Mon beau frère et moi.
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Chapitre 4 4

#Nevada

**Khaleb**

Je me suis réveillé brusquement tiré de mon sommeil par la sonnerie du réveil. Il sonne déjà deux heures du matin. J'ai un travail à préparer. Je ne sais même pas par où commencer. Peut-être que l'internet pourra m'aider. Je me lève et passe un pantalon et un tee short avant de me glisser hors de la chambre. Ethan dort à poings fermés. On ne dirait même pas qu'il souffre celui-là.

Je passe par la cuisine me faire un café et puis je me dirige vers le salon. La lumière est allumée. Je me rappelle l'avoir éteinte. Je me glissé dans le salon et j'ai vu Aicha assise sur une chaise. Elle a la tête baissée et elle est en train d'écrire. Ce qui m'a surpris. Des nombreuses feuilles sont éparpillées devant elle. Je suis resté silencieux me contentant de la regarder. De multiples questions fusent dans ma tête. Elle sait écrire ? Ou elle s'amuse ? Et si elle savait écrire et qu'elle est en fait muette ? Ce serait bien dommage. J'ai pensé qu'elle était illettrée mais peut-être que j'ai tout faux.

Elle a apparemment fini sa tâche puisqu'elle s'est mise à rassembler les feuilles et à les classer. Ensuite elle les a agrafés. Elle a déposé deux lots sur la table avant de se retourner prête à s'en aller. Nos regards se sont accrochés automatiquement. Je me suis rapproché d'elle et j'ai soulevé les deux lots rangés. Je me rends compte qu'il s'agit de mon document de 50 pages en espagnol. L'autre lot est rédigé en français d'une écriture fine et très belle. Surpris j'ai levé les yeux vers elle.

Moi : Tu comprends l'espagnol ? Jusqu'à la traduire ?

Aicha : ...

Moi : Waouh ! Comment est-ce possible ? Tu as carrément traduit tout le document en plus. Tu viens de me sauver la mise. Je ne sais pas si tu parles ou si tu as un problème mais je promets t'aider. J'aimerais pouvoir entendre le son de ta voix au lieu de me l'imaginer Aicha.

Aicha (me fixant droit dans les yeux) : Je m'appelle Nevada. Aicha n'est pas mon prénom.

Il existe sûrement un mot pour qualifier mon état actuel mais j'ai beau fouillé dans ma tête, je ne trouve pas. Je suis resté debout à la fixer dans les yeux et elle n'a même pas détourné le regard. Elle s'est foutue de moi.

Moi (stupéfait) : C'était un jeu pour toi ? Je t'ai sorti de ce village, offert l'hospitalité et tu m'as écouté te parler tout ce temps en sachant pertinemment que tu comprenais tout ce que je disais ?

Nev (voix roque) : Je suis vraiment désolée mais c'est devenu une seconde habitude pour moi de me taire. J'ai dû le faire pendant un an pour me protéger et je ne savais pas si je pouvais te faire confiance.

Moi (calme) : Et maintenant tu penses que j'en suis digne c'est cela Nevada ?

Nev : J'ai décidé de te faire confiance... Je t'ai écouté tout ce temps et j'ai retenu que tu ne veux pas me garder comme ton épouse. C'est la seule chose qui importe à mes yeux. Je suis désolée si j'ai blessé ton égo

Moi : Je peux comprendre que tu ais voulu te protéger mais franchement tu n'as rien à craindre de moi. C'est mon boulot de défendre les femmes dans ta condition. Et je suis désolé que tu te sois retrouvée prisonnière d'un mariage dont tu ne voulais sûrement pas. Tu peux me parler tu sais ?

Nev (reculant) : Non !

Moi (la sentant sur ses gardes) : On peut commencer par les choses les plus basiques. Nevada est plutôt original comme prénom. Et ce n'est pas le prénom des filles de la région du Nord. Tu es apparemment instruite et tu as un accent que je n'arrive pas à déterminer.

