Chapitre 4 Le destin

***Dénichka***

Je viens de finir mon tour de service. Nous sommes dans le vestiaire des employés en train de discuter. Diana essaye de me convaincre malgré moi.

"Tu sais bien que je ne peux pas. Ce matin j'avais des maux de ventre atroces" dis-je difficilement.

"Mais tu es quand même venu au boulot. On est vendredi ma belle, on a travaillé toute la semaine et on mérite de déstresser" dit-elle

Elle commence par rouler des yeux. Lorsqu'elle commence, il m'est impossible de lui résister.

"Bon, c'est d'accord" soupirai-je.

Elle se met à sauter de joie.

"T'inquiètes, je vais faire attention à tout ce que tu boiras"

Comme à chacune de nos sorties, nous nous apprêtons chez Diana. Mes parents travaillent en journée donc ils sont à la maison. Quant à Diana, elle vit seule. Ses parents sont de l'autre côté de la ville. Elle a toute la liberté possible.

Nous prenons nos vélos et arrivons chez elle. Elle vit dans un immeuble avec beaucoup d'appartements. Le sien est au deuxième étage.

La propriétaire des lieux est une dame de la cinquantaine très sympathique qui ne nous mène pas la vie dure.

"Bonsoir, Madame Jada"

"Bonsoir, les filles. J'espère que votre journée n'a pas été trop fatigante."

"Oui mais on n'a pas le choix. Dans la vie il faut bosser." répondit Diana.

" Tu as raison. J'aime quand les jeunes parlent ainsi. Dénichka, quand est-ce que tu viendras rencontrer mon fils Bastien. Il a déjà un emploi stable et cherche une fille avec qui se projeter dans l'avenir, tu sais faire des enfants, tout ça"

Ce moment est presque gênant. J'essaye malgré moi de ne pas rire et de faire comme si de rien n'était.

"Euh, je ne suis pas actuellement à la recherche d'une relation. Pourquoi vous n'en parlez pas à Diana?" Lui demandai-je.

"Diana a dit qu'elle est déjà en couple que et toi tu étais célibataire" répondit t-elle.

Bien-sûr, Diana. Elle adore me faire ce genre de coup.

Je lance un regard assassin à Diana qui étouffe un rire.

Ne sachant pas comment la repousser, j'accepte malgré moi.

"Je vais y penser, Madame Jada"

Elle sourit de toutes ses dents blanches.

Nous prenons congé d'elle. Au deuxième étage, Diana et moi nous nous mettons à rire.

"Attends, c'était quoi ça?"

"Son fils je l'ai déjà aperçu plusieurs fois et laisse-moi te dire qu'il n'est pas du tout mon style d'homme. Du coup j'ai pensé à toi. Tu devrais me remercier que de m'en vouloir.

"Je ne t'en veux pas mais je vais te rendre ce coup" dis-je en riant.

Nous rions de bon cœur.

Une fois à l'intérieur, nous nous apprêtons.

"Tu portes quoi?" me demande Diana.

" Je ne sais pas encore" répondis-je en me passant le lait de corps.

Elle sort une petite robe rouge avec un large décolleté dans le dos et des paillettes un peu partout.

"Ah non, je ne vais pas porter ce truc minuscule" dis-je en étouffant un rire.

" Ce truc minuscule comme tu dis, c'est toi même qui l'a créé. Depuis quand une actrice dénigre-elle ses propres réalisations ?"

"Je ne dénigre pas ma réalisation juste en la créant, je pensais plutôt à ses filles top modèle très belles qui ont le monde à leur pied."

Elle s'approche vers moi et me place devant le miroir.

"Regarde toi, ma belle. Tu es une déesse exotique. Tu peux avoir l'homme que tu veux. Nous sommes toutes deux célibataires. Comment veux-tu qu'on se marient si on ne rencontre pas de jolis garçons" dit-elle sur une note d'humour.

Je soupire et baisse la tête.

"Voilà, porte vite cette robe et je te maquille. Tu sais comment ça dure or nous sommes déjà en retard." dit-elle.

J'acquiesce et m'exécute. Diana a pour rêve de révolutionner le monde du maquillage et de la coiffure. Elle rêve de coiffer et de maquiller les plus grandes stars que le monde ait jamais connu.

Ce n'est pas parce qu'elle est seulement mon amie mais cette fille est un as du maquillage et de la coiffure. Elle fait des merveilles.

Nous finissons de nous apprêter et descendons pour rentrer dans le taxi que nous avons commandé.

"Bonne soirée mes jolies" dit Madame Jada, le sourire aux lèvres.

