choquer, tantôt elle a l'air fragile, peu sûr d'elle,
comme à la recherche d'un abri.
La première fois où je pus réellement échanger
avec elle, je fus également surpris par sa culture. Je
m'attendais à ce qu'une fille ayant une telle vie de
débauche soit inculte, mais elle me prit carrément au
dépourvu. J'arrivai rapidement à la conclusion, qu'elle
avait passé sa vie dans une bibliothèque, car il n'y
avait pas un livre dont je lui parlai, qu'elle ne semblait
avoir déjà lu.
Elle avait des idées, des opinions sur quasiment
tous les sujets. Et ses arguments, souvent tranchés, tenaient généralement la route, me faisant penser
qu'elle avait pris le temps d'y réfléchir, de les mûrir.
Elle avait presque toujours raison dans un débat
d'idées. C'était agaçant. Elle démontait mes
arguments en un rien de temps, parvenait à me faire
douter de mes convictions.
Chacune de ses opinions était prouvée avec passion
et force. Elle semblait avoir besoin de croire et
surtout de lier ses croyances à des faits pour en faire
de solides convictions.
Je crois que je suis tombé amoureux d'elle avec le
temps et qu'au départ, mes sentiments étaient le fruit,
d'une forte attirance sexuelle explosive et
passionnelle, bien loin du défi que je m'étais lancé.
Je fus, pris au piège, par toutes les discussions que
nous eûmes après l'amour, par son intelligence qui
forçait mon respect, par cette personnalité
changeante qui me faisait penser que j'étais avec deux
filles à la fois. L'ange et le démon, le feu et la glace. Je
n'arrivais pas à la saisir et à force d'essayer de le
faire, j'en suis tombé amoureux. Parfois, elle me fait
penser à une mante religieuse. Elle attire, elle
envoûte, elle charme, elle subjugue, elle détruit.
Après ce premier rendez-vous manqué, j'eus l'ego
en berne pendant quelques jours. Je lui refis le
portrait pour reprendre du poil de la bête. Désormais,
elle était une pauvre conne, aux mœurs trop légères
et exécrables, dont il me revenait d'éviter la
compagnie. Une pute, qu'aucun homme respectable,
ne devait s'abaisser à fréquenter.
J'étais en réalité, terriblement jaloux et blessé de
m'être fait devancer par ce bellâtre. Je n'avais pas
l'habitude d'être ainsi dédaigné par la gent féminine
alors que Guenièvre, après cette première rencontre,
devait à peine se souvenir de mon prénom.
Le lendemain, Alex m'appela aux alentours de 10h.
Je gardai le silence pendant qu'il se moquait de mon
échec. C'était de bonne guerre. S'il avait subi un tel
affront en ma présence, je n'aurais fait preuve
d'aucune clémence.
Il me fallut patienter deux mois pour avoir
l'opportunité de la revoir. Pendant ces semaines, je fis
la connaissance de Joanna, une fille superbe et
marrante avec qui à défaut d'être en couple, je vivais
une relation plus suivie et régulière qu'à mon
habitude. J'étais décidé à ne pas laisser à Guenièvre, les
rênes de mon cœur, à me prouver que j'étais encore
un jeune homme capable de séduire, d'amener une
fille à me manger dans la main et Joanna faisait
parfaitement l'affaire. Elle était amoureuse, et de fait,
conciliante et prête à tout. J'en faisais ce que je
voulais et redorais mon blason mis à mal par une folle.
Un soir, Alex m'appela et me proposa une sortie, me
disant que Guenièvre serait présente et qu'ainsi, j'aurai
la possibilité de me refaire après ma mésaventure. Je
me sentis légèrement coupable vis-à-vis de Joanna,
mais ne pus résister à une pareille occasion.
Alex et moi, nous convenons d'une stratégie simple
pour la soirée. Il devait, dès que possible, s'éclipser et
me laisser en tête à tête avec Guenièvre.
Très remonté et confiant, j'étais persuadé que
j'allais poser les premières pierres de ma victoire. Je
pensais connaître ses armes et pouvoir parer le moindre de ses coups, mais Guenièvre, fidèle à sa
réputation, en avait d'autres bien plus affûtées dans
sa manche.
Avec le recul, je sais maintenant que j'aurais dû
passer mon tour, abandonner ce défi. Mais je ne
regrette rien. Si c'était à refaire...vous connaissez
sûrement la réponse.