Mon beau frère et moi.
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Chapitre 2 2

#Debut des hostilités.

**Khaleb**

Assis sur le siège arrière en compagnie des jeunes filles, je regarde à travers la vitre le paysage défiler. J'essaie d'ignorer leur présence mais il n'y a rien à faire. La jeune femme qui s'est blessée au pied s'est assoupie depuis un moment mais celle que je qualifie dans ma tête de sauvage est en éveil. Elle regarde sans cesse l'extérieur sans m'accorder un regard. Dans quoi me suis-je encore fourré ? Quand j'ai décroché l'appel il y a de cela deux semaines et qu'une voix monocorde m'a annoncé que ma femme m'attendait, j'ai d'abord cru que c'était une blague et j'ai raccroché.

Ensuite, les jours qui ont suivi, la même personne persistait à m'appeler et à redire les mêmes mots. Excédé, j'ai fini par en parler à mon frère qui l'a dit à ma mère comme il ne sait pas garder un secret. Il a fallu que ma mère finisse par me dire que c'est un truc que je dois prendre au sérieux pour que je rappelle moi-même le numéro et ait les renseignements. Je n'ai pas fait de faux bruit car mon passé, je le connais ou plutôt celui de ma mère qui influe en ce moment sur le mien. Donc j'ai décidé de venir voir de moi-même.

[...]

Je suis béninois et j'ai 28 ans. Si je suis là où je suis aujourd'hui je le dois à mes parents mais surtout à mon beau père qui m'a élevé comme si le même sang coulait dans nos veines sans distinction aucune. Depuis tout petit, mes parents m'ont informé que mon petit frère Ethan et moi n'étions pas de même père. Je pense que j'ai apprécié le geste car cela évite de grandir dans le mensonge. Quand j'ai eu 18ans ma mère m'a fait asseoir pour me parler de son passé et des évènements ayant précédé ma naissance. Elle m'a raconté qu'elle a grandi dans un village au Nord du Bénin appelé Kabo non loin du Nigéria. Elle a fréquenté jusqu'en classe de seconde avant qu'un homme ne vienne demander sa main pour son fils. Le monsieur riche éleveur en ce temps était bien connu dans le village et quiconque allait contre ses désirs subissait de graves châtiments. Ses parents ont donc accepté la dot conséquente et elle s'est retrouvée en quelques semaines mariée au fils du monsieur : ABDOULAYE Oumarou. N'acceptant pas cette vie que ses parents l'ont obligé à mener, elle a juste pris son mal en patience et a supporté beaucoup de choses. Elle m'a avoué avoir été excisé par la famille de son mari et que ce fut l'une des expériences qu'elle ne souhaiterait à personne de vivre.

[...]

Deux ans plus tard, mon actuel beau-père AGOSSOU Noel est venu en mission dans la localité et ils se sont rencontrés. Elle travaillait en tant que femme de ménage chez lui et était déjà enceinte de quatre mois. Finalement ils se sont amourachés l'un de l'autre et Noel lui a proposé de le suivre à la capitale. Elle n'a pas hésité à prendre une décision car cela a toujours été son rêve. Aller au Sud voir ce que la ville lui réserverait et s'épanouir au lieu d'être femme au foyer juste bonne à faire des enfants et cultiver la partie de terre destinée faire vivre ses enfants.

Lorsqu'elle a été dotée, son mari lui a donné 10.000 mille francs CFA et lui a expliqué qu'il a d'autres charges, femmes et enfants. Elle devait considérer ces dix mille francs comme son investissement sur elle. Son rôle étant de les faire fructifier en travaillant afin qu'elle et ses futurs enfants puissent se nourrir. Cette modique somme ne suffirait même pas à tenir un mois entier.

