À l'aube de mes sentiments 2
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Chapitre 2 Chapitre 02

Elle parlait avec beaucoup d'émotion dans la voix et je me mis à pleurer. Je lui en étais très reconnaissante et je me mis à le remercier chaleureusement. Après cela, elle prit congé et je restais avec ma mère. Elle me remit le cadeau de Coumba. C'était un magnifique drap et un couvre lit accompagné d'une somme d'argent. Je me promis de l'appeler plus tard. Ma mère se mit à me parler de la cérémonie, car la griotte de la famille de Rassoul l'avait appelé pour lui dire qu'elles attendaient leur repas car c'était comme ca chez eux.

Elle n'avait rien dit, mais elle a demandé à tata Fatou, et celle-ci venait de lui expliquer les protocoles. Mais elle se refusait à faire tout ca car mon oncle ne voulait pas ca et personne dans la famille n'a jamais fait ce genre de chose. Elle refusait de se particulariser tout simplement parce que sa fille va épouser un wolof. Je fus du même avis en lui disant que même Rassoul n'aimait pas ce genre de choses.

Elle fit appeler donc la voisine, pour lui faire part de sa décision de ne pas amener un repas chez Rassoul et à l'air catastrophé de cette dernière, je compris que c'était à la limite du sacrilège. Mais ma mère demeurait ferme et finalement elle composa le numéro de la griotte pour lui dire que mon oncle n'aimait pas ce genre de choses et que le lendemain, on ne cuisinerait pas et qu'on se limitait juste à un mariage religieux. Elle écoutait un moment puis remerciait avant de couper. On attendait un peu anxieuse et elle nous dit que la griotte n'a pas bien pris la nouvelle et lui a dit que de mémoire de cérémonie, elle n'a jamais vu ca. J'écarquillais les yeux en regardant ma mère qui haussait les épaules en disant que de toute façon, elle avait déjà pris la décision.

Elle avait juste commandé des beignets et du jus de gingembre pour la mosquée.

- comme ton oncle te l'a dit, demain soir tu va rejoindre le domicile et tu seras accompagnée par ta tante. Tu sais c'est une phase très importante de la vie d'une femme et on t'y a préparé quand tu étais déjà toute jeune.

- je me souviens de tout néné, et c'est un souvenir très douloureux. Ce que vous m'avez fait était tout simplement inhumain, répondis-je tristement

- oui, mais c'était pour ton bien. Demain, quand tu seras avec ton mari, ta tante sera à coté. Si jamais il y'a un problème, il faudra l'appeler et elle saura quoi faire. Tu as compris ?

Les paroles de Mariama me revinrent en mémoire et mon cœur battait plus vite. Oui j'avais compris et non, je ne me laisserais plus faire. Je ne compte plus revivre ce que j'ai vécu. Et Rassoul m'avait dit que le jour du mariage, on partirait. Donc c'est avec soulagement que je le lui dis.

- Non, maman, ce n'est pas la peine. Moi et Rassoul on a l'intention de partir le jour du mariage.

Le visage de ma mère se décomposa. Elle me regardait fixement, en pensant peut être que je n'étais pas sérieuse

- tu t'amuses et moi pas. Vous n'irez nulle part. Et tu ne me feras pas honte devant toute la famille.

- néné, commençais-je en l'interrompant

- arrête et écoute-moi. J'ai tellement entendu de propos discourtois à ton propos. Quand je t'ai confié à Fanta, tout le monde a dit qu'Aissatou voulait faire de sa fille une intellectuelle, une toubab et qu'elle avait vendu son âme au diable. Quand ton père a voulu te donner en mariage à ton cousin, et que tu as refusé, j'en ai aussi entendu des vertes et des pas mures. Tes tantes m'ont accusé en disant que j'étais une mauvaise mère et que je t'avais sacrifiée sur l'autel de l'opportunisme. Que de mémoire de guinéens jamais un tel affront n'a été fait. Tout ca, je ne voulais pas te faire porter ce poids, car je ne voyais que ton bonheur.

Ma mère parlait avec ne voix brisée et je sentais toute la peine qu'elle a du éprouver durant ces périodes. Je l'écoutais donc silencieusement toute ébahi par ces confidences

- ton retour en Guinée a été interprété de toutes les façons possibles et inimaginables. Je voulais te protéger de tout ce bruit parce que je savais que tu étais fragile et que ces rumeurs t'aurais achevée. Mais on m'a appelé depuis Dakar pour me demander si tu étais enceinte ou pas. Et c'est ton cousin Ibrahima qui est allé véhiculer toutes sortes de rumeurs à ton propos car depuis que tu avais refusé le mariage avec lui, il ne cesse de dire que de toute façon tu es devenue une petite dakaroise dévergondée.

