Chapitre 5 c'est arrivé

_ Ethan ?

_ Oh salut Éric, j'allais justement t'appeler.

_ Laisse tout tomber, il faut que tu me rejoignes à l'hôpital.

_ Quoi ? Mais pourquoi ?

_ C'est Amy, c'est grave, viens vite !

_ Tu es à quel hôpital ?

_ L'hôpital Sainte-Marthe.

_ J'arrive.

J'attrape mes clés dans le vide poche et me dirige vers ma voiture. Heureusement qu'il est plus de onze heures, je devrais arriver plus vite. Je me demande bien pourquoi Éric avait l'air si pressé au téléphone. Non seulement pressé mais aussi énigmatique.

Bon, de toute façon je saurai bien de quoi il retourne en arrivant sur place. Mon pied-à-terre en ville se trouve en plein centre, ce qui me permet de me rendre partout rapidement. J'avoue que je me languis de retrouver Holly et Gareth. De ce que j'ai vu, le psycho qui envoie les fleurs et autres cadeaux à la protégée d'Éric sombre de plus en plus dans l'obsession. Il va peut-être falloir que je mette en place un plan de sécurité vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ce mec semble suffisamment dérangé pour s'en prendre à elle physiquement. Je n'arrive cependant pas à comprendre le pourquoi du comment. Est-ce qu'il est juste obsédé par elle ? Est-ce que c'est pour l'argent ? En tout cas, il est évident qu'une enquête doit être menée sur ce mec. Si l'écrivaine veut avoir la paix, il va falloir rapidement envoyer ce type dans un hôpital psychiatrique.

En moins d'un quart d'heure, je suis déjà dans le parking de l'hôpital. Je me rends au pas de course à l'accueil. Je prends mon téléphone et appelle Éric.

_ Éric je suis là, tu es où ?

_ Monte au deuxième, au service gynécologique.

Je me dirige rapidement vers les ascenseurs. J'ai un très mauvais pressentiment.Pourquoi Éric me demande de venir au service gynécologique ?

Les portes de la cabine s'ouvrent en grand, je m'avance dans l'étage et ne tarde pas à voir le visage complètement livide de mon vieux pote.

_ Éric qu'est-ce qu'il se passe ?

_ Putain Ethan.

Je vois bien qu'Éric a du mal à parler.Ses yeux sont cernés de rouge, il aborde un style très débraillé et il parait vraiment inquiet.

_ L'hôpital m'a appelé il y a peut-être deux heures.Visiblement, Amy a vécu un véritable enfer.

_ Explique-moi.

_ Amy a eu un accident, apparemment elle a failli se retrouver sous les roues d'une voiture.

_ Merde, elle va bien ? Mais pourquoi on est en gynécologie ?

_ La voiture ne lui a pas fait de mal, le mec qui conduisait et qui l'a emmenée ici s'est arrêté avant de la heurter. Par contre, elle a perdu connaissance et s'est réveillée à l'hôpital il y a environ une heure avec une histoire absolument horrible.

_ Dis-moi.

_ Amy a rencontré le fameux E hier soir... et il l'a violée.

J'ai l'impression de prendre une douche froide. Je sais que je n'y suis pour rien. Je n'ai officiellement pas encore accepté de m'occuper de cette fille mais j'ai passé la nuit à étudier les différents documents sur ce cas et je savais que cet homme pouvait potentiellement s'en prendre physiquement à elle. J'aurais dû prévenir Éric hier soir.

_ Tu l'as vue ?

_ Non, l'hôpital m'a appelé, je suis venu ici immédiatement, puis elle est passée des urgences à ce service.J'ai galéré pour avoir les informations mais un médecin m'a parlé du viol.

_ Vous avez appelé la police ?

_ Je crois que l'hôpital va s'en occuper dès qu'ils auront les résultats.

_ Bon, à partir de maintenant tu vas faire le nécessaire pour que je reste constamment avec elle.

_ Tu veux dire ?

_ Qu'à partir de maintenant, je suis plus qu'un garde du corps, je deviens son ombre.

_ Putain, Ethan, qu'est-ce qui a pu se passer ?

_ On va attendre le retour du médecin et on va gérer ça.