Elle a essayé de m'expliquer son choix de quitter mon père. Elle voulait offrir une vie meilleure à son enfant et aimer de tout son cœur Noël. Ils sont donc partis une nuit sans qu'elle ne dise aurevoir aux siens. Elle n'est plus jamais revenue dans son village. Elle a épousé Noël qui l'a toujours aimé et soutenu. Elle m'a mise au monde et Noel m'a donné son nom de famille faisant de moi son fils. Et elle n'a jamais eu à le regretter. Sa belle-famille l'a retrouvé après quelques années à Cotonou. Elle n'a jamais su comment ils avaient fait. Elle a dû lutter très fort pour qu'ils ne m'arrachent pas à elle.

[...]

Donc c'est un de mes demi-frères qui est mort et je suis appelé à venir chercher l'une de ses épouses qui sera désormais la mienne.

Je me rappelle que c'était le lendemain de la proclamation des résultats du Baccalauréat auquel j'avais réussi et comme cela se fait partout, je devais décider du métier que je voulais faire par la suite et donc de la filière à choisir. Le récit de ma mère m'avait alors tellement bouleversé que j'ai décidé de passer le restant de ma vie à lutter contre de tels phénomènes. Je voulais empêcher que de tels actes soient encore posés sur des jeunes filles innocentes les amputant ainsi d'une vie normale. Je voulais défendre la cause des femmes dans tous les domaines et aussi celle des enfants. C'est ainsi qu'est né ma passion pour mon travail actuel. J'ai voyagé et je suis allé étudier à Londres. Après quelques années, j'ai obtenu mon diplôme et je fus embauché là-bas dans une organisation internationale : L'UNICEF.

J'ai beaucoup œuvré pendant les années écoulées afin d'améliorer le niveau de vie des femmes et enfants dans plusieurs pays. Finalement, fatigué de voyager tout le temps, j'ai décidé de revenir au Bénin ouvrir mes services aux femmes de mon pays. Cela fera bientôt deux ans que j'ai créé ma propre organisation et je l'ai fait prospéré. Mon frère et mon beau-père séduits par la chose m'ont rejoint et j'en ai fait une société familiale qui emploie plus de 2000 travailleurs répartis sur tout le territoire national.

[..]

J'ai rencontré il y a quelques années une femme quand j'étais en mission au Sénégal. Une belle sénégalaise aux formes envoûtantes qui m'a séduit. Elle est mannequin et son agent lui a trouvé un contrat au Bénin. Elle m'a donc suivi et cela fait trois ans qu'on est ensemble. On est fiancés et on prépare doucement la question du mariage. Elle voudrait qu'on retourne au Sénégal pour le faire mais on en discute toujours. Awa Diop est une belle femme certes mais elle peut parfois être bien capricieuse. C'est pourquoi j'évite de penser au spectacle qui m'attend chez moi dès qu'elle verra mes compagnes. Après avoir discuté, nous nous étions entendus que je voyage sur Kabo pour les envoyer tous balader et je reviens chez moi. Mais rien ne m'a préparé à ce qui m'attendait et j'ai pris des décisions en conséquence. Si j'avais abandonné ses deux filles à leur sort, j'aurais tourné le dos à toutes mes convictions et cela était hors de question.

[..]

Voilà un peu en bref mon passé. Je jette un coup d'œil à ma gauche et je constate que les deux sont endormies. Cela fait déjà trois heures de temps qu'on roule. Il faudrait faire un arrêt pour manger et ensuite je vais essayer de parler avec elles histoire de commencer à envisager comment les aider à se réintégrer dans la société. Mais déjà il est hors de question de prendre cette Aicha pour femme. J'ai déjà une femme et cela me suffit amplement. Je le fiche royalement de leurs traditions. Je ne vais pas gâcher ma vie et celle de cette petite pour faire plaisir à des fantômes ou des gens qui ont fait du mal à ma mère.

D'abord je ne comprends pas comment de telles pratiques peuvent encore exister à notre ère actuelle. Il faut que j'intensifie ma lutte dans les régions reculées du Nord Bénin. Je demande au chauffeur de s'arrêter dans un restaurant à Dassa pour qu'on puisse manger avant de repartir. Puis je m'adosse plus contre mon siège et ferme les yeux. Le sommeil vient m'accueillir après quelques minutes d'attente.

