Entre Ses Millions et Son Cœur
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Chapitre 3 Chapitre 3

Mes yeux quittent le visage faussement angélique de mon grand frère pour se poser sur celui plein de déception de ma mère. Elle m'avait confié qu'elle passerait la journée à cuisiner pour lui organiser une fête surprise. Je lui avais répondu que Teddy ne voudrait pas rester avec nous pour son dixseptième anniversaire, mais elle n'a rien voulu écouter. Elle ferait tout pour son enfant préféré.

– Essayez tout de même de passer au cabanon sur la plage.

Je me retiens de lever les yeux au ciel. Le ton de sa voix est beaucoup trop suppliant. Elle n'est jamais comme ça avec moi. En même temps, moi, j'essaie toujours de rester dans les bonnes grâces de mes parents et je remarque tous les efforts qu'ils font pour nous. On ne m'a jamais suppliée de ranger ma chambre, de faire mes devoirs ou de passer du temps en famille. Je fais spontanément toutes ces choses. Pourtant, c'est l'autre, le chouchou.

– Bien sûr, maman ! On va essayer.

Maintenant qu'il a eu ce qu'il voulait, il se décolle de son dos et attrape une pomme. J'ajoute une pincée de sel dans mon lait puis retourne m'asseoir à table. Luka tire sur la chaise à côté de lui pour que je m'installe.

Le garçon que j'aime est attentionné et doux, et son sourire avenant me fait des choses indescriptibles.

– Merci.

Je m'assieds près de lui et entame mon repas pour ne pas me perdre dans la contemplation de son corps. Je n'en ai pas vraiment besoin. Nos séances à la piscine ont gravé des images ineffaçables de lui dans ma mémoire.

Il se rapproche de moi et me dit tout bas :

– Ne t'inquiète pas, je le ferai venir.

Qu'est-ce que je disais ? Luka est parfait. Il a compris ce que son meilleur ami n'a pas saisi. Une fourchette plante soudainement ses dents dans mon plat. Mes yeux lancent des éclairs avant même que je ne les lève vers Teddy.

– Je t'aide, Bouboule, dit-il. Si t'en prends trop, tu ne pourras plus telever de ta chaise.

Mon corps se crispe. Ted s'est mis en tête de me motiver à perdre du poids. Mais le seul truc qu'il fait maigrir à travers ce surnom blessant, c'est ma confiance en moi.

Si je regarde encore les films de princesse Disney sur lesquels il s'amuse à m'embêter, c'est parce que, parfois, j'aimerais être comme elles. En particulier Cendrillon. J'aimerais avoir une fée cachée quelque part qui me permette de changer de corps en un claquement de doigts et de rester perpétuellement jolie.

– Je te déteste, Teddy ! lâché-je en repoussant mon assiette.

Mon amourette avec Luka est bien sûr impossible tant qu'il y aura mon idiot de grand frère. Le seul obstacle que nous avons, c'est lui.

C'est en tout cas le semi-mensonge derrière lequel je m'abrite pour éluder la vérité.

Il y a aussi le fait que Luka ne me regardera jamais comme je le regarde. Les gars ne font pas attention aux filles comme moi. Ils ne pensent pas « superbe idylle avec la petite sœur de leur pote ». Ils ne se disent pas « elle pourrait être la bonne » dès le premier regard. Ils n'ont pas le tremblement singulier des papillons dans le ventre.

Il faut que j'affronte l'évidence : jamais je ne pourrai sortir avec Luka.

Je monte me terrer dans ma chambre. Dipsy s'étire paresseusement les pattes sur le sol. Même cette chatte est plus heureuse que moi. Par pure jalousie, je passe mon pied en dessous de son ventre pour la propulser au loin.

Je déteste ma vie.

Je récupère ma serviette, file sous la douche puis laisse l'eau me débarrasser de toute trace du liquide sucré. C'est tout ce qu'elle peut faire, elle ne peut pas enlever mes grammes en trop. Je reste un bon moment, enveloppée dans la vapeur apaisante avant de sortir. Je suis en train de m'essuyer les cheveux quand je constate que Luka m'attend, adossé contre la porte de ma chambre, Dipsy ronronnant à ses pieds.

