Chapitre 2 Pygmalion

La sonnerie salvatrice marquant la fin de la journée retentit enfin. Il est 15h30 et le dernier cours étant celui d'EPS, les élèves bavardent plus que d'habitude si ce n'est dire à tue-tête.

- Tu as entendu ? Commença une fille, quelqu'un s'est évanoui lors du cours de sport et a avalé sa langue...

Éliane qui sortait des toilettes au moment là, passe devant le groupe de filles discoureuses. Elles se turent, écarquillant les yeux de stupeur lorsque la jeune fille sortit de l'une des cabines. Elles se tassent entre elles ne sachant plus comment se tenir. Se lavant les mains, Ellie les observe à travers le miroir, le visage impassible.

- Vous êtes quoi ? Des harpies ? Questionna la jeune fille.

L'une d'elles émit un croassement qui confirma les dires de la brune.

- C'est malsain, cette manie de se mêler de la vie des humains, continue calmement Éliane.

Elle sèche ses mains et se retourne complètement pour se mettre face à elles, visage toujours serré et froid. Ses yeux gris les fusillant du regard.

- Maintenant vous avez quelques minutes pour déguerpir d'ici...

Ellie n'avait pas fini sa phrase que les pies sortirent en trombe de la pièce affolées. Sortant à son tour, la brune les vit qui couraient toujours dans le couloir. Elle se dirige en classe, ramasse son sac et partit très vite de l'établissement afin d'éviter de croiser Jude à nouveau. Être martyrisée et menacée à longueur de journée ne la mettait pas en joie. Le fait que Jude s'occupe de la vie d'autres personnes qu'elle ne la dérange pas non plus. Cependant, ses méthodes pour prendre des âmes sont tout de même rustres parfois. Avaler sa langue après évanouissement est l'une des douces.

Le trajet entre son école et sa maison n'était pas long. Elle n'eut pas besoin d'ouvrir la porte car celle-ci était déjà entrouverte.

- Alvine ?

Personne ne répondit. Cependant il y avait une odeur aigre dans l'air. Elle s'avança pour aller à la cuisine et trouva quelqu'un allonger par terre. Prise de panique, elle s'approcha du corps et constata qu'il s'agit d'un homme. Il tenait la bouteille de vinaigre en main mais son contenu s'est vidé sur les carreaux. Elle prit son pouls, il respirait toujours mais faiblement, son teint était tellement blafard que son angoisse n'arrivait pas à diminuer. Un inconnu est sur le point de rendre l'âme sur le sol de sa cuisine.

La porte d'entrée s'ouvrit laissant sa grande sœur passer avec des sacs. Dès qu'elle vit la scène, elle accourut vers le corps.

- Par Artémis, il s'est encore évanoui !

- Encore ?! S'écria Éliane qui était encore sous le choc, il se passe quoi ici ?!

- Je n'ai pas le temps d'expliquer. Hum Ellie, va me chercher les sels sur la commode dans ma chambre, je vais l'allonger sur le canapé. Et prends une couverture, sa température corporelle est entrain de chuter !

La jeune fille ne se fit pas prier deux fois et exécuta les instructions de sa soeur. Elle chauffa de l'eau pour remplir deux bouillottes et les placer sous la couverture. Une demi-heure passa et il semblait enfin reprendre des couleurs au niveau des joues, sa respiration s'était aussi stabilisée.

Alvine utilisa les sels pour le réveiller. Éliane était restée postée aux côtés de l'inconnu.

- Kleo...

Il semble rêver car il porta sa main vers le visage d'Ellie. Celle-ci l'attrape au vol et la serre violemment.

- Je vous défends de me toucher. Qui êtes-vous ? Et que faisiez-vous dans notre cuisine ?

La douleur le secoua jusqu'à le réveiller complètement et il se tordit de peine. La jeune fille avait plus de force malgré sa frêle apparence.

- Ellie, du calme... c'est un ami, laisse le...

Le jeune fille lâcha sa main mais son regard était toujours persistant et glacial. Elle ne supportait pas être touchée, même si c'est par erreur. Alvine soupira et servit de l'eau à l'étranger. Il observait Éliane du coin de l'oeil, méfiant.

- Ellie je te présente Philippe, il est antiquaire et sculpteur. Philippe voici Éliane, ma petite sœur.

Il trouve que les deux filles se ressemblent beaucoup, sauf qu'Alvine avait les cheveux en coupe carré. Elles avaient la même couleur d'yeux gris, glacial et luisant. Il se redressa et enleva la couverture de son corps.

- Il fait quoi chez nous ? Demande Ellie.

- Il devait me livrer des flûtes de pan ainsi que de l'encens.

- Des authentiques flûtes de pan ?

- Oui, répondit Philippe. Elle va les distribuer aux enfants à l'hôpital.

Éliane observait leur invité. Il est brun lui aussi et visiblement grand de taille. Il porte des lunettes, yeux marrons ridés au coin sûrement par la fatigue et est mince. Son teint est anormalement blême pourtant il paraît aller bien. Ellie le trouvait bizarre.

- Qu'êtes-vous ? Un immortel ? Entama de but en blanc Ellie.

La question de la jeune fille ne l'offusqua pas. Au contraire, il souriait en coin et posa son attention sur elle. Son regard scrutait le visage d'Éliane et elle se sentit mal à l'aise.

Il se leva et Alvine fit de même.

- Bon Ellie, je ressors. Dans l'un des sacs que j'ai apporté, il y a de l'encens, allume avant de monter dans ta chambre ce soir.

- Okay. Tu rentres à quelle heure ?

- Je ne sais pas encore, j'ai beaucoup à faire... Je te ferai signe.

Alvine fit au revoir de la main et sortit de la maison avec Philippe. Éliane va dans la cuisine ranger les dégâts. Elle se fait à manger et décide de regarder la télévision jusqu'au soir. Vers 21h, elle alluma l'encens comme sa sœur lui a dit plus tôt et monta dans sa chambre.

Ellie se changea en son pyjama et s'assit devant sa coiffeuse. Le reflet lui renvoyait l'image d'une adolescente fatiguée, pâle ayant les cheveux hérissés. Elle ferme les yeux un moment et lorsqu'elle est les ouvrit, la jeune fille qui apparaissait dans le miroir n'avait plus les cheveux noirs mais blonds maintenant.

- Bonsoir Éliane.

- Pythie, répondit simplement la jeune fille.

Il eut un silence où la jeune femme qui est dans le miroir fixait Ellie sans rien dire.

- Je suppose que tu vas bien.

- Oui, et je suppose que tu as quelque chose d'important à me dire si tu me parles ce soir, rétorqua Ellie.

- En effet. Tu me parlais de tes cauchemars répétitifs récemment.

- Oui, ils ne cessent pas depuis.

- Exactement, ces rêves sont des prémonitions. Éliane, tu es en danger de mort.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022