Nev : Mes parents m'ont donné ce prénom donc c'est à eux de répondre sur la signification. Je n'ai pas envie de m'ouvrir à vous. Ce dont j'ai besoin de me trouver un sens à mon existence. Rester assise à me tourner les pouces n'est pas de mon ressort.

Moi : On peut s'asseoir ?

Nev : Pourquoi ?

Moi : Je ne vais pas te manger. Allez viens s'il te plaît !

Je l'ai regardé marcher devant moi et prendre place. Il y a longtemps qu'une femme ne m'a plus surpris. Mais avec Nevada ce sont les montagnes russes et tu ne sais jamais ou tu vas atterrir. Je voudrais qu'elle s'ouvre à moi. Qu'elle me parle de son passé pour que je comprenne certaines choses mais je ne vais pas la brusquer. Qu'elle prenne son temps.

Moi (souriant) : Belmonde s'est aussi foutue de moi

Nev : Elle n'a fait que respecter mes désirs. Ne lui en veux pas.

Moi (voix douce): Tu as quel âge Nevada ?

Nev (se raclant la gorge) : Je suis plus mature que j'en ai l'air

Moi : Ceci ne répond pas à ma question.

Nev : 20 ans

Moi (choqué) : Tu étais mariée à mon frère depuis combien de temps ?

Nev : Ne parlons pas des choses qui fâchent. Dis-moi plutôt quand je pourrais partir d'ici !

Moi : Tu comptes aller ou ?

Nev : Cela ne regarde que moi !

Moi : Si tu ne parles pas, comment je pourrais t'aider ? Tu es ma protégée et j'ai le devoir de te venir en aide

Nev : Ok on arrête les conneries. Si j'en suis là aujourd'hui c'est bien à cause des tiens qui m'ont kidnappé et réduit à une vie misérable. Je ne dis pas que tu es complice de cela mais comprend pas que je ne porte aucun membre de ta famille dans mon cœur.

Tout ce que je demande est que tu me libères ou je m'en irais sans te demander.

Je suis resté silencieux un instant. Je la dévisage. Elle a l'air déterminée. Sa voix est empreinte de tellement de souffrance. Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à décider de la laisser partir. Elle me rappelle les jeunes filles que j'ai vues au Nigéria perdues et vidées de toutes leurs forces. La seule différence est que Nevada a beaucoup à donner malgré son amertume et je peux l'aider. D'un autre côté si je m'aventure sur ce terrain, je peux dire bonjour aux problèmes avec Awa. Elle se sent menacée par elle pourtant elle ne devrait pas. Je crois que mon côté humanitaire refait surface quand je vois une âme en peine et le fait qu'elle soit théoriquement mon épouse n'a rien à y voir.

Moi : Tu veux me suivre demain pour aller au bureau ?

Nev (surprise) : Pourquoi ?

Moi : J'ai cette conférence et j'ai besoin de traducteur. Tu pourrais m'aider. Cela te permettra de voir l'extérieur. Tu pourrais trouver ta voie ainsi. Si tu n'aimes pas, on trouvera autre chose.

Elle semble réfléchir un moment.

Nev : Oui. Je suis partante.

Moi : Je serais prêt à huit heures. La conférence est prévue pour seize heures. Je n'ai pas lu ce document alors j'aimerais si cela ne te dérange pas de me faire un résumé. Il se fait déjà tard déjà. On s'y mettra tout à l'heure Aicha.

Nev : Cela ne me dérange pas. Au contraire !

Elle s'est levée puis s'est dirigée vers la sortie. Arrivée au niveau de la porte, elle s'est tournée vers moi.

Nev : Pourquoi persistes-tu à m'appeler Aicha ?

Moi : C'est un joli prénom et je l'ai apprécié dès que je l'ai entendu. Oui tu t'appelles Nevada mais j'ai un faible pour Aicha. (Sourire) je t'appellerais désormais Chanev. Tu ne trouves pas cela joli ?

