Nerò
img img Nerò img Chapitre 5 On s'connait
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Chapitre 6 Nerò img
Chapitre 7 Patience Patience img
Chapitre 8 Putain mais quelle soirée ! img
Chapitre 9 Rivalité img
Chapitre 10 Etincelles img
Chapitre 11 Conséquences img
Chapitre 12 Révélations img
Chapitre 13 Blow img
Chapitre 14 Quelle vie ! img
Chapitre 15 Speak img
Chapitre 16 Claro ! img
Chapitre 17 Weed img
Chapitre 18 Contre-temps img
Chapitre 19 Patatrac img
Chapitre 20 Aveuglés img
Chapitre 21 Règlements de compte img
Chapitre 22 Réalisation img
Chapitre 23 Vegas, babe img
Chapitre 24 I wanna be down img
Chapitre 25 Fume, ça va passer img
Chapitre 26 Bombe img
Chapitre 27 Conséquences, le retour img
Chapitre 28 Let's get the party started img
Chapitre 29 Rencontres img
Chapitre 30 Trust me img
Chapitre 31 Vacillants img
Chapitre 32 Et action ! img
Chapitre 33 Priorités img
Chapitre 34 Mesures img
Chapitre 35 Abuelita img
Chapitre 36 Menaces img
Chapitre 37 Blowing up ! img
Chapitre 38 Elle est où img
Chapitre 39 A terre img
Chapitre 40 Désespoirs img
Chapitre 41 Surtout ne dis rien ! img
Chapitre 42 Amèn img
Chapitre 43 Londres img
Chapitre 44 Être un homme img
Chapitre 45 Pris au piège img
Chapitre 46 Boum Badaboum img
Chapitre 47 Promesse img
Chapitre 48 Trade your broken wings for mine img
Chapitre 49 To be continued img
Chapitre 50 Remerciements img
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Chapitre 5 On s'connait

Abigail

Vendredi soir, vingt-trois heures.

Yuki et moi rentrons de notre balade quotidienne et je ne suis pas fâchée de ne plus avoir à sortir. Je suis cuite, la semaine m'a atomisée. Gavin ne nous a pas épargné, nous avons terminé tard tous les soirs. L'entrainement par-dessus, j'attendais le week-end avec im-pa-tience !

Bye bye le soutif, bonjour le canapé, les doigts de pied en éventail !

Que c'est bon de ne rien faire !

Comme à son habitude, Yuki ne tarde pas à me rejoindre sur le sofa et pose sa large tête sur moi.

- J'espérais qu'on l'aurait recroisé, avoué-je en lui gratouillant l'arrière des oreilles.

Il relève les yeux vers moi, je soupire.

Pourquoi j'pense à lui ?

- C'est pas de moi.

Je roule un spliff, que je charge dans l'espoir d'oublier le bel inconnu et son sourire canon, et lance Netflix, histoire de me changer les idées.

(..)

** La pluie bât son plein, je remonte la rue, les mains enfoncées dans mes poches, le col relevé. Mon sac sur une épaule, Yuki sur les talons. Buckingham Palace se dessine, nous avons rendez-vous. Je presse le pas.

Comme convenu, elle est là.

À l'abri sous son parapluie, à l'angle du Palais Royal.

Un dernier coup d'oeil par dessus mon épaule, personne. L'avantage des heures tardives et d'un temps de cochon. Mon coeur tambourine contre ma poitrine, je ne me rappelle plus la dernière fois que l'on s'est vues.

Son regard s'illumine lorsqu'elle me repère. Je me jette à son cou et elle me serre dans ses bras.

- Tìa... (Tatie) soufflé-je, tremblante.

- Lya, mi querida.

Elle se redresse sans me lâcher, nos regards s'accrochent. D'une geste tendre, elle pousse une méche collée sur mon front.

- Que tu es belle ma chérie .. murmure-t-elle.

Elle me scrute avec émerveillement et tristesse.

- Je la vois dans tes yeux.

- Elle me manque ..

- À moi aussi, tous les jours, Azùcar, tous les jours.

L'émotion est palpable, je contiens fermement mes larmes. Le temps a marqué son visage et pourtant elle est toujours aussi belle.