**Nevada**

La voiture ralentit ce qui m'oblige à sortir de mon sommeil. Cela fait des mois que je n'ai pas si bien dormi. J'étais toujours sur mes gardes et sur le qui-vive. Je regarde à ma droite et je constate que Khaleb est endormi. J'en profite pour le dévisager correctement. Il a un visage serein même quand il dort. Ses lèvres roses sont légèrement retroussées. Il a un fin nez et des traits marqués. Ce qui est important pour moi est que toute sa physionomie inspire la confiance. Mais je préfère rester sur mes gardes. Vu son costume, il a sûrement les moyens. Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre mais s'il dispose des ressources pouvant m'aider à retrouver rapidement ma famille, je resterais un peu chez lui.

Je me rappelle brusquement qu'il avait dit qu'il est sur le point de se marier. Voilà un autre problème à l'horizon. Sa future épouse me considèrera comme une potentielle rivale et va sûrement me mettre les bâtons dans les roues. Comment lui en vouloir d'ailleurs? A sa place, je n'aurais jamais accepté cette situation ! Elle va devoir prendre son mal en patience parce que quand je fais l'analyse de la situation actuelle, certaines choses sont plutôt claires : Primo même si je me rebelle contre les traditions, il n'en demeure pas moins que je suis censée être son épouse donc j'ai le droit de demeurer un peu chez lui avant de fuir. Secundo, je n'ai rien du tout. Pas d'habit, pas d'identité, pas d'argent, pas de boulot donc si je fuis sans m'assurer d'avoir de quoi survivre, je serais dans de beaux draps et tertio Khaleb a affirmé qu'il ne veut pas de moi en tant qu'épouse. Il est contre ces conneries de tradition. Je crois même qu'il a dit qu'il lutte contre des abus du genre.

Donc même si je ne le connais pas du tout, je suis quand même soulagée qu'il ne partage pas leurs avis sur la question. J'aimerais bien connaître son histoire avec cette famille puisqu'il ne porte même pas leur nom. Il a intérêt à bien se tenir avec moi. De toute façon, je ne laisserais plus personne me marcher dessus. Je rendrais coup pour coup.

L'image de ma belle-mère étendue au sol se faisant fouetter par moi me revient en tête et un fou rire s'étrangla dans ma gorge. Celle-là ne m'oubliera pas de sitôt. Son fils doit même se retourner dans sa tombe à l'heure actuelle. Elle va jusqu'à me traiter de femme stérile mais sans le savoir elle m'a aidé. Puisque Khaleb sera obligé de me laisser partir. Qui voudrait d'une femme stérile pour compagne en plus d'être une villageoise qui ne comprend pas un mot de la langue française.

[..]

En plus il y a Belmondo que je dois aussi aider à retrouver les siens. Elle a assez souffert comme ça. Contrairement à moi, elle a subi les assauts sexuels de son mari et est tombée enceinte deux fois. La première grossesse n'a pas tenue plus de quatre mois car le monsieur ne faisait que la battre. Donc deux grossesses de perdu. Au final, ce n'était pas une si mauvaise chose que cela. Elle pourra refaire sa vie sans avoir des enfants qui vont lui rappeler chaque jour son calvaire. C'est sûr que son mari doit être proche de la crise cardiaque là-bas en apprenant qu'elle est partie.

Le chauffeur s'arrête près d'un restaurant sur la voie. Je vois Khaleb ouvrir doucement les yeux et nos regards se sont rencontrés. Je n'ai pas détourné les yeux. Il faut qu'il sache dès le départ que je ne suis pas une mauviette. Il secoue doucement Belmonde alias Mounia et elle se réveille. Le chauffeur est déjà descendu et est venu nous ouvrir les portières. Khaled est descendu puis s'est retourné pour aider Bel à sortir de la voiture et ensuite, il l'a prise dans ses bras et a grimpé les marches menant au restaurant.

J'avoue que le fait de le voir si attentionné avec elle m'a touché. Elle est couverte de poussière et lui en costume mais cela ne semble pas le déranger.