– Cette petite coquine t'adore, fais-je remarquer en continuant de la jalouser.

Elle peut se permettre de lui faire du charme, elle. Je relève ensuite la tête vers lui et me fige. Immobile, je reste bloquée face à son regard taquin ; mes joues s'empourprent immédiatement.

Luka se redresse, un sourcil relevé.

– J'en connais beaucoup. De qui on parle ?

Ma bouche réagit toute seule.

– Ma chatte, expliqué-je.

Un sourire moqueur naît sur sa bouche, cette fine tentatrice.

– Ta chatte, la petite coquine, m'adore ?

Mince. Je me pince les lèvres. La serviette avec laquelle je séchais mes cheveux tombe à mes pieds quand j'abaisse la tête, morte d'embarras.

– Ce n'est pas... ce que je voulais dire.

Il s'avance vers moi, remonte mon menton, sourit un peu plus et plonge son regard dans le mien. Son contact m'électrise.

– Si. C'est exactement ce que tu voulais dire.

– Oui... c'est vrai, mais... admets-je. Je ne sais juste pas pourquoi c'estsorti de façon aussi...

Perverse. Évidemment je ne finis pas ma phrase.

– J'aime bien l'idée qu'elle m'aime. Pas toi ?

Mes lèvres s'entrouvrent mais aucun mot ne les franchit. J'ai perdu l'une des premières facultés que l'être humain acquiert : la parole.

Il est si proche, si délicieusement affolant. Je reste absorbée par ses longs cils, et ses yeux verts moqueurs. J'ai l'impression qu'il s'amuse avec moi ou pire : qu'il se moque de moi. Voyant que je reste muette, il finit par retirer ses doigts de mon visage. Il me montre son autre main, qu'il cachait dans son dos tout ce temps.

– Tiens, des chocolats.

Je récupère la boîte ronde métallique, dans laquelle je peux apercevoir les petites boules appétissantes.

– Pour moi ?

Qui d'autre ? Quelquefois, tu me désespères, jeune fille.

– Joyeux Noël, Little Cherry.

Il ébouriffe tendrement mes cheveux mouillés.

– Merci. Tu aurais pu attendre le 25, tu sais.

Ma remarque me vaut une grimace.

– J'étais trop impatient.

Il ment. Je m'en rends compte quelques secondes plus tard en lisant la composition sur la boîte.

– Ils sont alcoolisés, Luka !

C'est pour ça qu'il ne voulait pas me les offrir devant tout le monde...

– Tu disais vouloir essayer de boire, comme ta copine à l'école. Celle quia déjà embrassé trois garçons. Le seul moyen que j'ai trouvé de répondre à tes désirs se trouve dans ta main.

Répondre à mes désirs ? Si seulement il savait qu'il avait la capacité de le faire de bien d'autres façons. J'efface mes pensées tordues pour revenir à notre discussion. Sa description de mon amie me fait sourire.

– C'est vraiment tout ce que tu as retenu d'Angel ?

– C'était le plus intéressant à savoir.

Son regard vient cajoler les courbures de mes lèvres. Il les regarde d'une manière que je n'arrive pas à interpréter ; je ne l'avais jamais vu aussi concentré sur elles.

– N'offre ces lèvres à aucun garçon avant d'en avoir l'âge, d'accord ?

– Aucun garçon ne me remarque, de toute façon.

Aucun autre que toi ne me plaît, à vrai dire.

– Tu te trompes sûrement. Mais tant mieux.

Avant que je n'aie eu le temps d'assimiler ses mots, il se retourne et se dirige vers la porte.

– Habille-toi et descends manger, tes parents s'inquiètent.

– Tu seras encore là ?

– Je sors faire un tour avec Ted. On se voit ce soir ? Prends bien soin de ta chatte pour moi, termine-t-il avec un clin d'œil qui me donne envie de glousser bêtement.

            
            

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