À l'aube de mes sentiments
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Chapitre 2 Chapitre 02

Chez moi aussi c'était la fête. Maman, mon père et mes badiènes étaient contentes. Certains me voyaient déjà en future avocate, d'autres en médecin et le débat étaient ouvert. Même mon ère si peu expressif m'a pris dans ses bras pour la première fois et m'a sans rien dire m'a fait un grand sourire. J'ai compris que pour lui ca voulais peut être dire qu'il était fière de moi. Il n'était pas expressif et ca le gênait de montrer ses sentiments. Mais je me suis contenté de ca. Ma mère, elle, était certes contente mais j'avais l'impression qu'elle était préoccupée.

C'est quelques jours après qu'elle m'a annoncé qu'on devait partir en guinée pour voir les grands parents. C'était la 2ème fois qu'on y allait mais je n'ai pas de souvenirs du premier voyage car j'avais 3 ans à l'époque. Donc je suis allé annoncer cela a ma tata Fanta qui ne voulais pas car elle disait que Malick allai venir et elle voulait qu'on aille tous à Saly passer quelques jours. Elle est allée voir ma mère mais ma mère lui a fait comprendre qu'elle attendait juste que je passe l'examen pour y aller et qu'elle en pouvait plus reculer le voyage. Ma Tante était désolée. Rama aussi et m'a même proposé de me déclarer malade pour ne pas y aller.

Par la suite, tata Fanta m'a donné des tissus pour mes Grand parents et d'autres cadeaux pour moi. A quelques jours de mon départ, Malick est arrivé. Malick, la première fois que je l'ai vu, m'a fait un effet disons bizarre. Je le revois encore. Il était arrivé la veille et toute la nuit je l'ai entendu discuter avec sa mère. Je n'osais pas trop me lever mais j'était quand même pressé de le voir. Donc le lendemain je l'ai trouvé dans la chambre de sa mère et dès qu'il m'a vu il s'est exclamé:

- Wouaahh maman c'est elle la petite Diouldé ?? comme elle est jolie. Une vrai beauté allez viens me dire bonjour...

- tu vois non, c'est elle ma dernière. Elle est adorable.

Je me suis approché timidement et surtout je le regardais car il m'impressionna. Il était très grand, noir et très beau. La beauté est une chose d'assez relative mais à l'époque dans mon esprit de petite fille mon petit cœur a fait tilt. Il était très joyeux et riait très fort. Il parlais vite avec son accent français et je ne comprenait ou n'entendais pas toujours ce qu'il me disait.

- Bonjour tonton Malick..

- Bane tonton ??? pas de tonton entre nous, je ne suis pas ton tonton. Apelle moi Malick. Mais tu est joli hein... regarde moi bien, tu n'es pas amoureuse de moi ???

Tout le monde a éclaté de rire et tata Sophie qui était dans la pièce a répondu méchamment

- ces peules de Guinée, elles n'aiment que leur compatriotes. Je suis sure qu'il ya un cousin qui attend patiemment ses 15ans

- On ne dirait pas une peuleufouta, on dirait plutôt une métisse

- Waw parc qu'elle mange bien et qu'on la lave...

- Sophie arrête de dire des méchancetés la stoppa tata Fanta. Diouldé ressemble juste à sa mère.

Et la discussion à continuer sur les traditions des guinéens et moi je me suis retirée avec juste une phrase qui me trottai dans la tête « es tu amoureuse de moi ». ca peut paraitre banal mais à mon âge être confronté pour la première fois à ce genre de question m'avait perturbé. Surtout venant d'un homme et pas d'un garçon de mon âge. Car moi, mes relations avec les garçons se limitaient à des petites plaisanteries avec les garçons de ma classe. Un jour, l'un d'entre eux Carl m'a envoyé un mot en disant qu'il me trouvait belle. J'ai déchiré le mot et depuis, je le fuyais comme la peste. J'en souris en y repensant.