Une fois à l'intérieur, les regards se sont tournés vers nous. Khaleb a rapidement trouvé une table de libre et a posé délicatement Bel avant de me tirer une chaise m'invitant à m'asseoir d'un geste de la main. Je ne suis plus habituée à tant de sollicitude. J'ai vu que le chauffeur et l'interprète sont également venus s'asseoir à notre table tout simplement. Du temps où je fréquentais encore la haute sphère, c'était inimaginable que l'employé s'asseye à la même table que son employeur. Mais apparemment Khaleb n'a pas de tel préjugé.

Bel : Merci Monsieur

Khaleb (surpris) : Vous parlez le français ?

Bel (souriant : Oui.

Khaleb (jetant un coup d'œil vers moi) : Et Elle ?

Bel : Non. Elle ne parle pas vraiment. Elle.....ne m'a jamais parlé depuis qu'on se connaît.

Je remercie silencieusement Belmonde de protéger mon secret.

Khaleb : Et comment vous vous comprenez alors ?

Bel : Par le regard. Elle n'est pas stupide non plus.

Khaleb : Je sens que les choses ne feront que s'empirer. Au point où on en est, je ne suis guère surpris. Elle est totalement indifférente pourtant j'aurais besoin de plus de renseignements la concernant. Quelque soit le code que vous utilisez, faites-lui bien comprendre que je ne suis pas son mari ni son ennemi. Je vous garderais un moment chez moi pour vous permettre de retrouver une vie stable avant de rechercher un emploi ou une maison ou vous pourriez vous libérez de moi.

Bel : Je le ferais.

Khaleb (faisant signe au serveur) : Merci

Je les regarder dialoguer en toute simplicité et sa dernière intervention m'a ouvert l'estomac. Savoir que je n'ai rien à craindre de lui m'a vraiment soulagé même s'il faut que je reste sur mes gardes. De délicieuses odeurs circulent dans l'air. Rien à voir avec la pâte de la veille qu'on grille là-bas les matins pour manger avec du piment ou parfois juste du sel. Cela fait près d'un an que je n'ai pas mangé un vrai repas. Donc je vais franchement me faire plaisir.

[..]

Khaleb a commandé de l'igname pilé qui est apparemment la spécialité de la localité avec des boissons fraîches. Les boissons sont venues avant le repas. Moi j'ai fini toute la grande bouteille de Coca cola que le serveur a apporté en quelques minutes. Khaleb a commandé une autre bouteille qui est venu cette fois ci avec les plats d'igname pilé. Quand on dit littéralement qu'on a des étoiles dans les yeux, je pense que ce doit être vrai puisque c'est mon cas. J'ai lavé mes mains soigneusement et j'ai attaqué le repas avec mes doigts. Avec un appétit certain, j'ai dévoré l'igname pilé qui est vraiment tendre avec de la bonne viande et du fromage. La sauce est délicieuse à souhait. Une fois encore, j'ai fini mon repas avant tous les autres sous le regard ébahi de Khaleb.

Il a commandé une autre assiette pour moi et c'est sans honte que j'ai encore tout mangé. Je ne vais pas faire de chichis non plus.

Khaleb : Elle a un appétit féroce dis donc.

Bel (éclatant de rire) : On n'a jamais eu l'occasion de manger un tel repas là-bas. Si on trouve un repas par jour on remercie le ciel. Parfois, on dormait le ventre vide.

J'ai vu comme un éclair traverser le regard de Khaleb. Pourtant il ne dit rien. Après s'être assuré qu'on avait tous bien mangé, il a payé l'addition puis on a repris la route. Le monde n'est pas rempli que de mauvaises personnes. J'espère franchement ne pas me tromper sur le compte de Khaleb. Du peu que j'en ai vu, j'ai apprécié et je souhaite que cela dure.

[..]

