Rivalité
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Chapitre 5 Chapitre 5

Après cette nuit cauchemardesque sous le poids indésirable de mon mari, une nouvelle journée se lève sur notre foyer. J'ai très peu dormi, c'est avec un cœur en miettes et de fortes migraines que je suis sortie du lit. Trouver Beya dans la cour en train de balayer ne m'a pas enchanté mais c'est une nouvelle mariée, elle veut se faire de la place dans le cœur de son mari ou peut-être même dans la mienne, je n'en sais pas trop. Après les salutations, je ne suis pas d'humeur à beaucoup parler ce matin. Je l'ai laissé faire et je suis retournée en cuisine pour faire le petit déjeuner.

Notre mari s'est réveillé un peu tard que d'habitude, je crois que lui non plus n'a pas beaucoup dormi la nuit. Chacun a pris son petit déjeuner de son côté, mon mari nous a souhaité une bonne journée avant de se rendre dans une de ses boutique. La maison est à nous deux, on a fait les travaux dans le respect, pour un début, personne ne veut blesser l'autre. Jour après jour jusqu'à la fin de mes quatre jours de tour. Ce soir, mon mari passera la nuit dans la chambre de ma coépouse, je passerai la nuit toute seule et pendant quatre jours. Ne dit-on pas qu'un peu vaut mieux que rien ? Même si j'ai eu du mal à supporter mon mari durant mon tour, l'avoir dans mon lit ne vaut pas mieux qu'un lit vide ? Un autre aléa de la polygamie qu'on peut comprendre que lorsqu'on le vit et moi je dois le supporter tout le restant de ma vie. Le tour de Beya a commencé, le lendemain matin et pendant la journée, je l'ai aussi aidé comme elle le faisait à mon tour. On a commencé à s'ouvrir l'une à l'autre, on se parle beaucoup plus, le sourire commence à se dessiner sur nos lèvres. Nous sommes une semaine plus tard et même plus de son mariage, on a invoqué son travail dans nos conversations mais depuis elle est à la maison. Ça me chagrine de le demander, mieux vaut rester à ta place Ryma. Peut-être que c'est son mari qui lui a demandé d'arrêter comme il a fait avec moi à l'époque. Deux jours que notre mari dort dans la chambre de ma coépouse, le troisième jour, il est presque 08h passée, j'ai été étonné de ne pas voir Beya sortir de la chambre. Notre mari est parti sans prendre le petit déjeuner, ça m'a paru bizarre. « Ryma va toquer devant sa porte pour voir ce qui ne va pas » « Non, ne le fait pas, reste en dehors de ça et mêle-toi de ce qui te regarde » ça se bouscule dans ma tête, de toute façon elle va finir par sortir. J'attends qu'elle sorte et commence la cuisine pour que je puisse l'aider mais je ne la vois toujours pas. Il est presque 10h. « Va vérifier Ryma » J'ai décidé d'aller toquer devant sa porte. Moi (en toquant) : Beya, tu es là ? Beya (dans la chambre) : Oui Moi (main sur le poignet) : Je peux entrer ? Beya : Oui, entre. J'ouvre la porte pour faire mon entrée dans sa chambre. Depuis le jour que je lui ai montré cette chambre, c'est ma première fois d'y remettre le pied. Je la trouve sur le lit, elle a le regard tourné vers la fenêtre. Moi (en m'approchant) : Tu es toujours au lit ? Tu es malade ? Beya (la tête tournée) : Non, je n'ai rien, je voulais juste un peu rester au lit. Moi : Il est presque 10h passée ma chérie, d'habitude, 06h te trouve sur pied. Qu'est-ce qui ne va pas ? Elle ne répond pas, elle ne me regarde même pas, je m'approche de deux pas. Moi : C'est quoi le problème ? Beya (en se retournant) : J'avais dit à tonton que je reprendrai mon travail après le mariage. Il m'avait dit oui mais hier quand je lui ai rappelé il a refusé. Moi (arrêtée) : Ehh... Refusé ? Refusé comment ? Qu'est qu'il t'a dit ? Beya (tête): Que si je reprends le travail, que qui fera le ménage à ma place. Moi : Tu sais, laisse-lui le temps, il va