_ Je ne sais même pas dans quel état elle est.

_ Je me doute.

_ Tu sais Ethan, Amy est vraiment une très bonne amie, c'est une fille adorable qui n'a pas forcément eu une vie facile, elle ne méritait pas ça.

_ Aucune femme ne mérite ce genre de chose.

_ Il faut qu'on la mette à l'abri et qu'on retrouve cet enfoiré.

_ Ne t'en fais pas je vais t'aider, elle a quel genre de tempérament ?

_ Pourquoi tu me demandes ça ?

_ Pour savoir s'il ne serait pas nécessaire de prévoir une thérapie ou peut-être même un séjour en maison de repos ?

Certaine femmes ne portent même pas plainte suite à un viol, mais cela ne veut pas dire que le traumatisme n'est pas là. Au contraire ! Elles vivent avec cette blessure enfouie en elles durant tout le reste de leur vie. D'autres arrivent à passer outre rapidement. Chaque femme est clairement différente face à ce traumatisme. Il faut que je sache comment va réagir Amy.

Nous n'avons pas vraiment le temps d'approfondir notre conversation. Une femme vêtue d'une blouse blanche s'approche de nous.

_ Monsieur Durand ?

_ Oui c'est moi, vous avez des nouvelles d'Amy ?

_ Oui, mais je préfère vous avertir qu'elles ne sont pas fameuses.

Éric passe une main sur son visage. À cet instant, il parait totalement brisé.

_ Pouvons-nous parler en privé ?

Il tourne le visage vers moi comme s'il réalisait seulement maintenant j'étais avec lui.

_ Vous pouvez tout dire devant Monsieur Connor, il vient d'accepter le poste de garde du corps de mademoiselle Rolls.

La femme médecin me toise de la tête aux pieds.

_ Très bien.

_ A-t-elle vraiment était violée ?

_ J'en ai bien peur oui.Nous avons trouvé des traces de GHB dans son organisme et des fluides dans son utérus.

Éric pousse un cri de frustration, je vois bien qu'il est anéanti, je décide donc d'intervenir.

_ Ça veut dire que...

_ Oui, l'acte sexuel subi par mademoiselle Rolls a été réalisé sans protection.

À ce moment précis, je comprends qu'un viol pour une femme n'est pas juste un acte qui a une durée limitée dans le temps. Maintenant, elle va devoir non seulement repenser à tout ça, mais en plus elle va devoir faire des tests, stresser pour sa santé, espérer ne pas être enceinte et vivre des moments plus que difficiles les uns que les autres alors qu'elle n'a rien fait.

L'image de Holly passe devant mes yeux. Si un enfoiré lui faisait ça, je suis persuadé que je serais capable de le tuer de mes propres mains.

_ Vous avez fait les tests ?

_ Oui, nous avons réalisé des tests pour les MST. En revanche,il est encore trop tôt pour le test de grossesse, il faudra revenir faire une prise de sang dans une semaine environ. Cependant, et suite à la demande de la patiente, nous lui avons administré la pilule du lendemain. Étant donné que le rapport...

_ Le viol.Bon sang, appelez un chat un chat !

La doctoresse semble un peu mal à l'aise. Elle se racle la gorge.

_ Oui, donc le viol étant survenu il y a peu de temps, la pilule a toutes les chances de fonctionner.

_ Je peux voir Amy ?

_ Oui bien sûr, mais soyez patient, elle vient de subir un énorme choc.

_ Docteur ?

_ Oui

_ Est-ce qu'elle a des points de suture ou autre chose ?

Je sais que ma question peut paraitre surprenante, mais s'il n'y a pas eu de violence, Amy pourra sortir plus tôt et je suis certain qu'elle n'a qu'une envie, c'est d'être chez elle.

_ Dans son malheur, mademoiselle Rolls a eu un peu de chance.Il semble que son agresseur y soit allé doucement, elle n'a pas de déchirure ou autres désagréments pouvant être liés à ce qu'elle a vécu.

_ Vous avez prévenu la police ?

_ Oui, ils sont en route et ne devraient pas tarder.

_ Est-ce qu'Amy pourra rentrer chez elle aujourd'hui ?