Elle a éclaté de rire. C'est la première fois que je la vois rire. Elle a un rire magnifique dont le timbre eu un écho en moi. Ce n'est en rien sexuel ! C'est juste que cela me donne de l'espoir. Je me dis que si elle est encore capable de rire, c'est que rien n'est perdu.

Nev : C'est la chose la plus ridicule qu'il m'ait été donné d'entendre. A demain

Moi : Khaleb

Nev : Pardon ?

Moi : Je m'appelle Khaleb tu sais. Tu peux le dire.

Elle m'a jeté un coup d'œil mais elle n'a plus pipé mot avant de disparaitre de mon champ de vision. Je me suis rassis un instant pour évaluer la situation. Je me retrouve avec une femme censée être mon épouse et qui pour moi était une illettrée doublée d'une muette. Et en quelques minutes, tout le tableau change. Elle a dû faire de longues études pour comprendre l'espagnol et la traduire avec autant de facilité. Je pense que je ne vais pas la brusquer pour qu'elle me raconte son histoire. Sinon elle va encore devenir muette...Lol. Il y a un truc dans son passé qui n'est pas clair ? Si elle a fait des études comme je le pense comment s'est-elle arrangée pour devenir la troisième femme de mon demi-frère ? Elle a dit qu'on la kidnappé. C'est quoi cette histoire? De toute façon, je n'aurais pas la réponse cette nuit. Il vaut mieux que j'aille dormir.

[...]

Six heures de temps plus tard

**Awa**

Je me suis réveillée ce matin avec un mal de tête terrible. Cela fait deux semaines que je rumine cette histoire avec Khaleb. Il a osé la défendre plutôt que moi. Je reconnais que je n'aurais pas dû la provoquer également mais je ne savais pas qu'elle avait du répondant. En général, tu t'attends à ce que ces petites villageoises soient aussi bêtes que leurs pieds mais pas elle. Elle n'en donne pas l'impression et cela me fait peur. Et si elle foutait en l'air ma relation avec Khaleb. J'ai investi trop de temps, d'amour dans cette histoire pour que la première villageoise venue prenne ma place. Si elle savait le nombre de femmes que j'ai dégagé de mon chemin pour être là où je suis actuellement, elle saura qu'elle a affaire à une femme dangereuse.

Est-ce le manque de confiance en moi ? Appelez cela comme vous voulez ! Mais je sais une chose. Durant toutes ces années passées avec Khaleb, je l'ai observé et je le connais. Je sais quand il voit d'autres femmes et c'est arrivé très souvent. Il est un homme en or et je l'aime beaucoup. Mais comme tous ceux de sa race, il n'est pas tranquille tant qu'il n'y a pas plusieurs femmes qui gravitent autour de lui. Et comme il vivait au Bénin et moi au Sénégal, il sortait avec d'autres femmes.

L'idée de venir m'installer ici venait de moi parce que je ne voulais plus vivre loin de lui. Ce contrat pour la marque Vlisco tombait à pic. Dès que je suis venue, j'ai fait le ménage autour de lui. Il est grand de taille, teint légèrement clair et maman il est beau. Le premier jour que je l'ai vu, j'ai failli avoir une attaque. Finalement, j'ai compris que c'est dans la famille. Leur mère qui est moitié peulh et moitié Yoruba est vraiment belle et elle a transféré sa beauté à ses fils. Ethan est aussi une bombe.

Je comprends la lutte qu'il poursuit et je partage ses convictions. C'est pourquoi j'ai accepté qu'il parte dans ce village voir sa supposée épouse. Il aurait pu lui donner de l'argent pour qu'elle aille vivre ailleurs mais pas la ramener avec lui. Je me suis renseignée sur la chose et ce n'est pas une histoire à prendre à la légère ici au Bénin. Qu'il le veuille ou non, elle est son épouse selon les traditions et s'il persiste à la garder auprès de lui, je ne serais jamais Madame AGOSSOU ou bien il sera polygame. Tout cela me turlupine au point où je l'ai ignoré depuis qu'il m'a demandé de rentrer chez moi. Il a essayé de me joindre plusieurs fois mais j'ai décidé de le laisser poireauter.

