Djadjé (en s'adressant à moi): Si j'ai demandé à te parler, c'est pour te présenter Beya que tu connais déjà. Je ne vais pas utiliser le mot coépouse mais plutôt sœurs. Comme tu peux le constatez, elle est très jeune, je la considère comme ta petite sœur et il faut que tu fasses de même. Je hoche la tête à plusieurs reprises, il se tourne vers Beya. Djadjé (en s'adressant à elle): Beya, je te présente Rymatou ta grande sœur. Tu ne peux être heureuse qu'avec elle. En tant que grande sœur et même mère si tu veux, tu lui dois respect et obéissance. Tu m'as bien compris ? Beya : Oui Djadjé(se tourne vers moi) : Je n'ai pas d'ordre à te donner mais s'il te plait, tu peux montrer à Beya sa chambre ? Perdue, où est-ce qu'ils ont été ces quatre jours pour débarquer de sitôt dans mon salon ? Je n'ai pu savoir tout de suite répondre, c'est quelques secondes après que je suis sortie de mon rêve. Moi (réveillée) : Oui, oui bien sûr. Viens, suis-moi, c'est par ici. Quand tu entres dans le salon, sa chambre et une autre chambre se trouvent dans le couloir d'en face à midi. La mienne et une autre chambre aussi se trouvent dans le couloir qui est à 3h. Entre les deux couloirs se trouve l'espace de la table à manger située à deux hauteurs de marche, tout en bas le grand salon. J'ai montré à Beya sa chambre où étaient déjà rangées tous ses affaires. Je suis ressortie trouver notre mari dans le salon, il n'a plus pipé un mot, je suis sortie commencer ma journée de ménage. Je commence par le balayage de la cour, je croyais que ça allait être plus simple jusqu'à ce que mes larmes commencent à couler. Je n'ai pas vu Beya sortir de la maison ni à quel moment elle est venue se tenir à quelques pas de moi. C'est en balayant, lors que je me suis retournée j'ai vu ses pieds. Je me suis redressé le visage en larmes. Je tourne rapidement la tête comme si je cherchais je ne sais quoi, je profite pour essuyer mes larmes. Balaie en main, je repose les yeux sur la petite qui me regarde avec émotion je suppose. Moi (surprise) : Beya Beya (désolée) : Ehh... je... Laisse-moi faire. Moi (en la rassurant): Non, non, je peux le faire. Prend le temps de te reposer, le moment venu, notre mari te dira quoi faire et je te laisserai faire. Ce n'est pas grave, comme tu viens d'arriver, tu peux rentrer mettre de l'ordre dans ta chambre. Je ne sais pas comment elle l'a pris, elle a voulu insister mais pour son premier jour, je ne vais pas la faire travailler. Elle est retournée dans la maison, quelques minutes plus tard, j'ai vu Djadjé sortir et venir me dire qu'il part au travail. C'est bizarre, très bizarre ce que je suis en train de vivre. Ce fut la première fois que je me retrouve dans la même maison avec la femme qui couche avec mon mari. Une fois en passant oui mais là elle est venue s'installer pour le restant de sa vie. Ma première journée avec ma coépouse, j'ai fait les tâches ménagères, faire la cuisine. Djadjé ne rentre que le soir, je ne peux pas manger sans Beya. Après avoir servi le déjeuner, je suis allée toquer devant sa porte. Elle est sortie me trouver à table, comment avoir l'appétit et de quoi allons-nous parler pendant le repas ? C'est très gênant, étant donné que j'ai accepté vu que je n'ai pas eu le choix, c'est à moi de faire le premier pas. Moi : Tu veux qu'on mange à table sinon on peut aller s'assoir sur le tapis entre les fauteuils. Beya (tête basse) : Non c'est bon si ça ne vous gêne pas. Moi (en retournant mon assiette): D'accord, tu peux te servir. Elle m'a laissé me servir en premier, ensuite elle a fait de même. Chacun a fait sa prière dans son cœur et on a commencé à manger dans le silence. Imaginez un peu la tension, imaginez un peu à quoi chacune de nous pense. Le silence est lourd et même trop lourd. Moi (en mangeant) : Alors tu as aimé la manière donc ton mariage s'est passé ? Beya (gênée) : ehh... oui, oui j'ai aimé. Moi : Je te souhaite la bienvenue et heureux ménage. Beya : Merci, je vous souhaite de même. Moi : Tu sais Beya, tu n'es pas obligée de me vouvoyez, appelle-moi par mon nom, ça ne fait rien et ne te sente pas gênée à chaque fois. Ça ne commence pas avec nous et ça ne terminera certainement pas avec nous, relaxe, tu veux ? Beya : D'accord, c'est compris. C'est sur cette petite conversation que notre premier déjeuner en tant que coépouse a pris fin. Cette fois, je ne peux rien pour la convaincre de me laisser débarrasser. Je suis retournée devant la télé, après avoir débarrassé, elle a nettoyé la table, bien repositionnées les chaises et venir me dire merci. Moi : Merci à toi aussi Beya : Je suis en chambre en cas de besoin. Moi : Repose-toi. Premier contact avec Beya, première conversation, premier partage. Je ne comprends plus rien, aussi simple que ça ? Non je crois que c'est parce que j'ai lâché la prise. A quoi bon de résister ? Pourquoi ne pas accepter les faits ? C'est ce que j'ai fait et quelques heures après, je souffre moins de la présence de ma coépouse. Ça fait des jours que je ne dors pas bien, c'est