- Je suis venue te dire que je m'en vais. Je te demande pardon ... pour tout.

Ma voix se brise, je me mords la lèvre. Putain, j'me suis jurée de ne pas craquer.

- C'est moi qui suis désolée. Désolée de ne pas avoir compris.

Alors que je vais pour répondre, je me ravise. Ce n'est pas de sa faute si je suis dans cette situation, elle n'y est pour rien ... je ne peux que m'en prendre à moi-même.

- Ta mère serait fière de toi, tu sais ?

Quelques larmes m'échappent, je ne suis pas d'accord avec elle.

- Bonne chance, Lya. Tu seras toujours dans mon coeur.

- Toi aussi, Tìa, pour toujours.

Nous nous étreignons une dernière fois.

- Bien évidemment, tu ne m'as jamais vue.

- Bien évidemment .. sois prudente. Te quiero Azùcar. (Je t'aime mon sucre)

- Mi tambìen ... Tìa... mi tambìen ! (Moi aussi)

Nous nous séparons. Je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champs de vision. Le coeur lourd, mes larmes se mêlent à la pluie.

- Allons-y Yuki, tirons-nous d'ici. **

Je me réveille en sursaut, les yeux embués de larmes que je suis bien incapable de refréner. La pénombre me confirme que c'est le milieu de la nuit. Mon palpitant tambourine ma cage thoracique tandis que le reste de mon corps est secoué par les sanglots incontrôlables. Il me faut quelques minutes avant de réaliser que je suis chez moi, à San Francisco. L'entrée en trombe de Yuki atteste que ce n'était qu'un mauvais rêve, un ancien souvenir tenu captif au plus profond de mon être. Tel un thérapeute, il s'allonge contre moi, comme à chaque fois que je cauchemarde. Sa présence m'apaise et me rassure jusqu'à ce que ma respiration retrouve un rythme régulier et que mon pouls ralentisse.

Tìa ...

Presque quatre mois se sont écoulés depuis cette fameuse nuit.

Celle où tout a changé.

Celle où j'ai décidé de faire une croix sur mon passé.

Celle où Lya Nuñez est tombée dans les oubliettes pour devenir Abigail Gonzales.

Appuyée contre les coussins, une main sur Yuki, je fixe le plafond. Lui dire Adieu fût plus difficile que ce que je ne l'aurai imaginé, elle était ma seule famille. Je n'ai jamais connu mon père, j'ai perdu ma mère à l'adolescence et Tìa s'est occupée de moi avant que je ne croise son chemin.

Coño.

Je chasse son visage de mes pensées et rallume le spliff que j'avais délaissé dans le cendrier.

Anesthésie locale.

Morphée, où es-tu ?

(..)

Le vibration à répétition de mon téléphone m'extrait d'un sommeil lourd et peu réparateur. J'attrape l'objet de malheur avec difficulté où le numéro de Miguel s'affiche.

"- Mmmallô ... ?

- Ne me dis pas qu'tu roupilles encore ?!

- Plus maintenant ...

- Tu sais qu'il est un peu quatre heures de l'après-midi ?

- Pile à l'heure pour le goûter. D'autres questions ?

- J'passe te prendre vers vingt-deux heures, tu penses que t'auras fini les travaux d'ici là ?

- La con de toi ... grondé-je. Rassure-moi, on n'y va pas en bécane ?

- Dans tes rêves, y'a que moi qui la chevauche celle-là !

- Mon dieu, mais t'es un véritable cas social ...

- Ouais il parait, allez, j'te laisse maintenant que je sais que t'es debout, scandale. Sois à l'heure.

- Ouais, ouais, c'est ça, à toute.

- À toute ma biche."

Je raccroche, la tronche enfarinée.

- Mais quelle plaie ce mec ...

Bien qu'il est le don pour me casser les pieds dès le réveil, je lui suis redevable. Sans lui, je dormirais encore et je m'en serais voulue d'être restée la journée au lit. S'il y a bien une chose que je déteste, c'est gaspiller une journée.

(..)

