Le regard de Harrison s'assombrit. Les gens commençaient à regarder. Il détestait le scandale.
- Tu es ma femme. Légalement. Ce que tu fais rejaillit sur moi.
- Alors signe les papiers. Et je ne serai plus ton problème.
Il s'approcha, envahissant son espace personnel. Il voulait l'intimider, lui faire baisser les yeux comme d'habitude. Mais elle soutint son regard, ses iris gris brillant d'une détermination glaciale.
- Tu as changé, murmura-t-il, déstabilisé. Tu joues un rôle.
- J'ai arrêté de jouer, Harrison. C'est ça la différence.
Il la saisit par le bras et l'entraîna vers la sortie. Vivian ne se débattit pas comme une hystérique. Elle suivit, gardant sa dignité, sachant que faire un scandale ici ne servirait à rien.
Dehors, l'air frais de la nuit les frappa. Il la poussa vers sa Maybach qui attendait.
- Monte.
Ils s'installèrent à l'arrière. La vitre de séparation était levée. Le silence dans l'habitacle était électrique.
- Où as-tu eu cet argent ? demanda-t-il. Et comment es-tu entrée ?
- J'ai des ressources que tu as choisi d'ignorer.
Elle regarda par la fenêtre.
- Laisse-moi descendre.
- Non. On retourne au manoir. Tu vas arrêter ce caprice, t'excuser auprès de ma mère, et on oubliera cette histoire de divorce. Charlotte est bouleversée.
Vivian rit doucement. Un son froid, sans joie.
- Charlotte est bouleversée ? C'est ta seule inquiétude ? Tu es incroyablement prévisible.
Harrison se tourna vers elle, furieux. Il la coinça contre la portière.
- Arrête de parler d'elle avec ce ton. Tu devrais me remercier. Je t'ai donné un toit, une vie.
Il était si proche qu'il pouvait voir les paillettes d'or dans ses yeux gris. Il y avait une tension étrange, une colère qui ressemblait à autre chose. Il voulait la secouer, briser cette nouvelle armure de glace.
- Tu m'as donné une cage, Harrison. Et la porte est ouverte maintenant.
Il la fixa, sa respiration s'accélérant. Il ne la reconnaissait plus. Cette femme n'était pas la Vivian effacée. Elle était dangereuse. Et pour la première fois, il la voyait vraiment.
Il allait dire quelque chose, peut-être une menace, peut-être une question, quand son téléphone sonna.
Drring. Drring.
La sonnerie réservée à Charlotte.
L'instant se brisa. Harrison recula, sortant son téléphone. Il regarda l'écran, hésita une seconde, puis décrocha, sa voix devenant instantanément plus douce, bien que tendue.
- Allô ? ... Oui, Char. ... Non, je suis en réunion. ... Calme-toi. J'arrive dès que possible.
Il raccrocha sans grandes effusions, mais le mal était fait. La priorité était rétablie.
Vivian le regarda avec un détachement clinique.
- Ton maître t'appelle. Tu devrais obéir.
Harrison serra la mâchoire. Il toqua à la vitre du chauffeur.
- Arrêtez-vous.
La voiture stoppa sur le bas-côté d'une avenue déserte.
- Sors, dit-il sans la regarder.
Vivian ne protesta pas. Elle ouvrit la portière.
- Merci pour la balade, Harrison.
Elle descendit sur le trottoir. La voiture redémarra en trombe, la laissant seule dans la nuit. Elle regarda les feux arrière s'éloigner, ressentant non pas de la peur, mais un immense soulagement.