Malick était très taquin, et ne se lassait pas de me fatiguer. A chaque fois qu'il me voyait c'était des chéris coco à gauche chéri banana guinée à droite. Ca faisait rire tout le monde sauf moi que cette situation gênait au plus haut point. Rama avait remarqué que après les plaisanteries de Malick j'avais les oreilles rouges tellement j'étais gênée. Elle s'est aussi mise à rire en disant que j'avais rougi. Un jour, une jolie jeune fille est venue lui rendre visite et quand je les ai vus ensemble, j'ai eu un pincement au cœur. Il m'a présenté en lui disant que j'étais sa seconde femme et qu'elle avait du souci à se faire. La jeune fille a souri en disant qu'elle avait peur car j'étais sacrément jolie. Et vous pouvez rire mais je crois que c'était ma première déception affective.

Malheureusement je ne suis resté que quelques jours avec lui car je devais aller en vacance en guinée avec ma maman et mes frères et la petite dernière. Ca m'a fait un gros pincement au cœur car à mon retour je ne trouverai pas Rama. J'étais très triste et Rama aussi. Mes parents se sont trompés sur le sens de mes larmes quand je suis arrivé chez eux. Mon père s'est énervé en criant et en disant que de toute façon j'irai et que rien ne pourrait changer cela. Ma tante voulais un contact ou elle pourrait appeler mais ce temps la le portable n'existai pas et ma mère a promis de l'appeler une fois la bas à partir d'une cabine. Et me voila parti à l'aventure. En Guinée...

La Guinée n'a rien à voir avec le Sénégal. J'avais l'impression de débarquer dans un autre continent tellement tout me paraissait différent. Mes parents habitaient un village assez loin de la capitale. J'ai été bien accueilli et mes grands parents Fatoumata et Mohamed qui étaient impressionnés par la vitesse à laquelle je grandissais. Pour la bienvenue on nous offrit du lait et d'autres mets délicieux. Les premiers jours nous étions choyés comme des princes. Mon grand père avait une petite cabane ou il apprenait le Coran aux enfants du quartier. Nous y allions avec les autres enfants du village. On nous apprenait la vie du Prophète, puis l'alphabet arabe. Grand père chantait et on chantait avec lui des versets du Coran. Entre ces récitations s'inséraient des leçons sur les principes de l'islam. Peu à peu, je compris pourquoi les leçons coraniques étaient interminables : parce que le Coran est long. Si long qu'il faut maintes années pour en venir à bout. Mon grand père avait une foi illimitée en la sainteté du Coran. Il croyait fermement que chaque sourate était un miracle qu'il ne songeait jamais à consulter un médecin. Je me souviens qu'un jour, ma grand-mère tomba malade et tomba d'un coup. A ses cris nous accourions tous. Elle gisait là, incapable de lever la tête. Grand père a interdit de l'amener à l'hôpital. Il a appelé un cheikh et ensemble ils lurent le Coran pendant des heures et ce chaque jour. Quelques jours plus tard elle allait mieux. J'avoue qu'à l'époque, ma compréhension du Coran n'était pas très claire. Les matinées à apprendre le Coran me paraissaient interminables. De 8h à midi sans interruption. Je mourrai de soif et parfois de faim et au moment de me coucher, les sourates résonnait dans ma tête. Je souhaitais vivement la fin des vacances.

Un point particulier retenait mon attention : ce que grand père nous disait sur la mort. Chaque soir la peur de mourir me torturait. Je me voyais toute seule au fond de ce trou que grand père nous avait décrit. Sans pouvoir revoir une dernière fois tata Fanta, Rama. Et cette perspective me faisait peur. Mes nuits s'allongeait de peur de voir surgir à tout moment le démon qui nous emportera. Je m'endormais d'épuisement. Ajoutées aux histoires de djinns et autres monstre que grand-mère nous racontais le soir psychologiquement je vivais dans la peur.

Un mois et demi après notre arrivée, j'ai surpris une grosse dispute entre ma mère et une grand-mère :

-Je ne suis pas venu pour ca. Il n'est pas question que mes filles le fasse, criait ma mère

- Tu renie ta tradition Aissatou. Dakar t'a bien changé. Mais toutes les filles de la famille sont passée par la et tes enfants n'y échapperont pas. Si tu persiste dans cette décision, on convoquera le conseil de famille.

- Non j'ai dit non. Ces traditions doivent cesser. Combien d'enfants avez-vous tué ??ma sœur est morte des suites de cette foutue tradition. Je ne prendrai pas le risque avec mes enfants. Reniez moi, chassez moi mais je ne laisserai pas faire.