certainement accepter après. Beya : Je n'aurai plus ce travail, ma patronne m'a donné 10jours, si je ne me présente pas, elle engagera une autre alors que c'est le seul métier que je sais faire. Moi : Ah là, il va falloir sérieusement parler avec ton mari. Beya (en se levant) : Tu peux lui parler ? Moi (étonnée) : Moi ? Beya : Oui tantie, toi au moins, il t'écoutera. Ça me gêne de te le demander mais c'est le seul travail que je sais faire. S'il te plaît. Moi : Ehh... je ne crois pas... Beya (mains en position de prière) : S'il te plaît Moi : D'accord, ok, mais avant, il faut que tu sortes de cette chambre. S'il rentre et qu'il n'y a rien à manger, ça sera difficile de le convaincre. Beya (heureuse) : Merci, merci beaucoup. Moi : Aller, sort maintenant. Parler directement à notre mari des choses de ma coépouse dès son entrée surtout que ce n'est même pas mon tour, ça sera très déplacé et pourtant il le faut. J'ai promis de l'aider à reprendre son travail Pendant qu'on faisait la cuisine, j'ai demande à Beya d'aborder le sujet avec lui quand on sera à table. Comme ça je pourrais intervenir, notre mari ne se rendra pas compte qu'on a eu cette conversation. Le lien commence à se tisser entre nous, ce fut notre première alliance contre notre époux. C'est devant le dîner que Beya à aborder le sujet. Notre mari dit que c'est non et c'est là que j'ai demandé à parler si possible. Déjà qu'on est seulement trois adultes dans la maison et que moi je suis là à ne rien faire, il peut laisser Beya continuer son travail. Ça apporte plus si on travaille tous, moi-même je vais aussi reprendre mes stages. Avec la chance, mon rêve va se réaliser. Djadjé : En seulement quelques jours de vie commune et vous formez déjà une coalition contre moi ? Moi : Non, pas du tout mais tu sais très bien que c'est la vérité. Si on est appelé à vivre ensemble, il faut que chacun de nous fasse quelque chose. Djadjé : Parce que j'ai dit dis que je ne peux pas vous prendre en charge ? Moi : Il ne s'agit pas de ça, c'est juste que trop de viande ne gâte pas la sauce. Si je t'ai offensé, je te prie de m'excuser. Djadjé : D'accord, c'est bon, vous avez gagné. Que chacune fasse ce qu'elle veut mais ce qui doit être fait ici à la maison doit être fait. Je ne reviens plus là-dessus. Baye : Merci. On a fini le dîner dans le silence, chacun avec ce qu'il a sur le cœur. J'ai vite rejoins ma chambre pour y passer la nuit toute seule. Je n'ai pas entendu le son de la télé tard la nuit, le couple a sûrement rejoint leur chambre un peu après le dîner. En toute sincérité, je n'avais pas prévu de reprendre les stages. Parler du travail de Beya m'a poussé à prendre un engagement et validé par mon mari. Je dois désormais honorer cet engagement et reprendre avec mes stages. Après tout, quelque chose de positif est sortie de tout ça. Le lendemain matin, Beya m'a encore remercié avant de me dire que tonton n'a plus rien dit la nuit, elle est prête pour reprendre son travail. On s'est souhaité une bonne journée, notre mari est sorti à son tour. Je suis comme revenue à la case départ, je suis toute seule à la maison. C'est le tour de Beya, je n'ai pas grande chose à faire, j'appelle Betty pour voir sa position. Betty : « Enfin tu te rappelles que tu as une copine ? » Moi (en souriant) : Excuse-moi, je n'avais vraiment pas la tête sur les épaules. Betty : « Et elle était où cette tête ? Ne me dis pas que la petite l'a déjà coupée. » Moi : Non mais comprend-moi et toi aussi, depuis le fameux mariage tu n'es plus revenue me voir. Betty : « Qui ? Moi ? Non, non, faut pas je vais me faire dévorer de regard une fois chez toi. Que sa copine est collante comme mouches sur... Tu sais non ? Alors plus sérieusement, comment tu vas ? Comment ça se passe avec Beya ? » Moi : Plus ou moins bien. Les premiers jours ont été difficiles, très difficiles même mais aujourd'hui je peux dire Dieu merci. Je vois Beya comme une petite innocente, je ne peux pas l'en vouloir, en plus elle est respectueuse dans un premier temps, je ne sais pas ce qu'elle deviendra avec le temps. Mais bon, je remonte tout doucement la pente. Betty : « Mais tu dois faire très attention, il n'y a pas de coépouse religieuse. Petite ou pas, elle te verra toujours comme sa rivale donc fait attention à ce que tu dis et fait surtout que c'est un début. De tout façon, je ne t'apprends rien, tu as une idée de comment ça se passe dans les familles polygames, donc à toi de prendre ça comme exemple à suivre ou à éviter » Moi : Oui je sais et c'est le but de mon appel. Le temps de rester à la maison est révolu, je veux reprendre avec les stages si je trouve. Betty : « Tu t'es enfin réveillée, on dirait que la venue de la petite commence à t'ouvrir les yeux hein. Je croyais que ton mari ne voulait pas de ça » Moi : Il n'a plus le choix, sa deuxième femme travaille, il ne peut pas m'empêcher de le faire. Ça serait injuste et il le sait très bien. Betty : « Ça ce n'est pas faut. Alors ça sera comme au vieux temps quoi ? » Eh oui le bon vieux temps. Quand j'ai rencontré Djadjé, je faisais des études en santé, je suivais même des stages dans différents centres de santé de la ville. Ce n'est pas le gros diplôme ou même allée jusqu'au doctorat, moi je voulais juste m'en sortir en devant infirmière. C'est lors d'un de ces stages dans un des centres que j'ai connus Betty. Une fille de caractère qui est venue accoucher toute seule sans son mari. J'ai eu peur pour elle à là fois impressionnée par son courage. Le monsieur avec qui il vivait l'a abandonné, elle ne peut pas accoucher un bâtard dans la maison de son père. C'est ce qu'elle m'a dit après. Depuis que son fils est venu au monde sous mes yeux, j'ai salué le courage de Betty. Avec le temps, je passais souvent chez elle, on est devenues copines. Son garçon n'avait même pas encore six mois que j'ai célébré mon mariage. Avec son bébé au dos, Betty m'a guidé les pas. Elle a pris part à toutes les activités pour que mon mariage soit bel. C'est dès lors que j'ai pris de l'affection pour cette femme qui est devenue ma confidente. Elle travaillait dans une cabine téléphonique, avec le progrès de la technologie et la venue des portables, elle a transformé sa cabine en une boutique d'accessoire de portable (chargeurs, batteries, écouteurs, pochettes, et aussi des trucs de femme. Après le fiasco avec ce monsieur, Betty n'a plus jamais eu une relation stable. J'ai connu deux hommes avec qui elle a essayé mais ça n'a pas marché. Seule avec son fils qu'elle élève, elle n'a plus confiance aux hommes. Même celui avec qui elle sort maintenant, elle est toujours réservée. Après mon mariage, sur demande de mon mari, j'ai été obligé d'arrêter et mes études et mes stages pour me consacrer à mon foyer. Quand mon mari va au travail ou quand il voyage, c'est dans la boutique de Betty que je passais la plupart de mon temps. On partage nos chagrins, elle m'accompagne si possible pour faire mes consultations jusqu'à ce que le ciel me tombe sur la tête avec l'annonce de mon mari de prendre une seconde femme. C'est ensemble qu'on a mis sur pied ce plan de faire entrer Beya dans mon foyer. Même si s'était déjà à moitié acquit par mon mari, je crois que Betty n'a pas eu tort de me le proposer. Une meilleure copine qui me soutient et une coépouse qui me respecte, je regarde un peu autour de moi, je ne vois pas le pire. Qu'espéré de plus si ce n'est qu'attendre et tomber enceinte de mon mari. Mais quand ?

                         

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