Quelques heures plus tard

La voiture s'est arrêtée devant une grande maison très belle. La devanture joliment peinte constitue un vrai régal pour les yeux. En plus il habite dans un quartier résidentiel. Les portes du garage s'ouvrent automatiquement et le chauffeur fait rentrer la voiture à l'intérieur ensuite il débloque les portières. Je sors rapidement poussée par la curiosité. Je fais quelques pas devant et sors totalement du garage pour admirer le spectacle qui s'offre à mes yeux. La maison est vraiment grande et rien qu'en l'admirant, on sent que le propriétaire est vraiment riche. Tout l'extérieur est peint en blanc. Dans la grande cour, il y a une piscine de style moderne. Le soleil qui va doucement se coucher envoie ses derniers rayons solaires qui traversent l'épaisseur de l'eau bleue de la piscine et rejaillissent en mille éclats. De longues chaises sont disposées autour de la piscine.

La maison à deux étages est juste magnifique. De loin, je vois des chaises disposées autour d'une table sur la terrasse et à travers la baie vitrée, on voit le salon. Je reste un moment muette, le souffle coupée par tellement de beauté. Mes parents avaient aussi une très belle résidence mais celle-ci est juste spectaculaire à mes yeux. Ou bien c'est le fait d'avoir vécu pendant un an parmi les sauvages du Nord qui augmente ma sensibilité à la vue des belles choses. Je sens une présence derrière moi et je me retourne. Khaleb a porté Bel dans ses bras et m'invite du regard à le suivre. On traverse le jardin et il pousse la baie vitrée pour nous faire entrer dans le salon.

Alors là, j'ai presque envie de vivre ici pour le restant de ma vie. Tout est tellement beau et tellement grand. Bel et moi semblions déplacées dans ce décor. Khaleb la déposa dans le grand canapé du salon. Il s'abaissa ensuite pour détacher le nœud que j'avais fait puis palpa la cheville. Elle semble moins douloureuse. Je suis restée debout ne sachant que faire.

Bel : Merci Monsieur pour votre gentillesse

Khaleb : Appelle-moi Khaleb, Mounia

Bel : C'est Belmonde ou Bel vous savez ! Là-bas on nous rebaptise comme si ils essayaient de nous faire oublier notre propre identité.

Khaleb : Ok Belmonde. Je vais appeler un médecin qui viendra examiner ta cheville. Mais en attendant on vous donnera des chambres et vous allez prendre un bon bain. Ensuite, on passera à table puis dodo. Bintou va s'occuper de vous deux. Ne vous en faites pas. Elle est adorable.

Des pas se font entendre derrière nous. Je me retourne et vois une belle femme de teint noir ébène venir vers nous. Elle porte une jolie robe et est joliment maquillée. Ses chaussures à talons résonnent sur le carrelage. Elle nous lance un regard perçant.

Khaleb : Je vous présente Awa. Ma future épouse.

Bel lui sourit avant de la saluer mais elle l'ignore totalement. A première vue, je dirais que c'est le genre de femmes snob et trop imbue de sa petite personne.

Awa : Tu m'expliques un peu ce qu'elles font dans mon salon ? Tu as ramené des domestiques ou quoi ?....Ne me dis pas que la villageoise que tu es censée épouser est parmi elles ?

Khaleb : Sans vouloir te vexer Awa, ici c'est chez moi et j'emmène qui je veux ! Tu peux faire semblant d'être au moins polie quelques secondes ? Et pour répondre à ta question Oui elle est là.

Awa : C'est laquelle des deux ?

Khaleb : Tu n'as pas besoin de le savoir ce soir vu l'accueil. Elles vont rester ici quelques jours le temps pour moi de...

Awa (s'énervant) : Tu te fiches de moi Khaleb ? C'est quel genre d'affront tu me fais comme cela ? Tu ramènes ta femme ici ? Après m'avoir assuré que tu n'en ferais rien ?

Khaleb : Ce n'est pas ma femme déjà. Et tu arrêtes immédiatement avec ça. Si c'est pour me prendre la tête alors que je reviens juste de voyage, ce serait préférable que tu rentres chez toi !!