Ma grand-mère Fatou est intervenue pour les calmer et à amener ma mère à l'écart pour lui parler. J'ai vu ma mère gesticuler et par la suite pleurer comme une madeleine. Grand-mère fatou est revenue parler à la vieille dame

- Sira, tu peux partir. Mes petits enfants ne feront pas partis de la cérémonie cette année. On va attendre que le bébé grandisse un peu.

- Fatou, je ne suis pas un bébé. Dis plutôt que tu laisse ta fille te manipuler. Diouldé est en âge de le faire, elle doit venir. Ne m'oblige pas à convoquer le conseil.

- Je te demande juste de patienter jusqu'à l'année prochaine. Elle le fera.

La vieille est partie en maugréant des paroles incompréhensibles et ma grand-mère est retournée auprès de ma mère pour lui parler. Par la suite, mon grand père est aussi venu pour parler à ma mère. J'étais cachée derrière la case pour tout écouter car tout ce remue ménage m'intriguait.

- Aissatou, ne nous fais pas perdre notre temps. Si tu laisse ta fille impure aucun homme ne voudra d'elle. Penses-tu lui rendre service en refusant qu'elle passe par ça ??Ne jette pas le déshonneur sur notre famille.

Ma mère pleurait mais ne répondait pas

- Ce qui est arrivé à ta sœur est la volonté divine. Ta fille sera entre de bonnes mains. Elle guérira avant que vous ne repartiez. Je ne veux aucune objection. Demain elle partira sinon quittez la maison et ne revenez plus

Sur ce, il est reparti le visage fermé suivi par ma grand-mère qui lui demandait d'attendre. Je savais que j'étais au cœur de tout cet imbroglio sans cependant en saisir les tenants et les aboutissants. Un moment j'ai pris peur car je me faisais toutes sortes de scénario. Je me suis souvenu d'une histoire de ma grand-mère ou la petite fille était donnée au djinn comme sacrifice et je me voyais être emporté par un de ces êtres surnaturels et voyager entre les continents vers d'autres cieux.

Ma grand-mère fit apporter un tambour le lendemain et on nous a rassemblés dans une maison. On devait être une dizaine. Elle chantait et nous on dansait. Puis on nous fit de petits cadeaux. Nous étions rayonnantes même si la petite peur était toujours présente. J'attendais fébrilement le lendemain ; ma mère avait le visage fermé et le lendemain très tôt, elle me réveilla et rangea mes affaires. Je tremblais tellement et j'avais peur de ce qui allait se passer

- Maman ou m'amène tu ?? Demandai-je timidement à maman

- ...

- Maman, tu vas m'abandonner ??

- Diouldé, si je pouvais te protéger de cela, je le ferai. Si je pouvais prendre ta place pour que tu n'ais pas à subir cela je le ferai....

Elle éclata en sanglot et moi sans trop savoir pourquoi, je me mettais à pleurer aussi.

- Tu es ma princesse, ce que j'ai de plus chère mais la vie ne se passe pas toujours comme on le souhaite. Pardonne-moi, pardonne-moi...

Elle pleurait tellement qu'elle ne pouvait plus parler. Je ne savais plus trop quoi faire.

- Maman, ils vont me tuer ??

Cette question la fit pleurer encore plus et moi me convainquit que j'allai effectivement mourir ou alors être emporté par le djinn. Sur le champ, je repensais a Rama que je ne reverrai plus, à tata Fanta et à la peine qu'elle aura si elle ne me voyait plus. Dans mon esprit de petite fille toutes ces pensées se bousculaient. Une cousine de ma mère vint me prendre et je l'entendis s'exclamer :

- Haa tu seras bientôt une grande fille.

Cette perspective m'enchanta et me fit oublier un peu mes peurs. Mon grand père était assis sous l'arbre en compagnie d'autres vieux et de quelques oncles. Il mâchait de la cola bruyamment. Il y avait dans la cour mes autres cousines et d'autres filles de quartier. Les mamans des autres filles parlaient à leurs filles en leur donnant des conseils. Je ne comprenais toujours pas et cherchait du regard ma mère mais je ne la vis pas. Ma grand-mère m'a alors pris dans ses bras :

- Soit forte ma petite. Tu es une fille courageuse me dit elle.

            
            

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