Chapitre 2 Arrivée dépouillée

PDV de la future lycéenne

P***** tu vas me manquer bb d'amour alias mon Samsung blanc...

Je le donne tristement à mon père, que je maudis intérieurement. Il plante un bisou sur mon front et celui de Mat. Mon cher géniteur déclare, à travers ses lunettes bleues, que ce n'est pas lui qui nous a inscrit à cette colo. Je lui souris faussement, tu sais le genre de sourire hypocrite presque hautain, puis me tourne vers mon frère qui affiche une moue impassible. À peine le coffre déchargé, les pupilles saphir de mon père disparaissent dans le véhicule, pressé de quitter ce "trou à rat". Mon frère réalise enfin qu'il se trouve dans la pampa, nid de pollen, sans téléphone pour visionner des vidéos Minecraft. C'est l'air dépité qu'il gagne sa tente avec son animateur. Peu de temps après une jeune fille d'une vingtaine d'années, au teint mat, des boucles brunes encadrant son visage rondelet s'approche de moi :

Tu dois être Aria ?

Oui, répondis je sans enthousiasme.

Très bien je suis Tina "ta prof de colo" dit elle morte de rire de sa "blague".

Suite à cette superbe entrée en matière si je puis dire

J'analyse rapidement la situation : colo en pleine cambrousse, bêtes hideuses comme ces vertébrés tels que les araignées, les sauterelles etc., une mono "humoriste", des filles en pleine chaleur et des mecs bourrés d'hormones.

Quoi de mieux pour commencer de belles vacances... Note l'ironie du sort...

Heureusement que mes cousins sont dans le même merdier que moi. Tiens en parlant du loup, Iphigénie me prend dans ses bras et Vladi débite une centaine de termes incompréhensibles à mon égard.

Coucou ma belle, alors ça va ?

Trop et toi ?

Bof tu m'as manquée, affirmais je en lui rendant son étreinte.

Toi aussi !

Mathieu tcheke Vladi et fait une simple bise à ma cousine surexcitée. Sa chevelure blonde brillante lui arrive en plein milieu du dos, ce qui contraste à la perfection ses yeux bleus tel un océan turquoise baigné par le soleil. Vladi diminutif de Vladimir possède un capillaire châtain bouclé d'où provient ce fameux surnom "bouclette".

Ne me dis pas que tu n'as jamais utilisé de surnoms, je ne te croirais pas ?!

Bref après les retrouvailles familiales, je me dirige vers mon campement et déballe mon sac de couchage. Durant mon "installation" je retiens quelques prénoms des filles de ma tente. Je passe aux toilettes et mon emballement ,déjà minime, s'avère inexistant après mon passage dans cette pièce jaunâtre.

Il a fait une de ces chutes ! Le pauvre !

L'odeur insupportable des WC s'ajoute provoquant la déchéance de mon envie en négatif. Je jette un coup d'œil aux douches et me promets ("de ne plus jamais me raser la tête" tu la connais cette réplique rassure moi ? Tu sais dans Astérix&Cléopâtre, donc non je ne me promets pas ça hein?! Ti es fou!!!!) de ne pas laver durant les quinze pires jours de ma vie à venir. Le dîner se profile à l'horizon mais je suis obligée de souper avec le groupe de mon âge. Mes médicaments dus à mon hyperactivité trônent sur la table. Dès lors quelques curieux pointent leur museau. Je commence donc à tisser des liens sociaux. Les journées passent et les activités sportives, artistiques et religieuses s'enchaînent paresseusement sous mes yeux. Cependant lors d'un après midi reposant à lire "La reine Margot" d'Alexandre Dumas avec Sophia, Anya, Cléa... . Allongées sur des couvertures à carreaux à lézarder au soleil, Alice réveille tout le monde en criant :

Regarder c'est lui mon crush !!!

Les femelles lèvent la tête (et s'apprêtent à bondir sur... d'accord, d'accord, d'accord... on est pas sur Arte j'ai compris) mi intéressées, mi somnolentes de leur ouvrage littéraire et bavent sur l'intéressé pendant cinq bonnes minutes à tout casser.

Ah mère nature ...

Malgré cette agitation, je reste plongée dans les pages de mon texte passionnant. Il m'est déjà arrivé de lire jusqu'à l'aube par pure curiosité. Un coup de coude me sort brutalement de ma rêverie. Je lance un regard noir à Agathe. Au point où j'en suis autant regarder la "merveilleuse marchandise".