Il est vingt-deux heures pétantes lorsque Miguel se pointe au volant d'une vieille Mustang. Je reconnais la tête brune de Leïla côté passager. J'écrase ma clope avant de monter à bord de son tacot, Yuki sur les talons. Miguel m'a encouragé à l'embarquer avec nous car, soi-disant, son frangin aurait un jardin exceptionnellement grand et il serait dommage qu'il n'en profite pas lui aussi. Ses mots pas les miens. Et c'est tant mieux car je ne l'ai pas emmené au parc aujourd'hui et la culpabilité de le laisser seul toute une soirée me rongeait de l'intérieur.

- Salut !

- Hey chaton !! s'exclame Leïla en se retournant vers moi. Ca va ?

- Et toi ? Pas trop relou le garçon ?

- Il s'est à peu près tenu.

- Étonnant .. tu l'as drogué ?

- Et si tu bouclais ta ceinture, riposte-t-il en me regardant à travers le rétro central. Et ta bouche aussi, par la même occasion ?

- Bonsoir à toi aussi, face de craie.

Il lève les yeux au ciel et se remet en route dans une pétarade d'un autre monde.

- T'avises pas de m'appeler comme ça là-bas.

- Quoi ? T'as peur que j'te foute la honte ?

- Comme s'il avait besoin de toi pour ça ! s'esclaffe Leïla, goguenarde.

Il grommelle quelques paroles inaudibles tout en mettant de la musique, et plus précisément une radio cubaine.

- T'écoutes vraiment des trucs de vieux.

- C'est quoi ton problème, morue ?

- Non mais sérieux Miguel ?! Qui est-ce qui écoute encore la radio en 2021 ?

- Tu trouves toujours quelque chose à redire, c'est ça ? C'est plus fort que toi, ma parole !

Je me contente de lui sourire de toutes mes dents. Ce n'est pas faux, j'ai souvent un mot à dire. Sur ce point, il n'a pas tord.

Pour une fois.

Alors que nous arrivons dans les quartiers huppés de San Francisco, il ralentit avant de s'arrêter devant un large portail noir. Il baisse la vitre et adresse un signe de tête au molosse qui sert de vigile.

- C'est le Premier Ministre ton frangin ou quoi ? demandé-je alors que le portail s'ouvre lentement.

- Pas vraiment.

Je lance un regard interrogateur à Leïla qui se contente de hausser les épaules, aussi incrédule que moi.

- J'peux laisser ma veste dans ta caisse ?

- Bien sur.

Une fois garé, je descends et laisse Yuki se soulager contre la gente de son tacot. La musique retentit, la fête a l'air de battre son plein. De magnifiques bolides sont parqués et c'est la première fois que j'en vois en vrai et non uniquement à la télé. Subjuguée, je bloque de longues secondes sur les engins.

- Mais où est-ce que j'ai atterri ... murmuré-je à moi-même. Je rêve ...

Le sifflement de Miguel détourne mon attention des sportives.

- Dis donc bichette, t'as sorti le grand jeu !

Je baisse les yeux sur ma tenue. Une robe noire, courte, à fine bretelle, des escarpins, rien de dingue en soi.

- Il ne t'en faut pas beaucoup.

- Un rien t'habille, affirme-t-il en me dévorant des yeux. Je devrais te sortir plus souvent parce-que ... ay mami !

- Que t'es bête !

Après avoir arrosé abondamment la carrosserie de mon collège, Yuki revient se placer à mes pieds, l'oeil aux aguets.

- Allons-y. Mes potes sont là, ils nous attendent, ajoute-il en passant son bras autour de mes épaules.

- Euh ... tu fais quoi là ?

- Bah quoi ?! J'voudrais pas que mon date attrape froid !

- Vous êtes tellement mignons, on dirait un vrai p'tit couple.

- Vous me faites chier.

Ils se moquent en choeur tandis que nous remontons l'allée, bordée d'une ribambelle de plantes exotiques. La beauté des jardins me confirme que le frère de Miguel est blindé, blindé. Le genre à avoir plusieurs zéros sur son chèque à la fin du mois.

- T'as pas intérêt à chier partout, soufflé-je à Yuki qui remue la queue en réponse. J'aurai jamais les moyens de le dédommager.