Je m'appelle Awa et je viens d'une longue lignée de DIOP. Je suis sénégalaise et j'ai grandi là-bas. Très vite, j'ai été attiré par le mannequinat. J'ai la taille, les atouts, la beauté et par-dessus tout, suis intelligente. J'ai donc facilement gravi les échelons de ce monde puis arrivée au sommet de ma gloire, j'ai opté pour la représentation des tissus de marque. Actuellement, je suis le visage de Vlisco au Bénin et dans les pays alentours. Je gagne assez d'argent pour survenir à mes besoins mais le fait que Khaleb soit très riche est un plus en ma faveur ? Ne nous leurrons pas. Qui aime vivre dans la pauvreté ? Nobody !

J'ai une petite sœur qui est au Sénégal ainsi que ma mère. J'ai perdu mon père alors que j'étais encore très jeune et ma mère nous a pratiquement élevée toute seule. Elle m'a toujours dit de chercher un homme qui a de l'argent pour assurer mon train de vie plutôt que de courir derrière l'amour. L'amour ne fait pas grossir dit-elle ! Moi j'ai eu de la chance de retrouver les deux chez Khaleb.

Il faut que je raconte ce qui m'arrive à ma mère. Elle aura sûrement des conseils à me donner. Je prends mon portable et vérifie qu'il y a assez de crédit. Ensuite je lance l'appel vers le numéro de ma mère. Elle décroche à la première sonnerie. Celle-là aime trop parler sa langue.

[...]

Mam: Sama néné touti nagadef? Legui ladone wakhetane ak sa tante moumay ladj kagne la wara dieunde billet wam pour gneuw Benin. Nenako sama goro nangouna gneuw fi pour ñou def tak bi. Mome da ame mana deh

Traduction : Ma fille chérie ! Comment vas-tu ? Je parlais à l'instant de toi avec ta tante. Elle me demande quand est-ce qu'elle doit payer son pays d'avion pour le Bénin. Je lui ai dit que mon gendre accepte venir se marier chez nous. Il a trop trop la côte hein.

Moi:Aye yaye dou mala wo. Mayma ma wakh bok

Traduction : Hé Maman ! C'est moi qui t'ai appelé non. Laisse-moi placer un mot.

Mam : Liga def ni legui dou wakh khana tchummm

Traduction : Tout ce que tu viens de dire là, ce n'est pas un phrase ? Tchrrum

Moi : Yaye dama ame probleme. Motakh ma wola. So fataliko done nala wakh wakhi supposée diabarou khaleb dou. Legui nak deme na ba fofou kom nignou ko wakhé wone wayé dako indalé mok benene kaw kaw.gnogui kereum deuk

Traduction: Maman j'ai un problème. C'est pourquoi je t'appelle. Tu te rappelles que je t'ai expliqué l'affaire de la supposée femme de Khaleb non. Voila. Il est allé là-bas comme on a dit mais il est revenu avec elle et une autre villageoise. Il les loge chez lui !

Mam : Lane mom da toukh goudron wala lane?

Traduction : Quoi ? Il a fumé le goudron ou quoi ?

Moi : Yaye tite na deh.dama ragal gnak sama dieukeur ndakhaye affairou ada you con.

Daf koy faral melni da nek lougnou wara are.Mbedj sakh defenamako khaled faralko

Traduction: Maman j'ai peur. J'ai peur de perdre mon homme pour des histoires de tradition à la con. Il la défend comme si elle était une petite chose qu'on doit protéger. Elle m'a même giflé et Khaleb la défendu.

Mam : Mani yaw awa dagay bayi ñoulay nap hein! Lane nga def bi kaw-kaw deuké kereum ba legui? Mouné la demal rek yaw tamite nga dem.

Traduction: Je dis Awa, tu te laisses faire hein ! Tu as fait quoi depuis que la paysanne est venue s'installer chez lui ? Il te demande de partir et toi-même tu pars.

Moi : Fofou dou sama keur di. Lane la warone def?

