- Les passagers en direction de New-York sont priés de rejoindre la salle d'embarquement.
Je me lève et j'attrape mes sacs et mon billet d'avion et Hop ! C'est parti pour six heures de vol. Je suis habituée à tous ces voyages dans mon métier, on est obligé de voyager à chaque instant, pour différentes choses, parfois ça peut être pour une interview comme aujourd'hui, ou alors pour couvrir un événement et avec la nouvelle idée qu'a Walter de lancer notre programme télé, nous avons encore plus de travail, mais je ne me plains pas. J'adore mon travail, j'aime ce que je fais, ça me rend heureuse. Je suis assise à côté d'un homme, mais Dieu merci je suis à côté du hublot et comme toujours pour m'évader, j'enfile mes écouteurs et je regarde les nuages, j'essaye de ne pas me laisser submerger par toutes ces émotions qui m'envahissent.
La peur, l'anxiété, j'essaie de faire le vide dans mon esprit mais à chaque fois que je ferme les yeux, je le vois lui, son sourire de canaille, son corps musclé, ses doigts qui glissent sur ma peau.
Et merde !
Ce n'est vraiment pas le moment de fantasmer sur lui. D'autant plus que j'ai pris la résolution que plus rien ne se passera entre nous.
Dis le plus fort, me dit une voix à l'intérieur de moi, peut-être que toi-même tu finiras par y croire. Je choisis l'option la plus facile, dormir au moins comme ça, je ne penserais pas à lui. Après six heures de vol, j'atterris à l'aéroport de New-York, dormir a été au final une très mauvaise idée, cet homme me poursuit même dans mes rêves. Je pars retirer mes valises et je sors à la quête d'un taxi.
Soudain, une énorme voiture se gare devant moi, une berline toute noire avec des vitres fumées. Le conducteur en sort, ce visage je l'ai déjà vu, cette couleur de cheveux poivre sel et ce sourire avenant, je le reconnais au c' est le chauffeur personnel de Kenneth, celui qui a conduit tant de fois.
- Mademoiselle McGuire ?
- Andrew ?
- Heureux de voir que vous me reconnaissez.
- C'est moi qui suis surprise que vous vous souveniez encore de moi.
- Et pourquoi donc vous aurais-je oublié ? Toutefois je vous en veux d'être partie ainsi sans même m'avoir dit au revoir.
Je baisse la tête gênée, le lendemain, après cette nuit torride que m'avait offerte Kenneth Aura, j'ai choisi de m'enfuir, tout simplement parce que et je ne voulais pas l'entendre me dire, bon nous nous sommes bien amusés mais ça s'arrête là. Alors j'ai fait la chose la plus judicieuse à ce moment-là, je suis partie sans dire au revoir à personne.
- Désolée, j'ai dû partir de toute urgence.
- C'est aussi ce que m'a dit monsieur Aura. Laissez-moi vous aider avec vos bagages.
- D'accord dis-je en lui laissant porter mes bagages pour les mettre dans le coffre.
Puis il m'ouvre la portière et j'entre dans la voiture. Puis il monte et démarre. Je suppose que vous êtes fatiguée après ce long voyage.
- Avez-vous fait un bon voyage ?
- Oui six heures de vol c'est assez long. J'ai bien envie de me coucher et de me réveiller que demain matin. Mais sinon ça été plutôt calme, après tout j'ai une place en première classe donc je ne me plains pas.
- Je suis vraiment désolé mais ça va devoir attendre. Monsieur Aura a demandé à ce que je vous conduise directement dans les locaux de l'entreprise.
- D'accord.
Je me cale un peu plus dans mon fauteuil et je regarde le paysage défiler, le cœur remplit d'angoisse, au moins notre première rencontre se fera dans un lieu public et au moins là-bas je devrais tout faire pour maîtriser mes émotions et lui aussi d'ailleurs.
Nous passons devant central Park, et je suis subjuguée par la beauté de ce parc, je suis venue à New-York une fois dans ma vie toujours pour le travail et cette fois ce sera la deuxième, je n'ai jamais vraiment eu le temps de visiter, mais je garde toujours en mémoire chaque petit là endroits que j'ai pu voir de loin. Quelques minutes plus tard, nous arrivons enfin devant les locaux de l'entreprise. Aura Holding, une entreprise spécialisée dans la fabrication de cosmétiques naturelles, elle existe depuis maintenant cinq ans, bien qu'elle ait été créée depuis plus longtemps, mais elle a commencé à faire sensation lorsqu'une star de cinéma a avoué à l'écran que c'est une marque de maquillage totalement naturel qu'elle utilise, tout le monde a commencé à se l'arracher et même moi j'utilise certains de leurs produits qui sont d'ailleurs très bons.
Que dis-je ils sont très très bons. Andrew me guide jusqu'à l'entrée, il pousse les portes et salue la réceptionniste sans toutefois s'arrêter.