Nous lui rendons son sourire et entrons dans le taxi.

"Prépare-toi ma jolie, on va passer une soirée de folie." annonce Diana.

"Je peux savoir où on va?"

"Dans l'une des plus grandes boîtes de nuit de Bali : LE NOUR"

***Chaz***

Je suis scotché comme si on m'avait hypnotisé. Moi-même je ne peux pas décrire réellement ce qui se passe pendant cet instant.

"Eh, Chaz! Qu'est ce qui se passe?" demande Yuz en me secouant l'épaule.

"Euh, non, je..." dis-je difficilement.

Nous continuons notre discussion mais je ne me concentre plus sur ce qu'il dit. Je ne fais que penser à cet ange qui vient d'apparaître.

J'ai reçu comme une chaleur en l'apercevant. Sans parler de l'odeur qu'elle dégageait, une odeur douce apaisante .

"Eh Chaz, tu m'écoutes !?" questionne Yuz.

"Je vais bien, ne te fais pas de soucis." dis-je

"Tu sais on peut remettre ça à une autre fois si tu ne te sens pas bien" dit-il en me scrutant du regard.

"Non tout va bien" répondis-je.

Au fond de moi, j'espérais qu'elle revienne ou qu'elle repasse près de nous. Mais aucun signe d'elle.

J'écoutais à moitié Yuz qui me parlait de son métier et de tout ce qui se passe d'extraordinaire dedans.

"Cette soirée est un peu nulle. On est juste deux hommes seuls. J'aurais dû inviter des filles." dis Yuz en soufflant.

"Surtout pas de filles. Ce ne serait pas bien pour moi. Personnellement je n'en ai pas envie et les paparazzis se feraient un plaisir d'écrire un article sur moi" dis-je en soupirant.

"Il n'y rien d'extraordinaire là. Juste un footballeur qui profite de ses vacances à Bali." dit-il en riant.

Nous nous mettons à rire.

Il me parle de sa sœur et de ses parents.

Moi je suis enfant unique mais Chaz a une sœur cadette, Trixia. Je me rappelle qu'elle essayait d'attirer mon attention de toutes les manières possibles quand je passais tout mon temps avec son grand frère.

Chaz vient de m'annoncer qu'elle s'est mariée en début d'année et qu'elle était actuellement enceinte.

" Elle n'a que vingt-trois ans. Pourquoi se marier aussi jeune !?" m'écriai-je

"Il n'y a pas d'âge pour se marier, Chaz. Si tu te sens prêt et capable de le faire, pas besoin d'hésiter sous prétexte que tu n'as pas encore l'âge" dit-il entre deux gorgées.

Je hoche la tête. À vrai dire, je ne pense pas vraiment au mariage. Pas que je suis de nature frivole mais l'unique chose qui m'occupe c'est ma carrière.

Je suis plutôt intéressé par ma carrière et je me soucie de comment faire pour être le meilleur dans mon domaine. Je n'ai pas de limite et je fais tout pour aller beaucoup plus loin.

Je me pensais jeune pour ce genre de chose mais d'entendre que Trixia avait sauté le pas m'a fait cogiter.

Yuz demande encore d'autres verres pour nous mais cette fois-ci elle ne vient pas.

Elle, je l'appelle comme ça parce que même son prénom je ne connais pas. Je suis submergé par cette vague de sentiments qui s'empare de moi. Je n'ai jamais ressenti ça auparavant. Je ne peux même pas dire exactement ce que je ressens.

D'un côté j'ai envie de la revoir et d'un autre j'ai peur. Peur de ressentir ce que je viens de ressentir

Yuz insiste pour que nous allions dîner dans le restaurant qui se trouve au hall. Ce que je finis par accepter à contre cœur.

Nous quittons la boîte VIP pour le restaurant. Nous commandons du steak mais à vrai dire je ne mange presque rien.

"Qu'est-ce qui ne va pas, Chez? Depuis un moment je t'observe et je vois bien que tu n'es pas dans ton assiette" me questionne Yuz.

"Tu as vu l'ange de tout à l'heure ?"

"De quoi parles-tu ?" répondit-il

Je savais bien que j'aurai du mal à m'exprimer. Je décide de ne plus rien dire et de le garder pour moi. J'ai pas envie qu'il me prenne pour un fou.