Traduction: Là-bas ce n'est pas chez moi non. Je devais faire comment ?

Mam : Et sama dome! Yaw daga dof trope wayé yar nala nimala wara yaré hein. Djigueen gneuw deuk sisa keur rek nga bayiko nonou ba paré gneuw dima wakh wakhi dof. Recuperel sa gor hein. Diaro biga tak sa baram moy wanéni yaw la beug tak

Traduction : Et ma fille ! Tu es trop bête pourtant je t'ai éduqué comme il le faut hein.

Une femme s'installe dans ta maison et tu te laisses faire et tu viens me raconter les conneries. Récupère ton homme hein. La bague que tu portes à ton doigt est la preuve qu'il t'a demandé de l'épouser.

Moi: kone damako wara seti wala?

Traduction: Je dois aller le voir donc hein ?

Mam : waw. Téga def lep loumou beug guir wane koni yagui koy diapalé nga khar mou dioguefa. Soko diapaléwoul dina deme si mom té apres dinala bayi. Kone mougneul, wane ko mbakh téga bayilene khel

Traduction: Oui. Et tu fais tout ce qu'il aime pour bien lui monter que tu le soutiens et tu attendras qu'elle dégage. Si tu te braques contre lui, il ira vers elle et te jettera la pierre. Donc sois patiente, aimable et vigilante avec eux.

Moi : J'ai compris maman.

Traduction : kham na liga wakh yaye

Mam: Defal lo meune ba goudi bou diote nga fanane ak mom si negueum pour wane kaw-kaw bi né yay borom keur gui. Di kham mem sou féké da dof. Loussi meune ti ame boul ragal dou tak kaw-kaw té done kilifeu. Da wara same imageam

Traduction : Fais tout et tu dors toutes les nuits avec lui dans sa chambre pour prouver à la villageoise que tu es la maîtresse des lieux. Elle comprendra. Même si elle est bête. De toute façon, n'aie pas peur. Il ne va pas épouser une villageoise alors qu'il est un rang homme. Il a une image à préserver.

Moi : Direudieuff yaye pour conseils yi. Magui laye bayi ohh. Sama credits mogui diekh

Traduction: Merci maman pour tes conseils. Je te laisse oh. Mes units sont finis.

Mam : nonoula demal té nagama wakh fou yeuf yi tolou

Traduction: C'est ça va y non. Mais tu me tiens au courant hein.

Moi : Fonenala yaye. Bisous

Traduction: Bisous maman !

Ma mère vient de me redonner de l'espoir. Ragaillardie, je me lève d'un bond pour commencer à me préparer. Je dois aller au boulot mais ce soir, je passerai par le bureau de Khaleb et on rentrera ensemble. Il faut que je garde de belles lingeries en conséquence. Je ne me laisserais pas faire.

[...]

**Aicha Nevada**

J'ouvre la porte de la chambre de Belmonde et la referme derrière moi. Tout doucement je me glisse dans son lit. Le soleil se lève à peine mais déjà ses rayons solaires traversent les jolies fenêtres et illuminent la pièce. Tout comme moi elle occupe une grande chambre. Les draps en soie sont tellement doux au toucher que lorsqu'on se couche, on ne ressent plus aucune envie de se lever. Mais contrairement aux jours précédents, aujourd'hui je me suis levée tôt car j'ai un programme. Je vais servir d'interprète à Khaleb ce soir et j'ai hâte. Il m'inspire confiance je ne sais pas pourquoi. Quand j'ai vu qu'il avait besoin d'aide, je n'ai pas hésité à lui traduire le texte. S'il ne m'avait pas surprise, je ne sais pas si je lui aurais dit que cela venait de moi. De toute façon, il était temps pour moi de sortir de mon mutisme et d'affronter les gens. Je secoue doucement Bel qui ronchonne avant de tirer le drap sur sa tête.

Moi (souriant) : Tu te rends compte que c'est bien différent de notre réveil dans ce village ? Je dormais toujours sur une oreille prête à sauter sur le premier venu.

