Chapitre 5 Chapitre 5

Il s'approche et m'embrasse rapidement, c'est presque comme si on avait l'habitude de ce genre de contact.

- Si c'était pas mon pote qui m'attendait sur scène, je peux te garantir que je t'aurais déjà ramené dans ma chambre.

- Très bon projet pour la suite de la soirée. Je pourrais peut être même me laisser tenter à garder le déguisement.

La musique s'élève pour nous ramener à la réalité. C'est une grande première pour moi, mais je reconnais la musique et rapidement, mon corps retrouve les pas de cette danse que j'avais presque oublié.

Dorian a allumé ces torches et jongle habilement pendant que je me déhanche en jouant le jeu, tout en m'amusant.

POV Jason

Je ne voulais pas venir ici, mais même mon Alpha m'y a poussé ce qui prouve bien à quel point j'ai besoin de décompresser. Je connais bien ce festival. J'y suis souvent venu par le passé avec lui d'ailleurs. Quand on avait juste besoin d'échapper à nos responsabilités pendant quelques jours.

La musique est trop forte, il y a trop de monde et en plus, je sens un truc étrange depuis que je suis arrivé. En bref, je suis de mauvais poil et je n'ai qu'une envie, rentrer chez moi. Un autre Loup m'accompagne, visiblement, je ne suis pas le seul qu'on veuille éloigner de la meute durant quelques jours. Je le laisse partir de son côté alors que je commence à déambuler parmi les scènes. Il fait déjà nuit, il faut dire que j'ai tout fait pour retarder notre départ.

Les trois quart des participants sont déjà bien éméchés, ils dansent comme si il n'allait pas y avoir de lendemain. Je marche un long moment, évitant les festivaliers un peu trop expressif et soudain, alors qu'une musique plus latine parvient à mes oreilles, cette odeur me frappe de plein fouet.

C'est impossible. Ça ne peut pas être possible. Pas elle. Pas ici. Sans même le réaliser, je me tourne vers la scène et la découvre en train de danser, souriante. Sur le moment, mon cœur cesse de battre l'espace d'une seconde ou deux puis alors je réalise qu'elle ne porte quasiment rien et que tout les hommes de l'assemblé la voit dans cette tenue.

Toutes les autres filles sont habillées comme elle et pourtant, j'ai l'impression de ne voir qu'elle, elle et uniquement elle. Alors que j'ai tout fait pour l'oublier. Alors que j'ai tout fait pour l'éloigner de moi.

La musique s'arrête et une autre commence. Elle se déplace pour se rapprocher d'un homme qui tend ces torches à une autre personne. Je n'aime pas du tout la manière qu'il a de la regarder et encore moins cette façon qu'elle a de lui sourire. Mais pour dire vrai, ce que je déteste encore plus, c'est la façon dont il pose ces mains sur elle alors qu'ils commencent à danser. Qu'est ce qu'il croit, qu'elle lui appartient ?

Mon corps bouge tout seul et je m'avance dans la foule. Je dois la voir, de plus près, juste d'un peu plus près. Mon Loup s'agite, ce mec est également un Loup et pourtant, en me sentant approcher, il ne se retourne même pas, à croire qu'il n'y a qu'elle qui compte.

C'est impossible, elle est à moi, à nous grogne mon Loup, même si on a du l'éloigner, même si je l'ai blessé, elle reste à nous, rien qu'à nous. Le temps que j'arrive devant la scène, la musique a encore changé, devenant bien plus suave. À les voir, je peux déjà dire qu'ils sont bien trop proche, beaucoup trop proche. Il la fait tourner dans ces bras et je vois les marques sur le haut de ces épaules. C'est nouveau ça, il y a un an, elle n'avait pas de tatouages.

C'est alors que son regard croise le mien et aussitôt tout son corps se tend alors qu'elle arrête ces mouvements. Il passe sa main sur son dos et elle se remet à danser, pour lui, contre lui, évitant à tout prix de me regarder.

Et à la fin de la musique, il l'attire derrière le rideau. Je me déplace à mon tour et les retrouve au bout de quelques minutes. Je me plante devant elle avant de regarder ce Loup de la tête au pied. Je ne vois pas ce qu'elle lui trouve, il n'a pourtant rien d'exceptionnel.

- Tu m'accordes une danse à moi aussi, lui dis-je en me rapprochant d'elle.

- Aucune chance, répond t-elle en reculant d'un pas. Dégages de ma vue.

- Bonjour à toi aussi Emma.

- C'est ça ouais.

Ce mec commence à la tirer par la main, il veut l'éloigner de moi, il la veut pour lui seul.

- Attends, dis-je en lui attrapant le bras. On peut parler ?

- Tu rigoles j'espère ? Je me souviens très bien de tes dernières paroles à mon égard. Alors maintenant, je vais continuer à aller m'amuser un peu. Dans mes souvenirs, t'as un odorat très développé n'est ce pas ? Et bien tu peux me croire, ce que tu peux sentir c'est sûrement pas toi qui me le fait ressentir. Oublies moi, comme tu m'as demandé de le faire pour toi.

Elle se dégage de ma prise alors qu'il attrape sa taille. À son sourire, je vois que ce Loup est plus que satisfait de son petit effet alors que le mien me hurle que j'ai vraiment été un abrutit. Elle part sans se retourner, sans me regarder et c'est lui qui va en profiter. Car elle a raison, j'ai sentis son odeur, celle de l'excitation et ça n'était pas pour moi mais bien pour lui.

Maintenant que je sais qu'elle est là et qu'un autre Loup ose poser ces mains sur elle, ce festival vient de prendre un tout autre sens. Il est hors de question que j'abandonne, elle est à moi !