J'étais encore plus abasourdie. Je n'en croyais pas mes oreilles. Moi qui pensais que ma famille ne se souciait pas de moi, elle avait quand même le temps de colporter tant de méchancetés. Ibrahima, qui m'avait tant aidé, qui m'avait même donné de l'argent quand j'avais décidé de partir, qui m'avait mis en rapport quelqu'un pour me conduire...non, ce n'était pas possible. Je tombais des nues. Je secouais la tête et tellement d'idées se bousculaient dans ma tête que je n'arrivais à articuler aucune parole. Ma mère essuyait une petite larme

- ton mariage avec un homme d'une autre ethnie aussi a créé un tollé. Ton oncle ne voulait pas. Avec Ibrahima, on a du beaucoup parlé pour le convaincre. On a du lui dire que c'est lui qui payait tes études et te remettais de l'argent et qu'il t'aimais beaucoup pour qu'il revienne à de meilleurs sentiments.

Je secouais la tête. ou maman est allé prendre toutes ses idées

- non, néné. C'est Ibrahima qui me paye les études

Elle sourit faiblement

- oui, parce que Rassoul lui a fait promettre de ne rien te dire. c'est lui-même qui m'a appelé pour me dire ce qu'il comptait faire et ca c'est quelques jours après ton retour. Il m'a dit qu'il t'aimait plus que tout et qu'il avait de bonnes intentions et qu'il ne le faisait en échange de rien. Que puisqu'Ibrahima traversait des difficultés, il pouvait payer tes études et si tout se passe bien pour Ibrahima, il pourrait éventuellement rembourser. Il a tellement insisté que je n'ai pu qu'accepter.

A ce moment, une de mes cousines est entrée dans ma chambre et a interrompu notre conversation. Mais ça m'a surtout donné le temps d'assimiler tout ce que maman venait de me dire. C'est Rassoul qui payait, et c'est surement lui qui donnait autant d'argent à Ibrahima pour qu'il me remettre. Mon Dieu. Il y avait trop d'information pour ma petite tête. Je commençais à me sentir mal car ma tête tournait un peu et mes tempes bourdonnaient. Ma mère est sortie pour répondre dehors et je suis restée prostré à réfléchir. Donc ma famille pensait que j'étais une petite dévergondée. C'était vraiment faire un mauvais procès à maman Fanta. Même si mon séjour chez elle s'est mal fini, elle a toujours tenue à ce que j'ai une bonne éducation. On ne sortait pas sans autorisation et elle me surveillait comme du lait sur le feu en me rappelant toujours qu'une fille devait être vertueuse. Non je n'étais pas dévergondée.

Ma mère me retrouva plongée dans ses réflexions.

- relève la tête. La seule chose qui te reste à faire ma fille c'est de montrer à tout le monde que tu as été une fille réglée et qui a su bien attacher son pagne. Tu m'as compris. Ne me laisse pas encore subir une humiliation. Si tu pars avec ton mari, toute la famille aura raison sur moi. J'ai toujours tenu à te protéger des rumeurs et des bruits de la famille. Maintenant, sauves ton honneur et la mienne.

Je gardais toujours la tête baissée et j'étais plongée dans mes réflexions. Mon téléphone se mit à sonner et c'était Rassoul

- Mme Diop va bien, demanda t-il tout joyeux

- hummm répondis je sourdement

- hiii toi ca ne vas pas. tu es ou ?

- avec ma mère, chez mon oncle.

- tu veux que je passe te prendre ?

Oh oui, je ne pouvais pas rentrer dans cet état. J'avais besoin de lui parler.

- oui, s'il te plait. Je sors t'attendre au coin de la rue.

Je raccrochais et me tournais vers ma mère

- néné, je ne savais pas que tout ceci se disait sur mon compte. Je ne pouvais même pas l'imaginer. Mais je tiens à te rassurer que je ne suis pas mauvaise encore moins dévergondée. Je suis une jeune fille. Ne t'en fais pas. Je ferais ce que tu diras. Je resterais ici et je montrerais à tout le monde que tout ce qu'ils racontent sont des balivernes.

Elle me prit la main et je ne me retins plus. Je versais de chaudes larmes. Des larmes de tristesse certes mais aussi de reconnaissance pour cette mère qui a su me protéger de tout ca. Elle n'a jamais voulu me dire quoi que se soit rien que pour ne pas me perturber. Même lors du mariage avorté avec mon cousin, elle a juste dit sa position, mais ne m'a jamais forcé ou même essayer de me mettre la pression en me racontant ces méchancetés. Elle a tout pris sur elle.

Je me levais et pris congé. En disant au revoir à mes cousines, j'avais l'impression de les voir sous un autre visage. Comment pouvaient elle penser tout ca de moi et quand même me sourire et être contente pour moi. Je trouvais Rassoul déjà garé à l'angle en train de m'attendre. Je montais et il me regardait fixement

- qu'est ce qui ne va pas ma chérie ? Tu as une mine d'enterrement. A une journée de ton mariage, me demanda t-il avec un air inquiet

- allons chez toi pour en parler

Il démarra la voiture et ne put s'empêcher de me jeter des coups d'œil durant tout le trajet.