Bel : Tu oublies le couteau que tu gardais près de toi.

Moi : Hummmm....Allez debout ! on doit parler

Bel : Il est à peine huit heures du matin. Pourquoi n'attends-tu pas mon réveil ?

Moi : Je dois sortir.

Bel (ouvrant les yeux) : Et tu vas ou ?

Moi : Dans l'entreprise de Khaleb. Tu te rappelles qu'hier il cherchait un interprète non ? Je vais le faire. Cela va me permettre de changer d'air et aussi de voir les offres d'emploi

Bel (surprise) : Tu lui as parlé ?

Moi : Oui et je lui ai déjà dit que tu lui as caché la vérité juste parce que je te l'ai demandé. Bizarrement, il n'a pas réagi comme je m'y attendais. De toute façon, il me surprend tout le temps. Je m'attendais à tomber sur un vieux irascible, plein d'amertume et ayant une cargaison de femmes mais au final il est jeune , intelligent, riche et il défend les causes des opprimés comme nous.

Bel (souriant) : Tu oublies de préciser qu'il est super beau de même que son frère

Moi : Oui c'est vrai. Un plus pour lui.

Bel : Alors vu tout cela, tu vas peut-être reconsidérer la question non ? Tu es son épouse et tout cela t'appartiendra si tu le désires

Moi (pensive) : Non ! Je fais encore partie de la race de femme qui pense qu'on épouse un homme que si on est amoureuse de lui. Et j'ai un autre but. Retrouver les miens. Je ne sais même pas s'ils sont encore en vie. J'ai assez lambiné comme cela. Je dois me mettre à leur recherche.

Bel : Comment tu vas t'y prendre ?

Moi : Aucune idée mais je trouverais. Quant à toi, tu ne peux pas dormir toute ta vie. Il ne faut pas te laisser berner par le luxe qui nous entoure. On partira d'ici là donc tu dois réfléchir sur ce que tu veux faire de ta vie. Tu as des plans ?

Bel (se redressant dans le lit) : Oui Aicha j'en ai.

Moi : KKKKrrrrrr

Bel : C'est Aicha qui te dérange ?

Moi : Cela me rappelle de mauvaises choses Bel. Khaleb veut carrément m'appeler

Chanev

Bel : Il est inspiré dis donc ! ...Plus sérieusement j'ai envie de reprendre mes cours. J'aurais bientôt 21 ans et j'ai tout juste le BEPC. Avec ce diplôme, on ne fait rien de bon comme métier. Je pense que si je m'applique bien, je peux faire en un an le cycle de la seconde et première et l'année prochaine, je passerais le baccalauréat. Mais je n'ai pas les sous pour m'engager dedans et je ne sais pas comment faire.

Moi (fière) : Je suis vraiment fière de toi ! C'est bien vrai ce que tu dis là et ne t'en fais vraiment pas. Je suis là et je vais t'aider à payer les cours. On va s'en sortir. On a tenu bon jusque-là non alors ça ira. Tu ne veux pas retrouver ta famille ?

Bel (fuyant mon regard) : Cela n'urge pas. Le plus important est de quitter ici parce que je ne peux pas vivre au crochet de ton mari bien longtemps.

Elle me cache quelque chose. Il y a toujours eu un malaise quand j'aborde sa famille avec elle. Elle devient invasive et fuyante. Je lui laisse le temps qu'il lui faut pour se décider à me parler. Je sais que Bel est une femme adorable, avec un bon cœur et je me trompe rarement sur les gens. Elle a été ma bouée dans cet enfer et c'est à moi maintenant de la soutenir du mieux que je peux.

