Dette de Plaisir: J'ai payé le Milliardaire
img img Dette de Plaisir: J'ai payé le Milliardaire img Chapitre 2 No.2
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Chapitre 2 No.2

Le manoir D'Argent à Greenwich était un mausolée pour les vivants.

Vespérine entra par la porte latérale, celle que le personnel utilisait. La maison sentait le polish au citron et le vieil argent - une odeur froide, stérile et critique.

Elle se précipita dans l'escalier de service, ses pieds nus ne faisant aucun bruit sur le tapis moelleux. Elle avait besoin de frotter la nuit hors de sa peau. Elle avait besoin de laver l'odeur de l'étranger - feu de bois, pluie, et quelque chose de plus sombre, comme du scotch hors de prix.

Dans la salle de bain principale, elle régla la douche sur brûlant. Elle resta sous le jet jusqu'à ce que sa peau devienne rose, frottant jusqu'à se sentir à vif.

Elle sortit et essuya la vapeur du miroir.

Il y avait des marques sur son cou. De faibles ecchymoses violacées. Des suçons.

- Stupide, siffla-t-elle à son reflet. Stupide, stupide, stupide.

Elle attrapa son correcteur le plus couvrant et commença à l'appliquer, en couches épaisses. Elle finissait juste quand la porte de la chambre s'ouvrit.

Julien entra.

Il avait l'air terrible. Ses yeux étaient injectés de sang, sa peau pâle et moite. Il portait le même costume qu'au gala, maintenant froissé et taché.

Vespérine tressaillit. C'était un réflexe qu'elle détestait, une réponse conditionnée à trois ans d'érosion émotionnelle.

- Où étais-tu ? claqua Julien. Il ne la regardait pas ; il était occupé à desserrer sa cravate, ses mouvements saccadés et agités. Je t'ai cherchée. Tu m'as embarrassé, Vespérine. Encore.

- Je ne me sentais pas bien, dit Vespérine, sa voix stable malgré le martèlement de son cœur. J'ai pris un taxi pour rentrer tôt. J'ai dormi dans la chambre d'amis pour ne pas te déranger.

C'était un mensonge qu'elle avait répété dans le taxi.

Julien ricana.

- Toujours la victime. Toujours fragile.

Il passa devant elle vers la salle de bain. Au moment où il passait, Vespérine le vit.

Une éraflure.

C'était sur le côté de son cou, juste sous son oreille. Une ligne rouge fine et colérique. Ce n'était pas une coupure de rasage. Elle était incurvée. C'était la trace d'un ongle.

Vespérine la fixa.

- Qu'est-il arrivé à ton cou ?

Julien se figea. Il ne sursauta pas ; il devint anormalement immobile. Sa main monta lentement pour couvrir la marque.

- Rien. Accident de rasage.

- Tu ne t'es pas rasé depuis hier matin, fit remarquer Vespérine, sa voix calme.

Julien pivota. Ses yeux n'étaient pas juste en colère ; ils étaient calculateurs.

- Arrête de m'interroger ! Tu es paranoïaque, Vespérine. Tu es étouffante.

Il claqua la porte de la salle de bain.

Vespérine resta là, le silence résonnant à ses oreilles. Elle n'était pas paranoïaque. Elle était observatrice.

Le téléphone de Julien vibra sur la commode.

Vespérine le fixa. L'écran s'alluma.

Message de S.

Le souffle de Vespérine se bloqua. Elle fit un pas de plus.

Les nausées matinales me tuent, bébé. J'ai besoin que tu apportes ces pilules.

Le monde bascula sur son axe.

S. Sereine Tranchant. La pop star que Julien gérait. La femme que les tabloïds qualifiaient de génie, la femme qui chantait des chansons que Vespérine avait écrites dans l'obscurité de la nuit.

Nausées matinales.

Vespérine sentit le sang quitter son visage. Julien ne faisait pas que la tromper. Il fondait une famille. Une famille qu'il avait toujours dit à Vespérine ne pas être prêt à avoir.

La porte de la salle de bain s'ouvrit. Julien sortit, une serviette autour de la taille. Il la vit près du téléphone.

Il ne bondit pas. Il n'était pas si négligent. Il marcha rapidement, ses mouvements tendus, et arracha l'appareil de la commode avec une désinvolture forcée qui était plus terrifiante que la violence.

- Ne touche pas à mes affaires, dit-il, la voix basse.

- Je n'ai rien touché, dit Vespérine en levant les mains. Il s'est allumé.

- Sors, dit Julien. Je dois aller au bureau.

- Un dimanche ?

- Les affaires ne dorment pas, Vespérine. Contrairement à toi.

Il la bouscula en passant.

Vespérine attendit d'entendre la porte d'entrée claquer et le rugissement de sa Porsche s'éloigner dans l'allée.

Elle ne pleura pas. Elle avait assez pleuré la première année.

Elle sortit de la chambre, descendit le couloir, passa les suites d'invités, jusqu'au bout de l'aile est. Il y avait là une pièce de stockage poussiéreuse, remplie de vieux meubles couverts de draps. Julien ne venait jamais ici. C'était trop sale, trop oublié.

Elle se glissa derrière une pile de vieux tableaux et pressa une planche lâche dans le lambris.

Cela s'ouvrit avec un clic.

À l'intérieur se trouvait un petit espace exigu, à peine un placard. Mais c'était le sien. Un clavier, un ordinateur portable et un mur couvert de papiers encadrés.

Ce n'étaient pas des disques de platine. Ceux-là étaient accrochés dans le manoir de Sereine. C'étaient les feuilles de composition originales, écrites à la main. Les premiers brouillons bruts et désordonnés des succès qui dominaient actuellement les charts. Ils n'étaient pas signés, mais l'écriture était la sienne. Les dates étaient là. C'était la seule preuve qu'elle avait qu'elle existait.

Elle s'assit et ouvrit son ordinateur portable. Elle n'ouvrit pas son logiciel de musique. Elle ouvrit une application de messagerie sécurisée.

Elle tapa un message à Mélodie, son contact dans le monde souterrain numérique.

J'ai besoin des journaux d'appels de Julien. Relevés de carte de crédit. Tout sur les six derniers mois.

La réponse de Mélodie fut instantanée.

Problèmes au paradis ?

Vespérine regarda le reflet de ses propres yeux dans l'écran noir. Ils semblaient froids. Durs.

J'ai besoin de moyens de pression, tapa-t-elle. Lance la trace.

            
            

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