À l'aube de mes sentiments 2
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Chapitre 3 Chapitre 03

Dans la voiture, en me ramenant, il ne cessait de faire des insinuations salaces sur la nuit de noce en disant qu'il ne voulait pas que ma tante entende des bruits. Je me contentais de sourire mais ayant toujours le cœur gros et je voulus lui parler des études qu'il payait mais j'avais trop de choses en tête et me promit de le faire plus tard. De toute façon dès le lendemain, on sera marié. Une fois dans mon lit, je fis une petite rétrospection de toute ma vie et me dit que finalement j'avais eu beaucoup de chance de tomber sur un homme comme Rassoul et je ne l'en aimait que plus.

Enfin le dimanche arrivait. Je n'avais presque pas dormi de la nuit, ne cessant de me retourner sur mon lit, tandis que Mariama qui disait être très fatiguée par les travaux ménagers dormait comme un loir. Je me levais dès le premier appel du muezzin et après la prière, je sortis dans la rue déserte pour me promener un peu et profiter aussi de l'air frais. Je marchais tranquillement quand je croisais Ibrahima qui revenait de la mosquée. Il me regarda avec un air intrigué et me demanda ce que je faisais ici tôt le matin

- je voulais me promener. Je n'arrive pas à dormir

- pourquoi ? Tu es préoccupé par toutes les tracasseries de la cérémonie

Je souris et lui dit qu'effectivement, ma future belle famille risque de me rendre folle avec leur protocole. Il sourit à son tour.

- tu sais Diouldé, si je n'étais pas persuadé que Rassoul t'aime et ne veux que ton bien, jamais je n'aurais accepté ce mariage. Tu es ma grande sœur mais je sais que j'ai quand même mon mot à dire dans ces situations j'ai moi-même convaincu mon oncle pour ce mariage car il ne voulait pas

- vous me cachez tellement de choses toi et ma mère, répondis-je tristement en regardant de l'autre coté de la rue

Il soupira et me prit le bras pour qu'on rebrousse chemin.

- tu ne sais pas à quel point maman te surprotège Diouldé. Tu ne vivais pas avec nous mais a chaque fois qu'il y avait des problèmes ou des cérémonies dans la famille, même quand baba demandait qu'on t'appelle, elle nous interceptait et disait de te laisser tranquille. Que tu devais étudier et que tu n'avais pas le temps

Il disait cela en rigolant et je me mis aussi à rire. Il évoqua aussi d'autres souvenirs de mon père et de son caractère brulant. Du jour de la réunion de famille ou j'ai été giflé et ou mon père s'est battu avec un de ses frères. On était finalement arrivé devant la porte, pliés de rire et ceci me fit un bien fou. Je me sentais mieux et il me souhaitait beaucoup de bonheur. Il était encore très tôt quand Rassoul m'appela. Il me demandait comment j'allais et avant de raccrocher, il me dit qu'il avait trouvé un compromis. Comme son appartement n'était pas loin de la maison, je descendrais chez sa mère mais je passe la nuit chez lui et le lendemain il appelle sa mère et ma tante pour leurs foutus protocoles. Je lui dis que ca m'allait et que j'en parlerais à ma mère. J'appréhendais vraiment cette nuit, et j'en stressais et je réveillais Mariama pour qu'elle me rassure. Mais la folle refusait de se réveiller. Finalement je rangeais mes affaires et Fatou et Maty arrivèrent pour m'aider à me préparer. Je devais me rendre au salon vers midi pour pouvoir être prête avant 17h, heure de la cérémonie. Mais en attendant, j'avais revêtue une belle tenue et attaché mes cheveux en queue de cheval. L'arrivée de mes amies me réconfortait et je me mis à discuter avec elle avec beaucoup de joie. On se rendit chez mon oncle et mes cousines m'accueillir avec des chants et des danses. Moi qui pensais qu'il n'y aurait personne, j'ai trouvé la maison avec pleins de mes compatriotes et même de la Kora. L'orchestre est venu me dire bonjour en disant qu'il était la en mémoire de mon père car c'est lui qui les a accueilli la première fois qu'ils sont venus à Dakar et que malgré l'interdiction de mon oncle, ils ont tenu à venir. Je les remerciais et leur remis de l'argent. Je me mis à saluer pleins d'autres personnes que je ne connaissais que de vue dans certaines de nos cérémonies. La Guinée avait déménagé à Dakar et on vibrait au son de la kora. Ma mère était bien habillée et à ma vue, m'a regardé en souriant et mon pauvre cœur s'est rempli d'émotion. Je l'ai enlacée et serré très fort dans mes bras en pleurant. Sans elle tout ceci ne serait pas possible. Même les filles se sont mises à pleurer et tout le monde me demandait d'arrêter mais elles ne comprenaient pas tout ce que cette brave femme avait fait pour moi. Même toutes les larmes de mon corps ne pourraient payer tout ca. Finalement, elle m'entraina dans la chambre et me prit encore dans ses bras.