- Nous allons prendre l'ascenseur privé de monsieur Aura.
- Oh d'accord !
- Il m'a demandé de vous faire une visite des lieux, puis vous irez les rejoindre dans la salle de réunion.
Je me contente de secouer la tête sans rien dire, nous arrivons au dernier niveau où il me fait entrer dans plusieurs pièces, je vois là donc, le bureau de Kenneth, le bureau de sa secrétaire personnelle et des toilettes. Il me montre où laisser mon sac, je l'ouvre et je prends ma tablette et je sors avec Andrew, il m'accompagne jusqu'à la salle de réunion. Les vitres de la pièce sont en verres, tout ceux qui sont à l'intérieur peuvent nous voir, je l'aperçois, il est assis au bout de la table, tous les regards convergent vers lui et lui son regard est tourné vers moi.
Il n'a pas changé, ses cheveux blonds ont légèrement poussé, mais il a toujours le même regard perçant, des lèvres pleines que j'ai envie d'embrasser, contrôle toi Liv, contrôle toi. Une dame s'approche de lui et lui montre un document, il lui répond même sans la regarder. Il me regarde, comme s'il ne m'avait jamais vu.
Soudain je me demande si cet habillement que je porte va bien avec le cadre, en effet sachant que j'allais prendre l'avion, j'ai enfilé un jean et un t-shirt avec des baskets, il y'a de cela à peu près un an j'ai coupé mes cheveux qui étaient très longs, aujourd'hui je porte un carré brun ondulé, j'ai trouvé que ça faisait mieux ressortir mon petit visage rond et peut-être qu'avec cette nouvelle coiffure, il ne me reconnaîtra pas. Mes lunettes sur mes yeux, j'entre dans la salle accompagné de Andrew qui une fois encore, me tient la portière.
- Mademoiselle McGuire monsieur.
- Merci Andrew, tout s'est bien passé ?
- Absolument.
Il secoue la tête et ne m'adresse pas un regard, alors que tous les regards de ces gens sont tournés vers moi. Je déteste vraiment être le centre d'attention, ça me rend toujours très mal à l'aise. Un homme se lève, il doit avoir environ trente ans, beau blond, avec un sourire chaleureux.
- Laissez-moi vous présenter Olivia McGuire journaliste pour la rubrique El à Los Angeles, elle travaillera avec nous pendant quelque temps et monsieur Aura vous demande à tous de coopérer avec elle et de répondre à toutes les questions qu'elle vous posera.
Il m'indique ensuite un fauteuil sur lequel je vais m'asseoir. Je regarde partout sauf dans sa direction, je ne veux pas croiser ce regard envoûtant. D'après ce que je vois, ils sont en pleine présentation d'un nouveau projet. J'allume ma tablette et j'essaye de prendre quelques notes.
C'est au sujet d'un nouveau produit qu'ils sont sur le point de présenter sur le marché. Un baume à lèvres hydratant, protecteur et comme toujours totalement naturel. Des échantillons sont posés sur la table de bureau, je m'en prends un et je regarde le produit, il est dans un tube, comme du rouge à lèvres, j'apprécie déjà cette petite différence car les baumes à lèvres classiques on est obligé de tremper un doigt à l'intérieur pour faire sortir le produit, et c'est pas vraiment agréable de rester avec tout ce gras sur les doigts, j'ouvre le tube et je l'hume, il est à la framboise, framboise qui se trouve être mon fruit préféré.
Quelque chose m'intrigue, se pourrait-il qu'il ait conçu ce produit en pensant à moi ? Non impossible ! Tu prends vraiment tes rêves pour des réalités, je suis sûre qu'il ne te reconnais même plus, il y'a qu'à voir de quelle manière il t'a regardé, comme un phénomène de foire. Je lève la tête vers lui, il continue à me regarder sans même en être gêné.
Je baisse la tête et je repose le tube sur la table. Nous devons trouver la meilleure stratégie marketing possible pour mettre ce produit sur le marché dit la voix d'une femme près de moi. Je me tourne vers elle, elle est blonde et porte un tailleur rouge, avec un rouge à lèvres rouge, plus cliché tu meurs. Ses cheveux sont ondulés dans un style dans années quatre vingt, elle s'est crue où là dans un film vintage ?
Elle regarde Kenneth et lorsqu'elle constate que c'est moi qu'il regarde, elle se tourne vers moi et me regarde, sauf que ses sont comme des lasers, comme si elle voulait m'étriper. D'accord ma fille j'ai compris c'est ton territoire, et crois moi que je n'y mettrais pas main. La réunion continue et je n'interviens pas, je me contente d'observer pour voir comment est-ce qu'il travaille et surtout comment est-ce qu'il se comporte avec ses employés. Je sais déjà qu'avec Andrew c'est autre chose, il est comme son père. Mon téléphone sonne et je me lève pour aller répondre à l'extérieur.