Le couple s'était alors arrêté et Boubacar me fixait toujours égal à lui-même avec son air impassible. Et Saran... elle se contentait de me regarder de manière suffisante prenant ces grands airs dès que je fus près d'eux
- Alors comme ça Big Mama, tu viens nous adresser la parole aujourd'hui, lance-t-elle
Hummm mon esprit commence déjà à bouillonner. Parmi toutes les filles du collège, il a fallu que ça soit cette peste de Saran qu'il ait choisi pfff. Bon il faut avouer que coté physique, mère nature a été très gentille avec elle.
Vous savez au secondaire, on a toujours cette fille super canon et bah nous on a Saran.
Son père est un grand et très riche fonctionnaire du pays et elle ne rate pas une seule occasion pour nous le rappeler. En plus d'être très belle avec un teint brun digne d'une malinké, elle a aussi la très grande chance d'être en forme.
Contrairement à la majorité des filles de notre promotion, Saran a déjà ses seins qui ont poussés et un jolie popotin qui orne son derrière. Moi en face d'elle je ne vaux rien du tout
Apres avoir soupiré d'exaspération et avoir ignoré ca remarque à la limite blessante, je me tourne vers Boubacar et lui dit que j'aimerai lui parler en privé
- Ah ça non bébé, tu ne vas quand même pas la suivre !! peu importe ce qu'elle a à te dire elle peut bien le faire devant moi
- Et si elle n'en a pas envie ?? réponds-t-il calmement en me suivant.
J'affichais un air satisfait en narguant cette Saran, mais très vite je perdis mes moyens lorsque je me rendis compte qu'on était seul et qu'il me fixait attendant surement t que je lui dise ce que je lui voulais
- Euh... tu... tu es très vite descendu de la voiture tout à l'heure voilà pourquoi je n'ai pas pu te le dire plutôt
- Bahh...Laila, durant tout le trajet, tu es restée très silencieuse, tu ne me répondais à peine, à la limite j'avais l'impression que tu ne pouvais pas me respirer, donc c'est tout à fait normal que je parte dès notre arrivée.
- Euh... oui.. c'est que...
- Regarde-moi !
- Hum ? quoi ?
- Regarde-moi, tu ne me regarde jamais quand tu me parles, depuis le début. D'ailleurs tu ne m'as jamais vraiment regardé. J'ai la ferme intention que tu me fuis en quelque sorte. Voilà pourquoi depuis tout ce temps je t'ai laissé dans ton coin et on ne s'est jamais adressé la parole.
J'étais...., comment dire ? Bouche bée !!! Je relève ma tête tout doucement. Arrêtant en même tant de me tortiller les doigts, et là je plongeais mon regard dans le sien. J'ai eu une vrai sensation de mal être mais en même temps un bien indescriptible. C'est fou toutes les sensations et tous les sentiments que je découvre avec lui... à cet âge
- Voilà qui est mieux, me dit-il. Alors tu disais quoi tout à l'heure
- Euh en fait, je me disais, enfin, je ne sais pas. Mais je me demandais, vu qu'on fait le même trajet tous les jours, si tu voulais venir avec moi et mon chauffeur au lieu de te lever tôt pour prendre un taxi. On pourra même rentrer ensemble si tu le veux.
- Ahh ... c'est très gentil de ta part de me le proposer, mais tu sais je n'aimerai pas t'imposer ma présence tous les jours, pas après ce que j'ai vu aujourd'hui. Me dit-il avec tellement de douceur que j'ai eu l'impression que ce n'était pas à moi qu'il s'adressait.
- Non, non, je t'assure que ça ne me dérange pas. Et je promets de ne pas faire la tête durant tout le trajet, lançais-je presque dans un souffle.
Il marqua une pause comme pour réfléchir.
- Bien alors, encore une fois merci pour ta proposition, on fera comme tu veux.
- Ok cool, aujourd'hui on rentrera ensemble, comme ça tu me montreras chez toi et demain je passerai t'y chercher.
Il me sorti son sourire ravageur, de la façon la plus innocente, avant de tourner les talons et de se diriger vers une Saran qui a surement suivi notre conversation de loin et qui apparemment, semblait bouillir de l'intérieur. Ohhh que je m'en fiche d'elle..