Moi (me levant) : Je vais voir Bintou pour qu'elle m'aide à me préparer. Je ne connais pas la mode actuelle donc j'ai besoin d'aide. Je reviendrais avec des informations pour ta scolarisation.....Khaleb n'est pas mon mari

Je suis ressortie et je me suis dirigée vers la chambre de Bintou. Depuis deux semaines que je suis là, elle est ce qui se rapproche le plus d'une figure maternelle pour moi. Khaleb avait raison une fois de plus. Je l'adore. Elle a su nous aider à nous sentir à l'aise et elle prend très à cœur notre confort. Elle m'a dit qu'elle a deux filles qui étudient à l'extérieur et que c'est Khaleb qui s'occupe d'elles. Au début, elle lui remettait des chèques à envoyer aux petites mais un jour elle est allée à la banque et le moment présent sur son compte correspondait exactement à la somme de tout ce qu'elle envoyait aux filles. Elle en a touché un mot à Khaleb qui lui a alors avoué la vérité. Elle le respecte encore plus pour cela. Elle m'a assuré qu'il n'a qu'une parole et que s'il a dit qu'il me libèrera, c'est qu'il le fera.

Elle me manquera quand je quitterais ici. Je l'écoutai tout le temps parler et Bel lui répondait. J'avais envie de lui parler aussi mais je devais jouer mon rôle et continuer de me taire. Aujourd'hui elle va m'en vouloir de lui avoir menti mais je m'excuserais. Je tape à sa porte et elle m'ouvre en robe de chambre.

Elle : Bonjour Aicha. Tu as besoin de quelque chose ? Essaie de faire des gestes pour que je comprenne.

Je me suis sentie encore plus mal de lui avoir menti.

Moi (hésitant) : Bonjour Maman Bintou.....Je suis désolée de vous avoir fait croire que je ne parlais pas ou bien que je ne comprenais pas la langue française. C'est un instinct de survie et je l'ai utilisé en terre inconnue. Veuillez m'excuser je vous en prie.

Elle (froide) : Tu as besoin de quelque chose de précis ?

Moi : Euh je voulais que vous m'aidiez à choisir une robe pour aller bosser avec

Kha..Khaleb. Je ne connais plus rien à la mode mais je vais me débrouiller...

Elle : Va devant je te rejoins.

Moi : Merci

Elle a refermé sa porte sans plus se soucier de moi. Voilà je viens de la mettre en colère. A sa place, moi aussi je ne serais pas contente qu'on me fasse un coup pareil. Mais bon le mal est fait. A peine deux minutes après, elle est venue dans ma chambre et sans un mot à ouvert ma penderie et s'est mise à fouiller la dedans. Je me suis déjà lavée donc il ne me reste que les vêtements. Bintou a enlevé une robe blanche d'un cintre et l'a posé sur le lit. Ensuite, elle a pris des chaussures à talons blanches et un sac à main de couleur noire. C'est bien beau tout cela. Elle a tout payé quand on est allée faire les emplettes à notre arrivée. Je ne voyais pas l'intérêt mais elle a insisté.

Elle : Enlève ta robe et je t'aide à mettre ceci.

Je ne veux pas m'habiller devant elle. Pas parce que je suis une prude mais je n'ai pas envie qu'elle voit mon corps nu.

Moi : Je peux le faire toute seule Maman

Elle : Tu ne pourras pas fermer la fermeture seule. Comme je suis là, autant je t'aide une fois.

Je me suis mise debout face au grand miroir qui est en face de moi et je lui ai fait dos. J'ai retiré ma robe de chambre et je l'ai posé avant de prendre l'autre. J'observe Bintou dans le miroir et je vois ses yeux s'agrandir devant la vision de mon dos. Ce que je tenais à éviter. Pourtant elle a essayé de se ressaisir et m'a aidé à enfiler la robe. Après m'avoir jeté un dernier regard elle est sortie de ma chambre.

[..]

**Khaleb**

Je finis à peine de m'apprêter. Ce gros fainéant d'Ethan est encore au lit. J'attrape un oreiller et je lui balance à la face.

Il sursaute et me traite de tous les noms d'oiseaux qu'il connaît.

Moi : On a une conférence dans l'après-midi gros flémard

Lui : Tu n'as pas de cœur dis donc ! Tu ne peux pas compatir à ma tristesse ?