Le volume de la musique s'amplifie alors que nous arrivons aux abords d'une large piscine débordante, surplombée d'une immense villa. Des nanas à moitié nues se baladent sur la propriété, certaines semblent assurer le service des boissons tandis que d'autres semblent expertes dans d'autres "domaines". Du hip-hop fait vibrer les enceintes me donnant l'impression de débarquer en plein clip de rap.

- Ferme la bouche bichette, tu vas gober les mouches.

Je me retourne vers lui, complétement ahurie.

- Non mais sérieux Miguel ... c'est quoi son délire à ton frère ?

- Ça, c'est pas tes affaires, dit-il en accompagnant sa réponse d'une pichenette sur mon front.

- Aïe ..

- Allez Abi, allons boire un coup, on le mérite amplement !

Leïla et moi emboitons le pas à Miguel qui se fraie un chemin à travers la foule. Je jette un coup d'oeil à mon chien qui n'a pas l'air plus perturbé que ça. Alors que nous arrivons enfin sur la terrasse, Miguel s'engouffre à l'intérieur qui est encore plus impressionnant que les jardins. J'ai beaucoup de peine à rester neutre face à tant de richesses.

Comment est-ce possible ?

Mes yeux se posent sur le dos de mon binôme et un milliard de questions assaillent mon cerveau. Il cache bien son jeu, lui aussi. Après nous avoir servi un verre d'un excellent rhum dont je suis incapable de me remémorer le nom, nous retrouvons Chris et son groupe dans un des salons. Je ne lâche pas mes amis d'une semelle, je suis sûre de me paumer à tous les coups, c'est tellement grand !

- Ah vous voilà !!

L'enthousiasme du hacker ne me surprend pas à la différence de sa tenue. Contrairement à son costume cravate de la semaine, il porte un jean noir troué aux niveau des genoux, une chemise blanche entrouverte et une veste en cuir. Un look cent pour cent rockeur. Leïla et une blond que je ne connais pas, se sautent au cou, apparemment ravis de se revoir. Ils ont l'air plutôt proches, j'essaie de me rappeler si elle l'a déjà mentionné mais mon cerveau de poisson rouge ne semble pas avoir retenu l'info.

- Abi, laisse-moi te présenter mon meilleur ami, Aaron, il est batteur et serveur à temps perdu.

- Enchanté Abi, dit-il en prenant ma main pour y déposer un baiser. Ravi de faire enfin ta connaissance, Leïla m'a beaucoup parlé de toi.

- Ah bon ?

- Ouais, elle n'arrête pas.

Il n'a toujours pas lâché ma main, ce qui n'échappe pas à Miguel qui s'interpose entre nous.

- Hé ho, on se calme Don Juan. Pas touche !

- Non mais ça va oui ?!

Il se retourne vers moi, un air espiègle sur le visage.

- Chut bichette, ce soir, t'es avec moi.

Je roule des yeux tandis que Chris change de sujet en me présentant Dalia qui me gratifie d'un "Lut" hagard.

- C'est notre bassiste.

- Faudra vraiment que je vienne vous voir jouer.

- J'suis sûr que t'adorerais. On a notre petit succès.

- Ils sont vraiment talentueux. Ils mettent le feu à chaque fois !

- Je me demande bien pourquoi Miguel ne t'a jamais invitée ?

J'interroge mon collègue du regard qui hausse les épaules pour seule réponse.

- On donne un concert le week-end prochain, ça me ferait plaisir de t'y voir, renchérit Aaron d'un sourire suggestif.

- Avec plaisir !

Nous trinquons sous le regard mauvais de Miguel mais je n'y prête pas attention, mes yeux sont rivés sur le batteur. Bien qu'il soit loin d'être mon type, son côté surfeur à la peau dorée par le soleil me donne des envies de vacances sur une plage de sable fin.

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Miguel

Après avoir échangé quelques banalité et quelques verres, nous migrons au bar qui borde la piscine. Installé sur la terrasse, surplombant la foule, le D.J. anime la soirée, hit après hit. L'ambiance est à son comble. Accoudé au comptoir, en compagnie de Dalia et Chris, j'observe ma collègue de travail en pleine discussion avec Aaron et Leïla. A mon grand désespoir, elle semble absorbée par ce qu'il a à raconter.