- calme-toi ma Diouldé. Aujourd'hui c'est ton jour, le plus beau jour de ta vie. Ton mari t'aime, tu l'as choisi. C'est tout ce que je souhaitais pour toi. Je suis sure que tu es en de bonnes mains, sèches tes larmes et souris ma fille.

Je la remerciais et elle me dit de ne pas le faire car tout ce qu'elle faisait c'était à elle et à personne d'autre de le faire. Je discutais avec elle un moment en lui disant ce que Rassoul avait décidé et elle me dit que ca lui convenait. Comme je devais aller au salon, elle se mit à me sermonner et à me dire de ne pas trop durer là bas sinon mon oncle allait râler. Vers 13h enfin, je partis avec les filles et Adja qui était venue avec les bras remplis de cadeau. Elle me dit que les autres camarades de classe allaient venir dans l'après midi.

L'étape du salon fut vraiment laborieuse. Comme j'avais les cheveux très longs, je ne voulais pas faire de rajout pour la coiffure, je voulais juste me faire coiffer les cheveux sans trop de froufrou, mais elles ne voulaient rien entendre. Elles se mirent à me coudre des greffages sur la tête. C'était la première fois que j'en mettais et les filles se mirent à se moquer de moi. Ensuite, les coiffeuses entreprirent de me faire une de ces coiffures grandioses. Je n'avais vraiment pas l'habitude et quand elles finirent je trouvais ca trop...trop. Mais bon, tout le monde s'extasiait en disant que c'était joli. Ensuite vint l'étape du maquillage. Je savais me maquiller. Je savais quel couleur de poudre allait à mon teint qui était très clair. Je savais comment maquiller mes yeux pour les mettre en valeur et il m'a fallut du temps pour maitriser tout ca. Mais ces maquilleuses s'en foutaient complètement des indications que je leur donnais. Je devais juste me laisser faire et au finale, en me regardant, j'avais l'impression de ressembler à une poupée. Je trouvais que j'avais trop de poudre, trop de fards, surtout pour une timide comme moi, j'avais l'impression qu'on ne voyait que moi. Mais comme pour la coiffure, tout le monde me dit que j'étais très belle. Je mis donc ma tenue. C'était un bustier bien travaillé avec de la broderie et des perles sur une jupe coupé mondiale, bien évasée. Au finale, je ressemblais vraiment à une mariée et il y avait un photographe qui a pris des clichés. Coumba avait passé sa journée a appelé pour prendre des nouvelles et regretter le fait qu'elle ne soit pas avec moi. Finalement, elle discutait avec soit Fatou ou Maty car j'étais entre les mains de la coiffeuse. Il était presque 16h30 et on prit la direction de la maison. Il y avait encore plus de monde et j'étais terrifiée. A ma descente, tout le monde se mit à chanter et à danser. On étalait des pagnes tissés sur mon chemin et tout cela me touchait énormément. J'avais les larmes aux yeux et on me demandait d'aller directement dans la chambre et de m'assoir sur le lit. Tata Fatou vint me recouvrir d'un grand foulard en me demandant de ne pas bouger du lit le temps qu'on célèbre la cérémonie à la mosquée. Je restais donc et je vis mes amies de classe entrer dans la chambre. Elles étaient toutes venues et ceci me fit énormément plaisir. Elles me dirent que les garçons étaient aussi là mais qu'ils étaient à la mosquée. J'en fus touchée et chacune d'elle me remit un cadeau et parfois une enveloppe. Rassoul appela à ce moment et me demandait comment j'allais. Mais comme tout le monde s'était mis à chahuter quand je leur ai demandé de se taire car je devais parler à mon chéri, je n'entendais rien et il me promit de rappeler.