Moi : Je compatis et tu le sais mais entre nous, c'est mieux que Luya t'ai quitté maintenant. Dieu t'a épargné une longue série de problèmes. Et dis-toi bien que quand tu dors, ce sont des milliers de filles qui sont violentées quelque part. Debout !!!

Lui : Tu as l'art de redonner du courage aux gens hein. De toute façon pour la conférence, on n'a pas d'interprète. On devrait reporter.

Moi (souriant) : J'en ai trouvé déjà. Rendez-vous au bureau et soit à l'heure.

J'ai pris ma veste et je suis parti. J'ai besoin d'un bol de café bien chaud pour démarrer ma journée. Je prends donc par la cuisine et je retrouve Bintou en train de préparer le petit-déjeuner.

Moi : Bonjour Bintou. Comment allez-vous ?

Elle :....

Moi : Je pars au bureau ce matin avec Aicha. Figurez-vous que la demoiselle nous a mené en bateau depuis le début. Elle parle très bien le français mais en plus l'espagnol. Elle va me servir d'interprète aujourd'hui.

Elle (reniflant) :...

Moi (alarmé) : Vous pleurez ? Un problème ? Ce sont les filles ? Demandais-je en me rapprochant d'elle.

Elle (se retournant) : Non non mon fils. C'est Aicha. Elle est venue me voir ce matin et elle s'est excusée de m'avoir menti à propos de son mutisme. Elle voulait que je l'aide à choisir une robe. Ce que j'ai fait en étant en colère. Je me disais qu'elle avait abusé de notre confiance mais...

Moi : Mais?

Elle : Quand elle a enlevé sa robe de chambre, j'ai été choquée. Ces choses on n'en voit que dans les films. Comment on peut être si mauvais ? Comment mon Dieu ?

Moi : De quoi vous parlez ?

Elle (essuyant son visage) : Ne lui dites rien s'il vous plaît parce qu'elle ne voulait pas que je les vois. Son dos est plein de cicatrices. Des plaies profondes par endroits et qui se sont mal cicatrisées. Il n'y a pas une surface de peau saine. C'est horrible.

J'ai senti un froid m'envahir. La sérénité que je ressentais jusque-là a disparue comme par enchantement.

Moi :...

Elle : Elle a dû traverser beaucoup de choses la petite et pourtant elle reste si forte. Ma colère a disparu. Comment je peux lui en vouloir alors qu'elle ne faisait que se protéger ?

Même au début, quand je lui peignais les cheveux, j'ai vu une large cicatrice sur son crâne vers l'arrière. Elle a été vraiment battu et des milliers de fois pour donner le résultat que j'ai vu ce matin.

Moi : Je dois y aller.

Elle : Mon fils s'il te plaît conduis toi en homme avec elle. Et sois très prudent. Elle peut tout prendre au premier degré.

J'ai repris ma veste et je suis allé direct dans mon bureau. J'ai besoin d'un instant pour me reprendre. La révélation de Bintou continue de me faire froid dans le dos. Je me rappelle comment la vieille dame la tapait quand je suis venu dans leur maison. Est-ce elle qui lui a fait cela ? Comment puis-je lui venir en aide ? Je me dirige vers la table et je fis sortir deux portables d'un des tiroirs. Il est temps qu'elles aient un moyen de communication. J'avais déjà inséré les cartes sim à l'intérieur des deux portables. Je récupère ma veste et je ressors. Je passe encore par la cuisine pour remettre le portable de Belmonde à Bintou et ensuite je pars au salon.

Nevada est assise dans l'un des fauteuils et porte une belle robe blanche et des chaussures à talons. Elle s'est légèrement maquillée et porte toujours ses cheveux afro. Elle est magnifique. Elle me voit et se lève. Elle marche vers moi d'une démarche assurée qui me laisse croire qu'elle a l'habitude de porter ce genre de chaussures. Je lui souris et lui tend le portable. Elle le prend.

Moi : La sim est à l'intérieur. J'ai enregistré mon numéro.

Elle : Merci pour la sollicitude

Moi : Prête pour y aller ?

Elle : Oui Totalement.

            
            

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