Coño.

- Invite-la à danser au lieu de ruminer, suggère la bassiste d'un coup de coude sous les ricanements sarcastiques de Chris.

Je le fusille du regard et remarque sa nouvelle proximité avec Dalia.

- Ah ça y'est ? Vous êtes en couple tous les deux ?

- Pas vraiment .. rétorque-t-elle en enlaçant mon pote. Disons qu'on profite des plaisirs de la vie.

- Tu devrais essayer !

- Callàte.

Et puis merde, elle a raison. Sans demander mon reste, je descends mon verre et les abandonne pour l'inviter à danser.

Après tout, qui ne tente rien n'a rien.

Alors que j'arrive à leur hauteur, Pedro choisit ce moment pour faire une annonce, attirant l'attention de tous.

- Bienvenu ! J'aimerai remercier Nerò pour cette putain d'soirée ! s'écrit-il en désignant mon frère resté en retrait.

Ce dernier lève son verre sans se révéler pour autant. Bien qu'il aime avoir le regard des femmes pour lui, il n'a jamais aimé attirer l'attention.

- Que la fête continue !

Un tonnerre d'applaudissements, de cris de joies et d'interpellations festives font écho au métis. La musique reprend de plus belle. Lorsque je me retourne, Leïla et Abi ont disparu.

Joder. (Putain)

- Tu passes une bonne soirée ? me demande Aaron qui m'a rejoint sans que je le remarque.

- J'ai besoin d'un verre, pesté-je en rebroussant chemin vers le bar, frustré.

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Abigail

- J'vais me pisser dessus ! chuchote Leïla en riant comme une tordue.

- Moi aussi !

Nous pénétrons dans la villa par une porte latérale, incapables de retrouver le chemin par lequel nous sommes arrivées. Les effets de la deuxième tournée se font ressentir, un passage aux toilettes est nécessaire. Nous débarquons dans ce qui semble être un autre salon où d'onéreux tableaux ornent les murs. Le mobilier est raffiné et choisi avec gout.

- Tu sais ce qu'il fait, le frère de Miguel ?

- Non, je ne le connais pas vraiment. Je l'ai croisé une fois ou deux.

- Et ? Il est comment ?

- Spécial. Même s'ils sont jumeaux, j'trouve pas qu'ils se ressemblent tant que ça. Enfin, physiquement bien-sur mais dans le caractère, c'est plutôt l'opposé.

- Jumeaux ? Pour de bon ? Miguel ne l'a jamais mentionné.

Elle hausse les épaules et pousse une porte qui s'ouvre sur un long corridor. Nous continuons notre exploration en quête désespérée des W.C.

- Miguel n'aime pas parler de sa vie.

- Ca, j'avais remarqué, raillé-je. Bon sang, mais on est où là ?

- J'en peux plus ..

Je choisis une autre porte au hasard et par je ne sais quel miracle, une vaste salle de bains apparaît. Leïla se précipite sur la cuvette tandis que je piétine sur place.

- Bouge.

Yuki nous observe avec curiosité. Même ivre, je sais qu'il me suivra de partout.

- Voilà, voilà ! s'empresse-t-elle en remontant sa culotte. Vas-y !

Je la bouscule presque.

- Aaaaaah pinaise !! J'en pouvais plus !

- C'est un labyrinthe c'te baraque, dit-elle en se lavant les mains.

- Abusé ... j'ai envie d'en savoir plus.

- Sur Miguel ou Nerò ?

- Les deux ! Sérieux Leïla ? Ça ne te démange pas de savoir pourquoi Miguel est si secret ? Ou comment son frère est autant pêté de thunes ? Parce-que, sincèrement, j'aurai jamais deviné.

Elle glousse.

- C'est vrai que le style, c'est pas son truc.

Nous continuons de nous moquer de notre collègue adoré avant de reprendre le chemin inverse.

- En tout cas, j'suis bien contente d'être ici, je passe une super soirée !

- Tu peux dire merci à Miguel.

- C'est vrai ! Le pauvre, je l'ai lâchement abandonné.