Awa (applaudissant) : Waouh !!! Tu me chasses de chez TOI maintenant ?

Khaleb : Je vais appeler Bintou pour qu'elle s'occupe d'elles. Je ne te chasse pas. Je te demande de rentrer chez toi et de ne pas indisposer mes invitées.

Il s'est relevé et l'a dépassé. La dénommée Awa a attendu qu'il sorte du salon pour se rapprocher de nous. Elle nous a lancé un regard méprisant sûrement destiné à nous intimider.

Awa (sourire amer) : Qui est sa supposée femme parmi vous deux ?

Belmonde sûrement intimidée par sa taille et son visage menaçant m'a pointé du doigt. Awa s'est tournée vers moi et m'a lorgné de la tête aux pieds. Je peux comprendre sa colère actuelle. Elle a une vie parfaite et un bel homme prêt à l'épouser et brusquement j'apparais dans le tableau. Cela doit lui faire peur. Mais d'un autre côté, elle n'a pas à se comporter de la sorte après ce que Khaleb lui a dit. Elle peut au moins jouer à la femme aimable et aller en parler en privé avec lui au lieu de se donner en spectacle. C'est juste pathétique.

Elle a marché vers moi et je me suis mise de côté pour ne pas être sur son chemin. Elle s'est pourtant arrêtée devant moi et m'a poussé de la main. Cela m'a mise automatiquement sur la défensive. Il est hors de question qu'une autre personne lève la main sur moi.

Awa : Donc c'est toi la souillonne qui prétend prendre ma place dans cette maison !! Tu t'es regardé dans un miroir en admettant même que tu connaisses cet objet. Tu vois Khaleb est à moi et de nous deux c'est toi qui va dégager dit-elle en me poussant plus brutalement.

[...]

**Khaleb**

La réaction d'Awa devant les deux femmes m'a franchement surpris. Je ne la savais pas si....perfide. Elle a toujours eu un comportement exemplaire avec moi ou les gens de mon entourage. Donc je suis sous le choc. C'est un pan de sa personnalité que j'ignorais. Pourtant, je suis convaincu de ne pas mal agir. Qu'est-ce que j'aurais dû faire devant une telle situation ? Quand je suis rentré dans la concession familiale, j'ai été témoin de la violence avec laquelle cette vieille frappait Aicha. Et étant donné le fait que cette dernière a répliqué, la laisser là-bas n'aurait pas été sage. C'est à cela je pensais quand je l'ai emmené avec moi et vu qu'elle a silencieusement insisté pour que son amie vienne avec nous, je n'ai pas eu le courage de m'y opposer.

Si Awa avait été patiente, je lui aurais expliqué par la suite le déroulement des évènements mais oser m'attaquer ainsi devant une tierce personne est juste inacceptable. Je ne suis pas un homme compliqué mais il y a des choses que je ne tolèrerais jamais...par exemple qu'une femme me manque de respect. Je longe le couloir qui mène à la chambre de Bintou. Cette dernière est une femme chaleureuse, ouverte et accueillante. Elle joue le rôle de gouvernante parfaitement et est comme une seconde mère pour moi. Elle a commencé à travailler pour moi il y a de cela cinq ans. Ses deux filles sont toutes étudiantes et résident en France. Je les aidé à les envoyer là-bas et comme je sais qu'elle ne peut pas tout supporter, je prends toutes les dépenses inhérentes à leur séjour à ma charge. Bintou a un flair inégalable pour juger les gens. Je me rappelle qu'elle n'a jamais apprécié Awa et ne le cache pas. Arrivé devant sa porte, je frappe deux coups et patiente. Après quelques minutes, elle vient ouvrir.

Bintou (souriant) : Mon fils, je suis contente de voir que vous êtes déjà revenu. Le voyage a été ?

Moi : Oui

Bintou : Vous avez réglé le problème de votre épouse la ?