_ Je n'y vois pas d'inconvénient.En revanche, je pense qu'il est important qu'elle soit entourée par des amis ou de la famille, il faut qu'elle soit soutenue.Nous allons lui remettre au moment du départ plusieurs pistes si elle a besoin de parler avec des spécialistes ou peut-être avec d'autres victimes.

_ Très bien, merci docteur.

_ Elle est en chambre deux-cent-vingt-huit.

_ Merci encore.

_ Messieurs, il va falloir que cette jeune femme fasse un suivi gynécologique rigoureux. J'ai cru comprendre que c'était sa première fois ?

Putain j'avais oublié ce détail.

_ C'est exact.

_ Bon, je vous laisse aller la voir.

Éric se précipite dans le couloir, je suis un peu plus sur la réserve. Après ce qu'elle vient de vivre, elle n'a probablement pas envie de voir un étranger, même si je suis là pour la protéger.

J'observe un peu plus loin devant moi Éric ouvrir violemment une porte et se précipiter dans une chambre. Avec quelques instants de retard, je fais de même et ferme la porte derrière moi.

Amy est là, dans un lit, avec une blouse bleu clair.Elle parait beaucoup plus pâle que la veille, elle a des cernes sous ses yeux rouges. Je m'approche légèrement et je constate qu'elle a des suçons dans le cou et des marques sur ses avants bras. Bordel, mais qu'est-ce qu'il lui a fait ce malade ?

_ Mon dieu Amy, est-ce que ça va ?

Éric se rue sur elle et la prend dans ses bras.C'est à cet instant qu'elle s'effondre et se met à pleurer toutes les larmes de son corps. J'ai l'impression d'être un voyeur à rester là, regardant le chagrin de cette femme que je ne connais pas. Pourtant, malgré la situation, je la trouve belle et digne. Elle a une aura autour d'elle qui dégage beaucoup de force. Certes, je ne connais pas encore cette femme, mais à cet instant, elle a gagné tout mon respect.

_ Amy, raconte-nous ce qui s'est passé.

Je remarque que les larmes continuent de couler sur son visage.

_ Tu veux que je prévienne Lucy, ou peut-être Peter ?

_ Non surtout pas.

J'entends frapper à la porte et la vois s'ouvrir sur une femme plutôt petite, habillée avec un jean et une chemise rouge ainsi qu'un homme d'une cinquantaine d'années avec une calvitie bien entamée.

_ Mademoiselle Rolls, nous sommes les agents Terence et Barale, vous avez deux minutes à nous accorder ?

Je peux voir que la jeune femme fait son maximum pour se reprendre. Elle passe ses mains sur son visage afin d'essuyer ses larmes et essaye d'être aussi calme que possible.

_ Oui, bien sûr, entrez.

Les deux flics s'approchent du lit.

_ Les médecins nous ont contactés suite à votre déclaration. Est-ce que vous êtes prête à nous donner un peu plus de détails ?

_ Oui, bien entendu.

_ Alors, pour commencer, où avez-vous rencontré votre agresseur ?

Amy soupire puis commence son récit.

_ En fait hier, j'ai découvert que mon fiancé me trompait avec ma future demoiselle d'honneur qui était aussi ma meilleure amie.

_ Quoi ?

_ Éric, je te raconterai tout ça plus tard.

_ Poursuivez s'il vous plait.

_ J'étais dans un sale état après cette découverte alors j'ai déambulé dans la rue. J'ai entendu de la musique qui provenait d'un pub et j'ai décidé d'y aller pour me changer les idées. J'ai commandé une bière puis ce mec est venu me parler, un certain Elowane.On a rebu une bière ensemble, il m'a dit qu'il avait aussi passé une mauvaise journée. Il m'a donné un verre d'eau quand je suis sortie des toilettes et que je lui ai dit que j'étais fatiguée, puis je me suis levée pour partir. J'ai dit au revoir à Elowane et au barman et en arrivant dehors, ma tête a commencé à tourner et là, c'est le trou noir.

_ Oui, le docteur nous a dit que vous aviez du GHB dans le sang.

Amy semble pensive durant quelques secondes.

_ C'est la drogue du viol c'est ça ?