devant la télé que je me suis endormie. Je ne sais pas pendant combien de temps je suis restée les yeux fermés et bercée par le son de la télé, lorsque j'ai ouvert les yeux, j'étais toujours seule dans le salon. Je me redresse et me mette assise sur le canapé. Tout ça a été un rêve je crois seulement j'entends l'eau couler sous la douche dans une des chambres. Je passe mes mains sur mon visage, je me lève et rejoins ma chambre. Il est presque 17h quand je suis ressortie, je trouve Beya devant la télé à son tour. Je n'ai pas bonne mine, je me sens dans un monde parallèle. Lorsqu'elle m'a vu sortir, elle s'est levé les mains Beya (mains croisées sur les cuisses): Bonsoir Tantie. Moi (déboussolée): Bonsoir Beya J'ai répondu sans même faire attention à comment elle vient de m'appeler ou j'ai sûrement mal entendu. C'est lorsque que je me suis rendue compte qu'elle vient m'appeler tantie que je suis restée surprise et bouche «B» Beya : Je vous attendais, je ne sais pas si y a quelque chose à faire ce soir. Moi : Non, pas grande chose. On attend le retour de Djadjé, s'il rentre avec un truc à préparer, je le ferai au cas contraire, je chauffe le repas de la journée qu'il prendra en dîner. Beya : D'accord. Elle reprend place, pour m'occuper, j'ouvre les plats pour voir s'il reste assez pour notre mari. C'est ainsi que chacune est restée dans son coin jusqu'au retour de notre très cher mari. Après l'avoir accueilli, j'ai laissé Beya lui apporter son eau. Je ne veux pas trop m'imposer. J'ai cru qu'il allait se rendre dans la chambre de Beya, quand il a finit de boire, il s'est tout de suite dirigé vers la mienne. Beya m'a aidé à frire le poisson et lavé la salade qu'il a amenée, c'est dans ma salle de bain qu'il a pris sa douche avant de sortir nous trouver dans le salon. C'est moi qui ai fait la cuisine, c'est tout à fait normal que ce soit moi qui lui parle de son repas. Il est à table, nous on a préféré nous mettre notre grande assiette sur une nappe posée sur le tapis. C'est là qu'on a dîné entre coépouses. Le silence est palabre, tout est redevenu nouveau dans cette maison. Après le dîner, c'est encore Beya qui a débarrassé. Il n'y a plus rien à faire, on ne va pas rester devant la télé comme des amis pour critiquer les présentateurs ou les acteurs d'un film. J'ai souhaité bonne nuit à Beya qui m'a répondu, comme c'est chez sa nouvelle femme qu'il va passer la nuit, j'ai souhaité de même à notre mari qui fait comme s'il ne m'avait pas entendu. Je rentre dans ma chambre et tourne la clé à doubles tours. Je finis de me brosser, je reviens dans la chambre et tire sur les draps pour bien les étaler sur le lit. Une fois sous la couverture, je passe mon doigt sur le contact pour éteindre la lumière. « Il faut dormir Ryma, c'est tout ce que tu peux » C'est ce que je me suis dit en fermant les yeux. C'est le bruit d'une personne devant ma porte qui m'a réveillé en sursaut. Je crois rêver jusqu'à ce que la personne tape de nouveau dans la porte en appelant mon nom. C'est la voix de Djadjé. « Mais c'est quoi il veut celui-là ? » Toute dormante, je sors du lit et vient ouvrir la porte. Je ne vois que sa silhouette qui entre sans même y être invité. Djadjé (en s'asseyant sur le lit) : Tu dormais déjà et aussi profondément ? Moi (en bayant): Oui, mais qu'est-ce que tu fais ici ? Djadjé : Comment qu'est-ce que je fais ici ? Je dors ici. Moi (en remontant sur le lit) : Non Djadjé, non, tu sais que tu ne peux pas faire ça. Va tenir compagnie à Beya. Tu l'as fait venir et elle est nouvelle dans cette maison. Mieux vaut que tu restes avec elle quelques jours. Djadjé : C'est moi qui décide avec qui rester. J'ai été avec elle pendant quatre jours, ton tour commence ce soir et c'est pour quatre jours aussi. Moi (me couvrant): Tu dis bien mon tour, alors je lui cède mon tour de ce soir et les trois jours à venir. Va avec elle, referme ma porte en sortant. Djadjé : Tu parles. Il s'est levé et se diriger vers la porte. Je croyais qu'il sortait jusqu'à ce que j'entende la clé tournée dans la serrure. Il retourne vers le placard, il se déshabille totalement et revient se glisser sous la couverture. Aucun mot pour décrire ce que j'ai ressenti lorsqu'il a posé la main sur moi et surtout lorsqu'il s'est mis sur moi. Comment sentir quelque chose lorsque tu sais que ton homme qui est sur toi vient de passer quatre jours à coucher avec une autre femme ? Je suis dégoûtée, son poids que j'ai toujours adoré sur moi m'étouffe, comment vais-je contrôler mon corps et lui dire d'accepter mon mari en moi ? Les yeux fermés, les dents serrées, sans aucun plaisir, c'est dans la douleur que je me suis laissée faire. Il est allé jusqu'au bout sans même se soucier de la douleur que je ressens. Après avoir finir de se soulager et de me faire souffrir, il tombe sur le lit, je lui tourne le dos et me mettre à pleurer en silence. Je suis loin d'être une pleureuse mais avec tout ce que je traverse, dites-moi comment on peut supporter et même surmonter une telle situation ?