POV Emma

J'y crois pas. Un an sans le revoir et le premier week-end que je m'accorde, il faut que je tombe sur lui. À croire que je ne peux pas lui échapper. C'était ma récrée, mon week-end, ma bouffée d'oxygène et il vient de tout gâcher par sa simple présence.

- Je t'emmène boire un verre, propose Dorian.

- Je suis désolée pour ça. Et encore plus que tu ais assisté à cette misérable scène.

- Ne t'en fais pas ma belle, si tu veux je te propose mes services en tant que garde du corps privé.

- L'offre est alléchante mais je te garantis pas que je n'utiliserai pas mon rang de patronne pour t'obliger à te glisser dans mon lit.

- Si en plus tu m'offres des avantages en nature, je prends le poste tout de suite.

- Tu as la place alors, dis-je en riant.

C'est dingue l'effet qu'il a sur moi, la capacité qu'il a à me détendre avec une simple phrase.

- Allons boire ce verre et on parlera des termes de ton futur contrat.

- Alors c'est partie pour un verre.

Nous arrivons à nous frayer un chemin jusqu'à un stand ou je le laisse commander pour nous deux. J'aperçois mon amie un peu plus loin très occupée avec le barman de l'autre soir. Elle m'avait caché qu'il devait venir, à croire que c'est un peu plus sérieux qu'elle n'a bien voulu me le faire croire.

Je ne cherche pas à aller la voir, après tout, elle aussi à bien le droit de s'amuser un peu. Il me tend un verre et avant que je le porte à mes lèvres, il me surprends en m'embrassant. C'est vraiment pas un mec comme les autres. Rien ne l'oblige à être aussi doux et attentionné envers moi, pourtant, j'ai l'impression qu'il ne se force pas, au contraire, il semble faire tout ça naturellement, comme si un courant passait entre nous deux.

Je me laisse faire, j'aime sa manière de se comporter avec moi et quand il quitte mes lèvres, nous trinquons tout les deux avant de boire notre verre. Il arrive à me faire oublier le reste, il arrive à me le faire oublier, encore plus quand il m'attire dans sa chambre et que la porte se referme derrière nous.

Quand j'ouvre les yeux, le soleil est déjà haut dans le ciel et Dorian caresse lentement la chute de mes reins. Le contact de ces doigts sur ma peau nue me fait frissonner. Il se rapproche légèrement et pose ces lèvres sur mon épaule avant de me dire,

- Bonjour ma belle.

- Bonjour beau brun.

- Bien dormis ?

- J'avoue que ça a pas été la meilleure partie de la nuit. Mais oui, j'ai bien dormis. Pour être honnête, ça faisait très longtemps que je n'avais pas aussi bien dormis.

- Hé bien pour être honnête aussi, ça faisait longtemps que moi aussi je n'avais pas aussi bien dormis. Qu'est ce que tu dirais d'un bon petit déjeuner, histoire de reprendre des forces.

- T'es déjà prêt à remettre ça ?

- J'allais pas le formuler de cette façon mais à peut prêt.

- Alors dis moi, comment tu l'aurais formulé ?

- Ça te dis qu'on passe le reste du festival ensemble ?

Sur le moment, je suis un peu surprise par sa question, mais je dois dire que c'est tentant. Ce mec est magnifique et j'aime la manière dont il est avec moi. Alors pourquoi est ce que je ne me laisserais pas aller avec lui pour quelques jours.

- Je viens de te faire paniquer c'est ça?

Son sourire se fait presque triste, je n'aime pas ça. Je pose ma main sur sa joue et l'embrasse du bout des lèvres avant de lui répondre,

- Tu ne m'as pas fais paniquer. Pas du tout, ça m'a juste un peu surprise, en fait ce qui me surprend surtout c'est que moi aussi j'ai envie de passer ces quelques jours avec toi.

- T'es sûr ?

- Sûr. Par contre si tu me demandes en mariage, là oui je panique. Je te jure et t'as beau être canon, attentionné et une bombe au lit, je te garantis que je me sauve.

- Promis, je ne te demanderais pas en mariage.

- Alors on peut passer ces trois jours ensemble beau brun.

- Et ce petit déj ?

- Je meurs de faim.

On s'habille et nous quittons la chambre pour nous rendre dans une salle du même bâtiment. Il y a des plats un peu partout, croissants, pains au chocolat, brioche. Je commence à me servir avant de voir Mélissa assise à une table avec le barman.

- Viens, lui dis-je. Je vais te présenter ma meilleure amie.

Il me suit sans discuter et nous arrivons à sa table en la surprenant.

- Y a encore de la place ou je peux même pas me taper l'incruste.

- Y a moyen.

On s'installe tout les deux alors que je salue son petit copain.

- Emma, dis-je en lui tendant la main.

- Grégory. Je me souviens de toi. La meilleure amie et la dernière cliente de la journée.

- Exactement.

Dorian se présente à son tour et Mélissa lui serre la main en souriant. Nous commençons à discuter tout en mangeant jusqu'à ce qu'un long frisson parcours mon dos. Je soupire avant même de me retourner. Je sais qu'il est là.

Sa main se pose sur mon épaule alors que celle de Dorian se pose sur ma cuisse.

- Bonjour Emma, dit-il alors que je me retourne en frissonnant un peu trop à mon goût.

- Je croyais avoir été claire. Laisses moi. Repars. Oublies moi. Tu n'as qu'à faire comme si tu ne m'avais pas vu. Tu peux me croire, j'aimerais beaucoup faire la même chose, mais pour ça, il faudrait que tu disparaisses et que tu me foutes la paix, dis-je d'une voix claire et forte.

Il gâche tout, comme la dernière fois. Mon cœur se serre en même temps que la main de Dorian sur ma cuisse.