Un énorme malaise envahit la pièce, nous savons tous ce qu'elle vient de vivre, mais lui expliquer que c'était prémédité, c'est une autre paire de manches.

_ Oui, c'est bien ça mademoiselle, mais poursuivez votre récit.

_ Eh bien je me suis réveillée le lendemain complètement nue dans son lit et il a commencé à dire qu'on allait se marier, qu'on avait passé une nuit magique, qu'il allait s'occuper de moi et qu'on allait avoir des enfants. Un grand malade.

_ Effectivement, donc il avait prévu de vous séquestrer ?

_ Oui, il m'a dit que mon enlèvement n'était initialement prévu que plus tard.Du coup, il voulait partir démissionner et donner le préavis pour sa maison. Il m'a dit qu'il pensait rentrer avant midi.

_ Attendez, il vous a dit qu'il rentrait manger à midi ?

_ Oui, quand j'ai vu la tournure des évènements et que ce mec, Elowane, semblait me faire le délire du petit ami transit, j'ai décidé de rentrer dans son trip et de jouer à la petite femme modèle. J'avais peur qu'il m'attache ou m'enferme dans la cave si je ne faisais pas ce qu'il attendait de moi.

Là je suis scotché, il faut une sacrée dose de sang-froid pour ne pas s'effondrer dans ce genre de situation et elle l'a fait.

_ Vous pouvez me donner le nom du bar ?

_ Non, je ne m'en souviens pas, mais il est dans le quartier de mon ex, près du fleuve.

_ Quelqu'un peut confirmer votre histoire ?

_ Le barman.

_ Vous pouvez me décrire ce fameux Elowane ?

_ C'est un homme je dirais d'environ un mètre quatre-vingt-dix, pas chétif mais pas non plus massif, il a les muscles bien dessinés mais sans qu'ils ne soient trop proéminents. Il a les yeux vert noisette et les cheveux châtain clair. Il a des traits assez fins et une petite barbe de quelques jours. Il doit avoir environ mon âge.

_ Est-ce que vous vous rappelez de l'adresse de cette maison où il vous a emmenée ?

_ Non pas vraiment, mais je sais que j'ai eu mon accident dans sa rue, peut-être que la personne qui m'emmenée ici le sait.

_ On va faire des recherches.

La jeune femme sort une carte de l'arrière de son jeans et la donne à Amy.

_ On va vous laisser rentrer chez vous mais si quelque chose vous revient, quoique ce soit, n'hésitez pas à nous contacter.

_ Merci.

Les deux inspecteurs sortent de la chambre et je les suis. Avec ce qu'il vient de se passer, je vais avoir besoin de collaborer avec eux.

_ Excusez-moi, agents Terence et Barale, c'est bien ça ?

Ils se retournent vers moi visiblement surpris que je les intercepte.

_ Et vous êtes ?

_ Je suis Ethan Connor.Je suis un ami d'Éric Durand, le manager de mademoiselle Rolls.Il m'a contacté récemment pour que je devienne le garde du corps d'Amy.

L'homme d'une cinquantaine d'années soulève un sourcil.

_ Garde du corps vous dites ?

_ Oui, j'ai commencé aujourd'hui. Éric avait peur suite à des cadeaux et des cartes envoyées par un certain E.

Les deux agent se jettent un regard entendu.

_ Donc cet homme a déjà fait parler de lui.

_ Oui, je n'ai pris connaissance du dossier qu'hier soir, mais j'ai eu le sentiment que ce mec n'était pas clair. Je pense qu'il suivait Amy hier et qu'il a agit sur le coup de l'impulsivité en la ramenant chez lui.

_ Monsieur Connor, je pense que vous avez raison.Il va falloir assurer la protection de mademoiselle Rolls vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

_ Je pense aussi. Il y a des risques, vu ce qu'elle vient de nous apprendre, qu'il tente à nouveau quelque chose.

_ Qu'est-ce que vous avez en tête ?

_ Et bien ce mec semble être complètement obsédé par elle. Il faudrait faire un profil psychologique, chercher qui il est, ce qu'il fait, ses antécédents. Mademoiselle Rolls nous a dit qu'il avait à peu près son âge, il a peut-être déjà fait une fixette sur une autre fille ? Il faudrait savoir, si c'est le cas, ce qu'est devenue cette fille.