Au bout d'une demi-heure, on me demandait de sortir pour venir dire bonjour aux hommes qui étaient venues demander ma main. En sortant tout le monde me félicitait et en voyant ma mère, je me remis à pleurer. Je n'y pouvais rien. Mes amies me demandaient de ne pas gâcher le maquillage et se dépêchèrent de me repoudrer le visage. La Kora battait son plein et on avait même vite fait de monter une tente car mes compatriotes étaient bien décidés à faire la fête. Je trouvais au salon le père de Rassoul accompagné de son frère et de quelques un de ses amies. Je leur dis bonjour poliment en faisant une génuflexion d'enfer. Il y avait aussi des cousins de Rassoul, ses collègues, et ses amis. J'en connaissais déjà quelques uns et je les saluais chaleureusement. Les vieux se mirent à prier pour moi, les autres me félicitèrent, et je voyais tout le monde content. Je pris pleins de photos avec tout le monde et avec mes amies on s'est installé au salon. Tata Fatou qui semblait tout organiser a ramener des plateaux avec des amuses gueules et de la boisson pour les invités. Fred est venu s'installer à coté de moi pour me demander de lui donner son « takou deune ». Il faisait rire tout le monde en faisant celui à qui ont a arraché sa femme. Je lui dis que j'avais une petite sœur, mille fois plus jolie que moi et il se calmait un peu. Rassoul appela encore et cette fois ci je m'isolais un peu pour lui parler

- Mme Diop. C'est officiel maintenant

- oui, Mr Diop, c'est maintenant officiel.

- tu ne sais pas à quel point je suis heureux ma chérie

- moi aussi, je suis une femme comblée.

Il m'expliquait ensuite, que sa mère avait organisé une grande fête chez eux et que ses sœurs devaient venir me féliciter un peu plus tard. Je ne comprenais pas trop pourquoi, mais je lui expliquais qu'ici aussi il y avait une grande fête. Avant de raccrocher, je lui soufflais que je l'aimais et il me répétas la même chose.

Je reçus aussi plein de coup de fil et un moment mes tantes et mes cousines firent une délégation pour me donner des tissus typiquement guinéens, des draps, des ustensiles de cuisine tout ca sous un déluge de cris et de danse accompagné de la kora. Tout le monde se mit à danser et la fête fut belle.

Vers 19h alors que certains invités commençaient à partir et une délégation de la famille Diop arrivait. Tata Fatou avait prévenu ma mère et il y avait Kiné, la grande sœur de Rassoul qui pour une fois me saluait chaleureusement en me faisant la bise. Elle me complimenta même disant que j'étais très jolie et bien habillée. Il y avait aussi Sokhna, les jumelles, d'autres demi sœurs et il y avait aussi sa cousine Anta qui ne prit même pas la peine de me saluer. Il y avait aussi bien sur la griotte de la famille. Tout le monde s'installait au salon et cette dernière fit les présentations. Comme d'habitude, elle fit l'éloge de la famille Diop et la générosité de la maman. Elle ne put s'empêcher de lancer des piques en disant que la famille savait faire des térangas et que même si on n'a pas daigné amener le repas chez eux comme cela se fait normalement, elles ont quand même organisé une grande fête. Qu'on aurait pu ne serais ce qu'amener un petit bol et une canette et ca leur aurait suffit. Seul le geste comptait.

Je vis tata Fatou se pencher sur ma mère pour parler et ma mère secouer la tête. J'avais envie de leur dire de ne pas répondre à ca et de laisser passer. Ensuite, on me présenta ma première djenké (belle sœur) et c'était Anta. Je fis intérieurement une grimace. Elle avait amené une bague en or, un panier avec pleins de bouteilles d'encens et autre pagnes et un grand drap, avec en plus 50 milles. Après elle il y avait la 2ème belle sœur et c'était une des demi-sœurs de Rassoul Fatou, qui avait aussi amené des boucles d'oreilles en or et un drap et 25 milles. Ce fut au tour d'un autre groupe qui a aussi amené des cadeaux constitué de nuisettes, draps, encens et autres perles, plus une somme d'argent. A ce moment je me disais qu'elles étaient vraiment gentilles de m'amener tout ca. Mais Adja, ma copine de classe qui était à mes coté me chuchotais que ma belle famille voulait me fatiguer. Quand je demandais pourquoi, elle me dit que pour chaque cadeau, on doit doubler la valeur et la rendre. J'étais ébahi et je regardais ma mère. Elle était en grande discussion avec tata Fatou et je voyais l'autre camp tout fier alors que j'étais complètement catastrophé. Ca représentais beaucoup d'argent.si on devait faire comme Adja me l'a expliqué.