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Miguel

- Migueeeeeeeel !! Migueeeeel !!

Je tourne la tête à la recherche de la personne qui m'interpelle et aperçois Abi qui me fait de grands signes. Elle pousse des coudes jusqu'à moi tandis que je reporte mon attention sur mon verre.

- Hé Miguelito, tu fais la tête ?

Elle s'agrippe à mon bras, je grogne en réponse.

- Oh allez, j'suis désolée ...

Je lui jette un regard du coin de l'oeil. Avec ses yeux clairs et pétillants, ses longs cheveux noirs qui tombent en cascade sur ses épaule, j'ai du mal à lui tenir tête.

- Danse avec moi, me supplie-t-elle en exerçant une pression sur mon bras. Allez !

- J'suis pas sûr que tu me mérites bichette.

- Tu ne vas pas m'obliger à te supplier quand même ?

- Peut-être.

- Allez quoi, Miguelito, j'me suis excusée !

J'adore la faire maronner. A chaque fois, une fossette d'agacement se dessine entre ses sourcils et ça la rend encore plus craquante.

- Tu veux pas demander à Aaron plutôt ?

- Mon dieu c'que tu peux être chiant ! Oh et puis, si tu ne veux pas, lui sera peut-être content de danser avec moi, déclare-t-elle avant de me tourner le dos.

Alors qu'elle s'apprête à partir, je la rattrape par la main et l'attire contre moi.

- Où tu vas comme ça, boulet ?

Elle sourit et je l'entraine au milieu de la foule qui s'agite sous le D.J. Son corps contre le mien, nous nous laissons porter par le rythme entrainant et j'oublie tout le reste.

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Nerò

- C'est pas ton frangin là-bas ? me glisse Pedro en pointant du doigt la foule qui danse au bord de la piscine.

Je scrute les corps dénudés jusqu'à ce que je l'aperçoive.

- On dirait bien.

- Il n'a pas menti, le con !

Je sirote un rhum cubain en l'observant et plus particulièrement, la brunette qui l'accompagne.

- Mouais .. à l'écouter, il devait se ramener avec une floppée d'avions de chasse.

Il contient un rire sardonique.

- Tu t'attendais à quoi ? Tu sais bien qu'il se sent en rivalité avec toi.

- Et alors ? dis-je avec nonchalance. C'est pas mon problème s'il se sent inférieur.

- En tout cas, peu importe le nombre, elle est mignonne sa copine.

- J'croyais que t'étais sur l'autre ?

- Leïla ?

- Si tu le dis.

- J'la travaille.

Je ricane.

- Fous-toi de ma gueule.

- Qu'est-ce que tu branles avec moi alors ?

Il plisse les yeux, termine son verre et descend se mêler aux invités. Je le suis des yeux jusqu'à ce que je remarque la soi-disant Leïla qui interpelle Miguel et sa meuf. Du haut de mon perchoir, j'assiste à toute la scène et pas besoin de les entendre pour comprendre qu'il y a un problème. La brunette les abandonne avec précipitation.

Étrange.

Curieux, je rejoins l'arrière de mon domaine où des éclats de voix me confirment qu'il y a bien un problème.

- Je te dis qu'il m'a mordu !!

Je reconnais la voix d'un de mes capos.

- Je ne sais pas quoi vous dire, je suis désolée, ce n'est pas dans ses habitudes ! s'excuse une voix féminine.

- Si tu crois que tu vas t'en tirer avec de simples excuses !

Dom, un homme loyal mais instable, se tient l'avant-bras d'une main, menaçant la brunette de l'autre. Je l'interpelle avec virulence.

- Un problème ? demandé-je en arrivant à leur hauteur. J'peux savoir pourquoi tu menaces nos invités ?

- Jefe, s'excuse-t-il en s'écartant de la demoiselle. Mais c'est son foutu clebs ! Il m'a mordu le con !

- Quand bien même, ce n'est pas une raison pour agir comme ça, rétorqué-je froidement avant de me radoucir lorsque je me tourne vers elle.

- Je ... Je ne sais pas comment l'expliquer, c'est la première fois que ça arrive ... j'suis désolée !