"Non, laisse tomber. Allez, parle moi de ton boulot"

"Je t'ai déjà dit une bonne partie de ce que j'avais à te dire à ce sujet. Toi, parle-moi un peu de ta carrière. Tu as eu un succès rapide. Sur tous les terrains de football ou à la télévision c'est Chaz par ci, Chaz par là. J'ai toujours su que tu allais t'en sortir dans ce milieu. Ça se voit que tu es doté d'un talent indescriptible. Il ne s'agissait que d'une question d'années" dit-il en souriant.

Je souris face à sa remarque. Je me rappelle de nos années d'adolescence. Je passais mon temps devant les matchs de football pendant que lui allait à des soirées.

Tellement que mon père s'interrogeait sur mon orientation sexuelle. Ça me faisait rire intérieurement.

À vrai dire je n'ai eu que deux relations amoureuses dans ma vie. Mais je ne suis jamais réellement tombé amoureux. Ces filles étaient toutes superficielles et des enfants de riches, comme moi d'ailleurs. Mais ce que je veux dire c'est qu'elles n'avaient rien de spécial à offrir. Elles passaient leur temps à faire des collections de chaussures ou de sacs qui coûtaient les yeux de la tête. Et tout ça, dans mon argent.

Ce qui me faisait réfléchir si elles m'aimaient vraiment ou si elles étaient avec moi juste à cause de l'argent.

Elles m'ont fait perdre le goût d'entamer une relation amoureuse. Depuis j'attends. Je ne sais même pas ce que j'attends.

Je raconte un peu à Yuz tout ce qui se passe dans ma carrière, comment les choses évoluent.

"J'espère que je ne t'ennuie pas trop" dis-je en prenant un temps d'arrêt.

"Pas du tout, j'aime le football comme la plupart des hommes. J'ai entendu dans une émission de télévision récemment que plusieurs clubs se battent pour t'avoir. Tu sais déjà où tu signeras pour la saison prochaine ?"

"Non, c'est mon agent qui s'occupe de ce genre de choses. Bien-sûr nous discutons pour analyser les offres. Mais actuellement, je n'ai encore aucune idée du club que je vais choisir. Je veux juste me vider la tête et profiter de mes vacances" dis-je entre deux gorgées de mon jus de fruit.

Yuz soulève la tête comme s'il avait eu une illumination.

"Je sais exactement où profiter de tes vacances" dit-il en souriant.

Je m'apprêtais à refuser mais il ne m'en a pas laissé le temps.

"Viens, suis moi"

Il m'attrape par l'épaule et m'emmène je ne sais où.

Après quelques minutes de trajet, nous arrivons dans un endroit bondé. C'est une boîte de nuit.

" Je n'aime pas les endroits très fréquentés" dis-je pour me défendre.

"Au NOUR, toutes les soirées sont blackout. Il fera noir, personne ne te verra. Et puis on va rester un peu à l'écart. Tu sais que tu as besoin de ce genre de moment pour te décoincer un peu. Je te trouve trop sérieux. Tu n'étais pas comme ça avant. J'ai envie de retrouver mon meilleur ami et de passer des moments inoubliables avec lui avant que tu ne repartes à la saison prochaine" dit-il.

Ses mots me touchent et je décide d'y aller.

Nous passons par un espace moins fréquenté et on nous installe à la place VIP qui est à l'étage. Les gens avaient l'air de bien connaître Yuz.

Effectivement c'était une soirée blackout. La boîte de nuit était plongée dans le noir mais il y avait quand même quelques petites lumières qui venaient par moment.

On nous sert du champagne. Je ne suis pas sensé noir de l'alcool mais je profite de cette soirée pour briser les règles. J'ai l'impression de devenir une deuxième personne.

Je commence par danser au rythme de la musique mon verre à la main. En plus, le DJ passe des sons que j'adore. Je ne me prive pas et je passe un bon moment.

Yuz me laisse un instant pour aller je ne sais où. Il courait comme s'il avait vu le diable.

J'ai une forte envie de pisser et je décide de me rendre aux toilettes.

Je descends les marches de l'escalier et je me retrouve dans un couloir toujours plongé dans le noir avec la lumière qui vient par moment.

"Oh, non, vous pouvez pas faire attention ?"

Je viens de renverser mon verre sur une femme.

"Je suis désolé, toutes mes excuses."

Je ne peux rien voir vu que nous sommes plongés dans le noir total. Tout ce que j'arrive à apercevoir ce sont les paillettes de sa robe qui étincellent et cette couleur rouge très vive.

Et là, la lumière réapparaît en dévoilant son joli visage. Tiens, j'ai l'impression de la connaître. Malgré son maquillage imposant, j'arrive à me retrouver : c'est l'ange de tout à l'heure.