_ Très bien monsieur Connor, vous semblez bien connaitre la chanson.

_ Je préconise juste ce qui me parait logique.

_ Bon, comme vous l'avez très judicieusement suggéré, un profil psychologique pourra nous aider. Pour l'instant, nous n'avons qu'un prénom, il serait bon de trouver plus que ça. On vous tient au courant.

_ Parfait je vous remercie.

_ Si vous trouvez quoique ce soit, faites-en de même.

_ Pas de problème, je mets les détails au point avec l'agent de mademoiselle Rolls, mais je pense que je vais m'installer chez elle le temps de l'enquête.

_ Ça parait sensé.

Je serre la main aux deux agents de police et retourne dans la chambre d'Amy.

_ Il en est hors de question Éric !

_ Tu ne peux pas rentrer en blouse chez toi Amy, sois raisonnable.

_ Je refuse de remettre les vêtements de ce malade.Je préfère rentrer les fesses à l'air dans une blouse d'hôpital que de me foutre ce t-shirt pourri sur le dos !

Je sens qu'Éric essaye de riposter alors je place ma main sur son épaule.

_ Éric, mets-toi un peu à sa place.

_ Tu ne vas pas t'y mettre !

Je regarde autour de moi et effectivement, il n'y a pas grand-chose. Heureusement, j'ai un style vestimentaire qui va pouvoir nous aider. En effet, je suis un éternel accro au style chemises larges sur des-t-shirts près du corps avec un jean. J'enlève ma chemise et la lui tends. Son regard se pose sur l'arme qui se trouve dans son holster sur ma ceinture.

_ Mettez ça sur votre blouse, vu notre différence de taille,ça devrait couvrir votre postérieur.

Éric et Amy me regardent surpris.

_ Vous n'avez pas à...

_ Vous non plus, vous n'avez pas à vivre ça. De toute façon, nous allons de cette chambre à la voiture et de la voiture à chez vous. Donc mettez cette chemise et allons-y.

Amy ne se fait pas davantage prier. Je suppose que le ras le bol de la situation la fait céder plus facilement.

Nous sortons tous les trois de la chambre et allons directement au parking.

_ Éric, je propose que nous prenions ma voiture.Tu reviendras chercher la tienne. Je pense qu'Amy n'a pas franchement envie de se retrouver seule avec un étranger pour l'instant mais comme je vais rester chez elle en permanence, il me faut ma voiture.

Il acquiesce et nous voilà partis.

Il nous faut presque une demi-heure pour arriver devant la maison. Le voyage a été particulièrement silencieux, ce qui semble normal vu la situation. Amy est la première à sortir de l'habitacle et à se diriger vers la porte.

_ Merde ! Éric tu as toujours le double des clés ?

Éric regarde dans sa mallette et lui tend un trousseau.

_ Toujours sur moi.

_ Merci.

C'est seulement à cet instant que je réalise qu'elle n'a pas de sac. Donc ce fameux Elowane a toutes ses affaires, ce n'est pas bon, pas bon du tout.

_ Si je comprends bien, ce mec a gardé son sac ?

_ Je pense.

_ Il faut immédiatement faire annuler ses cartes, faire une demande pour ses papiers et tout le reste. Et surtout refaire une demande de carte SIM pour son portable.

_ Ne bouge pas, je préviens mon assistante.

Éric sort son portable et envoie un message à son assistante pour qu'elle s'occupe de l'urgence et nous pénétrons dans la maison.

Une fois rentré, je découvre l'intérieur dans lequel je vais devoir rester durant un certain temps et je constate à quel point c'est chaleureux. On voit qu'une femme habite ici. Je suis sûr qu'Holly adorerait les coussins, les fleurs et la déco.

Le bruit de l'eau nous parvient du fond de la maison. Amy doit probablement prendre une douche. Le téléphone d'Éric émet le son d'une notification. Il me regarde confus et je lui fais signe qu'il peut regarder.

Je ne m'attendais cependant pas à ce qu'il se décompose devant mes yeux alors que les bruits des notifications continuaient à se faire entendre sans interruption.

_ Merde ! Regarde ça !