Elle n'avait pas besoin d'Eleanor pour entrer. Elle connaissait le propriétaire – elle avait sécurisé son réseau informatique l'année dernière.
Le chef de la sécurité la reconnut malgré le changement de style. Il toucha son oreillette.
- VIP, accès prioritaire.
À l'intérieur, la musique basse faisait vibrer le sol. Vivian s'installa au bar, commandant une eau pétillante. Elle observait la foule. C'était un monde d'apparences, tout comme le Manoir Vance, mais ici, les règles étaient plus honnêtes.
Son téléphone vibra. Eleanor annulait. "Désolée Viv, urgence familiale. Profite pour moi !"
Vivian soupira, mais décida de rester un peu.
À l'autre bout de la ville, dans la tour Vance Enterprises, Harrison fixait son ordinateur. Il avait demandé à un détective privé de localiser Vivian, persuadé qu'elle serait dans un motel miteux ou un refuge.
Le rapport tomba.
"Sujet localisé au club Le Ciel. 23h45."
Harrison fronça les sourcils. Le Ciel ? C'était l'endroit le plus exclusif de la ville. Comment était-elle entrée ? Et avec quel argent ? Il avait tout bloqué.
Puis, un message de Lucas North, son ami d'enfance et playboy notoire, arriva sur son portable.
Photo jointe.
L'image était floue, prise dans la pénombre du club. On voyait une femme de dos, silhouette élégante, assise au bar. Un homme en costume cher lui parlait, visiblement intéressé.
La légende disait : Mec, dis-moi que c'est pas ta petite souris grise ? Parce que si c'est elle... elle cache bien son jeu.
Harrison zooma. Il reconnut la courbe de son cou. Une bouffée de chaleur irrationnelle l'envahit. Pas de jalousie, se dit-il. De la colère. Elle devait être en train de pleurer sur son sort, pas de boire des cocktails dans un club VIP.
Il se leva brusquement.
- Carter ! La voiture !
Au club, l'homme en costume – un banquier d'affaires un peu trop insistant – essayait d'offrir un verre à Vivian.
- Allez, juste un verre. Vous êtes seule ?
- Je suis accompagnée par ma tranquillité, répondit Vivian sans le regarder. Vous la dérangez.
Elle sortit une carte noire mate de son sac – sa propre carte, liée à son compte offshore – pour régler son eau.
Le barman hocha la tête avec respect.
Soudain, l'atmosphère changea. Une ombre tomba sur elle.
- C'est comme ça que tu dépenses l'argent que tu m'as volé ?
Vivian tourna lentement son tabouret. Harrison se tenait là, encore dans son costume de travail, dégageant une aura de fureur contenue.
Elle le regarda de haut en bas, impassible.
- Bonsoir, Harrison. Je ne t'ai rien volé. C'est mon argent.
- Ton argent ? Tu n'as pas un sou. Tu as dû voler des bijoux avant de partir.
Il attrapa son poignet, pas assez fort pour faire mal, mais assez pour marquer sa possession.
- On rentre. Tu fais une scène.
- La seule personne qui fait une scène ici, c'est toi, dit-elle calmement, dégageant son poignet d'un mouvement sec. Je ne rentre pas. Je ne vis plus chez toi.