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Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

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Point de vue d'Amélie Fournier :
Ma décision était prise. Il ne s'agissait pas de l'anniversaire de Léo, mais du leur. De leur triomphe. De leur amour tordu. Et j'en avais fini d'être la victime. C'était ma scène maintenant. La dernière fois que je les laisserais dicter mon histoire.
J'étais arrivée avec Léo, dans sa voiture de luxe. Nous avions roulé en silence, le gouffre entre nous trop large pour les mots. Il avait essayé, à quelques reprises, de parler de l'école, de ses projets. Je l'avais ignoré, mon regard fixé sur le paysage qui défilait, les lumières de la ville se brouillant en traînées de couleur. C'était le dernier voyage, la dernière obligation. La fin.
Maintenant, debout dans la salle de bal opulente, l'air épais de parfum et de trahison, je comprenais. Le lieu soigneusement choisi, la musique romantique, l'élégance feutrée. Ce n'était pas une fête d'anniversaire. C'était une déclaration. Leur déclaration.
Édouard, à genoux, le diamant scintillant. Céline, feignant la surprise, des larmes de joie coulant sur son visage. Mes lèvres se sont tordues en un sourire amer et sans joie. Ils avaient utilisé Léo comme appât, une excuse pathétique pour m'attirer ici, pour assister à leur vie parfaite. Ce n'était en aucun cas la célébration de Léo. C'était leur annonce.
Mon apparition soudaine avait brisé leur tableau soigneusement construit. Tous les yeux étaient sur moi, l'invitée indésirable, le fantôme revenu d'entre les morts. Les chuchotements avaient commencé, vifs et venimeux. Avocate déchue. Preuves falsifiées. Fuit la justice. Lâche.
Céline, se remettant rapidement, s'est avancée, sa main toujours serrée dans celle d'Édouard. Son sourire était un masque tendu et désagréable. « Amélie, ma chérie », a-t-elle ronronné, sa voix dégoulinant d'une fausse inquiétude. « Nous comprenons que tu sois... déboussolée. Ça doit être bouleversant, après toutes ces années. » Ses yeux ont vacillé vers Édouard, puis de nouveau vers moi, un avertissement silencieux. « Mais c'est la soirée de Léo. Et Édouard et moi célébrons nos fiançailles. » Elle a serré la main d'Édouard. « Peut-être qu'il vaut mieux que tu... partes tranquillement. Pour le bon vieux temps. »
Édouard, son visage un masque de honte et d'inconfort, a marmonné : « Amélie, ça fait sept ans. Il est temps de tourner la page. Nous avons tous avancé. S'il te plaît, ne fais pas de scène. » Ses mots étaient une supplication, mais aussi un ordre.
« Tourner la page ? » ai-je répété, ma voix coupant la musique élégante, nette et claire. Mes yeux ont brûlé dans ceux d'Édouard. Je ne parlais pas seulement à lui. Je parlais à tout le monde dans cette pièce. « Sais-tu seulement ce que tu me demandes de laisser derrière moi ? »
Son visage est devenu pâle. Il savait. Ou du moins, il en savait assez.
Céline, voyant Édouard faiblir, a resserré sa prise sur son bras, ses ongles s'enfonçant dans sa manche. Elle a fixé son regard sur moi, son sourire toujours en place, mais ses yeux contenaient une menace froide et dure. « Amélie, ma chère, nous apprécions que tu sois venue pour Léo. Mais ne gâchons pas sa journée spéciale, d'accord ? Tu ne voudrais pas le contrarier, n'est-ce pas ? »
Édouard, toujours aussi lâche, a renchéri : « Elle a raison, Amélie. Ne penses-tu pas que Léo mérite un joyeux anniversaire ? Après tout ? » Il m'a pratiquement suppliée du regard. « Ça fait si longtemps. Ne pouvons-nous pas simplement... mettre le passé derrière nous ? »
Mon regard s'est durci. Mettre le passé derrière nous ? Plus facile à dire qu'à faire quand le passé respirait encore, complotait encore, volait encore tout ce qui m'était cher.
J'ai regardé Édouard, puis Céline, et enfin, Léo. Il se tenait là, son jeune visage gravé d'un espoir désespéré, les larmes aux yeux. Il a tiré sur ma manche. « Maman, s'il te plaît », a-t-il gémi, sa voix à peine audible. « Dis juste que tu es désolée. Pour tout. Pour qu'on puisse juste... passer une bonne soirée. »
J'ai regardé sa main tendue, le désespoir dans ses yeux. Mon cœur, celui que je croyais de pierre, a palpité d'une douleur sourde. Il me demandait de mentir, de me rendre, d'admettre des crimes que je n'avais jamais commis, juste pour que leur soirée parfaite ne soit pas perturbée.
Un lent sourire amer s'est étendu sur mon visage. Désolée ?
« Léo », ai-je dit, ma voix basse, coupant le silence. « Tu te souviens du jour où ma voiture est tombée de la falaise ? »
Ses yeux se sont écarquillés de terreur. Ses lèvres ont commencé à trembler. Édouard a eu un hoquet. Céline s'est raidie, ses yeux se rétrécissant, un éclair de peur dans leurs profondeurs. Le murmure poli des invités avait complètement cessé. L'air dans la salle de bal crépitait de tension. Tout le monde regardait. Attendait. Ma scène. Ma vérité.