Non mais qu'est-ce qui m'a pris de mettre ces talons ? Ça m'apprendra à écouter Lindsey.
- Tu devrais porter des talons aujourd'hui, il va faire beau.
Et puis comme si tout ce qu'elle disait se transformait en cauchemar, au lieu du magnifique ciel bleu qu'elle a prévu, je me retrouve à courir sous la pluie, avec des escarpins sur et je me couvre la tête avec un classeur. Elle est bien loin là la grande journaliste Olivia McGuire, que penseraient tous mes lecteurs s'ils me voyaient là à cet instant ?
Je suis censée représenter le sex-appeal à l'état pur, un sex symbole, le genre de femme que toutes les autres envient, mais là je ressemble plutôt à un chat mouillé.
Non mais quelle horreur !
Et tous les dossiers sur lesquels je travaillais.
C'est véritablement un cauchemar. J'arrive dans les locaux de l'agence, le portier me salue.
- Bonjour mademoiselle McGuire.
- Bonjour Pedro.
- Une sale journée n'est-ce pas ?
- À qui le dites vous ? Il faut vraiment que je m'achète une voiture.
J'entre dans mon bureau sans même regarder mon assistante. Si Tony me voit dans cet état, ce salopard de sexiste va encore me lancer une vanne pour se foutre de moi, tout simplement parce que je suis meilleure que lui et qu'il ne le supporte pas.
Heureusement que je garde toujours des vêtements de rechange dans mon bureau pour les jours où je dors au bureau. Je retire un t-shirt et un pantalon et je prends aussi une paire de tennis. Bon pour mes cheveux mouillés, je ne peux rien faire. Je vais juste me contenter de prendre une serviette et m'essuyer les cheveux. C'est là que Cassandra mon assistante entre.
- Liv ?
- Oui Cassie entre, que se passe t'il ?
- Réunion dans le bureau de Walter.
- C'est pas vrai ! Justement le jour où je ne suis pas présentable et ce salopard de Tony va en profiter pour se foutre de moi.
- Et crois-moi ce matin il est vraiment remonté à bloc.
- Comment ça ?
- Juste parce que j'ai changé de coiffure, il m'a demandé si j'avais baisé ce week-end.
Je lève les yeux au ciel.
- Non mais quel enfoiré !
- Je suis entièrement d'accord.
- Tiens, dit-elle en me tendant un dossier.
- Merci, on se parle tout à l'heure.
Je sors de mon bureau et je rejoins l'étage de notre boss, le Directeur Général d'El Magazine. Un magazine réputé qui est spécialisé dans la présentation des célébrités. Nous essayons de présenter toutes ces personnes célèbres comme des personnes à part entière et non juste des visages que l'on voit de temps à autre à la télévision. Nous présentons généralement des célébrités, mais aussi des hommes d'affaires, pour que ceux-ci puissent nous parler de leur évolution.
Je rejoins la salle de réunion, lorsque la porte s'ouvre, tous les regards convergent vers moi, je suis la seule qu'ils attendaient encore. Je vais m'asseoir à mon fauteuil, que bien sûr Tony s'est empressé de prendre. Je m'assois donc sur le fauteuil qui est à côté de celui de Walter.
- La reine est là, vive la reine.
Je lui lance un regard meurtrier. Et je me tourne à nouveau vers Walter.
- Bon maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer. Le PDG de la compagnie Aura nous a contacté pour une nouvelle interview.
À l'annonce de ce qui nous attend, mon cœur se serre. Je commence à transpirer, j'ouvre la bouteille d'eau en face de moi et j'en avale une gorgée.
- Oh tu veux parler du PDG que personne ne peut approcher ? Demande Tony en posant ses pieds sur la table.
Walter le regarde d'un air sévère.
- Pour commencer tu vas enlever tes pieds de cette fichue table, ce n'est pas parce que tu es mon fils que tu vas te permettre ce genre de choses.
Ah oui ! J'ai oublié de vous dire que Tony est le fils du patron, c'est sûrement pour cette raison que c'est un trou du cul. Mais y'a pas à dire, j'adore lorsqu'il le remet à sa place, comme dans ces moments particuliers, ce petit con n' a absolument de respect envers personne, même pas envers son propre père. Walter est de loin l'homme le plus intègre qui existe, même si Tony est son fils, pour lui le travaille se paie au mérite et c'est pour cette raison que je serais toujours meilleure que lui, car moi, je mérite mon poste et tous ces encouragements que me fait Walter.
Tony enlève ses pieds de la table avec une moue boudeuse, on dirait un enfant à qui on aurait interdit de jouer avec la télécommande, si Cassandra était là, nous éclaterions bien toutes les deux de rire, je cache mon sourire d'une main.
- Bien, comme je le disais, après de longues discussions avec Kenneth Aura, il a accepté de nous parler de lui. Le vrai lui. Il a décidé de nous raconter son parcours en parlant à cœur ouvert de sa vie.
- C'est super dit Judith, celle qui s'occupe des interviews des hommes politiques. Imaginez un peu que nous ayons une interview du mystérieux Kenneth Aura, l'homme d'affaires sorti de nulle part et que toutes les femmes voudraient dans leur lit. Je vois d'ici les titres, ils vont se vendre comme des petits pains.
Walter lève un regard interrogateur vers moi.
- Qu'en penses-tu Liv ?
La politique de la maison est de faire comme à la maison justement nous ne nous faisons pas de prise de tête en appelant notre patron Monsieur, d'ailleurs, il déteste ça. Il veut qu'on le traite comme s'il était notre père, mais comme tout père, il sait être sévère quand il le faut. Je me racle la gorge mal à l'aise avec cette histoire. Pitié faites que ce ne soit pas moi qui soit choisi pour cette interview.
- Judith a raison, ce serait vraiment un gros avantage pour nous si nous parvenions à sortir un article sur cet homme d'affaires, ce serait vraiment une aubaine.
- Tant mieux dit Walter, parce que c'est toi qui va t'en charger.
Merde !
Je ferme les yeux pour me contenir et ne pas hurler ma frustration.
- Mais pourquoi moi ?
- Tu plaisantes ? S'écrie Judith, c'est une chance inespérée que l'on t'offre là, de toute façon, tu es beaucoup trop ingrate pour pouvoir apprécier ce que l'on t'offre.
Ah j'ai encore oublié, Judith est le petit toutou de Tony et comme Tony me déteste, alors elle aussi. Cassandra dit qu'elle est jalouse de moi, je ne vois pas bien pourquoi.
- J'ai mes raisons ! Lui dis-je.
- Eh bien donne les nous ! Me dit Tony.
- Qui ne te regardent absolument pas.
- Mais pourquoi Liv ? Tu as pourtant bien travaillé avec lui il y'a de cela deux ans et l'article que tu nous as sorti était incroyable.
- Et tu m'avais promis que je n'aurais plus à le faire.
- C'est la seule condition qu'il a posée pour pouvoir travailler avec nous. Il veut travailler avec toi et uniquement toi.
- Parce qu'en plus il a des exigences ? Dit Tony.
- Oui et des exigences que nous allons nous empresser d'accepter, je suis désolé Olivia, tu vas devoir mettre tes différends de côté, il nous faut cette interview tu vas devoir travailler avec lui.
Je soupire et je m'affesse un peu plus dans mon fauteuil, j'arrive pas y croire, après plus de deux ans, je vais le revoir. Lui, l'homme que je m'évertue à sortir de ma mémoire.