- La demoiselle dit qu'elle est désolée, ça ne te suffit pas ? demandé-je à Dom sans la quitter des yeux.

Son visage m'est familier, je suis persuadé de l'avoir déjà vue. En tout cas, peu importe que je la connaisse ou non, elle est sacrément bandante et j'en ferais bien mon quatre heures.

- Euh, si, Jefe.

- Affaire réglée, déclaré-je en lui faisant signe de disparaitre. Et tâche de rester à ta place.

Il se retire tandis que je me perds dans la clarté de ses prunelles qui me rappellent fortement la gonzesse du parc.

Se pourrait-il que ... ?

- Je ... merci ... vraiment, je ne comprends pas ... ce n'est pas son genre.

Je suis son regard sur le présumé coupable de morsures et reconnais immédiatement le pitbull. Je n'ai plus aucun doute. C'est bien elle.

L'univers et ses coïncidences.

- Ce sont des choses qui arrivent.

Elle relève la tête vers moi, confuse et alors qu'elle va pour parler, Miguel débarque suivi de Leïla.

- Abi ! s'écrit-il en posant ses mains sur ses épaules. Ça va ?

- Oui oui ... tout va bien Mig ...

Elle marque un temps d'arrêt. Son regard passe de mon frangin à moi avec interrogation et surprise

- Oui, c'est mon frère. Pas besoin de nous dévisager comme ça, souffle-t-il en se tournant vers moi. Abi, laisse-moi te présenter Nerò, mon jumeau.

Tel un parfait gentleman, je saisis délicatement sa main dans la mienne et y dépose un baiser sans la quitter des yeux.

- Enchanté Abi. J'espère que tu passes une bonne soirée ?

- Enchantée ... jusqu'ici oui, d'ailleurs merci pour l'invitation.

- C'est mon frère qu'il te faut remercier.

Je perçois son embarras mais ne sait l'expliquer. Se pourrait-il qu'ils soient en couple ?

- Miguel, tu ne m'en veux pas mais je vais rentrer.

- Déjà ?

Vu la déception que je lis sur son visage, ce n'est pas sa copine. Je connais trop bien mon frère pour différencier ses comportements. Et c'est bien ma veine !

- Ouais, je pense que Yuk a eu sa dose.

- Je te ramène.

- Non, reste avec Leïla, je vais prendre un taxi.

- T'es sûre ?

- Je me ferais un plaisir de te raccompagner, les interrompé-je. Ça règle le problème de tout le monde.

Leurs visages se tournent vers moi.

- Quel hôte ferais-je si je ne prenais pas soin de mes invités ?

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Miguel

Je ne suis vraiment pas en faveur à ce que Nero la raccompagne. Je le connais trop bien, ce coureur de jupons !

- Je peux prendre un taxi.

- Pas la peine, je sais que ça rassurera mon frère de savoir que tu rentres en un seul morceau. Et puis, il peut assurer auprès de Leïla, argumente-t-il en me fixant avec insistance. Qu'elle aussi rentre saine et sauve.

Nous nous défions en silence.

- Merci beaucoup Nero. C'est vraiment généreux de ta part.

- Très bien, faites comme vous voulez ! craché-je avec amertume. Viens Leïla, on va boire un coup !

Et sans attendre la moindre réponse de leur part, je tourne les talons et rejoins la fiesta, la colère au ventre.

Putain !

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Nerò

- Il est sérieux ? Il a complètement craqué !

Le belle inconnue n'apprécie guère le comportement de mon frère et ce n'est que bonus pour moi.

- Laisse tomber, répond sa copine d'un regard désolée. Je vais le rejoindre. On s'appelle demain ?

- Oui, bonne soirée et dis-lui au revoir de ma part quand même.

- Promis. Rentrez bien, dit-elle avant de partir en courant à la suite de mon frère.

Je sais pertinemment qu'il a les glandes, je le connais par coeur. Je baisse les yeux sur le p'tit bout de femme qui le remue autant et lui offre mon bras, sans remord.

- On y va ?

- Avec plaisir, répond-t-elle en s'accrochant à moi. On s'connait nan ?

- Pas vraiment.

Mais ça ne saurait tarder.

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