Moi aussi de mon côté, je retournais auprès de Matou qui s'empressa de me demander ce que j'étais partie faire avec Boubacar, heureusement, je fus sauvée par la sonnerie de l'alarme qui nous indiquait de rejoindre nos classes respectives
Toute la journée je suivis mes cours de façon très distraite, pensant et repensant à comment mon retour à la maison se passera aujourd'hui avec Boubacar
Depuis notre première rencontre j'ai cultivé un sentiment pas très saint à son égard. Je ne comprends pas vraiment ce qui me trouble autant chez lui, ni pourquoi cela m'arrivait à moi, maintenant. Et le plus important pourquoi il a fallu que ça soit lui ???!
Un brouhaahaa énorme me sortit de ma rêverie et je compris que les cours étaient terminés et que chacun essayait de sortir de la classe. Ohh pauvre de mes parents !! S'ils savaient qu'ils payaient mes études tellement chères et que moi au lieu de travailler comme il se doit je me met à rêver d'un homme qui n'est même pas le mien, oh je n'imagine même pas ce qu'ils me feraient. Je crois que mon père me vendrai au enchères. Hahaha
Je me dépêchais de ranger mes affaires et sorti de classe, devant le bâtiment je vis Boubacar m'attendant son sac au dos et avec une main dans la poche
Dès que j'arrivais à son niveau je le vit sourire puis je lui rendis son sourire, et sans dire un mot, on se dirigea vers notre voiture
Le trajet se déroula dans une ambiance plutôt gaie. Il me raconta ces cours, vu qu'il faisait la 6e A et moi la B.
je le regardais parler des notions qu'ils ont apprises de manière tellement passionnante. Qu'a un certain moment, sans le vouloir j'ai éclaté de rire
- Quoi ?
- Non rien, hahaha, pendant toute la journée tu étais en classe et là au lieu de relaxer et penser à autre chose tu te mets encore à me parler de ton cours de SVT ?? tu es sérieux là ?
- Ahh ca non, si tu me connaissais vraiment, tu saurais à quel point j'adore les études.
- Mdr, de toutes les façons, nous rentrons dans le quartier là, tu devrais indiquer au chauffeur la route de chez toi.
Arrivé derrière sa maison, il me remercia encore une fois, remercia le chauffeur, et descendit de la voiture en me soufflant un « à demain Laila »
- Soit prêt à 7h30 !!!lui lançais- je, en ignorant les battements désordonnés de mon cœur.
Depuis ce jour, lui et moi on s'était instauré une routine bien à nous. Le matin je passais le chercher et il me ramenait des beignets « fait maison » par sa sœur. On les mangeait ensemble en discutant de tout et de rien jusqu'à l'école. Et le soir on rentrait ensemble, toujours égal à lui-même, me racontant comment ses cours se sont passés
Il est aussi venu chez moi et j'ai dû le présenter à mes frères. Je vous épargne le long interrogatoire que Khalil lui a fait passer, lui demandant si on était de la même classe, ce qu'il cherchait derrière moi, etc. laissant ce pauvre Boubacar dans un malaise sans précédent
Mais très vite, il est devenu un membre de la famille, enfin presque. Il venait même à la maison, et mon Khalil nous faisait réviser les Maths
Moi aussi, après tous les vas et viens que j'ai dû faire chez lui, sa sœur a fini par se prendre d'affection pour moi
On a appris à se connaitre, il me parlait de sa famille et c'est ainsi que j'ai appris que ses parents avaient divorcé quand il était plus jeune et que sa mère vivait aux Etats Unis. Voilà pourquoi sa sœur l'a récupéré avec elle
Nous avons passé toute l'année scolaire ainsi. Nous étions amis. Comme il le disait à qui voulait l'entendre, jétais sa meilleure amie. Mais moi, après tout ce temps, je n'arrivais pas à le voir comme un simple ami. Il n'était plus avec Saran depuis longtemps, parce que comme il le dit « on est pas compatible »
Moi, durant tous ces mois, rien n'a changé. Je ne sais pas ce que je ressens, mais je sais que c'est quelque chose de très fort. Quelque chose que je n'arrive pas à contrôler, quelque chose qui grandit tous les jours un peu plus, quelque chose qui fait que j'ai envie de le voir tous le temps, quelque chose qui fait que j'ai besoin de lui parler à tout moment
Non !! C'était trop frustrant de le garder pour moi. C'est pourquoi, ce jour-là, couchée dans mon lit, je me promis de le lui dire dès la rentrée prochaine. Il faut que je lui dise ce que je ressens, l'effet qu'il me fait, mais à quel prix ?? Celui de notre amitié.