Au bout d'un moment, la voisine se leva et dit à l'autre camp qu'il ne faisait que suivre les ordres de mon oncle qui n'a pas voulu de grande cérémonie. Qu'eux aussi savent comment faire des térangas et que ce n'est pas à eux de le leur apprendre. Elle leur rappelait qu'on était originaire de la Guinée et qu'on ne connaissait pas tous ces protocoles et que chez nous, tout ce que l'homme amène appartient à la mariée et il ne ramène rien. La griotte de l'autre camp faisait des manières et Kiné, se mit à la calmer. J'avais des sueurs froides et Adja se mettait à rire et trouvait la situation très drôle. Elle se mit à remercier les belles sœurs et leur dit de ma part que j'étais contente. Ensuite, elle a commencé à donner aussi de l'argent en contre partie des cadeaux apportés. Pour chaque belle sœur, elle a rendu l'argent qu'elles ont donné plus l'équivalent de la même somme. Adja ne cessait de faire des commentaires car apparemment elle s'y connaissait et disait que c'était bien ce que ma mère faisait. La griotte semblait satisfaite cette fois sauf quand la voisine dit que pour les bijoux, elle considère que c'est des cadeaux et donc ne donne pas d'argent pour ça. L'autre camp changea de visage et elles se mirent à chuchoter en se penchant les une sur les autres. C'était quand même beaucoup d'argent qui était sorti et j'entendais mes tantes à l'arrière s'exclamer et dire que ma mère est complètement folle de faire comme les wolofs.

Le supplice, car oui, c'était vraiment un supplice pour moi, prit fin et mes belles sœurs prirent congé après avoir remercié ma mère et mes tantes. Elles en firent de même pour moi, et Sokhna m'enlaçait en me disant qu'elle m'attendait tout à l'heure. Je sursautais en pensant qu'effectivement une autre journée m'attendait. Je n'eus pas le temps d'y penser car j'étais complètement absorbé par la cérémonie. Au départ des autres, ma mère fut encerclé par mes tantes qui parlaient en même temps et lui reprochaient ce genre de pratique. Elle essayait d'expliquer et j'eus pitié d'elle. Je savais que c'était tata Fatou qui l'avait finalement convaincu de faire un petit geste pour les belles sœurs sinon ca allait être la catastrophe.

On avait amené toutes mes affaires dans une chambre et je demandais à Fatou et Adja de m'aider à déballer mes cadeaux. Maty devait partir car elle avait un examen le lendemain. Comme si tout le monde s'était donné le mot, je reçus presqu'exclusivement de la lingerie. Des pagnes qui m'intriguaient car je me demandais comment les mettre, des nuisettes ou plutôt des bouts de tissus, des encens et un peu de vaisselle. Adja me mit les nuisettes dans un petit sac en disant que c'était indispensable pour ma nuit de noce. On rigolait ensemble, quand ma tante vint me demander de ma préparer car je devais partir tout de suite. J'avais déjà rangé mes affaires la veille et j'allais me laver le visage et me changer. Ensuite, ma mère me fit appeler dans sa chambre. Elle me montrait les nombreux bijoux que j'avais reçu et je lui demandais de me les garder car je ne savais pas ce que j'allais trouver et peut être que je ne pourrais pas ranger cela. Ensuite, elle me dit que je devais me préparer et qu'elle me laissait maintenant entre les mains de mes tantes et que c'est elle qui devait s'occuper de tout. Une de mes tantes devait passer la nuit la bas et c'est elle qui le lendemain devait me faire la toilette. Elle me précisait que si jamais j'avais des difficultés pendant la nuit, je devais aussi l'appeler. Je voulais lui demander quel genre de difficultés je risquais de rencontrer mais j'avais trop honte de demander ca. Je l'écoutais tête baissé et toute tremblante. Oui j'avais vraiment peur de ce qui m'attendait. Avant même qu'on ne finisse de discuter, ma tante vint me demander de la suivre. On est allé à l'arrière cour et la elle s'est rendu compte que j'avais un tissage. Elle m'a alors demandé d'aller tout enlever car je devais me laver. Je retournais donc dans la chambre et j'ai demandé à Adja de m'aider à tout enlever. On l'a fait en deux temps trois mouvements et je me suis peigné les cheveux avant de retourner timidement dans la cour. Il y avait un mortier renversé et on m'a demandé de m'assoir dessus. J'avais juste un pagne autour de la poitrine. Ma tante m'a fait deux grossières tresses et après cela, elle a placé deux calebasses devant moi et a entrepris de me laver le corps en chantant les louanges de ma famille. ca devait être un bain de purification, mais je n'avais pas bien suivi tellement elle frottait fort et j'avais peur d'avoir des marques sur le corps. Elle a mouillé tout mon corps de la tête au pied. Et je tremblais de froid malgré la chaleur.

            
            

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