui l'a surprise.
-Où on va ?
-Je veux qu'on parle seul à seul.
-Comment ça ?
-Attends et tu verras.
Elle ne dit rien mais je la sens super stressée. Relaxe un peu.
Je gare la voiture dans le parking d'un restaurant pas trop éloigné. Vu son anxiété, je n'avais pas très envie de rester longtemps seul dans cette voiture avec elle.
Je sors. Elle est sur le point de prendre son sac mais je lui demande de le laisser là-bas. Et nous accédons au restaurant.
Nous prenons place et je lui demande de prendre quelque chose si elle a faim mais elle dit que non. Donc je me lance.
-Si j'avais plus de temps, j'agirais différemment mais il se trouve que le temps me manque... Je lui parle et je vois qu'elle garde la tête baissée. Je continue et toujours aussi impulsif, il me faut me faut 5 secondes pour prendre la décision la plus importante de ma vie.
-Je ne peux pas te faire revenir à la maison en tant que domestique. Ce privilège revient à ma mère et je ne veux pas saper son autorité. Mais je peux te faire revenir à la maison en tant que ma future épouse.
En finissant, je n'ai qu'une chose à dire, je doute que sa mâchoire puisse tomber davantage.