Arrivée chez lui je m'installais sur le sofa et lui demandais de me donner un cachet pour mes maux de tête. Après avoir bu, je me couchais et il se mit à coté de moi. Au bout de quelques minutes, il me redemandait ce qui n'allait pas

- Rassoul, je viens de discuter avec ma mère. Je sais que tu avais prévu qu'on aille en lune de miel loin d'ici, mais je te demander qu'on reste ici.

- on va rester pour faire quoi ?

J'étais un peu gênée et je lui pris les mains pour me donner un peu de courage

- en fait, notre tradition veut que, la nuit de noce suive un certain protocole. Je ne voulais pas, mais ma mère m'a parlé et elle ne veut pas que j'enfreigne cette tradition car elle y tient

- soit plus clair ma chérie, dit-il en fronçant les sourcils

J'étais encore plus gênée et je ne savais pas comment formuler ca pour être encore plus clair.

- s'il te plait, tu as compris ce que je veux dire

- tu veux dire que demain, je suis obligé d'ouvrir la boite de lait.

L'expression qu'il utilisait me fit sourire je le regardais avec un air qui se voulait méchant. Mais il ne rigolait pas.

- écoute Diouldé, je n'ai que faire de tes traditions la. Tu es ma femme, et je n'ai aucune envie le soir de ma nuit de noce, d'avoir tes tantes à ma porte à m'épier ou à attendre une tache de sang sur un drap blanc. Il n'en est pas question

Il était ferme et se leva d'un coup. J'étais complètement perdu. Je ne savais que dire de plus. Je restais assise sur le canapé et lui était parti dans sa chambre en rouspétant et en disant qu'il ne fonctionnait pas sous la pression et que personne ne lui dicte ce qu'il doit faire

Pourquoi tout cela m'arrivait encore. Entre la belle maman qui réclamait son déjeuner, ma mère qui refusait de se plier à cette coutume bien sénégalaise, ma nuit de noce et la réaction de Rassoul je n'y tins plus. Je me mis à pleurer silencieusement. J'en avais marre et je crois qu'à cet instant j'avais juste envie de tout arrêter. J'étais couché sur le canapé, la tête enfouie dans un oreiller. Je sentis tout d'un coup la présence de Rassoul à coté. Il s'était assis par terre et avait la tête posée sur le canapé à coté de la mienne

- Diouldé, arrête de pleurer. S'il te plait. Je n'aime pas te voir dans cet état.

Je me retournais d'un coup et m'assis.

- j'en ai marre. Je suis fatiguée de tout ca. Je n'en peux plus. Je n'en peux plus...

Je pleurais et criais en tapant l'oreiller et je devais surtout ressembler à une folle qui faisait une crise. Rassoul un moment, me maintint les deux mains et s'assit à coté de moi en m'enlaçant.

- calme toi calme toi

Je me laissais aller contre lui en sanglotant et au bout de quelques minutes, je réussis à me calmer.

- Dis-moi ce qui te met dans cet état, mon amour. Parle-moi et on trouvera une solution.

Je lui expliquai alors ma discussion avec ma mère et les problèmes et rumeurs qu'elle a dut entendre et supporter. Il m'écoutait et comme toujours quand il est contrarié, il se mit à grincer des dents.

- maintenant, elle dit que si nous fuyons, ceux qui médisent auront raison de nous et dirons que j'ai préféré fuir, car je n'étais pas vierge. Tu comprends pourquoi je te demande de rester.

Il se tut quelques minutes

- mais Diouldé, les autres on s'en fout. Que tu sois vierge ou pas ne concerne que moi. C'est moi qui serais ton mari, c'est moi que ta vie antérieur concerne. Laisse les parler ma belle et ne nous occupons pas d'eux.

- ce n'est pas uniquement pour moi. Il y a aussi ma mère. C'est pour elle que je veux le faire.

- même ma mère m'avait dit qu'elle allait m'aménager une chambre dans la maison pour que tu puisses y passer ta première nuit, mais je l'ai tancé en lui disant que je ne rentre pas dans ces considérations.

- tu vois, tu vois. Même ta mère s'attend à ce que je passe là bas ma nuit de noce. Donc pour les satisfaire tous, faisons ca, mon chéri.

Il soupira et ferma les yeux un moment. Ensuite, il me tira à lui et entreprit de m'embrasser. Je me laissais faire et puis après toutes ses agitations, un petit moment de paix et d'amour ne me ferais pas de mal. Je m'écartais et le regardais. Il me sourit et me promit d'y réfléchir d'ici le lendemain car il n'avait vraiment pas envie que notre première nuit d'amour soit gâché par tout ca.

            
            

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