Moi : Justement c'est pour cela que je suis ici. En fait j'ai ramené avec moi celle qui est supposée être ma femme et une de ses amies. Elle s'appelle Aicha et elle ne parle pas le français. En tout cas, elle n'a pas prononcé un mot depuis que je l'ai vu et son amie Belmonde dit qu'elle ne l'a jamais entendu parler non plus. Je ne pouvais pas les laisser là-bas car les conditions de vie sont affreuses. Elles resteront ainsi un moment le temps de les réintégrer quelque part.

Bintou : Cela n'a pas dû être facile à prendre comme décision j'imagine surtout en connaissant Madame. Elle ne sera pas d'accord.

Moi : Elle me l'a démontré tout à l'heure en effet. Mais peu importe, ici c'est encore chez moi. Je voudrais que tu t'occupes d'elles s'il te plaît ! Loge-les dans les deux chambres d'invités et aide-les à s'intégrer. Tu as la carte de crédit de la maison. Je voudrais que demain tu les emmènes faires les boutiques afin d'être plus présentable. Je dois voyager sur le Nigéria ce soir mais d'ici deux semaines je serais de retour. C'est un imprévu.

Bintou : Ne vous en faites pas. Je m'occupe d'elles.

Moi : Merci ! Et Belmonde a une vilaine entorse à la cheville. Trouve un médecin pour examiner cela. Elles sont au salon.

[..]

Je l'ai laissé et je suis reparti vers le salon. Je suis désolé de les abandonner comme cela mais elles sont entre de bonnes mains. Quand je suis entré dans le salon, j'ai surpris une scène entre Awa et Aicha.

Awa : Donc c'est toi la souillonne qui prétend prendre ma place dans cette maison !! Tu t'es regardé dans un miroir en admettant même que tu connaisses cet objet. Tu vois Khaleb est à moi et de nous deux c'est toi qui va dégager dit-elle en me poussant brutalement Aicha.

Aicha égale à elle-même l'a poussé en arrière. Awa surprise a levé la main et comme dans un rêve a collé une gifle à Aicha. Celle-ci n'a pas hésité à la lui rendre. La force de frappe était telle qu'Awa a titubé sur ses chaussures à talons et a touché sa joue horrifiée. Je suis resté sidéré devant son geste.

Moi (m'approchant d'elles) : Awa !!!

Awa (choquée) : Bébé tu as vu ce que cette paysanne a fait ? Elle a osé porter la main sur moi.

Moi : J'ai vraiment tout vu et franchement Awa tu me déçois ! Comment oses-tu lever la main sur elle ? Elle n'a fait que te rendre la pareille.

Awa (criant) : Donc tu cautionnes cela n'est-ce pas ? Qu'une moins que rien me frappe dans ma maison ?

Moi : Toi mieux que quiconque connais mon combat et tous les sacrifices que je fais afin de mener à bon escient ma cause. Je travaille dur pour que les femmes quelque soient leurs situations ne soient pas opprimées. Alors comment tu peux gifler une jeune fille que tu ne connais même pas ? Es-ce parce qu'elle est supposée être mon épouse ? je t'ai dit et je te redis que je n'ai aucunement l'intention de la prendre comme femme. Il vaut mieux que tu rentres chez toi et que tu ne reviennes pas ici jusqu'à leur départ si tu ne peux pas te comporter comme une dame.

Awa : Ok je vois. Je ne sais pas ce qui te rend maboule comme cela mais cela ne va pas durer. Et quant à toi (s'adressant à Aicha) ce n'est que partie remise.

Elle a pris son sac à main qui traînait sur le guéridon et est sortie comme une furie. Je n'aime pas ce que je vois là. Et si elle n'était pas vraiment celle que j'imaginais ?

Après avoir expliqué à Belmonde mon urgence, je les ai laissés avec Bintou et je me suis dépêché d'aller préparer ma valise. Deux semaines de voyage au Nigéria avec la situation actuelle du pays me fait froid au dos. Mon frère m'a informé qu'on a retrouvé certaines filles parmi celles que le groupe Boko Haram avait enlevées. Ils ont donc besoin de mes services sans attendre. A mon retour, je réglerais le problème de ces deux femmes.

            
            

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